1-Old Bagdad 2.01
2-Exiled 3.41
3-Semantics 2.38
4-The Great Hall 5.20
5-Eaters Of The Dead 3.32
6-Viking Heads 1.29
7-The Sword Maker 2.06
8-The Horns Of Hell 3.25
9-The Fire Dragon 4.53
10-Honey 2.36
11-The Cave Of Death 3.00
12-Swing Across 1.49
13-Mother Wendol's Cave 4.12
14-Underwater Escape 1.36
15-Valhalla/Viking Victory 10.35
16-A Useful Servant 1.18

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6038

Produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de la musique pour The Buena Vista Motion Pictures Group:
Kathy Nelson, Bill Green

Artwork and pictures (c) 1999 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ****
THE 13TH WARRIOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
A l’origine, ‘The 13th Warrior’ devait s’intituler ‘Eaters of the Dead’, adapté du roman homonyme de Michael Crichton et librement inspiré du célèbre mythe de ‘Beowulf’. La musique du film, tourné en 1997, avait alors été confiée à Graeme Revell qui composa et enregistra l’intégralité de la partition. Mais hélas, après des projections test jugées catastrophiques par la production, Michael Crichton décida de remonter le film et de filmer de nouvelles séquences. Il rejeta ensuite toute la musique de Graeme Revell et décida de faire appel à Jerry Goldsmith, à qui le romancier pensa immédiatement en voyant les premières images du film. Goldsmith a déjà collaboré avec Michael Crichton sur certains de ses anciens films: le téléfilm 'Pursuit' en 1972, 'Coma' en 1978, 'The First Great Train Robbery' en 1979 et 'Runaway' en 1984. Le film marque aussi la deuxième collaboration entre Jerry Goldsmith et le réalisateur John McTiernan, après l'excellent 'Medecine Man' en 1992.

Le principal défi du compositeur sur 'The 13th Warrior' était d'écrire un grand score évoquant les exploits de Ahmed Ibn Fahdlan, le héros du film interprété avec vigueur par Antonio Banderas, apportant une touche orientale en plein cœur d’une communauté de guerriers vikings du Nord. Composé la même année que le score explosif de 'The Mummy', 'The 13th Warrior' est une partition d'action/aventure renouant avec le style épique et oriental de 'The Mummy', les deux partitions étant finalement assez similaires dans leur domaine. 'The 13th Warrior' s'articule autour de deux thèmes principaux, celui d'Ahmed entendu dans 'Exiled' et celui des Vikings, entendu dès le premier morceau de l'album, 'Old Bagdad'. Le thème d'Ahmed apporte la touche arabisante au film avec utilisation de tambours, tambourin et d'un oud (célèbre luth de la musique arabe), le maestro reprenant exactement la même instrumentation que celle de 'The Mummy'. De plus, le thème d’Ahmed ressemble étrangement aux premières notes du thème oriental de 'The Mummy'.

Mais la comparaison avec 'The Mummy' s'arrête là, car le véritable grand thème du score de ‘The 13th Warrior’ reste ici celui des vikings, thème guerrier épique aux accents héroïques, illustrant tout au long du film la bravoure et le courage de ces guerriers bien décidés à affronter les terrifiants Wendols jusqu'à la mort. Il s’agit d’un grand thème ample et cuivré (trombones et cors essentiellement) soutenu par un puissant choeur d'hommes évoquant le côté guerrier et musclé de ces héros vikings, épaulé par un 13ème guerrier étranger à leur peuple et leur culture. En ce sens, la mise en parallèle de l'élément oriental et 'nordique' (occidental) dans 'Old Bagdad' est tout à fait révélateur, le morceau débutant sur le style arabisant du thème d'Ahmed et se poursuivant sur le superbe thème principal, mélodie qui sera véritablement au cœur de toute la partition du film de John McTiernan.

'Exiled' est le premier morceau du score de Goldsmith entendu dans le film, débutant sur le thème d'Ahmed confié à des vents (flûte/clarinette/hautbois) avec des cordes et une guitare arabe. On notera l'utilisation du synthétiseur dans ce morceau, avec un son plutôt clair et mystérieux. Si cette sonorité synthétique peut paraître anodine aux premiers abords, elle deviendra pourtant par la suite l'élément sonore principal associé aux mystères entourant le terrifiant mythe des Wendols dans la première partie du film, preuve incontestable du talent du maestro pour élaborer ses textures synthétiques évoquant à la perfection 'l'âme' du film qu’il met en musique. Dans 'Semantics', Ahmed passe une nuit entière à écouter les vikings parler entre eux et apprend ainsi leur langue en les écoutant (scène totalement invraisemblable insultant clairement l’intelligence des spectateurs!). Avec les tambours, le tambourin et la guitare associée au personnage d'Antonio Banderas, on retrouve ici un nouveau mélange entre éléments occidentaux et orientaux, alors que ce héros arabe doit se fondre dans une nouvelle culture qui lui est étrangère s'il espère combattre aux côtés de ces guerriers du Nord. La coda de ‘Semantics’ prend des allures triomphantes, illuminées par un choeur d'hommes grandiose évoquant la connexion qui relie désormais les vikings et Ahmed par le biais de la langue.

Une atmosphère de mystère s'installe rapidement au début de 'The Great Hall' alors que les guerriers débarquent près du village caché sous une couche épaisse et sinistre de brume. On retrouve ce son de synthétiseur clair et mystérieux qui suggère l’apparence brumeuse inquiétante de la scène. Les guerriers arrivent alors dans la forêt menant au village avec une reprise héroïque du thème principal avec son choeur d'hommes guerrier. Dans le sombre 'Eaters Of The Dead', Goldsmith instaure un climat de mystère frissonnant alors que les treize guerriers font une découverte macabre: les corps atrocement mutilés de paysans massacrés par les Wendols à l'intérieur d'une ferme entièrement dévastée. L’atmosphère mystérieuse devient ici plus pesante, avec une ambiance de suspense très représentative du climat général de cette première partie du film.

Les guerriers affrontent enfin les Wendols dans 'Viking Heads'. Jerry Goldsmith amorce le morceau avec un motif menaçant de deux notes des trombones et qui évoque le danger et la menace des sanguinaires Wendols. Comme toujours dans ses morceaux d'action, le maestro installe une énergie saisissante avec un rythme de timbales sauvages et des cuivres menaçants pour ce bref passage d'action au cours duquel l’un des guerriers vikings est décapité pendant le combat. Les héros préparent alors une contre-offensive en se barricadant à l'intérieur du village dans 'The Sword Maker'. On retrouve ici le thème héroïque/guerrier des vikings avec le choeur d'hommes, le tambourin et quelques allusions au thème d'Ahmed qui se forge une épée dans le style d'un sabre Turc. Les Wendols font alors résonner au loin leurs cors sinistres dans 'The Horns of Hell', morceau dans lequel Jerry Goldsmith installe à nouveau une rythmique de timbales/tambours barbares et sauvages. Les cors et les choeurs d’hommes instaurent ici une atmosphère de plus en plus pesante au fur et à mesure que les Wendols se rapprochent du village viking.

L'action culmine enfin dans ce qui semble être l’un des sommets de la partition de ‘The 13th Warrior’ – et un morceau d’action de pure anthologie de la part de Jerry Goldsmith : 'The Fire Dragon'. Le morceau en question accompagne la grande séquence de la bataille entre les vikings, les villageois et les Wendols. Goldsmith réutilise le style de 'Viking Heads' avec un ostinato martial de timbales/tambours et des cuivres guerriers. Le combat fait rage durant cette scène d'affrontements violents, le compositeur maintenant un rythme haletant et soutenu pendant plus de quatre minutes particulièrement intenses, durant lesquelles le compositeur renouvelle sans cesse son rythme à l'aide de diverses formules rythmiques et autres changements de mesure.

Le déchaîné 'The Fire Dragon' nous entraîne littéralement au coeur de la bataille avec une fureur orchestrale d’une intensité rare, un morceau d’action devenu au fil du temps un très grand classique du répertoire action 90s de Jerry Goldsmith, au même titre que le fameux ‘The Hijacking’ du score de ‘Air Force One’ ou que le monumental ‘End of a Dream’ de ‘Total Recall’. Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si une note publiée dans le livret de l’album mentionne le fait que les musiciens de l’orchestre de Londres ont fait une série de standing ovation adressées au compositeur au cours des sessions d’enregistrement triomphantes de la partition de Goldsmith, les musiciens ayant été littéralement subjugué par la puissance et le souffle épique incroyable de la partition de ‘The 13th Warrior’. A noter pour finir la confrontation habile de deux motifs dans ‘The Fire Dragon’, celui des Wendols et le thème viking qui apparaît ici sous formes d'allusions brèves mais significatives, le motif des Wendols étant quand à lui omniprésent tout au long du morceau.

Les guerriers vikings doivent alors poursuivre les Wendols jusqu’au fond de leur caverne afin de les exterminer pour de bon et de stopper définitivement leurs carnages sanguinaires. La contre-attaque débute alors que les guerriers se rendent furtivement à l'entrée de la caverne des Wendols dans 'The Cave of Death' - notons l'élément sonore plus clair du synthétiseur qui est ici aussi réutilisé pour évoquer le suspense de cette séquence. ‘The Cave of Death’ nous permet de réentendre le motif de deux notes des Wendols aux trombones, instrument qui a toujours été associé à l’idée de la mort au cours de la période classique, et qui possède ici un côté sinistre et funèbre totalement adéquat. Le suspense et la terreur culminent au fur et à mesure que les héros s'enfoncent dans le repère macabre de ces barbares (notons les effets de glissandos de trombones, renforçant l'ambiance sombre et pesante du morceau).

Après un bref passage d’action dans 'Swing Across' (descente le long d'une chute d'eau dans la caverne), l'ambiance de suspense sinistre culmine dans 'Mother Wendol's Cave' alors que Buliwyf tue la mère des Wendols. On retrouve une fois encore le thème de ces barbares sanguinaires suggéré ici par divers glissandos instrumentaux dégoulinants et extrêmement macabres. Les guerriers doivent ensuite s'échapper de la caverne, poursuivis par des Wendols enragés et bien décidés à venger la mort de leur mère. 'Underwater Escape' intervient alors au moment où les guerriers fuient hors de la caverne en passant sous une rivière. Jerry Goldsmith installe ici un certain climat d'urgence pour représenter le danger de la scène, car si la rivière ne les conduit par où ils le veulent, ils risquent de se noyer.

Le combat final abouti enfin à son apogée dans 'Valhalla/Viking Victory'. La première partie du morceau débute sur une allusion au thème oriental d'Ahmed alors que ce dernier prie son Dieu de le protéger tout au long de la bataille. Jerry Goldsmith nous propose ici plusieurs allusions aux trois grands thèmes de la partition de ‘The 13th Warrior’, celui d'Ahmed, celui des Wendols et bien évidemment à celui des vikings, une brillante synthèse thématique récapitulative idéale pour aboutir à une sorte d’apothéose musicale absolument grandiose et intense à l’écran. Le morceau prend une tournure résolument déterminée alors que les vikings sont prêts à se battre jusqu'à la mort (notons ici l'excellente utilisation des tambours guerriers) dans une excellente reprise héroïque de leur thème principal amorçant une magnifique séquence de bataille finale illustrée par des ralentis intenses. ‘A Useful Servant’ se contente quand à lui d’apporter un peu de sérénité au final du film.

Vous l'aurez donc compris: ‘The 13th Warrior’ ne fait pas dans la dentelle! On retrouve une fois encore le grand Jerry Goldsmith de l'action et de l'aventure dans une partition magistrale aux accents guerriers/orientaux assez similaire à ce que le compositeur a fait la même année sur 'The Mummy'. Le score de 'The 13th Warrior' semble quand à lui plus nuancé, oscillant admirablement entre mystère, terreur, action et aventure. L'album de Varèse Sarabande est pour une fois bien rempli (même s'il manque toujours quelques passages intéressants) et résume parfaitement l’essentiel de la partition du maestro sur plus de 50 minutes magistrales. 'The 13th Warrior' apparaît au final comme une musique riche et épique absolument parfaite pour le film (massacré) de John McTiernan, même si l’ensemble ne révolutionne en rien le genre. Signalons pour finir que le fabuleux thème guerrier des vikings fait désormais partie des grandes mélodies du Jerry Goldsmith des années 90. En clair : une partition incontournable!



---Quentin Billard