1-The Informers 2.45
2-Nothing But a Broken Heart 1.58
3-What Was, It Is.
What Is, It's Not 4.17
4-Please Me, Please, Please 2.44
5-No Wicked Way 2.56
6-Malibu Dope 3.52
7-To Ryder, with Love 3.55
8-Wrecked by Money 2.50
9-Is She Really? 3.10
10-Sex Whenever 2.40
11-A Rose in All Things Beautiful 1.37
12-Dysfunctional Everything 3.09
13-Toupee Tango 2.19
14-Hawaiian Dissonance 3.13
15-Love Is Love Is Love 6.43

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Lakeshore Records LKS 34082

CD produit par:
Christopher Young, Andrew Spence
Coordination du score:
Joohyun Parks
Programmation synthétiseurs:
Andrew Spence, Jonathan Timpe
CD remixé par:
Andrew Spence
Montage musique:
Kevin Crehan
Guitares de:
Mark Buys, Peter Maunu
Producteurs exécutifs de l'album:
Skip Williamson, Brian McNelis
Worldwide Soundtrack Coordination:
Sandra Molzahn/
Senator Entertainment

A&R pour Lakeshore:
Eric Craig

Artwork and pictures (c) 2009 Senator Distribution, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE INFORMERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
« The Informers » est un drame choral adapté du roman éponyme de Bret Easton Ellis, qui est en réalité une collection de différentes histoires publiées en 1994, regroupées sous le titre fédérateur « The Informers ». Le film de Gregor Jordan se propose ainsi de replonger dans un univers de décadence et de débauche en plein coeur du Los Angeles de 1983. Tout commence lorsqu’un jeune homme nommé Bruce est renversé par un chauffard en pleine nuit. A son enterrement, ses amis Graham, Martin et Tim se réunissent pour évoquer sa mémoire, mais se montrent apparemment totalement indifférents à son décès. Seul son ami Raymond semble dévasté par la mort de Bruce. Graham Sloan (Jon Foster) est le fils d’un richissime producteur de cinéma, William Sloan (Billy Bob Thornton), qui vit une relation houleuse et distante avec son épouse Laura (Kim Basinger), devenue dépendante aux pilules et aux médicaments. William trompe régulièrement sa femme avec la jeune Cheryl Laine (Winona Ryder), une journaliste de télévision locale. On y suit au même moment le parcours d’une jeune star du rock désabusée (Mel Raido) aux prises avec l’alcool, l’argent et les partouzes, les rapports difficiles entre le jeune Tim Rice (Lou Taylor Pucci) et son père (Chris Isaak) qui tentent de renouer le dialogue en vacances à Hawaï, et l’histoire d’un jeune majordome nommé Jack (Brad Renfro) qui tente de mener une vie honnête jusqu’au jour où son oncle Peter (Mickey Rourke), un ex-détenu, décide de lui rendre une petite visite et de l’impliquer dans une nouvelle combine fort douteuse.

Gregor Jordan articule donc l’ensemble de son film autour de ces sept histoires inspirées du roman d’origine de Bret Easton Ellis, avec un casting éclectique mélangeant jeunes talents (Brad Renfro, dans son tout dernier film, l’acteur étant malheureusement décédé peu de temps après en 2008 d’une overdose de drogue) et vétérans (Billy Bob Thornton, Kim Basinger, Winona Ryder, Mickey Rourke, etc.). Hélas, ce qui s’annonçait comme un film choral assez ambitieux et complexe n’est finalement rien de plus qu’un drame urbain terne et sans grand relief, la faute à une mise en scène paresseuse et une mauvaise gestion du film : on s’ennuie ferme du début jusqu’à la fin, peut être parce qu’il manque au film de Jordan une vraie fougue et une vraie passion pour ses personnages : le réalisateur filme de façon trop froide et trop désintéressée pour réussir à convaincre réellement les spectateurs - on est bien loin ici du « Short Cuts » de Robert Altman, auquel « The Informers » tente de ressembler sans jamais y arriver ! Quand aux différentes histoires, elles ressemblent davantage à un mauvais scénario d’un soap-opera kitsch de la télévision qu’à un vrai film choral digne de ce nom. « The Informers » réussit néanmoins à retranscrire assez fidèlement l’univers décadent et excessif des années 80, entre le rock, le sexe et l’argent. Dommage que le film ennuie et lasse finalement plus qu’autre chose !

La musique de Christopher Young est sans aucun doute l’atout majeur de « The Informers ». Le compositeur quitte temporairement ici le registre habituel de ses musiques de thriller/film d’horreur et nous livre ici une partition plus intimiste, minimaliste et retenue, utilisant un ensemble constitué de synthétiseurs, guitares électriques, basse et batterie pour apporter une touche rock assez soft au film de Gregor Jordan - après tout, il est question dans une des sept histoires du film d’un groupe de rock, « The Informers », qui enflamme les soirées à Los Angeles dans les années 80. Sans tomber pour autant dans le cliché facile d’une musique tendance « eighties », le score de Chris Young conserve une approche plutôt moderne et atmosphérique, pour refléter à l’image l’errance et la décadence de ces différents personnages dont les histoires se croisent parfois sans jamais se ressembler pour autant. L’ouverture très répétitive de « The Informers », apporte une ambiance assez particulière à la musique avec une série de notes répétées inlassablement par un clavier sur fond de nappes synthétiques atmosphériques et de quelques notes de guitares lointaines. « The Informers » est une ouverture assez sombre et lente, qui introduit d’emblée l’auditeur/spectateur au style atmosphérique de la partition de Christopher Young, avec un minimalisme certain et une réelle économie de moyens - ne vous attendez donc pas à retrouver ici un style orchestral hollywoodien conventionnel. Ce sont d’ailleurs les guitares électriques soft qui occupent ici une place prépondérante dans la musique de « The Informers ». Dans « Nothing But a Broken Heart », Chris Young développe son atmosphère à la fois lente et intimiste avec une série de guitares sur fond de rythmiques discrètes mélangeant piano, nappes synthétiques, batterie et même jeu sur les cordes métalliques d’un piano. Les amateurs de rock/électro atmosphérique seront ici aux anges avec le travail mené par Christopher Young sur le film de Gregor Jordan, prenant ainsi le contrepied total de ses traditionnels travaux sur les films d’horreur et de suspense qu’il met régulièrement en musique depuis ses débuts.

« What was, it is. What is, it’s not » (avec comme toujours chez Chris Young des titres totalement farfelus et bourrés de mots d’esprit) met davantage en valeur le rythme avec quelques petites percussions latinos discrètes évoquant à la fois le mambo ou la salsa, sur fond de guitares, riff de basse et synthétiseurs un brin étranges. Chris Young joue ici sur ses différentes sonorités dans un style tendance rock/easy-listening qui pourrait par moment rappeler ses travaux plus intimistes sur des films tels que « Shade », « Lucky You » ou bien encore « Bandits ». « Please Me, Please, Please » évoque quand à lui les scènes de sexe du film avec un caractère assez sensuel sur fond de rythme cool et de riff de guitares électriques rock atmosphériques. Un morceau comme « No Wicked Way » évoque quand à lui davantage l’errance des personnages, leurs doutes et leurs tourments avec des guitares plus sombres, un rythme toujours assez présent et même des notes dissonantes d’un orgue hammond. « To Ryder, with Love » met davantage en valeur une partie rock aux sonorités saturées, après une introduction très intime et retenue, un passage rock plus agressif qui rappelle aussi l’univers de la drogue du film. La musique conserve donc ce côté à la fois lent et atmosphérique, mais non dénué de rythme. « Malibu Dope » nous propose quand à lui un très intéressant travail autour du rythme (claquements de doigts, claquements de mains, etc.) dans lequel on retrouve l’inventivité habituelle du compositeur - et un travail tout aussi intéressant autour de l’électronique et des effets de filtre.

Les morceaux se suivent et se ressemblent étonnamment, ce qui finit par nuire quelque peu à l’écoute de la musique, qui reste agréable mais un peu répétitive et sans grand relief entre le début et la fin. On appréciera néanmoins les touches rock de « Is She Really ? » avec ses excellents riffs de guitare, la sensualité de « Sex Whenever » pour évoquer la débauche de la jeunesse de Los Angeles, l’intimité retenue et minimaliste de « Dysfunctional Everything », le riff de guitare fun de « Toupee Tango » (qui n’a rien d’un tango !), l’atmosphère lente et pesante de « Hawaï Dissonance » (pour la scène avec le jeune Tim et son père sur une plage d’Hawaï) ou la beauté mélodique et mélancolique du piano dans le poétique « A Rose in All Things Beautiful » rappelant le caractère plus dramatique et humain des sept histoires qui composent le film de Gregor Jordan. La partition aboutit au long et atmosphérique « Love Is Love Is Love » qui reprend le style de « Nothing But a Broken Heart » en guise de conclusion, avec en prime l’apparition de quelques cordes pour apporter un peu plus de chaleur humaine au morceau, la boucle étant bouclée - ‘l’histoire de ces différents personnages étant un éternel recommencement’ semble vouloir alors nous dire la musique de Christopher Young. Au final, le compositeur nous livre sur « The Informers » une partition lente et atmosphérique teintée de rythmes discrets et de guitares électriques soft aux sonorités rock plutôt agréables. En optant pour une approche clairement minimaliste dans laquelle l’orchestre symphonique n’a pas sa place - pour une fois - Christopher Young signe une partition atmosphérique en adéquation totale avec l’univers du film de Gregor Jordan, mais qui ne laissera pas un souvenir particulier, la faute à un manque de caractère et de relief d’une musique qui finit par ennuyer, même si l’écoute sur l’album reste agréable (alors qu’on remarque beaucoup moins la musique dans le film), et à un manque cruel de thème dans le score de Christopher Young. Seuls les mordus du compositeur désireux d’entendre le musicien dans un registre rock plus intimiste et minimaliste apprécieront son travail sur « The Informers », mais les autres risquent d’être un peu refroidis par un score agréable et assez réussi dans le film, mais un peu décevant au regard des possibilités du compositeur.



---Quentin Billard