1-Beginning 4.35
2-At the Fireplace 0.48*
3-Blood Brothers 1.08
4-Chase I 0.51*
5-Fighting Boys 0.53
6-Temudjin's Escape 2.03
7-Funeral and Robbery 2.30*
8-Together Now 1.52
9-Love Theme 1.25
10-Chase 2 1.36*
11-Cold Winter 2.30
12-Merkit Territory 1.53
13-Attack 0.44
14-Martial Rage 1.12
15-Jamukha Is Following 1.30
16-Slavery 1.48
17-Long Journey 0.49
18-Destiny 1.49
19-Joy in Mongolia 3.07*
20-Final Battle: Showing Strength 2.15
21-Final Battle: Tactical Order 0.36
22-Final Battle: The First
Attachment 1.21
23-Final Battle: Death by Arrows 1.55
24-Tengri's Help 0.57
25-Victory to Khan 1.36
36-No Mercy 1.56

*Ecrit et interprété par Altan Urag.

Musique  composée par:

Tuomas Kantelinen

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 902 2

Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Score produit par:
Tuomas Kantelinen, Sergei Bodrov
Coordination du score:
Stephan Konken

Artwork and pictures (c) 2007 Picturehouse. All rights reserved.

Note: ***
MONGOL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tuomas Kantelinen
Grande fresque historico-épique réalisée par le russe Sergei Bodrov, « Mongol » met en scène la destinée incroyable de Gengis Khan, de son vrai nom Temudjin (Tadanobu Asano). On y suit ainsi, pendant un peu plus de 2 heures, le parcours de cet homme originaire des steppes de l’Asie centrale, et qui réussit à unifier toutes les tribus mongoles à la fin du 12ème siècle et au début du 13ème siècle en livrant de nombreuses batailles. Sa destinée le conduit ainsi à devenir le chef légendaire des armées mongoles, à la tête d’un gigantesque empire. « Mongol » est un film historique qui se propose ainsi de parcourir une bonne partie de la vie de Témoudjin alias Gengis Khan : à neuf ans, le jeune enfant voyage avec son père afin de choisir sa future épouse dans une autre tribu. C’est alors qu’il rencontre Börte (Khulan Chuluun) et décide qu’elle sera sa femme et qu’il l’épousera à son retour dans cinq ans. Hélas, entre temps, son père est empoisonné et décède rapidement. Le jeune Temudjin se retrouve alors livré à lui-même et deviendra même esclave, jusqu’à ce que Börte réussisse à le délivrer. Temudjin gagnera petit à petit en assurance, livrera plusieurs batailles et deviendra alors le grand conquérant connu sous le nom de Gengis Khan. Le film de Sergei Bodrov reste donc assez impressionnant, soutenu par une mise en scène un brin académique mais néanmoins suffisamment solide pour pouvoir apporter un souffle épique et dramatique majeur à l’histoire de Temudjin. Le film a été très difficile à mettre en place à cause d’une logistique assez colossale et démesurée : 14 mois de tournage entre la Chine, la Mongolie intérieure et le Kazakhstan, une équipe de 600 personnes dont 300 chinois et 100 russes et plus de 1500 figurants et chevaux pour la séquence de la bataille finale, sans oublier un groupe de 30 interprètes pour favoriser la communication entre les multiples nationalités présentes sur le tournage. A vrai dire, le film vaut surtout pour son immense bataille finale, épique et barbare à souhait, probablement la meilleure séquence du film de Sergei Bodrov. Au final, « Mongol » reste à coup sûr l’une des meilleures adaptations récentes de l’histoire de Gengis Khan, une version qui, à défaut d’apporter quoique ce soit de nouveau à la légende, nous offre un portrait épique et grandiose de l’un des plus grands conquérants de l’histoire de l’humanité aux côtés d’Alexandre le Grand.

La partition orchestrale du compositeur finlandais Tuomas Kantelinen apporte à « Mongol » un souffle épique et dramatique assez appréciable, tandis que la musique additionnelle a été confiée au groupe de folk-rock mongol Altan Urag, un groupe de 8 musiciens que le réalisateur Sergei Bodrov a lui-même découvert lors d’un voyage en Mongolie et qui l’a très rapidement enthousiasmé. L’alternance entre les compositions orchestrales/ethniques de Tuomas Kantelinen et les parties d’Altan Urag apporte une certaine richesse et un éclectisme agréable à la musique de « Mongol ». Dès l’introduction du film (« Beginning »), Kantelinen utilise des cordes sombres et pesantes, un violoncelle soliste et le traditionnel chant diphonique typique des musiques vocales des régions d’Asie centrale - signalons d’ailleurs que dans la musique des mongols, il existe six techniques de chant diphonique (nasal, pharyngé, thoracique, abdominal, narratif avec un fondamental très grave et voix de flûte dentale), chacune de ces techniques utilisant les différentes possibilités du corps. On retrouve d’ailleurs cette technique de chant dans d’autres pays d’Asie, chez les tibétains mais aussi à Taïwan et d’autres pays comme l’Inde ou certaines régions d’Afrique du sud. Tuomas Kantelinen utilise pleinement ici cette technique vocale avec, en complément de son instrumentation, une chanteuse soliste aux vocalistes envoûtantes, bref, une très belle entrée en la matière particulièrement dépaysante, posant les bases de la partition et des décors mongols du film.

Dans « Blood Brothers », la musique de Kantelinen utilise davantage les cordes de l’orchestre en jouant ici sur des effets d’harmoniques froids et mystérieux, tandis que « Fighting Boys » évoque la jeunesse de Temudjin avec le retour des vocalises féminines improvisées (à la manière des chants mongols traditionnels) et d’un ensemble de percussions originaires d’Asie centrale. La musique n’hésite pas pour autant à mettre davantage l’orchestre en valeur comme pour la scène de l’évasion de Temudjin dans « Temudjin’s Escape », traversé de cordes sombres, de vocalises féminines puissantes et d’instruments à cordes ethniques. Les parties écrites par Altan Urag sont quand à elles essentiellement basées sur le style de la musique mongol traditionnelle, avec de très intéressants jeux autour des différents solistes (chant, cymbalum, percussions ethniques, cordes, violoncelle, etc.). Kantelinen n’hésite pas à utiliser quelques synthétiseurs tendance new-age dans « Together Now » où il incorpore les sonorités du sempiternel duduk arménien (décidément surutilisé au cinéma !) au reste des solistes afin de créer une ambiance envoûtante dans le film. Mais c’est avec le magnifique « Love Theme » que la partition de Tuomas Kantelinen décolle enfin, avec un somptueux thème romantique pour cordes évoquant dans le film la romance entre Temudjin et Börte, un thème lyrique et mélancolique simple mais de toute beauté - sans aucun doute l’une des plus grandes réussites de la partition de « Mongol » !

Le compositeur évoque les décors glaciaux et accidentés de la Mongolie dans « Cold Winter », en mélangeant cordes sombres et instruments solistes avec une certaine habileté, sans jamais vraiment tomber dans les élans hollywoodiens d’usage. Sa musique reste néanmoins assez énergique et imposante, mais sans jamais faire usage d’un volume sonore trop élevé. C’est là toute la force de la composition de Tuomas Kantelinen qui sait rester modéré tout en apportant une certaine puissance aux images du film de Sergei Bodrov. Dans « Merkit Territory », sa musique devient plus sombre et menaçante avec l’aide de cordes sombres et dissonantes et de quelques nappes synthétiques oppressantes. La partition devient même résolument guerrière et barbare dans « Attack », qui débute au son d’un cri d’hommes et accompagne la séquence de l’attaque des troupes Merkit avec un ensemble de percussions ethniques/tribales du plus bel effet. L’orchestre devient alors plus présent, mettant en avant les cordes et les cuivres dans « Martial Rage » et son mélange efficace entre chant diphonique masculin et vocalises féminines ethnique. A noter l’utilisation d’un didgeridoo australien dans « Jamukha is Following », une très bonne idée qui renforce les couleurs ethniques de la partition de Tuomas Kantelinen. L’action revient dans « Slavery » pour la scène où Temudjin devient esclave, alors que « Destiny » développe une atmosphère plus dramatique à l’aide des cordes et des instruments ethniques. Quand à la fameuse bataille finale, elle permet au compositeur de nous offrir une série de morceaux sombres et guerriers particulièrement intenses dans le film. C’est le cas notamment dans « Final Battle : The First Attachment » et le musclé « Tengri’s Help », alors que « Final Battle : Death by Arrows » apporte une certaine émotion salvatrice à la scène. L’histoire se conclut dans l’émouvant et solennel « Victory to Khan », tandis que « No Mercy » tombe malheureusement dans une lamentable faute de goût en utilisant un bref passage de type rock en guise de conclusion, morceau qui se détache complètement du reste de la partition et n’a aucune justification particulière ici - dommage !

Vous l’aurez donc compris, c’est une partition sombre, épique et guerrière somme toute très solide que nous offre ici le compositeur Tuomas Kantelinen, un score essentiellement dominé par le travail autour des différents solistes et instruments ethniques retranscrivant parfaitement à l’écran les décors mongols du film. Les morceaux du groupe Altan Urag sont aussi très soignés et complètent agréablement l’ensemble. Dommage cependant que les parties orchestrales restent assez souvent très sommaires et noyées par les différents solistes ethniques. Autre regret aussi, le manque de développement du somptueux « Love Theme », finalement assez peu présent par la suite, alors qu’ici aussi, on aurait aimé entendre davantage de variations et de reprises de ce très beau thème romantique mélancolique et dramatique. La musique remplit néanmoins parfaitement le cahier des charges et apporte un souffle dramatique, épique et guerrier très appréciable au film de Sergei Bodrov, sans jamais en faire de trop pour autant (fort heureusement, on évite ici le cliché habituel des choeurs épiques à la « Lord of the Rings » !). Voilà donc un score plutôt dépaysant, idéal pour découvrir les oeuvres du compositeur finlandais Tuomas Kantelinen, encore peu connu dans la profession mais qui officie pourtant depuis plusieurs années déjà pour le cinéma.



---Quentin Billard