1-Main Theme 1.30
2-Daily 2.27
3-Station 1.35
4-Sayuri 0.48
5-Plan of the Two 1.46
6-One More Dream 1.09
7-Hope and Aspiration 2.02
8-Distant Promise 1.31
9-Sayuri's Melody 1.57
10-Omen 1.24
11-Purity 1.09
12-The End of Summer 1.09
13-Quest 1.50
14-Dream of the World 0.35
15-Deserted Place 0.57
16-Solitude 3.57
17-Attack/Sleeping Princess 1.52
18-A Time of Reunion 5.06
19-Eternal Summer 1.46
20-Conflict of the Two 1.48
21-Sayuri's World 1.00
22-Takuya's Determination 2.19
23-Hiroki's Melody 1.14
24-The Battle Begins/Velaciela 1.36
25-Beyond the Clouds,
the Promised Place 3.59
26-Your Voice 5.39*
27-Pilot Edition Kumo no Mukou,
Yakusoku no Basho 2.47

*Interprété par Ai Kawashima
Musique et arrangements de Tenmon
Paroles de Makoto Shinkai.

Musique  composée par:

Tenmon

Editeur:

Comix Wave CWCD-0002

Album produit par:
Tenmon

Artwork and pictures (c) 2004 ADV Films/CoMix Wave. All rights reserved.

Note: ***
KUMO NO MUKÔ,
YAKUSOKU NO BASHO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tenmon
« Kumo no mukou, yakusoku no basho » (La tour au-delà des nuages) est un magnifique film d’animation japonais sorti en 2004, réalisé par Makoto Shinkai d’après un scénario original (il ne s’agit donc pas d’une adaptation d’un manga, comme c’est souvent le cas !), film d’animation aussi connu outre-Atlantique sous deux noms anglais alternatifs, « Beyond the Clouds, The Promised Place » et « The Place Promised in Our Early Days ». L’histoire de « Kumo no muko, yakusoku no basho » se déroule au Japon, juste après la Seconde Guerre Mondiale. Le pays a été divisé en deux, l’Hokkaido ayant été annexé par l’Union, tandis que les autres îles sont gouvernées par les forces américaines. L’Union a construit une gigantesque tour qui s’étend bien au-delà des nuages, une tour énigmatique et mystérieuse réputée inaccessible, qui suscite beaucoup de craintes (dans quel rôle a-t-elle été construite ?). C’est alors que trois amis de longue date, Hiroki, Takuya et la jolie Sayuri, se font la promesse de construire ensemble un avion afin de partir un jour survoler la tour et de percer les mystères de cette mystérieuse construction qui fascine tout autant qu’elle suscite des craintes. Mais le projet tombe à l’eau le jour où Sayuri tombe gravement malade et se retrouve hospitalisée d’urgence à Tokyo. Hiroki et Takuya, désespérés par la disparition soudaine de leur amie, décident d’abandonner leur projet et se séparent pour poursuivre leurs études. Trois ans plus tard, Takuya se retrouve mêlé à une organisation terroriste qui a découvert les secrets de la tour et compte exploiter ses pouvoirs - les savants de l’Union l’ont construite comme une arme absolue capable de prendre le contrôle de la texture même de la réalité et d’ouvrir la porte à des dimensions parallèles. Pendant ce temps, la jeune Sayuri est toujours plongée dans un sommeil profond sur son lit d’hôpital depuis 3 ans. Ses rêves sont utilisés par les scientifiques afin de trouver un moyen d’accéder aux mondes parallèles inspirés des pouvoirs de la tour. Hiroki décide alors de sauver la jeune fille en tenant sa promesse qu’ils se sont fait trois ans auparavant.

« Kumo no muko, yakusoku no basho » est au final un long-métrage d’animation absolument magnifique et magistral, servi par une animation de qualité et une histoire captivante et émouvante. Mais la plus grande réussite du film de Makoto Shinkai vient avant tout du jeu sur la lumière et les couleurs, qui apportent une beauté saisissante aux décors du film. Rares sont les réalisateurs d’animes japonais à avoir su retranscrire avec tant de finesse et de beauté les jeux de lumière et les paysages d’été d’un Japon qui semble n’appartenir ici à aucune époque, tant le temps y semble suspendu, baignant - lors de la première partie du film - dans une atmosphère contemplative et quasi onirique absolument magnifique. Le réalisateur apporte même une certaine magie poétique à ses images, et une philosophie intéressante entourant l’énigme de la tour au-delà des nuages. Avec une narration parfois un brin complexe (beaucoup de flashbacks parfois difficiles à cerner), des personnages attachants et une énigme passionnante, « Kumo no muko, yakusoku no basho » est un chef-d’oeuvre de poésie, d’aventure et d’émotion, un très grand film d’animation qui, sans atteindre le niveau et le génie du cinéma de Miyazaki, nous propose néanmoins une très belle fable sur l’histoire d’un amour et d’une promesse qui survivra au temps, un film beau, rêveur, poétique et contemplatif qui rappelle encore une fois la grande vitalité du cinéma d’animation japonais d’aujourd’hui - on n’est guère loin par moment du style du film animé « La traversée du temps ». A voir, donc !

La partition musicale du compositeur japonais Tenmon (fidèle complice de Makoto Shinkai depuis ses débuts) apporte à son tour une émotion et une poésie certaine à ce long-métrage animé. La musique de « Kumo no muko, yakusoku no basho » utilise un ensemble instrumental et quelques synthétiseurs, avec ici un jeu plus particulier autour des instruments solistes, avec en particulier le piano et le violon, instrument-clé de la partition du film, qu’interprète d’ailleurs le personnage de Sayuri dans le film. Le score repose ainsi sur un très beau thème principal entendu au début du film (« Main Theme »). Ce thème évoque la promesse faite entre les trois amis et la romance entre Sayuri et Hiroki. Dans « Daily », la musique évoque la jeunesse des trois collégiens un jour d’été avec des accords lumineux et nostalgiques des synthétiseurs, un piano, une flûte et quelques percussions, une ambiance intime et rêveuse tout à fait représentative de la musique de « Kumo no muko, yakusoku no basho ». Même chose pour la scène dans la gare au début du film, avec son piano emprunt d’une certaine douceur et des nappes synthétiques new-age et planantes. Le piano reste très présent dans « Sayuri » et « Plan of the Two », où l’instrument devient plus déterminé et enjoué, avec toujours cette nostalgie sous-jacente - dommage simplement que le compositeur ait recours à des instruments samplés, dont le côté synthétique « cheap » contraste un peu avec la poésie qu’apporte la musique sur les images.

Dans « One More Dream », la musique met alors l’accent sur des synthétiseurs plus modernes en créant une atmosphère plus sombre et mystérieuse, associé à l’idée des rêves. A contrario, un morceau comme « Hope and Aspiration » évoque clairement la naïveté des rêves et des espoirs de l’enfance, toujours dominé par le piano, les cordes (live) et les nappes synthétiques new-age. La musique conserve ici aussi ce côté nostalgique et lumineux qui complète agréablement à l’écran la beauté des lumières et des paysages. Tenmon rappelle aussi l’idée de la promesse avec la reprise du thème principal dans le nostalgique « Distant Memories » et dans le solo de violon qu’interprète la jeune Sayrui dans « Sayuri’s Melody », et qui apporte une poésie simple et délicate à la musique du film de Mokoto Shinkai. Les synthétiseurs atmosphériques et sombres de « One More Dream » reviennent dans l’inquiétant « Omen », tandis que « The End of Summer » marque la fin de l’été avec un piano nostalgique et rêveur. Dès lors, on entre avec « Quest » dans la seconde partie du film, une fois passé la fin de l’été. Tenmon met ici l’accent sur les synthétiseurs et les rythmiques électroniques avec l’omniprésence du piano, utilisé ici à travers une série de notes répétées et déterminées, alors qu’Hiroki et Takuya construisent ensemble l’avion. On notera l’utilisation d’un choeur d’enfants synthétique dans « Dream of the World », où le compositeur rappelle ici aussi le monde des rêves avec un côté onirique, mystérieux et planant assez appréciable dans le film.

Le piano revient dans le solitaire « Deserted Place » et dans « Solitude », lorsqu’Hiroki revient sur les lieux de la « promesse » qu’ils se sont fait il y a trois ans, des souvenirs qui semblent désormais bien lointains, mais toujours enfouis en lui. La musique rompt alors cette intimité rêveuse avec « Attack/Sleeping Princess » avec des cordes plus sombres et quelques percussions martiales évoquant le début du conflit. On appréciera la reprise poignante au violon à la fin de « A Time of Reunion », tandis que « Eternal Summer » apporte une mélancolie soudaine et un éclairage plus dramatique au film. Tenmon va même jusqu’à utiliser un quatuor à cordes élégiaque dans « Conflict of the Two », alors que le piano semble enfermé et lointain dans la très belle reprise du thème de la promesse dans « Sayuri’s World », comme si le piano s’éloignait au loin dans la profondeur des rêves de Sayuri. On notera d’ailleurs le fait que la mélodie de Sayuri devient celle d’Hiroki dans « Hiroki’s Melody », lorsque le jeune homme décide à son tour de se mettre au violon, un symbole évoquant son amour pour Sayuri. La bataille commence dans « The Battle Begins/Velaciela » teinté de quelques ponctuations martiales et de cordes plus dramatiques, avant de se conclure sur le très beau « Beyond the Clouds, The Promised Place », et la chanson du générique de fin, « Your Voice », inspiré du thème principal du score de Tenmon.

Tenmon signe donc un score poétique, intime et émouvant pour « Kumo no muko, yakusoku no basho », dominé par un piano rêveur et délicat et un violon symbolisant la romance et la promesse. Avec un thème principal de qualité et une instrumentation minimaliste et simple, le score de « Kumo no muko, yakusoku no basho » est une bien belle réussite dans son genre, un score qui, bien que totalement dénué de la moindre once d’originalité, apporte une émotion tout en finesse au film de Mokoto Shinkai, bien que l’on regrettera le côté parfois classique et sans surprise de la composition de Tenmon - un film aussi poétique et splendide aurait certainement mérité une musique un peu plus poussée et ambitieuse. En optant ainsi pour une approche mélodique simple et sans grande fioriture, Tenmon signe donc une partition touchante pour le film de Mokoto Shinkai sans jamais en faire de trop, une belle réussite néanmoins tempérée par ce sentiment que le compositeur aurait pu aller bien plus loin !



---Quentin Billard