1-Waiting...1.07
2-Meet Melvin 1.58
3-Jody's Nightmare 1.17
4-Talking Commerce 1.03
5-Juanita 0.53
6-Home Truths 2.23
7-Guns and Butter 1.19
8-I Hate You 2.16
9-Sweetpea's Yard 2.36
10-I Wanna Be Saved 3.24
11-Nasty Girl 2.55
12-Jody and Yvette 3.10
13-Let Us Pray 2.21
14-Jumped 3.49
15-Rodney Takes the Car 1.06
16-Drive By 2.10
17-Finish It 2.35
18-Melvin Takes the Gun 2.38
19-Family 1.16

Musique  composée par:

David Arnold

Editeur:

Varèse Sarabande 302 064 201 2

Album produit par:
David Arnold
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Montage musique:
Jay Bolton
Préparation de la musique:
Emile Charlap

Artwork and pictures (c) 2001 Columbia Pictures Industries. All rights reserved.

Note: ***
BABY BOY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Arnold
Un an après le remake de « Shaft », le réalisateur John Singleton nous livre avec « Baby Boy » un drame social assez réussi, évoquant le destin d’un jeune afro-américain de 20 ans confronté au chômage, aux responsabilités de père et à la peur de grandir. Jody (Tyrese Gibson) est jeune et n’a pas de travail. Il a deux enfants de deux mères différentes, Yvette et Peanut, et il vit encore chez sa mère. Son ami Sweetpea passe la plupart de ses journées en prison pour de nombreux délits en tout genre. La vie de Jody bascule le jour où sa mère Juanita (à peine âgée de 36 ans), décide de refaire sa vie avec Melvin (Ving Rhames), un ancien gangster qui tente de se ranger. Juanita force alors Jody à prendre sa vie en main et l’incite à quitter la maison familiale pour voler de ses propres ailes. Mais Jody ne voit pas d’un très bon oeil l’arrivée de Melvin et des tensions vont finir par naître entre les deux hommes. Jody va devoir néanmoins se faire une raison, alors qu’il continue de prétendre être un adulte lorsqu’il est encore un « baby boy » qui ne parvient toujours pas à s’assumer et à se responsabiliser. Sous ses allures de drame urbain et de chronique sociale, « Baby Boy » permet à John Singleton de délaisser un peu le registre du polar urbain auquel il nous a habitué (« Shaft » ou le récent « Four Brothers ») pour revenir aux sources du genre qu’il affectionne depuis ses débuts : le film de ghetto. Le réalisateur reprend ainsi certains thèmes qu’il avait déjà abordé dans son premier film, « Boyz ‘N The Hood », à savoir les familles éclatées, les pères absents, les mères célibataires, la violence et les problèmes d’éducation dans les quartiers noirs des grandes villes américaines. « Baby Boy » ne dépaysera donc pas les connaisseurs du cinéma de John Singleton, tant la plupart des thématiques chères au cinéaste sont reprises et amplifiées ici : le film en profite aussi pour rappeler une certaine réalité, celle de ces jeunes noirs incapables de s’assumer lorsqu’il n’existe aucun modèle paternel chez eux et qui sont aussi incapables d’élever correctement leurs propres enfants qu’ils ont eu très jeune. Niveau casting, on appréciera le personnage de Ving Rhames en ex-gangster assagi, et le rappeur Snoop Dogg dans le rôle de Rodney, l’ex-compagnon violent d’Yvette, la compagne de Jody. L’acteur/chanteur Tyrese Gibson nous livre une très bonne performance de son personnage de « baby boy », et le film reste plutôt réussi sans être pour autant le meilleur film de John Singleton.

Après « Shaft », le compositeur David Arnold retrouve à nouveau John Singleton sur « Baby Boy », pour lequel le musicien nous livre une partition orchestrale teintée de touches R&B/funky groovy tendance années 70. Pour se faire, le compositeur utilise une formation orchestrale limitée au strict minimum (cordes, principalement) avec un ensemble d’instruments solistes incluant batterie, basse, orgue hammond, clavier Rhodes, guitare, batterie, bongos, synthétiseur et quelques vocalises de la chanteuse Shirley Caesar. La musique opte donc ici pour une approche clairement minimaliste et intimiste dans le film. Le score de David Arnold s’articule essentiellement autour du thème principal associé à Jody dans le film et introduit dès l’ouverture du film dans « Waiting... », un thème vaguement mélancolique et intime indissociable du personnage de Tyrese Gibson dans le film, le « baby boy » qui refuse de grandir, mais qui va devoir se confronter à la dure réalité. Ce thème intimiste plutôt agréable est directement interprété par le clavier Rhodes sur fond de guitare basse, un thème repris dans le funky « Meet Melvin », pour lequel David Arnold conserve cette approche minimaliste dans son instrumentation, délaissant par ailleurs l’orchestre symphonique, qui lui, apparaît plutôt dans « Jody’s Nightmare ». Pour illustrer la séquence du cauchemar de Jody vers le début du film, Arnold utilise ici l’ensemble des cordes agrémentées de quelques effets électroniques étranges et des vocalises de Shirley Caesar. David Arnold développe dans « Juanita » cette approche intimiste et minimaliste du début avec, ici aussi, l’omniprésence du clavier Rhodes qui apporte cette couleur de drame urbain afro-américain assez particulière à la musique de « Baby Boy », sans jamais en faire de trop.

Dans « Home Truths », David Arnold met en avant les rythmes funky/groovy avec quelques sonorités 70’s un peu kitsch qui pourraient aussi faire penser au hip-hop ou au R&B. Le très sympathique thème de Jody est repris ici au piano Rhodes, évocateur de cette couleur « soul music » mélancolique indissociable de l’univers urbain du film de John Singleton, morceau accompagné ici de très belles harmonies reflétant les pensées de Jody et de son envie de passer le reste de sa vie chez sa mère Juanita. Les amateurs de rythmes groovy rétro apprécieront sans aucun doute le travail du compositeur sur un morceau comme « Home Truths » ou même « Guns and Butter », qui rappelle beaucoup par moment les travaux de Christopher Young sur des films tels que « Set It Off », « In Too Deep » ou bien encore « The Hurricane ». Dans « I Hate You », la musique devient plus mélancolique, toujours largement dominée par un piano Rhodes solitaire sur fond de riff de basse et d’un rythme cool et soft de batterie/bongos. Le rythme s’emballe néanmoins sur la fin du morceau, pour évoquer la montée de tension qui sévit entre Jody, Juanita et son nouveau compagnon Melvin, l’ex-gangster. L’orchestre est totalement délaissé dans ces morceaux, David Arnold préférant ainsi privilégier l’ensemble des instruments solistes apportant cette couleur « black music » urbaine assez cool et agréable au film de John Singleton. Dans un registre similaire, on appréciera donc « Sweetpea’s Yard » avec ses synthétiseurs rétro ou le mélancolique et touchant « I Wanna Be Saved » et ses rythmes R&B agréables et modérés. Même chose pour l’intimiste « Nasty Girl », évoquant les déboires entre Jody et sa compagne, sans oublier un « Jody and Yvette » plus dramatique et poignant, mettant en avant les cordes. Les amateurs de rythmes plus funky/groovy apprécieront la très belle reprise du thème principal dans le cool « Let Us Pray », tandis que « Jumped » surprendra davantage l’auditeur par ses rythmes plus agressifs, son style plus électro et sa montée de cordes dramatiques, un style qui trouve écho dans le sombre « Rodney Takes The Car » évoquant la scène avec le personnage de Snoop Dogg dans le film.

La partition de « Baby Boy » atteint son climax dans le sombre « Drive By » avec ses cordes tragiques et plaintives, ses vocalises éthérées, et même un bref passage de cordes dissonantes pour la scène de la fusillade vers la fin du film. Le morceau débouche ainsi sur le déterminé et agressif « Finish It » (avec son final plus abstrait et dissonant), dominé par des rythmes plus marqués qui rompent ainsi avec le style plus soft et cool du reste de la partition. Enfin, « Family » ramène le calme avec un bref morceau pour les différents solistes dans un registre plus nostalgique et apaisé. Vous l’aurez donc compris, « Baby Boy » est un score situé à des années lumières de ce qu’a fait David Arnold sur des blockbusters explosifs tels que « Stargate », « Independence Day », « Godzilla » ou « The Musketeer ». Ici, priorité à une musique plus minimaliste, humaine et toute en retenue, dans laquelle l’orchestre habituel est volontairement mis en retrait afin de privilégier un ensemble d’instruments solistes plus restreint, évoquant clairement un solide mélange entre rythmes funky rétro et sonorités R&B, une musique mélancolique et rythmée reflétant parfaitement les enjeux humains de ce drame social urbain sur fond de communauté afro-américaine. Ceux qui souhaiteraient ainsi entendre David Arnold dans un registre plus minimaliste et intimiste seront aux anges avec le score de « Baby Boy » qui, à défaut de laisser un grand souvenir, comblera les fans du compositeur de « Shaft » et « Four Brothers », et ce même si « Baby Boy » n’est en aucune façon une partition majeure dans la filmographie de David Arnold.



---Quentin Billard