1-Un drôle de sujet de rédaction 7.42
2-Générique 2.46
3-Mord aux prof...1.14
4-La roulette 0.58
5-Les filles c'est pas intéressant 1.00
6-Papa et maman se
disputent souvent 1.43
7-3 francs la rose 3.02
8-Un jeu drôlement compliqué 1.40
9-Une balade en forêt 1.21
10-Le spectacle 1.11
11-Je vais avoir un petit frère! 1.09
12-Ménage 1.19
13-Gangster-à-louer 1.08
14-Et en plus, c'est un
sale cafard! 1.11
15-Potion Magique 3.50
16-Rivalités fraternelles 2.05
17-Rolls Folle 3.58
18-Neuf mois 2.04
19-On dirait un poivron confit 1.02

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Universal 5322114

Produit par:
Klaus Badelt

Artwork and pictures (c) 2009 Fidélité Productions. All rights reserved.

Note: ***1/2
LE PETIT NICOLAS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
« Le Petit Nicolas » est l’adaptation cinématographique des aventures de Nicolas, le petit écolier inventé par René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, et publié dès 1959. Ce grand classique de la littérature enfantine française a connu un grand succès au fil des années, et il était donc évident que le cinéma finisse par s’y intéresser d’un plus près. Avec le film de Laurent Tirard, on retrouve enfin l’essence même de l’oeuvre d’origine de Goscinny et Sempé, dans une production familiale mélangeant humour et subversion gentillette. Le jeune écolier Nicolas (Maxime Godart) vit avec ses parents qui l’aiment et font tout ce qu’il faut pour lui. Le petit garçon ne voudrait pour rien au monde changer cette situation. Mais un jour, Nicolas surprend une conversation entre son papa (Kad Merad) et sa maman (Valérie Lemercier) et croit que sa mère est enceinte et qu’elle cherche à se débarrasser de lui. Nicolas panique alors à l’idée d’être remplacé par un petit frère et imagine que ses parents vont l’abandonner dans la forêt comme le Petit Poucet. Il décide alors, avec l’aide d’une bande de copains, d’organiser un plan afin de reprendre sa place dans sa famille. Nostalgie de la France des années 50 et du monde de l’enfance, bêtises, gags et de point de vue narratif à la première personne, tout est fait ici pour que l’on retrouve l’ambiance d’origine de l’oeuvre du duo Goscinny/Sempé et ce même regard naïf et touchant sur le monde des adultes vu depuis les yeux d'un enfant de 8 ans - et ce même si le film de Laurent Tirard reste au final un peu trop lisse et gentillet pour convaincre complètement : on se serait attendu à quelque chose d’un peu plus subversif et déjanté. Néanmoins, on se laissera prendre sans problème par cette sympathique comédie rafraîchissante et agréable à regarder, servie par de jeunes comédiens en culotte courte plutôt doués (le petit Maxime Godart n’a certainement pas fini de faire parler de lui !). De toute évidence, on tient ici l’une des plus sympathiques comédies françaises de l’année 2009 !

A la musique, on retrouve Klaus Badelt, ancien compositeur de l’écurie Media-Ventures/Remote Control qui semble aujourd’hui vouloir se tourner de plus en plus vers le cinéma français, pour lequel il a déjà écrit des scores tels que « Pour Elle », « Chasseurs de Dragons » ou le récent « L’immortel » avec Jean Reno. La musique de Klaus Badelt pour « Le Petit Nicolas » reste sans aucun doute l’un des points forts du film de Laurent Tirard. Le compositeur signe là une partition rafraîchissante et débordante d’énergie, évoquant la nostalgie insouciante du monde de l’enfance. Pour se faire, Badelt utilise un thème principal associé dans le film au petit Nicolas, un thème entendu dès le début du film (« Un drôle de sujet de rédaction », « Générique ») et développé tout au long de l’histoire pour illustrer les facéties du petit écolier. Et pour accompagner les aventures du jeune héros de 8 ans, Badelt a décidé d’utiliser un ensemble instrumental restreint, incluant ainsi guitares/mandolines, tuba, vibraphone, accordéon, petites percussions et un sifflet, son associé tout au long du film au petit Nicolas (on penserait presque par moment à du Vladimir Cosma tendance « Les Compères » !). Le thème est entendu dès l’introduction du film, partagé entre les différents instruments (clarinette, vibraphone, violon, accordéon, etc.). C’est la fraîcheur des orchestrations et l’énergie de l’ensemble qui nous séduit immédiatement, « Un drôle de sujet de rédaction » développant une ambiance de joie de vivre et de fraîcheur insouciante et naïve avec un rythme très soutenu et quelques passages dansants comme cette valse entendue vers les 2 minutes, alors que Nicolas raconte le début de l’histoire et nous introduit à son univers : ses parents, sa maison, ses amis, sa maîtresse d’école, etc. Klaus Badelt fait preuve d’une certaine inventivité dans le maniement de ses différents instruments et apporte un charme rafraîchissant à sa musique, à la fois légère, agréable et insouciante. Badelt glisse même quelques petites touches d’humour, lorsqu’il s’amuse à pasticher les musiques de film d’espionnage à la « James Bond » vers le milieu du morceau avec guitare électrique 60’s, flûtes, vibraphone, batterie, saxophones, guitares, accordéon, basse, etc. Le compositeur jongle ainsi avec différents styles musicaux, qu’il s’agisse de la petite ballade enfantine du thème de Nicolas au début du morceau, des passages à la « James Bond » ou même des passages plus jazzy rétro du plus bel effet.

L’exubérant « Générique » reste sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux du score du « Petit Nicolas » : Klaus Badelt y développe pendant plus de 2 minutes le thème principal associé au jeune héros, mélodie sautillante et nostalgique qui passe agréablement d’un instrument à un autre avec une certaine inventivité rafraîchissante. A ses différents instruments, Badelt ajoute quelques sonorités plus fantaisistes comme l’utilisation d’une sonnerie de vélo et autres sonorités associées au monde de l’enfance : un vrai régal de fraîcheur, de jovialité enfantine et de poésie, la musique parvenant ainsi à éviter quelques clichés comme la flûte à bec trop souvent associé aux enfants ou à l’accordéon franchouillard (qui est néanmoins utilisé ici, mais de façon beaucoup plus discrète !). C’est la façon avec laquelle Badelt combine ses différents instruments tout au long du générique entièrement réalisé avec des personnages en papier qui permet au « Générique » d’apporter un charme indispensable à la musique du « Petit Nicolas ». Dès lors, le ton est lancé, la musique reposant sur un rythme sautillant et enjoué voire espiègle comme le confirme un morceau comme « La Roulette », tandis que « Les filles c'est pas intéressant » évoque les premières rencontres naïves du petit écolier avec la gente féminine, avec des cordes plus douces et romantiques mais non dénuées d’une nostalgie sous-jacente. On appréciera le charme de « Papa et maman se disputent souvent », autre morceau incontournable du score du « Petit Nicolas » hélas un peu trop court, dominé par sa ligne de basse en anatole (une suite de quatre accords incontournable dans le jazz !) et son utilisation très réussie d’un orgue électrique et du sifflet associé au petit écolier dans le film. A noter l’utilisation d’un choeur d’enfants dans « Un jeu drôlement compliqué », certaines mauvaises langues ayant accusé Klaus Badelt d’avoir voulu surfer ici sur le cliché de la musique du film « Les Choristes ». Dans le film, la musique apporte une énergie et une vitalité indispensable à l’histoire, et représente parfaitement l’ambiance nostalgique et enfantine voulue par Laurent Tirard dans son film.

Les choeurs reviennent dans « Une balade en forêt » dans un style vaguement plus sombre, alors que Nicolas s’imagine que ses parents vont l’abandonner en pleine forêt après la naissance de son petit frère. Le thème du petit Nicolas est repris quand à lui dans « Le Spectacle », « Ménage » ou « Je vais avoir un petit frère ! » avec son rythme de balais jazz sympathique, lorsque le petit Nicolas comprend qu’il va avoir un petit frère. A noter l’utilisation de guitare électrique western dans « Gangster-A-Louer » avec ses effets de souffle de flûte un peu kitsch, tendance « musique de polar des années 70 » façon Lalo Schifrin. Encore une fois, Klaus Badelt joue sur les clichés musicaux et les références, sans oublier une utilisation plutôt adroite de passages musicaux ‘à la française’ (avec accordéon et compagnie) qui s’inscrivent parfaitement dans la partition du « Petit Nicolas » et contribuent grandement au caractère nostalgique du long-métrage de Laurent Tirard. Badelt va même jusqu’à nous proposer une envolée orchestrale plus conséquente dans « Et en plus, c'est un sale cafard! » ou « Potion magique », lorsque Nicolas et ses amis préparent leur potion magique en douce dans un terrain vague. On notera l’utilisation très réussie d’une guitare tendance jazz manouche dans « Rivalités fraternelles » ou d’un accordéon qui frôle la musette vers la fin de « Rolls Folle ». Badelt évoque les bêtises de Nicolas et ses amis avec une insouciance, une légèreté et une exubérance constante. Dommage cependant que le compositeur tombe parfois dans le piège facile du mickey-mousing à quelques reprises, comme c’est le cas pour le final de « Rolls Folle ». La musique redevient plus douce et nostalgique dans « Neuf Mois » et « On dirait un poivron confit », alors que Nicolas se réconcilie enfin avec ses parents et que sa vie redevient enfin normale.

Vous l’aurez donc compris, Klaus Badelt range ici l’artillerie lourde et nous propose pour « Le Petit Nicolas » une partition assez rafraîchissante, nostalgique, légère et pleine de poésie. Certes, comme le film de Laurent Tirard lui-même, il manque ici un petit grain de folie qui aurait permis à la partition de Badelt de se hisser à un niveau supérieur, mais ne boudons pas notre plaisir pour autant, car le nouvel opus musical du compositeur teuton pour « Le Petit Nicolas » a de quoi rassurer quand aux qualités d’un musicien manifestement passionné par son art et qui, bien qu’étant un bon faiseur sans grand génie, signe pour « Le Petit Nicolas » une partition agréable et rafraîchissante, idéale pour accompagner les aventures du petit écolier imaginé par Goscinny et Sempé il y a plus de 50 ans. Ceux qui se lassent des scores d’action/thrillers habituels du compositeur seront donc aux anges avec « Le Petit Nicolas », dans lequel Klaus Badelt dévoile une facette moins connue de son art et nous offre une partition à déguster comme un petit plaisir coupable, un petit délice qui, à défaut de marquer les esprits, nous permettra de passer un agréable moment !



---Quentin Billard