1-Seven Days Seven Seconds 2.29
2-Seven Names 3.54
3-Sarah 2.09
4-Assisted Living 0.53
5-Inez 2.11
6-I Thought I Was Strong 2.18
7-Leaving Home 2.23
8-I Am Nowhere 1.57
9-A Good Man 2.38
10-New Life 1.44
11-Shower Flashback 3.25
12-The Field 3.21
13-Love Theme 2.11
14-Requiem 9.51
15-Surgery 2.09
16-Tim's Eyes 2.03
17-Seven Pounds 1.40

Musique  composée par:

Angelo Milli

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 941 2

Produit par:
Angelo Milli
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction musicale pour
Columbia Pictures:
Lia Vollack
Supervision musicale:
Pilar McCurry
Montage musique:
Carl Kaller

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2008 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
SEVEN POUNDS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Angelo Milli
« Seven Pounds » (Sept vies) offrit en 2008 l’opportunité à Will Smith - qui officia à la fois en tant qu’acteur et producteur sur ce film - de rompre quelque peu son image d’action-star cool en abordant un registre plus intimiste et dramatique à travers le long-métrage poignant du réalisateur italien Gabriele Muccino (à noter que Will Smith avait déjà travaillé pour le cinéaste sur son précédent film, « The Pursuit Of Happyness », en 2006). « Seven Pounds » raconte l’histoire d’un homme, Tim Thomas (Will Smith), ingénieur dans l’aérospatiale qui mène une vie luxueuse avec sa femme dans leur grande maison au bord de la mer, jusqu’au soir fatidique où tout bascule. Parce qu’il conduit avec une main sur le volant et l’autre sur son téléphone portable, Tim reste inattentif pendant quelques secondes, une inattention qui suffira à provoquer un accident avec un autre véhicule. Sa femme meurt alors dans l’accident, ainsi que six autres personnes qui se trouvaient dans l’autre voiture. Se sentant impardonnable pour ce qui est arrivé, Tim se met en quête de rédemption, empruntant l’identité de son frère Ben Thomas (Michael Ealy). Dès lors, il va chercher à transformer la vie de sept personnes qu’il ne connaît pas, épaulé par un ami qui s’occupe de toute la partie administrative. Ainsi, Tim aide une femme battue par son fiancé et l’installe dans une luxueuse maison au bord de la mer avec ses deux enfants. Il offre ensuite la partie droite de son foie à une femme, un rein à un entraîneur de hockey sur glace malade et ses yeux à un aveugle. Mais ce sera sa relation avec Emily (Rosario Dawson), dont il tombera amoureux, qui donnera un autre sens à son sacrifice final, sauvant ainsi sept vies en réparation des sept vies qu’il avait prises lors de son accident. Mélodrame classique et sans surprise, « Seven Pounds » doit surtout au duo romantique Will Smith/Rosario Dawson, un couple fragile, émouvant, et aussi doucement désespéré. Quand à Will Smith, l’acteur interprète ici un homme brisé en quête de rédemption, un très beau rôle qui permet au comédien de changer de registre et d’aborder un style plus dramatique, intimiste et humain, un rôle dans lequel Smith se montre plus que convaincant, touchant de justesse et d’émotion, jouant sur le non-dit et l’introspection avec une grâce rare. Dommage que le film bascule sur la fin dans du larmoyant un peu facile, alors que l’histoire est pourtant servie par un scénario original et très réussi.

La partition orchestrale du jeune compositeur italien Angelo Milli reste à n’en point douter l’un des meilleurs éléments du film de Gabriele Muccino. Le score utilise l’orchestre symphonique traditionnel (ici, le Hollywood Studio Symphony) agrémenté de quelques touches électroniques new-age discrètes, la partition utilisant essentiellement le piano, les cordes, les bois et les synthétiseurs pour parvenir à ses fins. Dès le début du film, « Seven Days Seven Seconds » introduit sans surprise le thème principal confié à un piano solitaire sur fond de cordes et de nappes synthétiques discrètes. Le thème conserve un côté à la fois intime et retenu qui rappelle clairement ici Thomas Newman. C’est d’ailleurs cette retenue qui fera toute la qualité de la composition d’Angelo Milli tout au long du film. Le thème principal illustre la détermination de Tim Thomas et sa quête de rédemption. « Seven Names » évoque la souffrance refoulée et les souvenirs de ces sept vies fauchées lors de l’accident, la musique conservant ici aussi une certaine retenue exemplaire. Quelques cordes et un hautbois suffisent ainsi à suggérer l’état d’esprit du personnage de Will Smith dans le film, avec, ici, un mélange d’amertume, de drame et de regret. Même chose pour « Sarah » et son piano reprenant le thème principal de Tim Thomas. La musique opte donc pour une approche résolument intimiste et toute en retenue dans « Inez », où les sonorités synthétiques restent à la fois très présentes tout en étant relativement discrètes. Un morceau comme « I Thought I Was Strong » évoque clairement les sentiments et les tourments de Tim dans le film, le piano étant l’instrument indissociable de la partition de « Seven Pounds », instrument de l’intimité par excellence - bien que son utilisation soit ici atrocement prévisible et tout à fait quelconque.

L’émotion reste néanmoins très présente dans « I Thought I Was Strong », le score d’Angelo Milli apportant ainsi un éclairage émotionnel assez intense dans le film, bien que tout en retenue. Il est encore question de regret et de sacrifice dans le mélancolique « Leaving Home », où les sonorités électroniques traduisent néanmoins la détermination de Tim, prêt à tout pour accomplir son plan. Le piano est omniprésent dans « I Am Nowhere », le sombre « A Good Man » (l’un des rares passages dissonants du score de « Seven Pounds », évoquant les souvenirs tragiques de l’accident) et « Shower Flashback », dans lequel le compositeur utilise un violoncelle soliste de toute beauté. La musique reste donc à la fois poignante et retenue, une composition intime jouant sur l’introspection et les émotions intérieures des personnages. La musique semble même retrouver son souffle dans le très beau « The Field », et ses accords de cordes respirant une certaine sérénité, alors que Tim passe des moments heureux en compagnie d’Emily. Angelo Milli nous offre même un magnifique « Love Theme » pour piano et cordes, servi par un lyrisme poignant et élégant, évoquant la romance entre Tim et Emily. Chose curieuse, le « Love Theme » n’est rien d’autre qu’une simple variante romantique et lyrique du thème principal, le compositeur ayant décidé d’utiliser le même thème pour la partie plus sentimentale du film.

Enfin, la partition de « Seven Pounds » atteint son climax d’émotion avec le magnifique et incontournable « Requiem », sans aucun doute le plus beau morceau de la partition d’Angelo Milli. Pendant plus de 9 minutes, le compositeur développer ici une véritable atmosphère de Requiem latin en utilisant l’orchestre et des choeurs. Les voix apportent alors un éclairage plus religieux et tragique au sacrifice final de Tim à la fin du film. Le « Requiem » évoque clairement la rédemption du personnage sous un angle religieux, mais aussi humain : les voix ne seraient-elles pas ici l’évocation des sept âmes fauchées lors de l’accident ? A la tragédie humaine au coeur même de l’intrigue du film, Angelo Milli répond par une approche quasi ecclésiastique et résolument tragique - fait curieux, les auditeurs attentifs remarqueront ici un motif de 4 notes de trompettes qui semble surgir tout droit d’une partition de James Horner (influence des temp-tracks du film ?). « Requiem » apporte alors une émotion tragique extrêmement intense durant la scène du sacrifice final de Tim à la fin du film. La musique bouscule alors son côté retenu et s’extériorise enfin, alors que le plan de Tim touche à sa fin. Le « Requiem » se prolonge dans le non moins intense et poignant « Surgery », toujours dominé par l’orchestre et les choeurs élégiaques, tandis que « Tim’s Eyes » ramène la paix avec un morceau plus apaisé mais néanmoins résigné pour piano et cordes.

Angelo Milli signe donc une très belle partition pour « Seven Pounds », dominé par une écriture poétique et lyrique pour piano et orchestre, une composition intimiste toute en retenue, indissociable de l’ambiance du film de Gabriele Muccino. Mais le score de « Seven Pounds » vaut surtout par l’émotion qui se dégage de son magnifique « Requiem », véritable pierre d’angle de la composition d’Angelo Milli, qui témoigne ici d’un savoir-faire orchestral/choral particulièrement évident. La musique apporte alors un éclairage religieux et tragique extrêmement intense dans la dernière partie du film, une musique sur le regret, la souffrance et la quête de rédemption. Ne vous attendez donc pas à quelque chose de joyeux ici, « Seven Pounds » est une partition dramatique et poignante placée sous l’angle de l’émotion et de l’introspection, une musique résignée, belle, lyrique et aussi tragique. Même si le score n’a rien de bien original et ne laisse pas un souvenir impérissable, on ne pourra qu’adhérer à cette très belle partition intimiste à découvrir en même temps que le film de Gabriele Muccino !



---Quentin Billard