1-Never An Absolution 3.03
2-Distant Memories 2.24
3-Southampton 4.02
4-Rose 2.52
5-Leaving Port 3.26
6-"Take Her To The Sea,
Mr. Murdoch" 4.31
7-"Hard To Starboard" 6.52
8-Unable To Stay,
Unwilling To Leave 3.57
9-The Sinking 5.05
10-Death of Titanic 8.26
11-A Promise Kept 6.03
12-A Life So Changed 2.13
13-An Ocean of Memories 7.58
14-My Heart Will Go On
(Love Theme from Titanic) 5.11*
15-Hymn To The Sea 6.26

*Interprété par Céline Dion
Composé par James Horner
Paroles de Will Jennings
Produit par James Horner
et Simon Franglen.

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Sony Classical
SK63213

Produit par:
James Horner
Monteur superviseur de l'album:
Jim Henrikson
Monteur de la musique:
Joe E.Rand
Assistant montage:
Lesley Langs
Préparation de la musique:
Bob Bornstein

Artwork and pictures (c) 1997 Paramount Pictures/Twentieth Century Fox. All rights reserved.

Note: ****1/2
TITANIC
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
« Titanic » est un film que l’on ne présente plus. Célèbre dans le monde entier, ayant remporté un succès mondial phénoménal, 11 Oscars et 4 Golden Globes. « Titanic » est devenu très rapidement dès sa sortie en salle en 1998 un véritable phénomène de société, autour d'un couple désormais mythique : Leonardo DiCaprio et Kate Winslet. Le succès du film fut tel que certains spectateurs - en France notamment - allaient voir le film quatre ou cinq fois au cinéma. Le résultat est historique : « Titanic » est devenu le film le plus cher de l’histoire du cinéma : plus de 200 millions de dollars de budget, un record qui permit au réalisateur James Cameron de dépasser son propre record sur « Terminator 2 » et qui vient tout juste de le dépasser encore une fois avec son tout dernier film, « Avatar », prévu pour la fin 2009 et qui a coûta plus de 300 millions de dollar. Repoussant toujours plus loin les limites du cinéma, James Cameron, le perfectionniste, nous propose un film puissant et bouleversant sur la célèbre histoire du naufrage du Titanic en 1912, un naufrage doublé ici d’une magnifique histoire d’amour entre un jeune artiste aux origines modestes Jack Dawson (Leonardo DiCaprio) et une très séduisante jeune femme Rose Calvert (Kate Winslet), sur le point d’épouser un noble dans un mariage arrangé par sa famille. Rose s’ennuie et aimerait bien vivre sa vie comme elle l’entend, et sa rencontre avec Jack à bord du gigantesque paquebot va changer sa vie à tout jamais. Ils tombent alors amoureux l’un de l’autre et finissent par ne plus se quitter. Arrive alors le jour fatidique où survint la très célèbre catastrophe : dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic percuta un iceberg dans l’océan Atlantique Nord au large de Terre-Neuve en Nouvelle-Ecosse. Trois heures plus tard, le Titanic coula, provoquant la mort de plus de 1500 passagers. Le naufrage du Titanic reste encore considéré aujourd’hui comme l’une des plus grandes catastrophes maritimes du 20ème siècle. James Cameron nous a offert une vision unique et bouleversante de cette catastrophe, qui s’attarde finalement bien plus sur l’histoire d’amour que sur le naufrage en lui-même. C’est d’ailleurs là où le film tire toute sa puissance poétique et tragique : visuellement très impressionnant, « Titanic » a non seulement été l’exploit technique que l’on connaît, mais aussi l’une des plus belles histoires d’amour du cinéma. Résumer finalement en disant que « Titanic » fait partie des classiques du 7ème art serait un doux euphémisme.

11 ans après « Aliens », James Horner retrouva James Cameron sur « Titanic », et ce alors que les deux hommes s’étaient juré de ne plus jamais retravailler ensemble sur un film. Rappelons qu’effectivement, la collaboration entre Cameron et Horner a été particulièrement houleuse sur « Aliens », la partition ayant été conçue dans un certain chaos - avec la fameuse anecdote au sujet de la prétendue altercation physique entre les deux James. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ni l’un ni l’autre n’a bronché à l’idée de retravailler ensemble en 1997 sur un nouveau film, comme quoi, entre temps, de l’eau a coulé sous le pont et les esprits se sont apaisés. Le résultat est tout simplement à la hauteur des attentes : James Horner a composé sa plus belle partition pour « Titanic », sans aucun doute l’oeuvre phare de toute sa carrière, ou du moins un véritablement accomplissement pour le compositeur. Le principal challenge sur « Titanic » était de retranscrire en musique l'idée de l'amour éternel qui survit au temps et aux obstacles. L'idée intemporelle du Titanic est d'abord soulignée par le thème du paquebot, entendu dans « Southampton » et « Leaving Port », thème majestueux et particulièrement joyeux, dédié à celui que l'on surnommait à l'époque ‘le paquebot des rêves’, une mélodie utilisant des choeurs synthétiques, un aspect majeur dans la partition d’Horner qui a été très sévèrement critiqué. A noter que ces passages ont été particulièrement inspirés des musiques d’Enya, célèbre chanteuse et compositrice irlandaise qui devait collaborer à l’origine à la musique de « Titanic » mais qui rejeta finalement l’offre.

Cependant, James Cameron demande à Horner d’écrire la musique associée dans le film au Titanic en imitant le style d’Enya. La ressemblance fut telle qu’elle suscita pas mal de critiques à l’encontre du compositeur, certains morceaux du score étant parfois crédités par erreur sous le nom d’Enya. Cette utilisation inattendue des synthétiseurs à tendance new-age a pas mal divisé le public de l’époque : certains y ont vu un exemple flagrant de mauvais goût, d'autres une idée astucieuse pour évoquer l'idée intemporelle du bateau qui hante encore les rêves des survivants et des témoins de cette tragique histoire. C’est effectivement la deuxième solution que l’on retiendra ici, car le défi était d’éviter de tomber dans un classicisme trop facile et d’apporter un côté intemporel - qui traverse le temps - à cette histoire évoquant des valeurs universelles, d’où le choix du synthétiseur, chose plutôt étonnante quand on sait que les synthétiseurs finissent toujours par vieillir et subir l’épreuve du temps (chose inévitable lorsqu’on est dépendant d’une technologie lié à une époque !). Et pourtant, malgré ce parti pris osé, Horner a réussi ce que l’on n’attendait pas : évoquer le récit du Titanic en traversant les âges. Peut-être que le choix des synthétiseurs a aussi été motivé par la volonté de rendre l’histoire plus moderne, plus proche de notre temps.

L'histoire d'amour tragique entre Jack et Rose est bien entendu évoquée par les deux thèmes principaux de la partition : celui de « Never an Absolution » et celui de « Rose ». Le premier, d'une tristesse profonde et infinie, est représenté par la présence de la chanteuse norvégienne Sissel Kyrkjebo, dont la voix éthérée apporte une magie quasi angélique et extrêmement poétique à la musique du film. « Never an Absolution » est un morceau extrêmement poignant, aussi bien par sa profonde tristesse que par son évocation d'un amour éternel qui résiste au temps, qui persiste dans la mémoire, l'amour envers une personne qui restera gravé à jamais dans notre coeur, une idée sensible exprimé ici à travers une retenue bouleversante, une pudeur merveilleuse dans laquelle James Horner a su trouver le ton juste du film, sans jamais en faire de trop ni même tomber dans le piège facile de la musique romantique 19èmiste. Le second thème du score est associé dans le film à Rose (Kate Winslet), il évoque clairement le personnage et son amour pour Jack Dawson, mais aussi sa souffrance et sa détresse lorsque Jack meurt après s’être sacrifié pour elle. En un sens, le thème de « Rose » rejoint aussi le thème principal de « Never an Absolution ». Il s'agit ici aussi de l'idée de l'amour éternel qui unit deux êtres, même après leur mort. La tagline du film est même là pour nous le rappeler: « Rien sur terre ne pouvait les séparer ». La voix angélique de Sissel apporte un éclairage émotionnel saisissant à la musique de « Rose », une mélodie sublime et inspirée pour la très célèbre séquence où Jack tient Rose par les hanches sur le bord du bateau, lui faisant admirer le paysage, les bras levés (suivi de la phrase culte « I’m the king of the world ! »), une très belle scène mélangeant habilement romantisme et vision extasiée de l’horizon infini de l’océan.

James Horner a aussi mis plus particulièrement l’accent ici sur les sonorités irlandaises dans sa musique (d’où le fait que la chanteuse Enya ait été pressentie à l’origine pour collaborer à la musique du film !). « Never an Absolution » débute d'ailleurs par un solo de cornemuse, tandis que le whistle irlandais est utilisé constamment dans plusieurs pièces, et plus particulièrement au début de « Rose » et de la chanson phare de Céline Dion, « My Heart Will Go On » (l’une des chansons les plus célèbres de l’histoire de la musique de film !). A noter d’ailleurs que l’on voit à plusieurs reprises des musiciens jouer de la musique irlandaise à bord du paquebot - sans oublier la célèbre histoire de ce quatuor à cordes qui joua jusqu’au bout durant le naufrage du Titanic, un élément véridique montré d’ailleurs dans le film de James Cameron, et d’une portée symbolique bouleversante : où comment la musique survit à tout, même aux plus grandes catastrophes. En bref, Horner retrouve donc ces solistes fétiches sur « Titanic » pour lesquels il offre de nouvelles parties plutôt inspirées, et ce même si son travail autour des sonorités celtiques rappelle inévitablement ce que le compositeur a déjà fait sur des partitions telles que « Patriot Games » (1992) ou « Braveheart » (1995). Et puisqu'on en parle de la chanson du générique de fin, rappelons que « My Heart Will Go On », désormais célèbre dans le monde entier, a permis de faire redécoller la carrière de la chanteuse canadienne Céline Dion, et d’offrir à James Horner l’un de ses plus beaux succès discographiques. La chanson, écrite d’après des paroles de Will Jennings, reprend le thème de Rose, amplifié ici par la voix brillante de Céline Dion, thème auquel Horner arrive à superposer, en contrepoint du refrain de la chanson, le thème de « Never an Absolution », comme pour rappeler les paroles de la chanson : « and you’re here in my heart, and my heart will go on and on ! ».

« Unable to Stay, Unwilling to Leave » évoque l'impossibilité de Rose de quitter le paquebot et d'abandonner Jack sur le navire. La musique prend ici une tournure extrêmement puissante et poignante alors que le couple se jette dans les bras l'un de l'autre malgré la situation tragique à laquelle ils sont confrontés : le naufrage imminent du Titanic. Horner utilise les synthétiseurs tout au long de sa partition, parfois avec brio, mais parfois aussi de façon moins intéressante et inégale. Pourtant, son utilisation dans « Distant Memories » ou « Leaving Port » est particulièrement riche et réussie, soulignant ici aussi l’intemporalité de l'histoire du Titanic. Enfin, pour terminer la première partie de cette revue, on ne pourra pas passer à côté du magnifique « An Ocean of Memories », écrit pour le final du film, morceau modifié dans le film mais qui contient un retour assez bouleversant du thème principal de « Never an Absolution », reprise véritablement inoubliable, d’une beauté exceptionnelle, illuminée ici par la voix de la chanteuse Sissel. On ne pourra pas non plus omettre de mentionner « A Promise Kept » et ses sonorités typiques du compositeur, illustrant la scène tragique et terrifiante où Rose se retrouve flottant sur l'eau glacée entourée de centaines de cadavres congelés. Cette musique est absolument saisissante à l'écran. En quelques minutes, James Horner arrive à retranscrire toute l'intensité macabre et l’horreur tragique de cette scène, en utilisant des sonorités électriques plus graves et sombres, avec notamment un emploi très réussi de cuivres funèbres - un morceau glacial à souhait.

La seconde partie de cette critique se propose ainsi d’évoquer la partie action de la musique de « Titanic ». Malheureusement, il s'agit bien là du principal point faible de cette partition. James Horner est malheureusement retombé ici dans sa manie habituelle des auto-citations parfois très agaçantes et inutiles pour ses morceaux d’action. « Pelican's Brief », « Courage Under Fire », « Apollo13 », ce ne sont pas les allusions flagrantes aux précédentes oeuvres d'Horner qui manquent ici, l'exemple le plus flagrant étant une section de « Al Bathra » de « Courage Under Fire » repris dans le morceau « The Sinking », (le rythme tadadada-tadadada à la caisse claire !), pièce illustrant la panique générale des passagers lors du naufrage. « Death of Titanic » s’avère être quand à lui beaucoup plus lourd et extrêmement massif (parfois même trop, de façon excessive), un déchaînement orchestral parfois assez laborieux à écouter d’un trait, et qui contient lui aussi beaucoup de citations à des oeuvres plus anciennes d'Horner. Le danger de l'iceberg est représenté quand à lui par un motif de cuivres sombres déjà entendu dans « Al Bathra » de « Courage Under Fire » et dans certaines scènes de bataille de « Braveheart ». Cependant, le dit motif représente parfaitement l'idée de la menace dans le film. La partie action de « Titanic » n'a rien de follement mémorable ici, et ce à l'inverse de la partie plus romantique et émotionnelle du score. Mais délimiter ainsi la musique de « Titanic » en deux blocs bien distincts serait un peu exagéré…l'ensemble forme une progression logique et cohérente : la montée sur le bateau et le départ du port (« Leaving Port », et l’enjoué et insouciant « Take Her to Sea, Mr.Murdoch », lorsque tout est encore possible), l'histoire d'amour entre Jack et Rose (« Rose », « Unable to Stay, Unwilling to Leave ») puis la tragédie du naufrage (« Never an Absolution », « A Promise Kept », « The Sinking »). A noter qu’Horner nous offre même un morceau d’une grande beauté reprenant les deux principaux thèmes du score dans un arrangement plus orienté ici vers les instruments irlandais - cornemuse et whistle principalement - le bouleversant « Hymn to the Sea », idéal pour conclure l’album en beauté.

Comment conclure cette critique sans devenir grandiloquent. Restons simple : « Titanic » contient des moments d'émotion totalement inoubliables, des passages qui nous rappellent avec force les images immortelles du puissant film de James Cameron, une oeuvre d'art qui nous rappelle avec classe qu’image et musique ne font qu'un. « Titanic » aurait pu être le chef-d'oeuvre ultime de James Horner si la musique s’était avérée bien plus inspirée dans les passages d'action évoquant le naufrage du paquebot. La musique irlandaise permet de replacer la partition d’Horner dans le contexte du film (cornemuse, whistle). Enfin, la chanson écrite par le compositeur et interprétée par Céline Dion reste l'une des plus belles chansons écrite pour le cinéma. Si « Titanic » n'est pas forcément LE chef-d'oeuvre absolu de James Horner, cela n'en demeure pas moins une de ses plus belles partitions ! Un classique incontournable de la musique de film !



---Quentin Billard