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1-The Process 2.12
2-Frank Lucas 2.40 3-Hundred Percent Pure 2.11 4-Fire 1.54 5-The Arrival 1.03 6-Suspects 2.01 7-Caskets 2.41 8-Kill No Cop 2.20 9-Shakedown 1.24 10-Turkeys 1.49 11-The Fight 3.16 12-Headlights 2.19 13-The Raid 3.20 14-The Morgue 1.30 15-Chinchilla Coat 2.41 Bonus source tracks: 16-Afro Beat 1.45* 17-Back to Bangkok Blues 2.09** 18-Hallway 1.42* *Ecrit par Hank Shocklee **Ecrit par Harry Garfield. Musique composée par: Marc Streitenfeld Editeur: Varèse Sarabande 302 066 874 2 Score produit par: Marc Streitenfeld, Peter Cobbin Montage musique: Del Spiva Producteurs de l'album: Ridley Scott, Pietro Scalia, Kathy Nelson Producteur exécutif de l'album: Brian Grazer Supervision musicale: Kathy Nelson Direction musicale pour Universal Pictures: Kathy Nelson, Harry Garfield American Federation of Musicians. Artwork and pictures (c) 2007 Universal Studios. All rights reserved. Note: ***1/2 |
AMERICAN GANGSTER
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Marc Streitenfeld
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Un an après le très dispensable « A Good Year », Ridley Scott change de sujet et nous offre avec « American Gangster » une immersion profonde dans la vie du célèbre baron de la drogue Frank Lucas (Denzel Washington), qui sévit aux Etats-Unis entre les années 60 et 70. Prévu à l’origine pour Antoine Fuqua sous le titre « Tru Blu », « American Gangster » nous ramène ainsi dans le New York de 1968, en pleine période de la Guerre du Viêt-Nam. La pègre new-yorkaise se livre à une véritable guerre des gangs pour le contrôle de la ville. Bumpy Johnson (Clarence Williams III) est l’un des plus importants parrains de la mafia à Harlem : c’est un afro-américain, connu pour sa générosité et ses dons humanitaires. Il reste un modèle pour beaucoup de noirs à Harlem. Après son décès, son chauffeur et principal bras-droit Frank Lucas décide de reprendre les affaires en main, et organise un plan visant à importer de l’héroïne pure achetée directement au Viêt-Nam et revendue sur le sol américain au double du prix d’origine, concurrençant ainsi l’héroïne coupée que l’on trouvait habituellement chez les trafiquants de drogue new-yorkais du coin. Le succès est immédiat et les affaires fonctionnent à merveille pour Frank Lucas : ce dernier finit par prendre le pouvoir sur une bonne partie de la ville et contrôle quasiment l’ensemble du marché de la drogue à New-York. C’est alors qu’intervient un policier, l’inspecteur Richie Roberts (Russell Crowe), qui décide d’en savoir plus au sujet de cette mystérieuse drogue surnommée « Blue Magic ». Après la mort de son coéquipier victime d’une overdose, Richie mènera son enquête et fera tout pour tenter de faire tomber Frank Lucas et toute son organisation. Polar banal mais efficace, « American Gangster » nous offre un face-à-face plutôt intense entre un Denzel Washington froid, violent et mégalomane, et un Russell Crowe parfait dans le rôle de ce flic déterminé et aveuglé par son obstination à stopper les agissements du roi de la pègre new-yorkaise. Le film de Ridley Scott nous plonge ainsi dans l’Amérique des années 70, en pleine Guerre du Viêt Nam, et nous offre un film de gangster dans la lignée des classiques du genre (on pense parfois à Scorsese), avec une intrigue complexe, un rythme soutenu et quelques scènes d’action violentes et musclées, le tout servi par un casting de choix et un script de qualité signé Steven Zaillian. Ce n’est certes pas le meilleur Ridley Scott, mais cela reste un film de qualité, qui permet d’oublier le ratage du récent « A Good Year ».
Il semblerait que Ridley Scott ait trouvé son nouveau compositeur en la personne de Marc Streitenfeld, ancien monteur musique de Hans Zimmer, qui cède aujourd’hui sa place au jeune musicien qui collabora pour la première fois avec le réalisateur britannique sur « A Good Year » en 2006. Pour « American Gangster », Streitenfeld signe une partition orchestrale mélangeant atmosphères sombres, synthétiseurs atmosphériques et passages funky tendance « seventies ». Dès le début du film, Streitenfeld pose le ton de sa partition dans « The Process » où il dévoile le thème principal qui sera omniprésent tout au long du score et du film, développé ici par un ensemble de guitares/mandolines sur fond de cordes et de synthétiseurs atmosphériques. Les guitares évoquent ici des sonorités lointaines du blues et de la culture afro-américaine associée au personnage de Denzel Washington et Bumpy Johnson au début du film. Dans « Frank Lucas », on retrouve ces références stylistiques et musicales dans une reprise du thème plus énergique et sombre associée au personnage de Denzel Washington alias Frank Lucas : un rythme entêtant tendance rock, une trompette jazzy, des guitares blues, le tout illustrant clairement la détermination, la menace et le charisme de Frank Lucas dans le film. « Hundred Percent Pure » évoque le trafic de drogue auquel se livre Frank Lucas par le biais des guitares acoustiques/électriques, de percussions exotiques et de synthétiseurs atmosphériques. La partie orchestrale reste présente, se limitant essentiellement à quelques cordes et quelques solistes (incluant un violon), Marc Streitenfeld préférant mettre l’accent sur les guitares et les éléments synthétiques, parfois assez étranges, comme cette utilisation assez répétitive de sonorités aigues proches d’une alarme ou d’une sirène de police, une sonorité qui revient régulièrement dans le score et évoque clairement la menace de Frank Lucas et son obstination à devenir le numéro un en ville. La musique conserve ce côté sombre et atmosphérique avec une certaine inventivité dans le maniement des sonorités électroniques, comme le confirme « Fire » et son mélange cordes sombres/textures sonores bizarres, comme cette utilisation d’un son crée à partir d’un glissando suraigu de trompette. Les instruments solistes occupe ainsi une place de choix dans la partition de Streitenfeld, qu’il s’agisse des différentes guitares (interprétées en partie par le compositeur lui-même), des claviers ou de la trompette. C’est ce que l’on retrouve ainsi dans le rythmé « The Arrival », où les sonorités de ‘sirènes’ de Frank Lucas sont reprises ici à travers une série de glissandi inventifs de guitares électriques. La musique bascule dans le suspense et la tension avec « Suspects » pour la partie policière de l’intrigue, Streitenfeld mélangeant ici cordes sombres, rythmes discrets et pizzicati pour parvenir à ses fins. La musique reste très présente à l’écran et contribue à créer cette ambiance sombre et urbaine entendue dès l’ouverture du film. Le thème de Frank Lucas et son rythme obstiné est repris dans « Caskets » pour illustrer la montée du gangster au pouvoir dans le milieu de la pègre new-yorkaise. Certains passages plus atmosphériques comme « Kill No Cop » n’apportent pas grand chose de neuf à l’ensemble, ce mélange cordes/voix/synthés/piano ne contribuant qu’à créer une simple atmosphère de suspense policier. Malgré tout, on retrouve ici aussi une certaine inventivité dans le maniement des différentes sonorités (à la fois acoustiques et électroniques), et notamment dans le retour des obsédantes sonorités de ‘sirènes’ associées à Frank Lucas. La musique lorgne même du côté du rock dans « Shakedown » et sa batterie agressive, alors que « Turkeys » reprend le thème de Frank Lucas avec son ostinato rythmique entêtant et martelé, totalement indissociable du personnage de Denzel Washington dans le film. Dans « The Fight », Streitenfeld utilise un rythme rock/funky plus proche des musiques de polar 70’ qui colle parfaitement à l’ambiance du film de Ridley Scott, le tout combiné à des sonorités instrumentales résolument modernes. Et si vous attendez un peu d’action, avec « The Raid », vous serez comblés : l’orchestre, jusqu’ici mis en retrait, devient enfin plus présent, avec son mélange cordes/cuivres/percussions pour la scène de l’attaque finale vers la fin du film. Le thème principal est repris dans « The Morgue » puis « Chinchilla Coat », où l’on retrouve le son des sirènes et le thème joué au piano. Et en guise de bonus, l'album nous propose deux musiques funky de Hank Shocklee en hommage aux musiques des polars de la Blaxploitation 70’s dans « Afro Beat » et « Hallways », un style tendance Isaac Hayes ou Curtis Mayfield. Quand aux références aux blues, elles deviennent enfin évidentes dans le « Back To Bangkok Blues » de Harry Garfield. Sans être la partition qui révélera définitivement Marc Streitenfeld et lui permettra de jouer dans la cour des grands, la musique « American Gangster » apporte néanmoins une énergie et une ambiance particulièrement adéquate au film de Ridley Scott. Le compositeur a parfaitement su cerner tout le charisme et la menace fascinante que représente le personnage de Frank Lucas dans le film, avec des références musicales à Lalo Schifrin, au blues ou aux musiques des films de la Blaxploitation des années 70, le tout enrobé du style moderne propre au compositeur issue de l’écurie Media-Ventures/Remote Control. La musique de « American Gangster » parvient ainsi à illustrer parfaitement cette histoire de montée au pouvoir d’un des plus grands gangsters américains des années 70, une partition solide et efficace mené par un thème principal de qualité, qui, sans être extrêmement mémorable, parvient néanmoins à susciter notre attention, en espérant que Marc Streitenfeld possède réellement l’étoffe d’un grand compositeur capable de nous surprendre : quoiqu’il en soit, sa collaboration bourgeonnante avec Ridley Scott n’a encore rien amené d’extraordinaire pour le moment (difficile de passer après une série de partitions brillantes et inspirées de Hans Zimmer), mais on perçoit néanmoins dans « American Gangster » quelques idées intéressantes qui annoncent un certain potentiel, pour peu que le compositeur sache faire les bons choix pour les années à venir ! ---Quentin Billard |