1-Shooter Main Titles 2.26
2-Swagger Contemplates 1.06
3-Swagger Visits Target Sites 2.54
4-Swagger Cuts the Power/
Memphis In Church 3.04*
5-River Barge Escape 2.56
6-Infiltrating The Cabin 3.27
7-Recon Report/Motorcade 3.41
8-Swagger Finds Sarah 2.03*
9-Meeting in the Mountains 8.18
10-Assassination 5.57*
11-Memphis' Theory 1.49
12-Brothers In Arms 5.44*
13-Sarah & Swagger 1.36
14-Shootout In Virginia 4.55
15-Revenge 4.12*
16-Nasty Letter 5.05**

*Ecrit par Mark Mancina
et Dave Metzger.
**Interprété par Otis Taylor.

Musique  composée par:

Mark Mancina

Editeur:

Lakeshore Records LKS 33915

Musique additionnelle de:
Dave Metzger

Artwork and pictures (c) 2007 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: **
SHOOTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Mancina
Spécialiste du film d’action, le réalisateur Antoine Fuqua nous offre un nouveau long-métrage musclé avec « Shooter » (adapté du roman éponyme de Stephen Hunter), mettant en scène un tireur d’élite accusé à tort d’un meurtre qu’il n’a pas commis, et qui va devoir tout faire pour prouver son innocence et démasquer les coupables. Bob Lee Swagger (Mark Wahlberg) a participé à divers conflits jusqu’au jour où, trahis par ses supérieurs, il décida de quitter les marines et de se couper du reste du monde, vivant dans un chalet isolé au sommet d’une montagne. Un jour, Swagger reçoit la visite inattendue du colonel Isaac Johnson (Danny Glover) qui lui propose alors une étrange mission : aider son service à déjouer un complot imminent contre le Président des Etats-Unis. D’abord réticent, Swagger finit alors par se convaincre et décide de prêter main forte à Johnson et ses hommes. Mais hélas, Swagger tombe dans un piège et se retrouve accusé de tentative de meurtre. Désormais traqué partout dans le pays, Swagger n’a qu’une idée en tête : prouver son innocence et mobiliser toutes ses ressources afin de survivre et de se venger des conspirateurs responsables de sa situation. Scénario classique et réalisation ultra impersonnelle pour ce « Shooter » de bien triste mémoire. Avec une trame scénaristique simpliste rappelant « The Fugitive », le film d’Antoine Fuqua ne fait qu’aligner cliché sur cliché avec son lot de conspiration, de chasse à l’homme et de vengeance personnelle. Le film montre un brin d’intérêt lors des 10 dernières minutes, lorsqu’il est question des limites du système judiciaire américain et de la complexité de certaines procédures judiciaires. Mais hélas, ces quelques traces de substance thématique ne suffisent pas à tirer le film d’un certain ennui dans lequel il semble s’engluer pendant une bonne heure, l’intrigue n’avançant pas vraiment et flirtant dangereusement avec une solide impression de déjà vu. Reste quelques scènes de fusillade plutôt réussies (l’affrontement près de la maison avec les bombes au napalm) et un Mark Wahlberg égal à lui-même, parfait dans le rôle de ce tireur d’élite véritable as de la gâchette.

La musique de Mark Mancina reste elle aussi une grande déception. Ainsi, le compositeur de « Bad Boys », « Speed » et « Twister » retrouve ici l’univers des scores d’action mais sans la verve thématique et le punch qui l’habitaient dans les années 90. Si vous vous attendez avec « Shooter » à retrouver l’énergie de « Speed » ou les qualités thématiques de « Bad Boys », vous risquez fort d’être déçu ! Mancina se contente uniquement d’aligner les clichés musicaux et d’appliquer les recettes à la règle avec un certain professionnalisme, mais sans aucun impact particulier sur les images : la musique passe même parfois inaperçue et ne laisse aucun souvenir particulier, la faute à une thématique faible (voire quasi inexistante) et à un style très impersonnel et dénué de la moindre idée ou originalité particulière. Avec le « Shooter Main Titles », Mancina annonce le côté ‘action’ du film avec un thème principal développé par l’orchestre (essentiellement partagé entre les cordes et les cuivres) et quelques rythmiques électroniques modernes : rien de bien neuf à l’horizon ! Mancina développe un style synthético-orchestral hérité de ses années passées à Media-Ventures (Remote Control), l’écurie de Hans Zimmer. Sauf qu’ici, le style paraît archi usé jusqu’à la moelle et n’apporte donc rien de nouveau au film, bien au contraire. Le « Main Titles » développe ainsi différentes textures électroniques plutôt réussies, incluant toute une pléiade de percussions synthétiques, de cordes sombres et de cuivres amples. Seule ombre au tableau : impossible de retenir la moindre once de mélodie ou de thème dans ce « Main Titles », alors que, pourtant, le thème est bien présent aux cordes, mais s’avère être plus harmonique que réellement mélodique.

Dans « Swagger Contemplate », on retrouve ce thème sombre traversé d’élans plus dramatiques sur fond de loops électros habituels. Dommage cependant que l’on ait parfois l’impression d’entendre la musique d’une série-B d’action pour la télévision : c’est dire à quel point le compositeur semble manquer cruellement d’idée sur « Shooter », obligé d’avoir recours à un style archi fonctionnel sans grande envergure. Le pire vient surtout du manque de rythme d’un score somme toute très atmosphérique et ennuyeux à écouter sur CD (comme dans le film). Un morceau comme « Swagger Visits Target Sites » résume bien tout le côté atmosphérique de la partition de Mancina avec son lot de rythmes synthétiques et de cordes latentes. On s’ennuie quelque peu, tant la musique semble demeurer figée, monotone, révélant une mollesse étonnante pour un film d’action de ce genre. Certains loops électros restent néanmoins efficaces dans « Swagger Visits Target Sites » pour la séquence où le héros visite les lieux de la conspiration au début du film, un morceau d’ambiance préparation/espionnage assez réussi mais très fonctionnel. Même chose pour « Swagger Cuts The Power/Memphis in Church » où il ne se passe pas grand chose pendant plus de 3 minutes. Ainsi, la musique s’écoule ainsi pendant de nombreuses minutes sans que l’on soit capable d’en retenir quoique ce soit. Même un morceau d’action comme « River Barge Escape » s’avère être d’une mollesse particulièrement frustrante et agaçante. La musique évoque pourtant bien à l’écran le danger qui pèse continuellement sur Swagger mais ne parvient pas à apporter le moindre plus, la moindre consistance dramatique aux images du film d’Antoine Fuqua.

Le constat est le même pour les morceaux suivants : un morceau de suspense comme « Infiltrating the Cabin » (scène où Swagger et Memphis prennent d’assaut le chalet d’un des conspirateurs) ne parvient que très rarement à susciter la moindre excitation, en dehors de quelques passages de cordes rythmées conclusifs et de nappes synthétiques glauques. Pas grand chose à se mettre sous la dent, et toujours pas l’ombre d’un thème en particulier ! On appréciera néanmoins les rythmes martiaux de « Recon Report/Motorcade » ainsi qu’un « Swagger Finds Sarah » plus intime, pour la scène entre le héros et la jolie Sarah, pièce dominée par une très belle écriture de cordes et piano toute en retenue. Dans un registre similaire, on pourra apprécier « Sarah & Swagger », pièce plus romantique pour cordes, synthé planant et guitare. « Meeting In The Mountain » nous offre l’un des rares bons passages d’action du score (vers le milieu du morceau), tout comme « Assassination » avec ses rythmes électros agressifs et ses cordes agitées. A noter l’utilisation de la trompette dans « Brother in Arms » pour la scène du flash-back où Swagger se souvient de son ancien équipier tombé au combat. Le morceau nous offre aussi quelques rythmes action plus intenses, rythmes que l’on retrouve dans l’excitante scène de fusillade de « Shootout in Virginia ». A noter pour finir l’utilisation de la guitare électrique aux sonorités plus rock dans « Revenge » lorsque Swagger accomplit enfin sa vengeance.

Vous l’aurez donc compris, Mark Mancina n’apporte rien de bien neuf avec sa musique pour « Shooter » et se contente uniquement d’appliquer toutes les recettes du genre en bon faiseur qu’il est. Ici, pas de thème particulier ni même de moments particulièrement mémorables. Mancina semble ne pas trop y croire et nous livre une musique fonctionnelle et atmosphérique assez ennuyeuse et sans grande envergure. La musique s’écoute passablement et les morceaux s’enchaînent sans laisser le moindre souvenir, la faute à une approche musicale impersonnelle, recyclée, avec des orchestrations pauvres d’une platitude incroyable. Une solide déception, surtout lorsqu’on sait de quoi Mark Mancina est réellement capable. Espérons que le compositeur saura un jour retrouver son inspiration de « Speed », « Twister » et « Bad Boys » !



---Quentin Billard