tr> |
1-Main Title 2.19
2-The Taking 3.10 3-Dolowitz Takes A Look/ Dolowitz Gets Killed 2.21 4-Blue and Green Talk 2.03 5-Money Montage 3.13 6-Fifty Seconds/ The Money Express 4.32 7-Conductor Killed/ The Money Bag 1.46 8-The Pelham's-Moving- Again-Blues 3.12 9-I'm A Police Officer/Renewing Disguises/Goodbye Green, Hello Garber, Goodbye Hippie/ Smoking More, Enjoying It Less 2.59 10-Mini-Manhunt 1.56 11-End Title 3.01 Musique composée par: David Shire Editeur: Retrograde Records FSM-80123-2 Produit par: David Shire Artwork and pictures (c) 1974 Palomar Pictures/Palladium Productions. All rights reserved. Note: **** |
THE TAKING OF PELHAM
ONE TWO THREE
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by David Shire
|
|
Polar urbain réalisé par Joseph Sargent et sorti en 1974, « The Taking of Pelham One Two Three » (Les pirates du métro) nous plonge dans le monde du métro newyorkais en plein coeur des années 70, à une époque où le polar urbain est plus que jamais à la mode (« French Connection », « The Hunter »). L’histoire débute lorsqu’un groupe de quatre hommes armés, qui utilisent des couleurs comme noms de code, prennent en otage un métro entier et réclament une rançon d’un million de dollars au maire de New York pour la libération des passagers. Totalement dépassés par les événements, les contrôleurs du métro décident de faire appel au lieutenant Zachary Garber (Walter Matthau) de la police du métro, qui sera chargé de communiquer avec le chef des pirates, Mr. Blue (Robert Shaw). D’abord réticent, le maire finit alors par accepter de payer la rançon, alors que les pirates menacent d’exécuter un otage toutes les minutes s’ils ne reçoivent pas l’argent d’ici une heure. « The Taking of Pelham One Two Three » s’avère être un polar captivant bien qu’assez ordinaire pour un thriller 70’s. Le casting nous offre un « face-à-face » à distance entre Walter Matthau et Robert Shaw, excellent dans le rôle du chef des pirates, sans oublier quelques seconds rôles de qualité comme ceux de Martin Balsam ou d’Hector Elizondo. Walter Matthau s’avère être plutôt inattendu dans le rôle du policier qui gère la situation de crise, l’acteur étant plus un habitué des comédies dans lesquelles sa bonhommie naturelle attire plus souvent la sympathie qu’autre chose. Et pourtant, l’acteur s’en tire très bien ici, face à un Robert Shaw froid, calculateur et machiavélique. Le suspense reste parfaitement entretenu du début jusqu’à la fin, largement accentué par les décors quasi claustrophobiques des sous-sols du métro newyorkais. Le film contient aussi un humour bien gras - et un plan final assez hilarant - le tout ponctué de quelques lignes de dialogues assez crues pour l’époque. A noter que le tournage du film s’est déroulé en partie dans une station de métro située au sud de Brooklyn, alors que le département des transports newyorkais avait refusé à l’origine que Joseph Sargent tourne dans le métro de New York, craignant qu’il n’inspire de vrais criminels. Pour finir, on signalera que « The Taking of Pelham One Two Three » servira d’inspiration à Quentin Tarantino pour son film « Reservoir Dogs » en 1992, dans lequel il reprendra le principe des noms de code utilisant des couleurs pour les bandits. Et c’est en 1998 que le film fera l’objet d’un remake pour la télévision américaine avec Edward James Olmos dans le rôle de Garber, puis un second remake, pour le cinéma cette fois, réalisé par Tony Scott en 2009 avec Denzel Washington et John Travolta dans les rôles clés.
Le compositeur David Shire signe un score thriller dans un style jazzy/funky typique des années 70. Le score de « The Taking of Pelham One Two Three » s’inscrit ainsi dans la continuité de ces musiques de polar urbain 70s dans la lignée de Lalo Schifrin ou de Don Ellis (on pense aussi au style du « McQ » d’Elmer Bernstein par exemple). A noter que, pour accentuer le réalisme de l’histoire, le réalisateur a décidé d’utiliser très peu de musique dans son film, le score ne dépassant pas les 30 minutes. Spécialiste des musiques de thriller dans les années 70, David Shire signa la même année que « The Taking of Pelham One Two Three » la musique d’un autre grand classique du thriller américain 70’s, « The Conversation » de Francis Ford Coppola, le succès de ces deux films ayant ainsi permis au compositeur américain d’hériter d’autres projets dans la même veine : citons par exemple « The Hindenburg » en 1975 ou bien encore « All The President’s Men » en 1976. Le score de « The Taking of Pelham One Two Three » débute ainsi au son d’un thème principal (« Main Title ») entièrement interprété par un ensemble instrumental jazz/big band avec batterie, section de cuivres (trompettes, trombones, cors, saxophones), bois, clavier et percussions diverses (incluant des congas martelées de façon frénétique tout au long du film). Le thème principal est ici synonyme de danger et de menace, et reste indissociable des pirates du film. A noter l’utilisation des percussions en arrière-plan, qui apportent une certaine tension au morceau. Autre élément notable dans l’orchestration : les cordes restent très souvent reléguées au second plan, Shire ayant voulu privilégier la section instrumentale jazz/funk au maximum avec les cuivres, les vents et les percussions. Signalons pour finir un point essentiel sur la composition de David Shire : le thème est en réalité construit sur une série de 12 sons, le musicien faisait ainsi appel à la musique dodécaphonique théorisée par Arnold Schoenberg au début du 20ème siècle, et qui permet ainsi au compositeur de nous offrir une musique plus atonale, dissonante et tourmentée à partir de la série dodécaphonique, qu’il utilise aussi à travers des variations diverses, qu’il s’agisse du mouvement rétrograde de la série ou de son « miroir » (une façon de prendre la série de 12 sons de la gamme chromatique à l’envers ou dans un sens différent). En construisant son thème principal sur le principe de la musique dodécaphonique, Shire apporte une ambiance particulière à sa musique, une sorte de jazz dodécaphonique assez insolite pour l’époque, et qui nous rappelle à quel point cette musique avant-gardiste était plus que jamais à la mode à cette époque, et notamment chez Jerry Goldsmith, qui s’en servit à plusieurs reprises entre les années 60/70 dans des scores tels que « The Satan Bug », « The Illustrated Man » ou bien encore « Planet of the Apes ». La prise du métro débute dans le sombre et menaçant « The Taking » où la musique devient plus dissonante et quasi atonale, avec ses trombones martelés de façon sèche et ses rythmes quasi martiaux avec un groupe de cuivres/bois plus sombres. A noter que « The Taking » est l’un des rares morceaux du score à utiliser très brièvement quelques cordes, notamment pour créer ici un effet de dissonance stridente assez avant-gardiste, synonyme de suspense et de danger dans cette scène. La musique vire au jazz pur et dur dans « Dolowitz Takes A Look/Dolowitz Gets Killed » pour la scène du meurtre de Dolowitz, l’un des agents de surveillance du trafic du métro. David Shire met ici l’accent sur un mélange piano/batterie/contrebasse/cuivres tout bonnement savoureux (sans oublier l’utilisation d’une guitare électrique 70s typique des musiques de cette époque !), le tout agrémenté d’une walking bass traditionnelle. Plus sombre, la partie du meurtre de Dolowitz permet au compositeur de réutiliser des harmonies de cordes plus inquiétantes et un bref rappel au thème principal, sans oublier une coda jazzy très réussie. Le suspense reste largement entretenu dans « Blue and Green Talk » et ses rappels au thème dodécaphonique aux cordes, qui sont plus fréquemment utilisées dans les passages plus calmes de la partition. Le score atteint un premier climax dans « Money Montage », superbe morceau d’action accompagnant la scène où le maire fait réunir la somme d’argent réclamée par les terroristes. Le morceau se distingue par ses rythmes syncopés et son utilisation des percussions martelées sur fond de batterie funk/guitare basse/cuivres repris du « Main Title ». On retrouve ici des rythmes et des sonorités qui rappellent beaucoup par moment l’ouverture du superbe « Escape from the Planet of the Apes » de Jerry Goldsmith (1971). Le thème de la série de 12 sons est repris ici brièvement, comme pour rappeler l’omniprésence de la menace des pirates du métro. « Money Montage » reste sans aucun doute l’un des morceaux les plus excitants et les plus énergiques du score de « The Taking of Pelham One Two Three », une superbe démonstration de tout le savoir-faire rythmique et instrumental du compositeur. Le suspense et l’action reprennent le dessus dans « Fifty Seconds/The Money Express » avec ses rythmes syncopés funky et ses harmonies sérielles dissonantes qui apportent une certaine intensité remarquable à l’écran, tandis que « Conductor Killed/The Money Bag » nous plonge dans une atonalité plus oppressante avec un rappel aux synthétiseurs du thème sériel des pirates du métro - sans aucun doute l’un des morceaux de suspense les plus sombres du score de David Shire. La tension encore d’un cran dans « The Pelham’s-Moving-Again Blues » et le frénétique « I Am a Police Officer/Renewing Disguises/Goodbye Green, Hello Garber, Goodbye Hippie/Smoking More, Enjoying It Less » (on atteint ici un record en terme de longueur de titre d’un morceau de musique de film !), 3 minutes d’action et de suspense pur d’une intensité remarquable à l’écran. Quand à « Mini-Manhunt », il nous fait clairement comprendre que les jeux sont faits pour les pirates du métro, alors que le thème dodécaphonique et ses rythmes funky/jazzy est repris une dernière fois dans le générique de fin « End Title ». David Shire signe donc une partition d’action/suspense plutôt intéressante et très connotée ‘années 70’ pour « The Taking of Pelham One Two Three », une musique de polar urbain baignant dans une atmosphère de jazz dodécaphonique et de rythmes funky particulièrement savoureux, et qui apportent un style et une ambiance particulière au film de Joseph Sargent. ---Quentin Billard |