1-Bienvenue chez les Ch'tis (générique) 2.21
2-Valse des Ch'tis 2.06
3-Mutation 1.49
4-C'est le Nooord 1.09
5-Le Départ 1.53
6-Le Plat Pays 2.43*
7-Arrivée à Bergues 1.31
8-Deux ans...0.40
9-Le vieux Lille 1.34
10-Le carillon d'Antoine 1.24**
11-Les corons/clair de lune
à Maubeuge 1.23***
12-Les chars à voile 1.42
13-La tournée (1ère partie) 1.10
14-Le P'tit Quinquin 1.20+
15-La tournée (2ème partie) 1.12
16-I just called to say
I love you 1.01++
17-Julie chez les Ch'tis 3.35
18-Nocturne du carillonneur 2.09**
19-Philippe parle à Julie 1.37
20-Les adieux 2.06
21-Générique de fin 1.10
22-Le carillon d'Antoine 3.40**
23-La tournée (orchestral) 2.24
24-Bienvenue chez les Ch'tis
(générique version film) 2.21

*Interprété par Jacques Brel
**Par Stefano Colletti
***Par le public du stade de Lens/
L'Harmonie de Bergues
+Alexandre Desrousseaux,
par Jenny Clève
++Stevie Wonder,
au carillon par Stefano Colletti.

Musique  composée par:

Philippe Rombi

Editeur:

Naïve France ND68537

Album produit par:
Philippe Rombi

Artwork and pictures (c) 2008 Pathé Renn Productions. All rights reserved.

Note: ***
BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Philippe Rombi
Enorme succès public du cinéma français de l’année 2008, « Bienvenue chez les Ch’tis » est une sorte de phénomène cinématographique/culturel comparable à la déferlante des « Choristes » en 2004, ou au « Fabuleux Destin d’Amélie Poulain » en 2001. Rien ne prédestinait pourtant le film de Dany Boon à connaître un tel succès. Le film raconte l’histoire de Philippe Abrams (Kad Merad), directeur d’une agence de la Poste à Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône. Il mène une existence ordinaire avec sa femme Julie (Zoé Félix) au caractère dépressif, et leur jeune fils Raphaël. Sa femme ne cesse de le harceler pour qu’il demande sa mutation au bord de la Méditerranée. Mais Philippe multiplie les échecs et constate que ce sont ses collègues handicapés qui sont prioritaires dans le choix des mutations. Philippe décide alors de tricher en se faisant passer auprès de l’administration pour un handicapé en fauteuil roulant. Mais la supercherie est découverte, et Philippe se retrouve sanctionné par une mutation disciplinaire de deux ans à Bergues, un petit village du Nord, près de Dunkerque. Il décide alors de le cacher à sa femme et quitte le Sud la mort dans l’âme, stressé et angoissé. Arrivé à Bergues, dans le Nord-Pas-de-Calais, Philippe va découvrir une culture et une population qu’il ne connaissait pas : les ch’tis (surnoms donnés aux habitants de la région Nord et leurs voisins du bassin minier du Pas-de-Calais). Malgré tous ses clichés et ses aprioris négatifs, Philippe découvrira finalement une région hospitalière, chaleureuse et accueillante. Peu de film ont eu la chance de connaître le destin de « Bienvenue chez les Ch’tis » dans le cinéma français : petite comédie modeste tournée pour un budget d’à peine 11 millions d’euros, le film bat très rapidement tous les records en devenant le film le plus vu de toute l’histoire du cinéma français et réussit même à battre le record de « La Grande Vadrouille » (1966). Au box-office français, il devient le meilleur score derrière « Titanic » de James Cameron en 1997. Et pourtant, quand on y regarde de plus près, « Bienvenue chez les Ch’tis » n’a pourtant rien d’exceptionnel : le scénario n’est qu’un prétexte à une succession de gags jouant sur les clichés véhiculés par les gens du Sud à propos du Nord (cf. la scène avec Michel Galabru, qui est en fait un clin d’œil à une scène du film « Apocalypse Now »), avec des scènes gnan-gnan (la déclaration d’amour finale sur le beffroi de Begues) et un humour au ras-des-pâquerettes. Certains ont même reproché au film d’être ambigu et de finalement dévaloriser la population et la culture ch’ti plus qu’autre chose. D’autres encore ont considéré que Dany Boon avait versé dans le populisme et la démagogie avec « Bienvenue chez les Ch’tis ». Au final, cette petite comédie sans prétention est devenue un gigantesque succès commercial en France et dans le reste du monde, une « success story » à la française qui reste assez étonnante et en a dépassé plus d’un, surtout lorsqu’on connaît la réelle qualité du long-métrage de Dany Boon. Moralité : le succès est une chose bien aléatoire et parfois très imprévisible !

La musique de « Bienvenue chez les Ch’tis » a été confiée à Philippe Rombi, compositeur très actif au cinéma français et probablement l’un des musiciens les plus talentueux officiant à l’heure actuelle pour le cinéma « frenchy ». Comme souvent dans ce type de comédie, la musique est utilisée avec parcimonie afin de conserver au maximum le réalisme du film. La partition orchestrale de Philippe Rombi repose ainsi sur un thème principal agréable et sympathique, « la valse des Ch’tis » introduite dès le générique de début du film (« Bienvenue chez les Ch’tis »). Le compositeur nous offre un premier morceau introductif extrêmement vivant, énergique et coloré, dans lequel il semble s’être fait particulièrement plaisir : après une introduction sautillante à la limite du mickey-mousing, la musique développe très vite le thème de la valse qui deviendra la mélodie principale du score du film de Dany Boon. Comme toujours, Philippe Rombi soigne tout particulièrement ici ses orchestrations, passant d’un instrument à un autre avec une très grande fluidité : cordes légères, bois virevoltants, petites percussions diverses, guitare, etc. Le compositeur s’amuse et développe son thème de valse pendant un générique animé montrant le parcours du Sud vers le Nord sur une carte routière animée. Le caractère léger, sautillant et fantaisiste de cette ouverture nous fait clairement penser ici à du Danny Elfman pour l’instrumentation luxuriante et la fantaisie des sons et des couleurs sonores.

Rombi continue de se faire plaisir et développe son thème dans une très belle version plus nostalgique et sensible dans « Valse des ch’tis » où l’on retrouve le classicisme d’écriture raffiné et élégant cher au compositeur : d’abord confié au piano, la mélodie sera ensuite reprise par l’orchestre dans un des plus beaux arrangements du thème dans le film. Dans « Mutation », Philippe Abrams apprend qu’il va être muté et se prépare à tricher auprès de l’administration. Ici aussi, on retrouve une certaine nostalgie dans le jeu délicat et serein du piano, tandis que l’orchestre reste vivant, coloré et sautillant, le tout non dénué d’une certaine fantaisie fleurant bon le mickey-mousing (on sent à quel point Rombi maîtrise parfaitement le répertoire de la musique hollywoodienne). A noter l’utilisation de sonorités au début du morceau ressemblant aux sons de machine à écrire. Plus nuancé, « C’est le noord » mélange piccolo et guitare avec l’utilisation habituelle et prévisible de touches de mickey-mousing pour le côté purement comédie/humoristique du film. Dans « Le Départ », on retrouve le thème de la valse transposée en mineur dans un caractère plus mélancolique, lorsque Philippe part pour le Nord. Cette très belle reprise mélancolique de la valse au piano rappelle aussi pour l’occasion le classicisme d’écriture raffiné du compositeur (cf. « Deux Ans...»). On regrettera cependant le recours souvent facile et extrêmement prévisible au mickey-mousing dans des morceaux comme « Arrivée à Bergues » ou « La Tournée Partie 1 » et « La Tournée Partie 2 » (pour la séquence hilarante de la tournée en vélo).

Le thème reste omniprésent dans la partition de Philippe Rombi, comme le rappelle par exemple « Le Vieux Lille » et sa sympathique reprise pour piano, orchestre, percussions et guitare, sans oublier l’énergique et majestueux « Les Chars à Voile » pour la scène où Philippe s’amuse avec ses nouveaux amis au bord d’une plage en chars à voile. Le morceau n’échappe pas non plus aux touches mickey-mousing d’usage. A noter l’utilisation plus intéressante de quelques loops électro dans « Julie chez les Ch’tis » qui utilise ici aussi un style mickey-mousing sautillant assez fonctionnel mais néanmoins très agréable à l’écoute - il s’agit de la scène où Julie arrive à Bergues, alors que Philippe a demandé à ses collègues de se faire passer pour des arriérés afin qu’elle reparte dans le Sud. Dommage que les morceaux s’avèrent être très courts, ne permettant pas vraiment à la musique de se développer sur la longueur de façon plus conséquente. On appréciera néanmoins la reprise touchante du thème dans « Philippe parle à Julie » et dans « Les Adieux » pour le départ de Philippe vers son nouveau poste, deux ans après être arrivé à Bergues. Le compositeur s’amuse même à nous offrir une version joyeusement sautillante de son thème dans « Générique de Fin », Rombi semblant s’être fait bien plaisir en jouant de différentes façons avec son thème principal (peut être un brin trop présent et répétitif tout au long du film ?). A noter que l’album nous gratifie en bonus de la mélodie de carillon que joue le personnage de Dany Boon dans le film (« Nocturne du Carillonneur », « Le Carillon d’Antoine »), brillamment interprété par Stéfano Colletti, spécialiste du genre dans le Nord de la France.

La musique de « Bienvenue chez les Ch’tis » reste donc à l’image du film lui-même : sympathique, agréable, vivante mais sans grande originalité. Philippe Rombi signe donc pour le long-métrage de Dany Boon une partition symphonique au classicisme d’écriture soutenu, une musique à la fois sautillante, chaleureuse, fantaisiste et colorée. Evoquant à la fois les gags, les péripéties et les sentiments des personnages principaux (celui de Kad Merad mais aussi de Zoé Félix et de Dany Boon, etc.), la musique apporte son lot de bonne humeur et d’émotion aux images du film, même si l’on regrettera la durée minime du score et le côté très répétitif du thème de la valse des Ch’tis. Malgré le côté complètement anecdotique de cette partition, les fans de Philippe Rombi devraient apprécier le charme, la fraîcheur et la sensibilité de cette composition certes un peu courte mais néanmoins très agréable et sympathique à écouter, aussi bien dans le film que sur l’album !



---Quentin Billard