1-Car Chase 4.46
2-The Catch 1.52
3-Jack Hides in Forest 1.19
4-Whales 1.52
5-Factory Chase 3.46
6-Brainless Monsters 1.55
7-Boat Explosion 0.49
8-Love Theme 1.53
9-Camp 2.00
10-Max Kill Attack 5.40
11-The Key 1.22
12-The End of Dr. Krieger 2.42
13-The Escape 0.42

Musique  composée par:

Jessica de Rooij

Editeur:

Movie Score Media MMD0001

Score produit par:
Jessica de Rooij

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Artwork and pictures (c) 2008 Far Cry Productions/Brightlight Pictures. All rights reserved.

Note: ***
FAR CRY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jessica de Rooij
On aurait tort de penser que le réalisateur allemand Uwe Boll - personnage à part entière dans l’industrie du cinéma actuel - connu pour sa grande gueule et ses propos imbéciles est un idiot (il aurait défié en 2006 des détracteurs lors d’un match de boxe et aurait ensuite déclaré « un poing dans la gueule, c’est le meilleur moyen d’aimer mes films ! »), bien au contraire, Uwe Boll est on ne peut plus rusé et sait comment s’y prendre pour faire parler de lui. Avec « Far Cry », nouvelle adaptation cinématographique d’un jeu vidéo à succès sorti en 2004 sur PC (la spécialité d’Uwe Boll !), le réalisateur confirme encore une fois qu’il reste un spécialiste du navet raté fait à la va-vite, irrespectueux au possible du jeu d’origine. « Far Cry » est au départ un FPS (First Person Shooter) produit par le studio allemand Crytek et édité par UbiSoft sur PC en 2004. On retrouve ici un pitch relativement similaire : le docteur Krieger (Udo Kier) mène des expériences secrètes sur une mystérieuse île tropicale afin de créer une nouvelle race de soldats invincibles. C’est alors que la jolie journaliste Valérie Constantine (Emmanuelle Vaugier) décide d’enquêter sur les agissements du maléfique docteur et engage le marin Jack Carver (Til Schweiger) pour l’emmener sur l’île à bord de son bateau. Mais hélas, le bateau se fait couler et la journaliste est kidnappée par les hommes de main de Krieger. Furieux, Carver, qui est en réalité un ancien mercenaire des forces spéciales, décide de reprendre la situation en main : il fonce sauver Valérie et défaire Krieger et ses soldats génétiquement modifiés sur l’île tropicale. Le script tient donc sur une ligne, et n’est qu’un prétexte à une série de scènes d’action mal foutues, de dialogues minables (conversation fort polie entre la gentille et le méchant : - « vous n’êtes qu’un grand malade ! » - « n’allez pas trop loin s’il vous plaît ! » ou bien alors : - « vous devriez avoir honte ! » - « non, ça va, ça va très bien ! »), sans oublier un humour d’adolescent ‘no life’ infantile totalement lourdingue et insupportable (scène où Carver demande à Valérie de lui donner une note au sujet de sa prestation au lit, chose à laquelle la jeune femme répond par un « 2 sur 10 » assez minable !). A vrai dire, toute la pseudo-scène d'amour semble avoir été écrite par un gamin de 12 ans, Til Schweiger retombant en enfance lorsqu'il trouve un stratagème bidon pour tenter de se rapprocher de la jolie journaliste dans le lit : pitoyable ! Et que dire du personnage d’Emilio (Chris Coppola), sans aucun doute le pire sidekick de toute l’histoire du cinéma, avec une séquence nanarde à mort - le héros et son sidekick ont été capturés dans le laboratoire du méchant, et tout ce qu’ils trouvent à faire, c’est jouer à des devinettes ! On pourrait rajouter à cela des décors fauchés, des effets spéciaux pourris (le crash de l’hélicoptère dans l’eau), des acteurs qui s’ennuient (Udo Kier qui continue encore et encore à cachetonner dans ce genre de purge !), un mixage musique raté (qui réussit quand même à couvrir les dialogues par moment !), des scènes d’action illisibles, des soldats soi-disant invincibles mais qui meurent en moins de 10 secondes, un méchant qui peint sur des formules chimiques en écoutant du Wagner, et une jungle tropicale filmée en réalité à Vancouver au Canada (on trouvera plus tropical pour l’occasion !). En bref, avec « Far Cry », nous sommes bel et bien en présence d’un nanar pur jus (ou d’un mauvais navet, au choix !), du n’importe quoi de A à Z, filmé avec une grande incompétence par un réalisateur je-m’en-foutiste et opportuniste au possible !

La musique de « Far Cry » a été confiée à Jessica de Rooij. La jeune compositrice allemande (à peine âgée de 27 ans à l’époque du film) travaille avec Uwe Boll depuis maintenant quelques années, ayant signé les musiques de quelques uns de ses films tels que « In The Name of the King : A Dungeon Siege Tale » (2007), « Seed » (2007), « Postal » (2007), « Bloodrayne II : Deliverance », « Tunnel Rats » (2008) ou bien encore « Alone in the Dark II » (2008). Pour « Far Cry », Jessica de Rooij signe un score synthético-orchestral dans la lignée des musiques d’action hollywoodiennes d’aujourd’hui. De Rooij a recours à l’orchestre symphonique habituel (incluant une bonne partie d’instruments samplés, probablement pour des questions de budget !) agrémenté d’une pléiade d’effets électroniques et de percussions synthétiques en tout genre. Si le film d’Uwe Boll n’est rien d’autre qu’un série-B totalement futile et décérébrée, la musique de Jessica de Rooij semble afficher un certain sérieux sur la forme comme sur le fond, multipliant les morceaux d’action survoltés et les passages à suspense atmosphériques et sombres avec une intensité constante. Dans « Car Chase », la compositrice illustre la poursuite en voiture vers le milieu du film avec une série de cordes agitées, de cuivres massifs et de percussions agressives. Le morceau vaut surtout par son rythme constant et ses élans orchestraux excitants, uniquement gâché par le côté cheap de certains sons samplés et le caractère assez impersonnel de la composition de Jessica de Rooij.

L’action est au rendez-vous tout au long du score de « Far Cry », avec quelques déchaînements orchestraux excitants à souhait comme dans l’intense « Factory Chase » pour l’affrontement dans l’usine vers la fin du film, morceau dominé par son mélange cordes/cuivres/percussions toujours aussi efficace bien qu’assez impersonnel - à noter que la compositrice assure elle-même ses propres orchestrations ! Autre passage d’action trépidant : « Boat Explosion » pour la scène de l’explosion du bateau de Carver, morceau excitant bien qu’un peu trop court pour pouvoir être pleinement apprécié dans sa longueur. En revanche, « Max Kill Attack » s’avère être bien plus impressionnant et réussit à convaincre sur la longueur (le morceau dépasse allègrement les 5 minutes), durant la séquence de l’affrontement contre Max. On retrouve ici aussi un mélange cordes/cuivres plutôt efficace sur fond de percussions électroniques/acoustiques en tout genre. A noter que le personnage de Jack Carver a droit à son propre thème, motif d’action de cordes entendu dans « Max Kill Attack » et « The Escape » entre autre, et qui accompagne les exploits musclés de Til Schweiger tout au long du film. Enfin, « The End of Dr. Krieger » et « The Escape » permettant au score d’atteindre un climax d’action pour la fin du film, « The Escape » se distinguant surtout par sa reprise du thème de Carver réexposé une dernière fois de façon héroïque lorsque Valérie, Carver et Emilio réussissent à s’échapper de l’île de Krieger.

Jessica de Rooij ne se contente pas uniquement d’illustrer les scènes d’action avec des déchaînements orchestraux débordant de rythmes et de percussions à tout va. L’humour nanar du film lui a aussi permis d’écrire quelques passages plus légers de type comédie, qui jurent un peu avec le reste du score (mais c’est le film qui veut cela !). C’est le cas par exemple de « The Key » ou « Whales » pour la scène introductive sur le bateau de Carver. « The Key » accompagne l’insupportable séquence pseudo-humoristique du duo Carver/Emilio, lorsque le héros tente de se libérer et de donner la clé à son sidekick. « The Key » se distingue ainsi par son utilisation de petites percussions, de pizz de contrebasse et de rythmes plus légers qui font clairement penser à une musique de comédie - qui semble ne pas avoir sa place dans l’univers musical de « Far Cry » ! On ne peut pas vraiment en vouloir à la compositrice d’avoir écrit ces quelques morceaux qui jurent avec le reste du score, tant le film d’Uwe Boll est un bordel sans nom du début jusqu’à la fin. On sent néanmoins que la jeune compositrice s’est faite plaisir dans des passages comme « Whales » ou le très beau « Love Theme », accompagnant la scène d’amour la plus nulle de toute l’histoire du cinéma (vers le milieu du film !). Si le réalisateur ne peut s’empêcher de glisser une blague d’ado prépubère (sentant quelque chose de dur, la journaliste sort au héros : « c'est votre arme ? »), de Rooij prend son travail très au sérieux et se paie carrément le luxe de nous offrir un thème romantique de toute beauté pour cette scène !

Jessica de Rooij signe au final un score d’action tout à fait convaincant pour « Far Cry », bien qu’extrêmement impersonnel et sans grande surprise. La jeune compositrice en est encore à ses débuts et manque clairement de personnalité dans son écriture, mais il est évident qu’elle possède un certain talent qui ne demande qu’à éclore, à condition qu’elle sache trouver des projets plus sérieux et qu’elle puisse se détacher petit à petit des navets insipides et gonflants d’Uwe Boll, des productions ratées et fauchées qui, de toute évidence, ne l’aideront pas vraiment à s’épanouir et à devenir crédibles aux yeux du public béophile. Saluons néanmoins l’effort du label Movie Score Media, qui édite pour la toute première fois un score de Jessica de Rooij, et qui devrait probablement être suivi dans les années à venir d’autres éditions CD des musiques de la jeune musicienne allemande. Apportant action, suspense et même humour et émotion au film d’Uwe Boll, la musique de de Rooij nous rappelle que, parfois, un mauvais film peut contenir une musique tout à fait honnête et sympathique. C’est le cas ici avec « Far Cry », un score de série-B d’action musclé ordinaire et sans grande surprise, mais qui reste tout à fait appréciable et nous permet de découvrir le travail d’une compositrice encore très jeune et méconnue, mais qui devrait finir par se faire connaître du grand public dans les années à venir, à condition qu’elle sache choisir des projets bien plus solides et crédibles à l’avenir !



---Quentin Billard