1-Mahlus Gardens 3.28
2-Opening Bridge 2.20
3-Dance Class 1.42
4-You're Real 2.34
5-Is That Your Voice? 1.17
6-Fortune Cookie 1.50
7-Leaving The City 1.33
8-Chasing Henry 2.43
9-Leon Sees 1.50
10-The World Is An Illusion 2.50
11-Stay With Me 2.28
12-A Walk In The Rain 1.30
13-Sam And Lila 1.19
14-From Another Life 1.02
15-Forgive Me 2.04
16-It's Too Late 2.17
17-Fountain 0.38
18-Troubles Will Cease 2.18
19-I'm Never Gonna
Sleep Tonight 6.39

Musique  composée par:

Asche & Spencer

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6693

Producteur exécutif:
Robert Townson
Préparation musique:
Wade Clark

Artwork and pictures (c) 2005 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
STAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Asche & Spencer
Avec « Stay », le réalisateur Marc Forster nous offre un film intense et intéressant sur le thème du rêve et du délire. Le psychiatre Sam Foster (Ewan McGregor) se voit confier un nouveau patient, un jeune étudiant en art dépressif nommé Henry Letham (Ryan Gosling). Ce dernier annonce à Sam qu’il compte mettre fin à ses jours dans trois jours. Le psychiatre va alors tout faire pour tenter de retrouver Letham, et son périple - parfois surréaliste - va l’amener à croiser la route de personnes décédées. Sous ses allures de thriller psychologique ordinaire, « Stay » s’avère être une bien belle réussite. Le scénario audacieux de David Benioff met en scène un monde d’illusions et de symboles qui prend vie dans l’imaginaire d’un patient dépressif. En ce sens, ceux qui ont reproché au film d’être brouillon et confus n’ont tout simplement pas saisis l’essence même du film : un récit à la frontière entre la réalité et le rêve, l’ultime rêve d’un jeune dépressif sur le point de mourir dans un accident de voiture (introduction du film). Le réalisateur Marc Forster expliquait d’ailleurs dans une interview réalisée à la sortie du film qu’il avait voulu mettre en évidence le fait que l’histoire ne se déroule pas dans la réalité. En ce sens, « Stay » s’avère être passionnant, alors que le spectateur commence à chercher les indices et à décoder les symboles fournis dans le film, qui nous mettent sur la voie. Audacieux, le film l’est assurément, surtout lorsque le réalisateur prend le parti pris de ne fournir aucune explication rationnelle à ce que l’on aperçoit à l’écran : réalité ou illusion ? La frontière est parfois mince, et les indices visuels sont multiples, une sorte de puzzle psychologique intense et original, parsemé de couleurs, de formes, d’images psychédéliques déroutantes, une plongée sombre et vibrante dans le psychisme humain, pour cette chronique d’une mort annoncée et inéluctable, où le rêve devient l’ultime rempart contre la mort. La dimension artistique du film - et de ses nombreuses trouvailles visuelles - permet aussi au réalisateur de rappeler son goût pour le monde des rêves et l’architecture - et notamment des plans du pont de Brooklyn qui reviennent régulièrement dans le film, symbolisant la passerelle reliant le rêve et la réalité - les illusions qui se dérouleront souvent sur ce pont, et le plan final dans la réalité, qui se trouvera aussi au même endroit. En bref, « Stay » s’avère être une très belle surprise, avec une atmosphère onirique particulière et un excellent trio d’acteurs (Ewan McGregor/Naomi Watts/Ryan Gosling), un film injustement mécompris et descendu par la critique à sa sortie en salle en 2005, à (re)découvrir sans hésiter !

Afin de renforcer le caractère psychologique et onirique de son film, Marc Forster a décidé de confier la musique de « Stay » à un collectif de musique électro, le groupe Asche & Spencer, constitué des musiciens Tommy Barbarella, Jon Baugh, Chris Beaty, John Buckley, Bob DeMaa, Ryan Dodge, Greg Herzenach, Beth Husnik, Alan Omerovic, Thomas Scott, Janell Schmitt, Thad Spencer, Danny Stein, Bruce Templeton, Richard Werbowenko et Al Wolovitch. Les 16 musiciens interprètent chacun des instruments différents (guitares acoustiques/électriques, basse, piano, piano Rhodes, claviers, synthétiseurs, glockenspiel, etc.). Exit donc ici l’approche orchestrale conventionnelle. La musique du groupe Asche & Spencer s’avère être plus électronique et moderne, avec une utilisation de divers instruments solistes. Dans « Mahlus Gardens », la musique introduit le film avec quelques notes de piano solitaire sur fond de nappes synthétiques diverses et de quelques percussions. Même chose pour « Opening Bridge » avec la scène du pont au début du film. A noter ici l’emploi d’un violoncelle électrique soliste sur fond de guitares électriques filtrées, de piano Rhode et de nappes synthétiques, dans un ton plus dramatique et intense. On retrouve ce ton dramatique et mélancolique dans « Dance Class », introduit par une guitare nylon et très vite rejoint par un mélange piano/synthétiseurs/cordes assez réussi. La musique évoque aussi bien le psychisme intérieur torturé de Letham que les craintes et les doutes de Sam Foster, qui va tout faire pour retrouver son patient suicidaire. Un morceau comme « You’re Real » joue ainsi parfaitement sur l’idée de la confusion entre la réalité et l’illusion, avec un très beau thème de piano sur fond de synthétiseurs et de percussions. Ici aussi, on retrouve une mélancolie songeuse et une atmosphère à la fois planante et rythmée.

Les cordes deviennent alors plus présentes dans « Is That Your Voice ? », toujours accompagné de nappes synthétiques diverses qui maintiennent une certaine tension et une atmosphère mystérieuse dans le film. Un morceau comme « Fortunate Cookie » est assez représentatif de cette ambiance ambiguë, avec ces sonorités de piano enregistrées, filtrées et jouées à l’envers, sur fond de violoncelle électrique et de guitare. « Leaving the City » renforce davantage cette atmosphère de rêve et de mystère planant, tout comme « Chasing Henry », pour illustrer la scène où Foster recherche Henry Letham dans la ville. La musique débute de façon atmosphérique se conclut sur des rythmes électro plus modernes et expérimentaux, afin de renforcer la tension de la scène. La frontière entre le rêve et la réalité devient plus mince dans « The World Is An Illusion » et « Stay With Me », les sonorités acoustiques/électroniques se mélangeant avec habileté comme pour renforcer cette idée de dualité entre le monde réel et l’illusion. A noter l’emploi d’une batterie avec des balais tendance jazz dans « A Walk in the Rain » et un « Sam and Lila » plus intime pour la relation entre les personnages d’Ewan McGregor et Naomi Watts dans le film. Seule ombre au tableau : la musique ne contient aucun thème particulier et ne laisse aucun souvenir particulier dans le film. On appréciera néanmoins des morceaux plus mélancoliques et poignants tels que « From Another Life », « Forgive Me », sans oublier le conclusif « I’m Never Gonna Sleep Tonight » avec ses 6 minutes 40 assez intenses, marquant la fin du « voyage » pour Foster et Letham.

La musique de « Stay » ne laissera malheureusement pas un grand souvenir, car si l’on appréciera l’approche électronique du collectif Asche & Spencer, on restera en revanche plus mitigé quand à l’absence d’une réelle thématique et au manque d’idée originale du groupe, qui aligne un peu les clichés de la musique électro (sons filtrées, loops, nappes, etc.) sans grande imagination. Même l’utilisation des instruments solistes aurait mérité d’être un peu mieux développée et mise en valeur dans le film. Au final, « Stay » impose une atmosphère onirique et planante à la fois sombre, mystérieuse et mélancolique dans le film mais ne parvient pas à susciter le moindre intérêt en dehors des images. Voilà en tout cas un score très fonctionnel qui ne séduira que les fans du film de Marc Forster, désireux de se replonger dans l’atmosphère audacieuse et particulière de ce thriller psychologique bien plus malin qu’il n’y paraît !



---Quentin Billard