1-Ouverture 2.48
2-Le Petit Loup 2.35
3-La Jeune Fille et les Loups I 2.09
4-Guiseppe 4.37
5-Zarmov 3.16
6-Perdu dans la Neige 3.44
7-La Naissance 1.24
8-La Jeune Fille et les Loups II 2.21
9-La Tanière 3.00
10-Le Piège 3.09
11-La Bagarre 3.19
12-La Jeune Fille et les Loups III 4.29

Musique  composée par:

Armand Amar

Editeur:

Naive France K1636

Album produit par:
Armand Amar

Artwork and pictures (c) 2008 Epithète Films/Sofica Europacorp. All rights reserved.

Note: ***1/2
LA JEUNE FILLE ET LES LOUPS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Armand Amar
« La Jeune Fille et les Loups » de Gilles Legrand s’inspire à l’origine d’un poème d’Alfred de Vigny, « La mort du loup », et évoque l’histoire d’une jeune fille perdue en pleine nature sauvage, et qui prendra la défense de la dernière meute de loups en France à la fin des années 20. Le réalisateur de « Malabar Princess » nous transporte ainsi en 1925, dans les régions montagneuses près de la frontière italienne. Angèle (Laetitia Casta) poursuit ses études pour devenir vétérinaire, et ce malgré les critiques de son entourage qui lui rappelle que le métier de vétérinaire est alors exclusivement réservé aux hommes à cette époque. Devant tant de mépris, Angèle décide de faire ses preuves en s’engageant auprès de Zarmov, un aventurier russe qui s’apprête à organiser une expédition aéroportée afin de récolter des animaux sauvages pour sa propre foire. Angèle s’envole alors avec Zarmov mais leur avion s’écrase peu de temps après dans la montagne. Zarmov laisse alors Angèle dans la neige avec un feu de camp et un pistolet, puis il part seul chercher du secours. Emile Garcin (Jean-Paul Rouve), jeune propriétaire des terrains montagneux et promis d’Angèle, fait alors appel aux gendarmes pour retrouver la jeune fille qu’il compte épouser. Ces derniers partent alors à la recherche du campement d’Angèle et constatent que la jeune fille - qui a été approchée par des loups - a malheureusement disparue. Angèle se réveille alors peu de temps après dans la cabane de Giuseppe (Stefano Accorsi), un ermite qui vit seul dans la montagne avec ses loups. La jeune fille se retrouvera alors au coeur d’une rivalité opposant le jeune italien ami des loups à l’industriel ambitieux, et pour Angèle, ce sera l’occasion de retourner la situation en faveur de son principal objectif : le sauvetage des loups. « La Jeune Fille et les Loups » reste donc au final un divertissement à la française plutôt réussi et qui, bien que flirtant dangereusement avec un côté un peu simpliste et manichéen (les gentils sont très gentils, le méchant très méchant), réussit à nous captiver de bout en bout. Le film vaut surtout par son histoire simple, son casting de qualité (une Laetitia Casta qui semble avoir pris beaucoup d’assurance) et son message écologique sans équivoque, du bon divertissement populaire en somme !

La musique de « La Jeune Fille et les Loups » a été confiée à Armand Amar, qui signe une partition orchestrale généreuse, ample et mélodique, reflétant parfaitement l’aventure du personnage de Laetitia Casta dans le film. La musique est ici à la fois lyrique et dramatique, Armand Amar combinant orchestre symphonique traditionnel à une pléiade de synthétiseurs pour parvenir à ses fins. Dès l’Ouverture, la musique s’impose par l’ampleur de son travail autour des cordes, ses lignes mélodiques répétitives évoquant clairement Philip Glass, et son accompagnement électronique imposant, sans oublier l’utilisation très réussie de quelques notes de violon. La musique évoque à la fois l’immensité, la beauté sauvage des décors montagneux et le côté plus dramatique du récit, une ouverture assez conséquente et une excellente mise en bouche. Dans « Petit Loup », la musique joue davantage sur les différentes couleurs instrumentales, privilégiées ici par un mixage assez clair et détaillé. Armand Amar passe d’un instrument à un autre avec une grande fluidité, qu’il s’agisse du violoncelle, de la guitare, du glockenspiel, des pizzicati de cordes, du piano, du marimba, de la harpe ou des petites percussions diverses. Il évoque par la même occasion la détermination d’Angèle et son amitié naissante avec les loups. Ici aussi, on retrouve ce côté répétitif à la Philip Glass, et un certain lyrisme sous-jacent et personnel, typique d’Armand Amar, impression confirmée par le très beau thème de piano de « La Jeune Fille et les Loups I ». Le compositeur offre ainsi au personnage d’Angèle un thème délicat et raffiné de toute beauté, non dénué d’une certaine mélancolie rêveuse. Amar accompagne le piano avec quelques notes de violoncelle pour susciter une certaine émotion, dans un style proche du répertoire de la musique de chambre classique.

Le personnage de Giuseppe est quand à lui associé dans le film à un travail autour du sempiternel duduk arménien, instrument sur-utilisé au cinéma depuis le succès un brin trop causant du « Gladiator » de Hans Zimmer en 2000. Dans « Giuseppe », on retrouve ce lyrisme rêveur typique d’Armand Amar et cette émotion toute en finesse avec un très beau morceau pour cordes, piano et duduk associé dans le film au personnage de l’ermite italien campé par Stefano Accorsi. Dommage cependant que le compositeur se montre peu à l’aise lorsqu’il s’agit d’écrire de vraies mélodies aux développements conséquents, Armand Amar se contentant bien trop souvent d’enchaînements harmoniques/mélodiques répétitifs mais qui manquent d’une certaine personnification mélodique claire. Quoiqu’il en soit, impossible de ne pas être ému par la beauté et le lyrisme poignant de « Giuseppe » qui rappelle clairement les travaux du compositeur sur les films « La Piste » et « Va, vis et deviens » (2006). Dans « Zarmov », la musique devient alors plus légère, sautillante et optimiste, alors qu’Angèle se prépare à suivre Zarmov dans son expédition au dessus des montagnes. Plus atmosphérique, « Perdu dans la Neige » évoque les déboires de la jeune fille perdue en pleine neige au coeur des montagnes sauvages près de la frontière italienne. Ici, les instruments deviennent plus nuancés et retenus, porteur d’une certain tension et d’un sentiment de doute et de crainte. Armand Amar varie ainsi les ambiances et évolue constamment entre lyrisme poignant et légèreté quasi bucolique pour les besoins du film de Gilles Legrand. On appréciera par exemple le charme de « La Naissance » et son utilisation très réussie de guitares sur fond de violon et de petites percussions.

Le thème d’Angèle est repris dans les mélancoliques « La Jeune Fille et les Loups II » et « La Jeune Fille et les Loups III », où Amar utilise une formation instrumentale plus restreinte (piano, cordes, violoncelle) apportant une certaine chaleur à la musique du film de Gilles Legrand. La musique devient alors plus sombre et dramatique dans « La Tanière », avec la reprise du duduk associé à Giuseppe dans le film, sans oublier le très beau travail autour du piano dans le mélancolique « Le Piège » et les rythmes électroniques oppressants de « La Bagarre », pour l’affrontement final entre Emile, Angèle et Giuseppe à la fin du film. Amar en profite d’ailleurs pour reprendre dans le climax dramatique de « La Bagarre » les sonorités et les rythmes qu’il avait déjà mis en place lors de sa somptueuse « Ouverture », la boucle étant bouclée. La partition de « La Jeune Fille et les Loups » reste donc un très bel effort de la part d’Armand Amar, une musique respirant le lyrisme et la mélancolie, mais qui n’apporte rien de bien nouveau au style et à l’univers musical du compositeur d’origine israélienne. Les inconditionnels d’Armand Amar retrouveront donc toutes les formules musicales habituelles du compositeur sur « La Jeune Fille et les Loups », une musique qui apporte une certaine émotion au film de Gilles Legrand mais qui pêche un peu par son manque de surprise et d’originalité.



---Quentin Billard