1-Main Title 4.16
2-You Met My Wife 2.53
3-The Plot 3.36
4-Street of Dreams 3.33*
5-You'd Better Go Now 4.07**
6-I'm Always Chasing
Rainbows 2.38***
7-Prelude To A Kiss 4.21+
8-Easy Street 3.19++
9-Daydream 4.20+++
10-Tear Filled Skies 5.10#
11-Blue Skies 2.50##
12-Blue Lou 7.00###
13-In The Car 2.21
14-Don't Sell To Doctors 2.20
15-Blue Skies 4.02°
16-The Nyborgs 0.58

*Interprété par Jimmy Scott
**Interprété par Shirley Horn
***Interprété par Take 6
+Interprété par
The Bill Holman Orchestra
Ecrit par Duke Ellington,
Irving Mills, Irving Gordon.
++Interprété par Georgie Fame
+++Interprété par David Sanborn
Ecrit par Duke Ellington
et Billy Strayhorn
#Interprété par
The Joe Roccisano Orchestra
##Interprété par Al Jarreau
Paroles et musique de Irving Berlin
###Interprété par
The Joe Roccisano Orchestra
Avec Lou Marini au sax alto
Ecrit par Donald Fagen
°Interprété par Dr. John
Ecrit par Irving Berlin.

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Elektra 9 613864-2

Album produit par:
James Newton Howard

Artwork and pictures (c) 1992 New Line Cinema. All rights reserved.

Note: ***
GLENGARRY GLEN ROSS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Réalisé en 1992 par James Foley d’après un script de David Mamet, « Glengarry Glen Ross » (l’affaire Glengarry) nous invite à partager deux longues journées de la vie d’une équipe de quatre vendeurs immobiliers dans une petite ville des Etats-Unis. Il s’agit en réalité de l’adaptation cinématographique d’une pièce de théâtre écrite par David Mamet en 1984, que l’auteur a d’ailleurs lui-même adapté pour le film de James Foley. « Glengarry Glen Ross » se propose ainsi de décrire les deux jours agités que vont vivre ensemble les quatre vendeurs immobiliers. L’histoire commence lorsque l’agence immobilière reçoit la visite d’un représentant du cabinet Mitch and Murray qui dirige l’agence en la personne de Blake (Alec Baldwin). Ce dernier prononce alors un discours de motivation quelque peu agressif et insultant, expliquant ainsi qu’à la fin du mois, seuls les deux agents ayant réussis à vendre le plus de biens immobiliers pourront accéder à la précieuse liste de clients de Glengarry, tandis que les autres seront carrément limogés. C’est le défi que doivent alors relever nos quatre compères, qui comptent bien tout faire pour conserver leur emploi, désormais tenus par la pression du nouveau challenge imposé par Blake : Shelley Levene (Jack Lemmon), un vétéran qui a besoin d’argent pour s’occuper de sa fille malade, Dave Moss (Ed Harris) et George Aaronow (Alan Arkin), qui s’associent en secret pour dérober dans le bureau de leur patron John Williamson (Kevin Spacey) la précieuse liste de Glengarry, et enfin Ricky Roma (Al Pacino), le meilleur employé de l’agence qui a réussi à convaincre un important client, James Lingk (Jonathan Pryce), grâce à ses belles paroles et sa grande débrouillardise. Le lendemain, les quatre compères découvrent alors que le bureau du patron a été saccagé et que la liste de Glengarry a été volée. Williamson fait alors appel à la police qui mène son enquête et décide d’interroger un par un les quatre employés de l’agence.

« Glengarry Glen Ross » est un film indépendant quelque tombé dans l’oubli, mais qui nous propose pourtant de très grands numéros d’acteur autour du prestigieux quatuor formé par Jack Lemmon/Ed Harris/Alan Arkin/Al Pacino. Fidèle au caractère théâtral de la pièce d’origine, le film de James Foley se déroule quasi entièrement à l’intérieur de l’agence, avec très peu de décors et aucun artifice de mise en scène (d’une sobriété extrême). Le réalisateur se contente bien souvent de poser sa caméra et de laisser les acteurs jouer avec aisance et spontanéité. Le parti pris pouvait était osé, mais le résultat est néanmoins très satisfaisant, même si l’on pourra reprocher au film d’accumuler quelques longueurs, en particulier dans ces nombreuses scènes de dialogue. « Glengarry Glen Ross » doit beaucoup à la photographie nuancée de Juan Ruiz Anchia et au jeu intense des différents acteurs, avec au sommet du lot, un Jack Lemmon qui tient là un des meilleurs rôles de sa carrière dans la peau de ce vendeur vieillissant et pathétique. A ses côtés, Al Pacino s’impose dans le rôle de la grande gueule et de l’esbroufe, tandis que Kevin Spacey campe un patron lâche qui suit bêtement les ordres qu’on lui donne, sans oublier le colérique Ed Harris et le golden boy irascible et détestable campé par Alec Baldwin. « Glengarry Glen Ross » n’est donc pas un film traditionnel comme on en voit régulièrement mais plus une sorte de pièce de théâtre filmée, dans laquelle le jeu des acteurs est l’élément-clé qui prédomine par-dessus le reste. Critique cinglante du libéralisme à l’américaine et de la difficulté de conserver son emploi dans un système capitaliste de plus en plus oppressant (représenté ici par le personnage d’Alec Baldwin), « Glengarry Glen Ross » est un petit bijou de théâtralité, un véritable numéro d’acteurs abordant les sujets de la compétition, de l’hypocrisie et des coups bas entre les employés d’un même bureau (chacun va tenter de sauver sa peau !) et l’apprêté du monde du travail et de la course infernale au rendement, un film teinté de dialogues corrosifs (parfois assez orduriers et vulgaires) et d’un humour noir grinçant : une réussite !

La musique de James Newton Howard n’est certainement pas l’élément majeur du film de James Foley. Néanmoins, le score de JNH apporte une ambiance discrète au long-métrage sans jamais en faire de trop, afin de conserver le ton réaliste et théâtral du film (il y a très peu de score dans le film !). Le musicien nous livre ici une composition jazzy évoquant les musiques traditionnelles des films noirs/polars hollywoodiens d’antan. James Newton Howard utilise ici un ensemble de solistes incluant le saxophone jazzy de Wayne Shorter (qui participera à une autre partition de JNH l’année suivante pour « The Fugitive »), un ensemble de percussions incluant une batterie et des bongos, un vibraphone, un piano, une contrebasse et quelques synthétiseurs. Le thème principal est introduit dès le « Main Title », dans lequel le compositeur développe pleinement son thème jazz avec le saxophone sur fond de nappes synthétiques, avant de laisser le sax de Wayne Shorter improviser plus librement. On nage clairement ici en pleine musique de film noir hollywoodien, avec quelques parties synthétiques resituant la musique du film dans les années 90. JNH aborde donc cette ouverture jazzy avec un certain talent, et ouvre le film avec énergie, le thème étant associé ici aux quatre vendeurs de l’agence immobilière. JNH développe alors plus activement sa musique jazzy dans « You Met My Wife », où il mélange vibraphone/flûte avec le saxophone de Wayne Shorter qui reste assez omniprésent dans les quelques rares morceaux qui apparaissent dans le film.

Les amateurs de jazz apprécieront donc ces deux premiers morceaux, permettant ainsi à James Newton Howard d’écrire dans un style jazz qu’il n’avait guère abordé jusqu’à présent dans ses musiques de film - hormis peut être dans le score de « Guilty by Suspicion » d'Irwin Winkler en 1991. La musique conserve le côté un peu intime d’un jazz lent mais néanmoins présent pour refléter pleinement à l’écran les sentiments des personnages principaux du film. Dans « The Plot », la musique devient plus sombre avec des nappes synthétiques plus présentes, alors que Dave et George organisent discrètement leur plan afin de dérober la liste de Glengarry dans le bureau de leur supérieur. Ici aussi, la musique conserve ce ton jazzy lent et atmosphérique, toujours dominé par les solos de Wayne Shorter et les nappes synthétiques de JNH. La deuxième partie devient alors plus rythmée et plus énergique, comme pour rappeler la détermination des vendeurs qui vont tout faire pour sauver leur métier. Dans « In The Car », la musique conserve les rythmes de polar jazzy du début, partagé entre une rythmique discrète, un riff de pizz de contrebasse et le reste des instruments solistes - incluant les improvisations de saxophone. Même chose pour « Don’t Sell To Doctors » et son ambiance sereine, sans oublier le final, « The Nyborgs », qui reprend le thème principal de l’ouverture (« Main Title ») en guise de conclusion, la boucle étant bouclée.

James Newton Howard signe donc une partition jazzy assez savoureuse pour le film de James Foley, tout en faisant preuve d’une certaine économie de moyens, à des années lumières de ce qu’il fera par la suite dans ses musiques de thriller/suspense plus orchestrales. Le compositeur nous offre donc une vraie musique de jazz entièrement soutenue par la qualité du jeu des interprètes et plus particulièrement du saxophoniste Wayne Shorter, une musique qui sait se faire extrêmement discrète dans le film, à tel point que l’on se demande même parfois quelle est la réelle utilité de cette musique sur les images. Complètement mise en retrait dans le film, la partition originale de « Glengarry Glen Ross » restera donc un score mineur dans la filmographie de James Newton Howard, un effort que l’on se doit néanmoins de saluer, alors que le compositeur nous offre du jazz savoureux et agréable qui rompt un peu avec le style de ses partitions électroniques/orchestrales du début des années 90.



---Quentin Billard