1-The Butterfly Effect Main Theme 2.43
2-Evan's Plan/Evan & Mom 2.49
3-Mom and Evan/Evan's Drawing 2.07
4-In The Basement/
Knife Blackout 1.27
5-Going To See Dad 0.24
6-Jason's Funeral 0.48
7-Lenny's Explosive Flash/
Hypnosis 3.10
8-Tommy's Right Hook/
We're Moving 1.26
9-Burnt Crockett 1.37
10-Drive to See Lenny/
Inside Lenny's Room 2.16
11-The Mailbox 1.14
12-The Diner 1.06
13-Kayleigh's Funeral 1.40
14-Evan's Warning 2.53
15-Sorority Strut 1.00
16-Evan Kills Tommy 2.04
17-Prison Escape 0.47
18-Prison 0.47
19-Stigmata Flashback 0.52
20-Evan & Kayleigh/
Kayleigh Loves Lenny 2.42
21-Blowing Up Kayleigh 1.14
22-Lockdown Lenny/Send You
A Postcard 3.15
23-Evan's Escape 1.48
24-Everyone's Fixed Memories/
The Butterfly Effect Reprise 3.20

Musique  composée par:

Michael Suby

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1014

Produit par:
Michael Suby, Ford A. Thaxton

Artwork and pictures (c) 2004 New Line Cinema. All rights reserved.

Note: ***
THE BUTTERFLY EFFECT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Suby
Succès surprise de l’année 2004, « The Butterfly Effect » (L’effet papillon) est un thriller surréaliste au pitch particulièrement audacieux : et si un individu doté d’un pouvoir peu commun - celui de remonter le temps par la force de la pensée - s’amusait à modifier les événements passés, quelles en seraient les conséquences dans son propre avenir et celui de tous les autres individus gravitant dans son entourage ? S’appuyant sur la fameuse théorie dite de « l’effet papillon » (un simple battement d’ailes d’un papillon peut-il déclencher une tornade à l’autre bout du monde ?), le film d’Eric Bress et J. Mackye Gruber permit de révéler le jeune Ashton Kutcher dans l’un de ses meilleurs rôles au cinéma. Le film raconte l’histoire d’Evan Treborn (Ashton Kutcher), un jeune étudiant qui a eu des trous de mémoire durant son enfance, pendant lesquels des événements graves se sont produits. Son premier trou de mémoire eut lieu à l’école primaire, alors que la maîtresse demanda aux élèves de dessiner ce qu’ils voulaient faire plus tard : Evan se représenta alors comme un meurtrier, ce qui provoqua l’inquiétude de sa maîtresse mais aussi de ses parents. Quelques temps plus tard, un deuxième trou de mémoire survint alors qu’Evan se trouvait en compagnie de son amie d’enfance Kayley Miller (Amy Smart), dans la cave de son père (Eric Stoltz) où il se passa là aussi quelque chose de grave. Après une consultation médicale, le jeune Evan doit désormais écrire le récit de ses journées dans un cahier. A l’âge adulte, Evan tente de comprendre ce qui a bien pu se passer durant ses trous de mémoire. C’est alors qu’il retrouve ses cahiers d’enfance et relit ses notes qui le ramènent à son amie d’enfance, Kayley. Mais les recherches d’Evan font ressurgir des souvenirs douloureux et conduisent tragiquement au suicide de la jeune femme. Totalement abattu, Evan poursuit ses recherches en relisant ses cahiers, jusqu’au jour où il comprend que la lecture de ses notes lui permet de revenir à l’événement et de la changer. Evan modifie alors tous les événements dramatiques de son passé, mais ces changements s’accompagnement malheureusement de conséquences bien souvent désastreuses ou funestes pour ses amis ou ses proches - voire pour lui-même : chaque nouvelle situation débouche systématiquement sur la mort de quelqu’un ou sur un événement dramatique. « The Butterfly Effect » reste au final un thriller fantastique au scénario malicieux, bien que malheureusement desservie par une réalisation totalement impersonnelle et sans éclat - le concept original de l’histoire aurait mérité un traitement cinématographique bien plus audacieux. A noter que le film est aussi connu pour ses nombreuses fins alternatives - il en existe 4 officiellement - chacune nous proposant une vision différente de l’histoire (dont la plus intéressante se trouve dans le « Director’s Cut » et sur l’édition DVD collector du film). Les deux réalisateurs ont donc poussé leur concept jusqu’au bout en nous proposant ainsi plusieurs scénarios possibles à partir d’une même histoire : le happy-end, la fin ordinaire, la fin mitigée et la conclusion nihiliste et tragique (celle du Director’s Cut). Saluons au passage l’effort d’Eric Bress et J. Mackye Gruber pour avoir sut parfaitement exploiter jusqu’au bout les différentes possibilités offertes par leur propre scénario. Le film connut un tel succès qu’il fut très vite suivi de deux suites totalement dispensables, sorties directement en DVD.

La partition orchestrale du compositeur Michael Suby apporte au film une atmosphère à la fois sombre et dramatique, sans oublier pour autant la part humaine de l’histoire. Le score repose sur un thème mystérieux dévoilé dès le début du film, un « Main Theme » dominé par des cordes, des bois, un piano et une voix féminine éthérée. Les voix apportent ici l’éclairage fantastique indispensable au film, sans jamais en faire de trop pour autant. Le « Main Theme » possède ainsi un côté à la fois mystérieux et doux qui suggère à la fois l’énigme des trous de mémoire d’Evan et ses incroyables pouvoirs. Michael Suby fait appel dans « Evan’s Plan/Evan & Mom » à une utilisation très réussie d’effets instrumentaux (souffle aléatoire de flûte) et de percussions électroniques pour le côté ‘action/thriller’ du film. Le compositeur manie ici ses différentes sonorités avec une certaine inventivité, sans pour autant verser dans l’originalité pure. La musique oscille ici entre suspense et intimité, comme le rappelle clairement « Mom and Evan/Evan’s Drawing » et son mélange astucieux entre touches sombres et passages de piano plus intimistes. Le suspense devient alors plus présent dans l’oppressant « In The Basement/Knife Blackout » et « Lenny’s Explosive Flash/Hypnosis », où l’on retrouve les mystérieux effets samplés de flûte de « Evan’s Plan » associés dans le film aux souvenirs et aux trous de mémoire d’Evan. Les éléments électroniques renforcent le côté moderne de l’histoire et des décors urbains du film, tout en demeurant relativement discret ici.

Michael Suby navigue ainsi avec aisance entre suspense oppressant et moments plus dramatiques et intimistes, comme « Drive to See Lenny/Inside Lenny’s Room » et son piano qui rappelle vaguement James Newton Howard. A l’écran, la musique reste très présente et crée à l’écran un véritable climat de trouble, de malaise et aussi de mélancolie. Les effets de flûte des souvenirs d’Evan restent néanmoins l’un des éléments-clé du score de « The Butterfly Effect », comme le rappelle par exemple le sinistre « The Mailbox » et ses effets électroniques difformes évoquant la scène de flashback de la dynamite dans la boîte aux lettres. A noter ici la façon dont le compositeur mélange cordes dissonantes et synthétiseurs glauques avec un certain doigté, versant clairement ici dans l’atonalité pure. La mélancolie est alors de mise dans « The Diner » avec son piano délicat et ses cordes toute en retenue. Le morceau évoque la romance torturée entre Evan et Kaylay. Même chose pour le sombre et élégiaque « Kayleigh’s Funeral » pour la séquence des funérailles de la petite amie d’Evan. Le piano devient ici plus lyrique et poignant, sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux du score de « The Butterfly Effect ». Les sonorités des souvenirs reviennent dans « Evan’s Warning », dans lequel Michael Suby tente d’évoquer une certaine distorsion de la réalité en ayant recours à des sonorités synthétiques plus étranges et quelques touches instrumentales plus furtives (glockenspiel, crotales, etc.). Le compositeur n’hésite pas non plus à utiliser quelques touches musicales plus modernes comme dans « Sorority Strut » ou « Going to See Dad » pour évoquer l’univers des étudiants dans le film.

La dernière partie du film permet au compositeur de développer son thème principal et ses sonorités mystérieuses et obscures comme le suggère clairement le sinistre « Evan Kills Tommy », le tendu « Prison » ou les percussions action de « Prison Escape ». Dans « Stigmata Flashback », Michael Suby reprend les effets de flûte des souvenirs en y mélangeant des sonorités de waterphone et de choeurs synthétiques atmosphériques pour renforcer à l’écran la dimension fantastique et surréaliste des pouvoirs d’Evan. L’émotion domine alors le poignant « Evan and Kayleigh/Kayleigh Loves Lenny » reprend le thème mélancolique de « Kayleigh’s Funeral » avec une grande délicatesse, lorsqu’Evan découvre, après avoir encore modifié les événements, qu’il est devenu paralysé et que sa fiancée est désormais dans les bras de Lenny. La musique bascule même dans la terreur pure avec « Blowing Up Kayleigh » et ses cordes stridentes et glaciales, tandis que « Evan’s Escape » nous offre un dernier morceau d’action avec son lot de percussions, de cordes sombres et d’effets sonores de flûte (indissociables de l’idée des souvenirs et des flashbacks dans le film). Enfin, « Everyone’s Fixed Memories/The Butterfly Effect Reprise » conclut l’histoire en reprenant une dernière fois le « Main Theme » pour le générique de fin du film. Michael Suby signe donc pour « The Butterfly Effect » une partition à la fois sombre et émouvante, épousant clairement les différents contours du film et de son scénario malin. Le compositeur a su parfaitement représenter le caractère fantastique de l’histoire en créant des sonorités électroniques/instrumentales plutôt mystérieuses et intéressantes à l’écran, bien que sans originalité particulière. Et c’est justement là que le bat blesse, car la musique de « The Butterfly Effect » ne laisse malheureusement aucun souvenir particulier. La composition de Michael Suby possède néanmoins ses bons moments (le magnifique thème de piano de « Kayleigh’s Funeral »), mais l’ensemble reste constamment figé dans un certain conventionnalisme et un caractère à la fois impersonnel et fonctionnel qui finit par lasser à la longue. Même le « Main Theme » ne laisse aucun souvenir particulier après écoute dans le film (comme sur l’album). Dommage, d’autant qu’avec un sujet pareil, on aurait peut être pu s’attendre à un traitement musical plus audacieux, plus recherché !



---Quentin Billard