1-Destiny 3.35
2-Creatures 2.09
3-Fate Has Smiled Upon Us 2.01
4-Godfrey 3.32
5-Ambush 1.14
6-Pact Sworn In Blood 2.52
7-Returning The Crown 1.13
8-Planting The Fields 1.17
9-Sherwood Forest 2.19
10-John Is King 4.01
11-Robin Speaks 2.31
12-Killing Walter 1.58
13-Nottingham Burns 2.11
14-Siege 2.09
15-Landing Of The French 2.46
16-Walter's Burial 3.04
17-Preparing For Battle 2.38
18-Charge 1.18
19-Clash 2.41
20-The Final Arrow 2.29
21-The Legend Begins 1.27
22-Merry Men 1.48

Musique  composée par:

Marc Streitenfeld

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 020 2

Produit par:
Marc Streitenfeld
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteurs album:
Ridley Scott, Brian Grazer
Direction musicale pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Musique supervisée pour la
Universal Pictures par:
Harry Garfield

Artwork and pictures (c) 2010 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
ROBIN HOOD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marc Streitenfeld
Nouveau film très attendu de l’infatigable Ridley Scott, « Robin Hood » nous permet de replonger dans la légende de Robin des Bois, célèbre héros britannique du moyen-âge qui volait les riches pour donner aux pauvres. Cette fois-ci, le réalisateur a choisi de ne pas suivre la trame narrative classique de la légende mais plutôt de s’intéresser aux origines du mythe : comment Robin des Bois est-il devenu le héros légendaire de la forêt de Sherwood ? Comment en est-il arrivé à se battre aux côtés des pauvres et à lutter contre l’oppression du shérif de Nottingham et celle du prince Jean - frère de Richard Cœur de Lion ? « Robin Hood » étonne d’emblée par son parti pris narratif, celui de vouloir revenir sur les fondements d’un personnage emblématique des légendes médiévales, maintes fois adaptées au cinéma sous différentes formes (films, dessins animées, série TV, etc.). L’histoire de « Robin Hood » commence à l’aube du 13ème siècle : Robin Longstride est un archer au service de la Couronne d’Angleterre, Richard Coeur de Lion (Danny Huston), revenu de sa Troisième Croisade, et qui assiste son roi lors d’une bataille en Normandie pour reprendre un château fort français. Le roi est alors tué pendant la bataille, le Royaume d’Angleterre se retrouvant rapidement sans monarque pour le diriger. Peu de temps après, le prince Jean (Oscar Isaac), frère cadet de Richard, orgueilleux, mégalomane et incompétent, prend possession du trône. Robin se rend dans le petit village de Nottingham où il découvre que règne une corruption dirigée par le sinistre bras droit du prince Jean, Godefroy (Mark Strong). Toujours fidèle à Richard Coeur de Lion, Robin, qui a pris une autre identité, se heurte rapidement au shérif de Nottingham et trouve une précieuse alliée en la personne de Lady Marianne (Cate Blanchett), qui doute d’abord de Robin mais finira par devenir son amante. Avec l’aide de ses amis, Robin organise la résistance et rallie toute une bande de brigands à sa cause, afin d’aider le peuple de Nottingham et de ramener la justice dans un royaume menacé d’une guerre civile avec la France.

Version iconoclaste de la célèbre légende médiévale, « Robin Hood » version Ridley Scott reste une grande surprise, dans la lignée des précédentes productions épiques du cinéaste : on pense bien évidemment à « Gladiator » pour l’équipe et le casting (Russell Crowe dans le rôle-clé, qui rappelle celui du gladiateur Maximus) mais aussi à « Kingdom of Heaven » pour le style et les décors du film. « Robin Hood » s’autorise bien évidemment quelques libertés avec l’histoire (Richard Coeur de Lion meurt pendant une bataille contre les troupes françaises, alors que dans la légende d’origine, il est censé revenir de Croisade et reprendre le trône du Prince Jean) et certains éléments ont ainsi été modifiés pour les besoins du film. Mais globalement, l’esprit de la légende est brillamment retranscrit à l’écran. Autre surprise de taille : le film ne raconte pas vraiment l’histoire que l’on connaît tous de Robin des Bois mais plutôt les origines du mythe. En ce sens, « Robin Hood » s’apparente davantage à une succession d’intrigues politiques et de luttes de pouvoir que d’un film d’aventure épique à proprement parler. Et pourtant, de l’aventure, le film n’en manque pas, avec notamment une bataille finale sur le bord des plages anglaises assez épique dans son genre (on regrettera juste le côté parfois illisible de certaines scènes d’action). A noter que le film s’avère être plutôt destiné tout public, alors que Ridley Scott nous a pourtant habitué à des films plus violents et sans concessions (« 1492 »). Le réalisateur semble s’être quelque peu assagi, malheureusement (un reproche que l’on pouvait déjà faire à « Kingdom of Heaven », qui reste un film bien trop propre pour être suffisamment crédible !). On aurait parfois envie de retrouver un cinéaste moins sage et plus trash, plus déjanté dans sa mise en scène et son rapport à la violence, car après tout, nous sommes ici au 13ème siècle, en plein coeur des batailles médiévales et des luttes de pouvoir, et assister à un spectacle tout public sur ce sujet fait un peu mal au coeur. Mais qu’importe, le résultat est malgré tout à la hauteur de nos attentes, car même si le film n’est pas exempt de défauts (trop sage, trop propre, bourré de longueurs, inégal, etc.), il n’en demeure pas moins un spectacle hollywoodien de qualité servi par un casting de haut niveau (Russell Crowe, Cate Blanchett, Mark Strong, Max Von Sydow, Danny Huston, William Hurt, Eileen Atkins, Léa Seydoux, etc.), un film qui prend le contrepied total des précédentes versions (et notamment de celle avec Kevin Costner en 1991) en proposant une vision neuve et dépoussiérée du mythe de Robin des Bois, ancrée dans un contexte historique plus précis !

A la musique de « Robin Hood », on retrouve Marc Streitenfeld, nouveau compositeur attitré de Ridley Scott avec lequel le cinéaste a déjà travaillé sur ses trois précédents films : « A Good Year », « American Gangster » et « Body of Lies ». Si le compositeur n’a encore jamais réellement brillé au cinéma - avec des partitions sommes toutes très mineures à son actif - sa nouvelle composition orchestrale/chorale pour « Robin Hood » repousse les limites de son style et crée la surprise avec une musique généreuse en thèmes, bien écrite et plutôt mémorable - sans être LE chef-d’oeuvre du genre - en adéquation parfaite avec les images du long-métrage de Ridley Scott. Certes, Streitenfeld n’a pas le talent de Hans Zimmer mais sa musique pour « Robin Hood » n’a pas à souffrir de la comparaison. Le score vaut donc avant tout par la qualité de ses thèmes (chose devenue rare de nos jours dans la musique de film hollywoodienne actuelle), avec un thème principal épique, solennel et grandiose pour Robin des Bois, un thème solennel pour la forêt de Sherwood, un thème médiéval sombre et un motif entêtant, mécanique et obsédant pour Godefroy, le bad guy de service : 4 thèmes pour une partition épique et solennelle, voilà qui est rares de nos jours ! Le film s’ouvre ainsi au son de « Destiny », développant le thème médiéval, mélodie sombre et mystérieuse confiée à des cordes, une flûte et des choeurs lointains rappelant le chaos qui règne dans le Royaume d’Angleterre à cette époque. La seconde partie du morceau permet au compositeur d’amorcer l’action avec un passage plus musclé pour cordes, cuivres et percussions diverses : à noter d’ailleurs que les éléments électroniques sont ici bien rares et restent mis en retrait, Streitenfeld privilégiant avant tout une approche orchestrale plus classique d’esprit, même si l’on reconnaît encore là la patte Media-Ventures/Remote Control.

Plus surprenant, « Creatures » étonne avec ses orchestrations originales (choeurs féminins aigus, traits de piccolos furtifs, guitare, etc.) et son motif mélodique mystérieux et intriguant, pour la scène où les enfants déguisés en petits démons viennent voler dans la grange de Lady Marianne au début du film. « Creatures » s’avère être plutôt inventif, à tel point que l’on regrettera même de ne pas entendre autre chose de tout aussi inventif dans le reste du score. « Fate Has Smiled Upon Us » développe quand à lui le thème épique associé à Robin des Bois, superbe mélodie solennelle, prenante et grandiose, qui apporte un éclairage épique de qualité aux scènes évoquant les exploits du célèbre héros de la forêt de Sherwood. « Fate Has Smiled Upon Us » fait partie des morceaux incontournables et majeurs dans la partition de « Robin Hood », et qui en dit long sur la qualité du travail de Marc Streitenfeld sur ce film (qui semble l’avoir davantage inspiré que ses précédentes collaborations avec Ridley Scott !). A noter cependant que le thème rappelle beaucoup celui de « Transformers » de Steve Jablonsky, Streitenfeld lorgnant sur les recettes musicales épiques chères au studio de Hans Zimmer - avec notamment un accompagnement à base d’arpèges de cordes staccato, un tic d’écriture déjà présent chez Jablonsky ! Le thème du méchant est entendu quand à lui dans « Godefroy » et s’apparente à un motif aux notes répétées inlassablement en staccato de façon quasi uniforme, avec flûtes, cordes, trombones, choeurs et un bourdon en arrière-fond sonore. Le motif de Godefroy (brillamment interprété dans le film par Mark Strong, indispensable gueule de « bad guy » du cinéma hollywoodien actuel, vu récemment dans « Body of Lies », « Sherlock Holmes » et « Kick Ass ») reviendra à plusieurs reprises dans le film et illustre parfaitement l’obstination et la détermination quasi machinale du personnage, prêt à tout pour mener à bien ses sinistres desseins. Le thème évoque aussi parfaitement l’idée du complot et des intrigues de cour, et demeure assez stressant et pesant dans le film : un thème qui, sans être très original, réussi à être suffisamment singulier et efficace pour susciter un véritable sentiment de conspiration et d’anxiété - voire de stress, surtout dans la façon dont le compositeur arrive à rendre l’évolution de ses notes un peu imprévisibles, prêtes à exploser au moindre instant.

On notera ensuite l’utilisation quasi religieuse des choeurs dans « Pact Sworn In Blood », qui rappelle par moment la musique d’Harry Gregson-Williams pour « Kingdom of Heaven ». De touches celtiques, il est justement question dans « Planting the Fields » pour la scène où Robin et Marianne labourent les champs dans le village de Nottingham. Streitenfeld utilise ici un ensemble d’instruments celtiques (penny whistle, fiddle, mandoline, guitare, etc.) et construit son morceau sous la forme d’une gigue irlandaise/médiévale plutôt rafraîchissante. La musique devient même synonyme d’espoir et de sérénité dans « Sherwood Forest » où l’on retrouve le magnifique thème d’espoir solennel pour la forêt de Sherwood. A contrario, « John Is King » fait rebasculer la musique dans l’obscurité avec le couronnement du prince Jean et le retour du très entêtant motif répétitif de Godefroy. La partition alterne ainsi tout au long du film entre espoir et ambiances plus sombres avec brio. Le thème solennel de « Sherwood Forest » revient dans « Robin Speaks » et rapporte à son tour un sentiment d’espoir lorsque Robin s’adresse aux troupes pour les convaincre de contrer les plans du sinistre comploteur. Le thème médiéval sombre - aux accents ancestraux - revient dans « Killing Walter » pour la mort du personnage de Max Von Sydow, interprété cette fois-ci par un violon avec percussions, cordes, etc. Le compositeur s’essaie même à la musique médiévale en utilisant une vielle à roue dans « Nottingham Burns » qui s’apparente à une sorte de refrain de troubadour ancestral avec une chanteuse soliste sur une improvisation de la vielle à roue (avec un bourdon) et du fiddle - marquant le retour du thème médiéval. De l’action, le compositeur nous offre enfin sur la fin du film, avec pour commencer la séquence du siège au début du film (« Siege »), dominé par des percussions martiales et un orchestre agité, sans oublier l’arrivée des troupes françaises dans « Landing Of The French » où, après une reprise du thème médiéval, se conclut sur une magnifique envolée grandiose à souhait du thème de Robin des Bois, synonyme d’espoir et de renouveau. L’action culmine dans les excitants « Preparing for Battle », l’héroïque « Charge » et le massif « Clash », partagé entre orchestre et choeurs épiques pour la séquence de la bataille finale sur le bord de la plage à la fin du film. Enfin, « The Final Arrow » met fin à la bataille sur une ultime touche d’héroïsme avant de se conclure sur « The Legend Begins », développant un thème plus lyrique et paisible entre cordes, bois et choeurs, sans oublier « Merry Men » qui marque la naissance de la légende de Robin des Bois, avec une ultime reprise grandiose du thème principal partagé entre vocalises féminines, orchestre, fiddle, guitare et cornemuse.

Bilan final plus que positif, donc, pour ce « Robin Hood » version 2010. Sans être d’une quelconque originalité, la musique de Marc Streitenfeld apporte un souffle épique agréable au film de Ridley Scott même si l’on est ici à des centaines d’années lumières de la qualité d’un Michael Kamen ou même d’un Korngold ! Mais qu’importe, Streitenfeld réussit son coup et nous livre là une partition riche en thèmes, agréable à écouter et non dénuée d’idées. Certes, il manque encore au compositeur un vrai point de vue personnel, mais l’ensemble reste très convaincant et s’apprécie tout aussi bien dans le film que sur l’album - même si l’on pourrait songer à ce que Hans Zimmer aurait été capable de faire sur un film de cette envergure ! Au final, voilà un très bon score qui, bien qu’un peu trop sage et manquant cruellement d’originalité et de personnalité, rassurera à coup sûr les sceptiques qui commençaient à douter des réels talents de Marc Streitenfeld !



---Quentin Billard