1-You're My Brother 2.58
2-Four Leaf's Plan 2.39
3-Lead Farmer 3.56
4-Enter the Dragons 0.58
5-Bad Feeling About This 0.52
6-Flaming Dragons 2.32
7-Panda Attack 1.17
8-Panda Call 0.47
9-The Golden Triangle 2.52
10-A Night at the Theater 0.48
11-Don't Judge Me 3.27
12-Portnoy's Plan 0.36
13-The Wet Offensive 1.51
14-Shadow Me, Pinocchio 0.49
15-Flamethrower 1.46
16-Breakdown Under 2.01
17-Truck Escape 1.00
18-Blow the Bridge 2.21
19-Real Tears 3.19
20-Simple Jack Trailer 1.14
21-Satan's Alley 0.53
22-Cue Bill Conti 1.06

Musique  composée par:

Theodore Shapiro

Editeur:

Lakeshore Records LKS 340242

Supervision montage musique:
Daryl B. Kell
Direction musicale pour Dreamworks:
Randy Spendlove, Jennifer Hawks
Montage musique:
Scott Stambler, Stephanie Lowry,
Brian Bulman

Producteurs album:
Theodore Shapiro, Ben Stiller,
George Drakoulias

Producteurs exécutifs de l'album:
Skip Williamson, Brian McNelis
A&R pour Lakeshore Records:
Eric Craig

Artwork and pictures (c) 2008 Dreamworks L.L.C. All rights reserved.

Note: ***
TROPIC THUNDER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Theodore Shapiro
« Tropic Thunder » (Tonnerre sous les tropiques) permet à l’acteur Ben Stiller de passer derrière la caméra pour un film totalement délirant et déjanté évoquant le parcours de cinq acteurs sur le tournage d’un film de guerre, qui vont se retrouver malgré eux plongés dans un véritable conflit. Tugg Speedman (Ben Stiller) est une star des films d’action et plus particulièrement de la série des « Rôtisseur » (une parodie de « Rambo »). Mais depuis qu’il a joué le rôle d’un demeuré dans le drame intimiste « Simple Jack », sa carrière piétine et il ne trouve plus de rôle à sa mesure. Il se voit enfin offrir la chance de sa vie en incarnant le rôle de « Four Leaf » Tayback dans l’adaptation cinématographique de « Tropic Thunder ». A ses côtés, il y a Jeff Portnoy (Jack Black), acteur de comédie raté et spécialiste des flatulences, Kirk Lazarus (Robert Downey Jr.), comédien australien oscarisé qui s’est mis en tête de devenir un noir afro-américain après avoir entièrement pigmenté sa peau pour l’assombrir, Kevin Sandusky (Jay Baruchel), jeune comédien qui est le seul à avoir lu le script et à s’être entraîné avant le début du tournage et interprète dans le film du jeune soldat Brooklyn, sans oublier Alpa Chino (Brandon T. Jackson), rappeur à succès qui entame là son tout premier rôle d’acteur au cinéma en incarnant le soldat Motown. Le tournage de « Tropic Thunder » débute enfin, avec comme toile de fond la guerre du Viêt Nam, mais rien ne se passe comme prévu : des incidents surviennent sur le plateau et les acteurs s’avèrent être mauvais dans leurs rôles respectifs de soldats américains. C’est alors que le réalisateur inexpérimenté à la tête du projet (Steve Coogan) décide alors d’envoyer ses cinq acteurs dans la véritable jungle vietnamienne, tout en leur faisant croire qu’ils continuent de tourner le film en les filmant à leur insu. Hélas, la jungle n’est pas à la disposition de l’équipe de tournage et les acteurs deviennent alors les proies d’un groupe de trafiquants de drogue armés jusqu’aux dents, les acteurs étant alors persuadés d’avoir à faire à d’autres acteurs du film, et que tout ce qu’ils sont en train de vivre fait partie du film.

« Tropic Thunder » est une comédie d’action assez déjantée, reposant sur un script farfelu et une mise en scène ultra efficace. Ici, les gags sont légions et les répliques font mouche, le film égratignant au passage toutes les conventions du cinéma d’action hollywoodien avec une férocité absolument savoureuse. Pour son quatrième long-métrage en tant que réalisateur, l’acteur/réalisateur Ben Stiller nous offre donc une comédie frénétique, une sorte de mise en abîme satirique et drôlissime sur les coulisses d’un tournage catastrophique aux péripéties aussi rocambolesques qu’hilarantes. Certes, le film sombre parfois dans une certaine forme de mauvais goût (la vulgarité du producteur chauve et bedonnant incarné par un Tom Cruise totalement méconnaissable !) et n’est pas exempt de défauts (des gags parfois très lourdingues et assez vulgaires), mais l’ensemble reste néanmoins très réussi, avec des acteurs qui se sont visiblement bien éclatés sur ce long-métrage satirique, drôle (les fausses bandes annonces de films au tout début !) et complètement barré, une sorte de film de pote irrévérencieux qui vire parfois au trash. Les acteurs n’hésitent pas à s’auto-parodier en caricaturant quelques manies narcissiques de certains comédiens américains en général, tandis que le film développe le thème des apparences (l’acteur campé par Robert Downey Jr. qui veut tout faire pour devenir un noir tout en cultivant une image de bad guy), le tout agrémenté de nombreux clins-d’oeil cinématographiques (« Platoon », « Apocalypse Now », « The Deer Hunter », etc.). Mais l’élément le plus mémorable et le plus inattendu dans ce film reste avant tout la performance hallucinante de Tom Cruise, qui casse ici - pour une fois - son image habituelle de playboy américain en nous livrant une interprétation extraordinaire de ce producteur vulgaire, cynique et mégalomane, un vrai rôle de composition et un sommet d’autodérision, l’acteur s’étant vraiment lâché comme jamais sur ce film, à tel point qu’il en est parfaitement méconnaissable !

La musique orchestrale de Theodore Shapiro complète à son tour le côté à la fois humoristique et musclé du film délirant de Ben Stiller - le compositeur étant un habitué des films de l’acteur puisqu’il a déjà travaillé sur des long-métrages tels que « Dodgeball », « Starsky & Hutch » ou bien encore « Along Came Polly ». Dès le début du tournage de « Tropic Thunder » au début du film (« You’re My Brother »), la musique joue à fond la carte du décalage et du second degré en adoptant une allure très sérieuse pour le tournage de la scène de guerre au début du film. Theodore Shapiro dévoile ici un thème principal à la fois solennel et dramatique associé à l’idée de fraternité entre soldats en temps de guerre, une mélodie assez émouvante développée ici par les cordes, agrémentée de quelques vocalises féminines élégiaques et plaintives de Lisbeth Scott et d’un lot de percussions/flûtes ethniques pour les décors vietnamiens, sans oublier l’utilisation plus ironique et volontairement stéréotypée d’une batterie rock, pastichant au passage le style des gros scores d’action hollywoodiens d’aujourd’hui - et plus particulièrement de l’écurie Media-Ventures/Remote Control de Hans Zimmer. Dans « Four Leaf’s Plan », la musique devient plus sombre et atmosphérique, apportant un sérieux en décalage avec l’humour débridé du film de Ben Stiller. Même chose pour « Lead Farmer », dans lequel Shapiro s’essaie encore une fois à l’exercice du morceau d’action synthético-orchestral dans la lignée d’un John Powell ou d’un Harry Gregson-Williams. En jouant volontairement sur les codes du genre, Theodore Shapiro apporte un punch nécessaire au film tout en conservant un certain sérieux en décalage avec l’ironie grinçante du film. On appréciera surtout dans « Lead Farmer » le travail autour des percussions et des sonorités asiatiques/électroniques, un style qui n’est pas sans rappeler par moment le score du « Rambo » de Brian Tyler.

La musique évolue ainsi entre tension atmosphérique et passages d’action survoltés comme le confirment des morceaux tels que « Bad Feeling About This » ou le frénétique « Flaming Dragons » et son mélange orchestre/sonorités asiatiques/touches rock. Les morceaux d’action sont ici légion, avec une énergie constante et un rythme très soutenu, qu’il s’agisse de l’ironique « Panda Attack » ou du tendu « The Golden Triangle » et ses percussions tribales/électroniques très présentes, évoquant le danger qui pèse régulièrement sur les acteurs/soldats du film dans le camp des trafiquants de drogue. Shapiro développe alors un motif plus sombre pour les bad guys du film, qui deviendra à plusieurs reprises une sorte de motif d’action un peu entêtant, entendu notamment dans « Flaming Dragons » et le très orchestré « A Night At the Theatre ». Shapiro illustre la séquence dans le camp des trafiquants avec un morceau d’action survolté dans « Don’t Judge Me », à mi-chemin entre le Brian Tyler de « Rambo » et la saga « Jason Bourne » de John Powell. A noter ici l’apparition d’un passage rock déchaîné pour une grande scène de bravoure des acteurs qui s’en donnent alors à coeur joie pour s’enfuir du camp et éliminer leurs poursuivants. Le reste du score est d’ailleurs dans le même acabit, l’action étant omniprésente, entrecoupé d’un « The Wet Offensive » reprenant les vocalises plaintives du début. L’action culmine dans la séquence de l’attaque au lance-flamme de « Flamethrower » (qui développe le motif d’action avec des cordes staccatos très stéréotypées) avec ses guitares électriques rock et ses vocalises féminines intenses. On poursuit dans un registre similaire avec les frénétiques « Breakdown Under », le rock et fun « Truck Escape » (pour l’évasion à bord du camion) ou l’attaque du pont de « Blow the Bridge », marqué par un retour émouvant du thème principal solennel de « You’re My Brother », la fiction du tournage de « Tropic Thunder » devenant ici une réalité à la fin de l’attaque du pont - les acteurs/soldats créent enfin une vraie cohésion de groupe et une vraie fraternité. A ce sujet, impossible de passer à côté d’un « Real Tears » non dénué d’humour, entre envolées héroïques vibrantes du thème principal et passages plus musclés.

Le compositeur reste dans le domaine du pastiche avec « Simple Jack Trailer », accompagnant la scène de la bande-annonce du film « Simple Jack » avec une musique à la fois ironiquement sirupeuse et mélodramatique. Au final, le score de « Tropic Thunder » reste assez réussi dans son genre sans pour autant apporter quoique ce soit de nouveau à la musique de film. Theodore Shapiro joue ici sur les codes avec un second degré discret mais néanmoins présent, et associe aux différents personnages du film des sonorités bien distinctes (l’orchestre des cordes et des cuivres pour les acteurs/soldats, les percussions tribales et la flûte ethnique pour les bad guys vietnamiens, etc.), le tout saupoudré d’un grand zest d’action et de fun. On aurait simplement aimé entendre quelque chose d’un peu plus recherché et de plus ambitieux sur ce film - on est loin ici de l’humour parodique fun du « Hot Shots Part Deux ! » de Basil Poledouris. Néanmoins, Theodore Shapiro signe une partition orchestrale très réussie pour « Tropic Thunder », dont l’énergie et le punch apportent une force certaine au long-métrage délirant de Ben Stiller.



---Quentin Billard