1-Edward 2.37
2-Bay of Pigs 2.47
3-Edward's Secret 2.32
4-The Whiffenpoof Song
(Baa! Baa! Baa!) 1.38*
5-Frederick's Lure 1.24
6-First Test 2.41
7-Blue Skies 2.31**
8-Edward & Laura 2.03
9-Embraceable You 3.41***
10-Tribeca Bounce 2.03+
11-Clover 2.30
12-No Rain a Fallin' 2.12+
13-CIA 2.15
14-Spy Lesson 2.51
15-Day of the Locusts 4.39
16-Christmas Eve 2.49
17-Spy Trade 2.31
18-Welcome Gift 1.32
19-So In Love 1.43+
20-Edward & Laura Part 2 2.15
21-There Is Nothin' Like
A Dame 0.42++
22-The Interrogation 2.28
23-The Violin 1.23
24-Come Rain or
Come Shine 3.30+++
25-Miriam 4.16
26-Ofrenda de Amor 2.22#
27-Silouans Song 5.30##
28-H.M.S. Pinafore, Act 1:
Hail! Men O'War's Men/
I'm Called Little Buttercup 1.43###

*Interprété par Rudy Vallee
Ecrit par George S. Pomeroy,
Meade Minnigerode, Tod B. Galloway
Paroles spéciales de Moss Hart
**Ecrit par Irving Berlin
***Ecrit par George et Ira Gershwin
+Interprété par Vince Giordano
and His Nighthawks Orchestra
Ecrit par Bruce Fowler et
Harry Garfield
Produit par Bruce Fowler
++Ecrit par Richard Rodgers
et Oscar Hammerstein II
+++Interprété par
Ann Hampton Callaway
Ecrit par Harold Arlen et
Johnny Mercer
#Interprété par
St. Louis African Chorus
##Ecrit par Arvo Pärt
###Interprété par The D'Oyly Carte
Opera Company, Gillian Knight
et The New Symphony
Orchestra of London
Conduit par Isidore Godfrey.

Musique  composée par:

Marcelo Zarvos/Bruce Fowler

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 782 2

Score produit par:
Marcelo Zarvos, Bruce Fowler
Montage musique:
Todd Kasow, Shari Schwartz,
E. Gedney Webb

Producteurs de l'album:
Robert De Niro, Jane Rosenthal,
Kathy Nelson

Producteur exécutif de l'album:
James G. Robinson
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Supervision de la musique:
Kathy Nelson

Artwork and pictures (c) 2006 Universal Studios. All rights reserved.

Note: **1/2
THE GOOD SHEPHERD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marcelo Zarvos/Bruce Fowler
« The Good Shepherd » (Raisons d’état) marque le retour de Robert De Niro derrière la caméra, après un premier essai réussi en 1993 avec « A Bronx Tale ». « The Good Shepherd » est une plongée immersive dans l’univers de la CIA servi par un script brillant d’Eric Roth, spécialiste des biopics (« The Insider », « Ali », « Munich ») et un casting prestigieux et solide. L’histoire suit le parcours d’Edward Wilson (Matt Damon), un jeune homme hanté par le suicide de son père et membre de la Skull and Bones Society à l’Université de Yale en 1939. Son sens de l’honneur et sa grande discrétion en font alors un candidat idéal pour la CIA, une nouvelle agence gouvernementale qui vient tout juste d’être créée aux Etats-Unis durant l’année 1947 par le National Security Act. C’est dans l’atmosphère de doute et de suspicion inspirée par la guerre froide qu’Edward Wilson évolue au sein de la CIA, l’obligeant ainsi à se méfier de tout le monde, y compris ses proches. Et au fur et à mesure que son pouvoir grandit, il finit par progressivement confiance en ceux qui l’entourent. Un jour, son jeune fils, qu’il n’a pas vu grandir (occupé à mener sa carrière de front), lui annonce qu’il compte marcher sur ses pas en devenant à son tour un agent de la CIA. Edward prend alors conscience des sacrifices qu’il a dû faire pour sa carrière - au détriment de sa famille. Et comme si cela ne suffisait pas, Edward est aux prises avec un scandale entourant le débarquement raté à la Baie des Cochons à Cuba en 1961. Film dense, complexe et captivant, « The Good Shepherd » est un thriller géopolitique qui rappelle la vitalité de ce cinéma américain engagé post-11 septembre 2001, un cinéma plus soucieux d’évoquer certaines vérités (parfois dérangeantes) afin de remuer les consciences et les opinons, d’interroger le public sur le fonctionnement ou les dysfonctionnements de certaines institutions américaines - ici, la CIA. En traversant plusieurs décennies de l’histoire américaine (de la fin de la 2de Guerre Mondiale jusqu’à la crise de Cuba au début des années 60), le film de Robert De Niro nous offre une plongée abyssale saisissante dans cet univers clos et secret, servi par un casting de qualité réunissant la crème d’Hollywood : Matt Damon, Alec Baldwin, Robert De Niro, Angelina Jolie, John Turturro, William Hurt, Billy Crudup, Joe Pesci, Timothy Hutton, Michael Gambon, Gabriel Macht, etc. Le film doit d’ailleurs beaucoup à l’excellente performance de Matt Damon, totalement imperturbable dans le rôle de ce dirigeant de la CIA qui sacrifiera tout - même son âme - au profit de sa carrière, l’acteur nous rappelant encore une fois qui possède l’étoffe des plus grands comédiens du cinéma américain. Signalons que « The Good Shepherd » a été en partie produit par Francis Ford Coppola (excusez du peu !), et que le film a obtenu l’Ours d’Argent pour l’ensemble du casting au Festival de Berlin 2007. De Niro nous offre donc un long-métrage assez conséquent sur les coulisses de la CIA et de ceux qui y travaillent (souvent dans l’ombre), un film long, parfois même très long (2h47), riche et documenté, et qui reste ainsi à la hauteur de son sujet ambitieux, servi par un sens très aigu de la narration et une mise en scène adroite privilégiant avant tout le jeu des acteurs, sans aucun artifice particulier : une grande réussite, donc !

La musique de « The Good Shepherd » a été confiée au duo Marcelo Zarvos/Bruce Fowler. Le premier est un jeune compositeur d’origine brésilienne remarqué pour sa partition récente pour le film « Hollywoodland » (2006). Le second est un orchestrateur travaillant plus particulièrement sur les musiques de Hans Zimmer. Zarvos et Fowler nous offrent donc pour « The Good Shepherd » une partition à suspense plutôt dense et atmosphérique, mais sans grande originalité particulière. A l’instar du film de Robert De Niro, la musique de « The Good Shepherd » possède un côté sombre et immersif assez dense à l’écran, mais plus décevant sur l’album publié par Varèse Sarabande. Dans « Edward », la musique débute au son de cordes dramatiques avec un piano et une harpe développant le thème principal du score. La mélancolie qui se dégage du morceau apporte au personnage de Matt Damon une densité dramatique plutôt appréciable, évoquant l’idée que l’homme va perdre son âme à force de s’immerger de plus en plus dans sa carrière à la CIA. La musique possède aussi un côté répétitif qui pourrait parfois faire penser à Philip Glass, notamment dans le jeu ondulant et répétitif du piano et de la harpe, représentant par la même occasion la détermination quasi obsessive d’Edward Wilson à mener sa carrière jusqu’au bout. La musique devient ensuite plus sombre et pesante dans « Bay of Pigs », avec l’utilisation de sonorités électroniques plus graves suggérant clairement une atmosphère de menace et de crise internationale.

La musique reste malgré tout quelque peu intimiste et retenue dans « Edward’s Secret », évoquant les secrets du personnage de Matt Damon, avec un travail appréciable autour des cordes et du piano. Aucune surprise particulière ici, la musique va là où on l’attend, et n’apporte rien de neuf au genre. Dans « Fredericks’ Lure », le score utilise un waterphone pour suggérer une atmosphère de suspicion à travers un thème de piano plutôt sombre et pesant. Cette idée de suspicion et de tension sera d’ailleurs au coeur même de la partition de Marcelo Zarvos et Bruce Fowler, comme le rappelle par exemple « First Test » avec ses cordes glaciales en harmoniques et ses notes graves de piano. Même les passages évoquant la vie privée et sentimentale d’Edward Wilson dans « Edward & Laura » demeurent sombres et mélancoliques, dénués du moindre espoir ou de la moindre éclaircie musicale (cf. l’émouvant « Christmas Eve » dans un registre similaire). Zarvos et Fowler utilise une instrumentation restreinte essentiellement dominée par le piano, les cordes, la harpe et quelques nappes synthétiques discrètes. Même chose pour « Clover » et le sombre « CIA », qui agrémentent parfaitement à l’écran l’atmosphère dense et psychologique voulue par Robert De Niro dans son film. Un passage comme « Spy Lesson » rappelle le style répétitif du début avec son mélange piano/harpe ondulant et ses cordes denses (parfois même trop denses). Les amateurs de suspense apprécieront certainement « Day of the Locusts » et ses quelques loops électroniques atmosphériques maintenant une certaine tension à l’écran. La musique tente d’apporter une certaine émotion en évoquant les tourments et les sentiments d’Edward ou de son entourage dans le mélancolique et émouvant « Edward & Laura, part 2 », qui apporte un peu d’intimité à une partition atmosphérique somme toute assez sombre et lente.

La séquence de torture vers la fin du film (« The Interrogation ») permet au duo Marcelo Zarvos/Bruce Fowler de nous offrir l’un des morceaux les plus sombres de la partition de « The Good Shepherd », dominé ici par des cordes dissonants et des nappes synthétiques menaçantes, sans aucun doute l’un des passages les plus intenses de la partition du film de De Niro. A noter pour finir que la bande originale de « The Good Shepherd » inclut aussi une pièce composée par Arvo Pärt, « Silouans Song », qui contribue à son tour à l’ambiance froide, lente et mélancolique de la musique de « The Good Shepherd ». Vous l’aurez donc compris, avec son atmosphère sombre, pesante et dramatique, la musique de « The Good Shepherd » n’a rien de particulièrement réjouissant mais devrait séduire les amateurs de partitions lentes et atmosphériques (peut être un peu trop ?), une musique jouant sur une retenue amère et une ambiance plus psychologique bien qu’assez décevante en écoute isolée sur l’album (écoute néanmoins tempérée par de nombreux morceaux de source music présents dans le film). Marcelo Zarvos et Bruce Fowler signent donc une musique sombre et mélancolique très prévisible pour « The Good Shepherd » sans apporter quoique ce soit de particulier au rapport image/musique. La musique conserve donc du début jusqu’à la fin son statut fonctionnel, tout en soulignant de façon assez efficace les sentiments des personnages ou la complexité de certaines situations du film. La musique contribue donc à son tour à cette densité dramatique et psychologique présente dans le film. Dommage cependant qu’on ne retienne au final pas grand chose de cette musique, que l’auditeur oubliera malheureusement très vite ! Décevant, d’autant qu’avec un film et un sujet pareil, on aurait pu s’attendre à quelque chose d’un peu plus riche, ambitieux et inspiré de la part des deux compositeurs !



---Quentin Billard