1-The Expendables 3.23
2-Aerial 2.58
3-Ravens and Skulls 4.49
4-Lee and Lacy 2.15
5-Massive 3.24
6-The Gulf of Aden 6.57
7-Lifeline 4.30
8-Confession 2.57
9-Royal Rumble 3.42
10-Scanning the Enemy 3.47
11-The Contact 1.31
12-Surveillance 3.27
13-Warriors 3.49
14-Trinity 4.19
15-Waterboard 3.01
16-Losing His Mind 2.37
17-Take Your Money 2.42
18-Giant With A Shotgun 3.58
19-Time To Leave 1.55
20-Mayhem and Finale 5.48

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Silva Screen SILCD1339

Album produit par:
Brian Tyler

Artwork and pictures (c) 2010 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***
THE EXPENDABLES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Deux ans après l’ultra violent « Rambo » (2008), Sylvester Stallone rempile pour un nouveau film d’action survitaminé repoussant toujours plus les limites du genre, avec un Stallone toujours devant et derrière la caméra, et, cerise sur le gâteau, un casting tout bonnement hallucinant. « The Expendables » est de loin l’un des plus importants blockbusters de l’été 2010, un véritable hymne au cinéma d’action bourrin des années 80, avec l’élite des action-star eighties : ainsi, Stallone se retrouve entouré de légendes musclées made in 80 : Dolph Lundgren, Mickey Rourke, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger - qui fait une petite apparition humoristique et pleine d’autodérision - Eric Roberts et d’autres acteurs de la jeune génération comme Jet Li, Jason Statham, Terry Crews et les catcheurs Steve Austin et Randy Couture, sans oublier le charme féminin de la belle Giselle Itié et de la sexy Charisma Carpenter (révélée dans les séries « Buffy » et « Angel »). A noter que les amateurs de nanar d’action reconnaîtront d’ailleurs l’acteur Gary Daniels parmi les méchants du film. Comble de l’ironie, « The Expendables » a été en partie produit par Nu Images, plus connu pour avoir produit une série de nanars d’action à petit budget qui hantent les pages du site Nanarland sur le net. Le scénario de « The Expendables » reste particulièrement mince et n’est qu’un prétexte à un défouloir d’action musclé et explosif : Barney Ross (Stallone) est le chef d’un groupe de mercenaires, une unité d’élite chargée d’exécuter les missions difficiles que personne ne veut. Après avoir accompli leur dernier contrat avec succès, Ross et ses hommes se détendent dans leur Q.G. aux Etats-Unis lorsque le mystérieux Mr. Chapelle (Bruce Willis), agent la CIA, rentre en contact avec Ross et lui propose une nouvelle mission : renverser une dictature qui sévit dans une île paradisiaque de l’Amérique du sud. En réalité, le régime dictatorial du général Garza (David Zayas) est financé par un ancien agent de la CIA corrompu, le sinistre Monroe (Eric Roberts) : ce dernier est la cible prioritaire de Ross et son équipe. Lorsque Barney Ross et son bras droit Lee Christmas (Jason Statham) font la connaissance sur l’île de Sandra (Giselle Itié), la fille du général, c’est la révélation pour le chef des mercenaires : désormais, leur ultime mission sera pour eux une quête de la rédemption.

« The Expendables » est au final un film d’action extrêmement jouissif : ultra violent, bourrin, déchaîné, enragé, explosif, un pur hymne au cinéma d’action testostéroné des années 80. Réussissant son pari haut la main, Sylvester Stallone nous livre un véritable plaisir coupable, baignant dans le sang, le feu et la violence avec une virtuosité exemplaire : les scènes d’action restent lisibles malgré le côté ultra speed de la mise en scène, le casting est phénoménal, et le film contient ainsi quelques dialogues incisifs (avec son lot de punchlines très années 80) et une bonne dose d’autodérision : on appréciera par exemple la séquence où Stallone croise Schwarzenegger au détour d’une scène purement ironique où les deux éternels rivaux des films d’action eighties se retrouvent enfin réunis lors d’une séquence dans laquelle les deux icônes de l’action se taquinent à grand coup de private jokes cinglantes. Le film n’oublie pas pour autant la dimension humaine des personnages, avec notamment une scène très touchante durant laquelle le personnage de Mickey Rourke se confesse auprès de Stallone pour lui révéler ses regrets et son sentiment d’avoir perdu son âme au cours de ces années de mercenariat forcené. Quand aux scènes d’action, elles demeurent extrêmement intenses, fun de A à Z et incroyablement violentes (avec quelques plans gores qui rappellent clairement les effusions sanguinolentes de « Rambo »), Stallone n’ayant quasiment utilisé aucun effets numériques afin de conserver au maximum un côté réaliste plus proche de l’esthétique eighties. Quand à Jet Li, la star des films d’arts martiaux se voit offrir quelques très belles chorégraphies de combat assurées par le vétéran Corey Yuen. En montrant ces stars vieillissantes et ridées du cinéma d’action des années 80/90 (le géant Dolph Lundgren reste toujours aussi impressionnant tout comme Stallone, encore incroyablement agile malgré ses 63 ans passés), Sylvester Stallone rend aussi un vibrant hommage à tout un pan du cinéma américain d’une époque révolue, mais qui résonne encore puissamment dans le coeur et l’âme des cinéphiles et de ces vétérans de l’action, toute décennie confondue (même Jet Li semble quelque peu fatigué dans le film). Car, à l’image de ces mercenaires aux traits tirés en quête de rédemption, « The Expendables » est bien un ultime hommage à ce cinéma musclé et déjanté qui laisse aujourd’hui la place à la nouvelle génération (incarnée en grande partie dans le film par Jaston Statham), une passation de flambeau nostalgique et bourrin à souhait qui se paie carrément le luxe d’être l’un des meilleurs films d’action de ces dix dernières années : il n’y avait d’ailleurs que Sylvester Stallone pour faire un film pareil !

La partition orchestrale de « The Expendables » permet au très prisé Brian Tyler de nous offrir un nouveau score d’action totalement survolté, deux ans après sa première collaboration à un film de Stallone sur « Rambo ». Pour « The Expendables », Brian Tyler utilise l’orchestre symphonique habituel (ici, le Czech Philharmonic Orchestra) agrémenté de la pléiade habituelle de percussions acoustiques/électroniques et de rythmes synthétiques typiques du compositeur. Le score repose sur un thème principal héroïque et solennel évoquant la fraternité, la camaraderie, l’esprit d’équipe et aussi la détermination et le sacrifice de ces mercenaires lors de leur ultime mission. Sur l’album, dans lequel la musique est arrangée pour une écoute plus fluide ne respectant pas l’ordre chronologique du film (comme toujours sur les albums de Brian Tyler), le thème est immédiatement entendu dans « The Expendables », qui correspond en réalité à la scène où Ross et ses mercenaires posent les bombes dans les couloirs du palais du général Garza. L’orchestre est ici dominé par des cuivres massifs, des cordes agitées et des choeurs épiques sur fond de percussions martiales du plus bel effet. On retrouve dans le thème principal de « The Expendables » l’émotion que l’on ressentait déjà dans le thème de « Rambo », une très belle réussite de la part de Brian Tyler ! Dans le film, le thème apporte en tout cas une émotion salvatrice, entre deux scènes de fusillades explosives et d’affrontements sanguinaires et sans merci. Après la détermination solennelle et l’émotion de « The Expendables », l’action domine dans « Aerial » avec des cuivres massifs, des cordes agitées, des choeurs et un ensemble de percussions enragées. On n’est guère loin par moment du style épique et guerrier de « Timeline », Brian Tyler semblant renouer ici avec une approche plus symphonique rappelant clairement le style de « Rambo » ou même de « Eagle Eye ».

Ne vous attendez pas à une quelconque forme de subtilité ici, car il n’y en a pas : Brian Tyler ne fait pas dans la dentelle, et ce pour notre plus grand plaisir ! Ainsi, l’action trouve encore un écho favorable dans « Ravens and Skulls » pour une autre scène d’affrontement du film. Tyler nous prouve encore une fois qu’il est un grand spécialiste des musiques d’action tonitruantes, avec son lot de cordes agitées, de cuivres martelées et de percussions déchaînées. Rien de bien neuf à l’horizon, mais un sentiment de fun constant. A l’écran, la musique apporte une force et une puissance assez incroyable aux images, en particulier grâce à un mixage généreux (pour une fois !) qui met particulièrement en valeur la composition de Brian Tyler à l’écran. On appréciera la reprise émouvante du thème principal au milieu de « Ravens and Skulls », un zest d’émotion appréciable en plein coeur du combat. Le compositeur n’oublie pas pour autant la partie plus humaine du récit comme dans « Lee and Lacy » où il évoque la relation entre Lee Christmas et son ancienne compagne Lacy (Charisma Carpenter) à l’aide d’une série de guitares électriques soft, d’un piano intime et de nappes synthétiques planantes typiques du style à la fois plus intimiste et moderne du compositeur. On retrouve d’ailleurs ce style dans l’émouvant « Confession », pour la scène où le personnage de Mickey Rourke révèle ses sentiments et ses regrets à Barney Ross vers le milieu du film. Le compositeur se fait plaisir et nous offre même un peu de musique latino/sud-américaine dans « The Contact » pour la scène où Sandra fait sa première apparition : guitares acoustiques et percussions latinos suffisent à apporter une touche sud-américaine appréciable à la musique, des touches musicales que l’on retrouvera d’ailleurs tout au long du film, pour évoquer les décors de l’île sur laquelle se déroule l’histoire. Le reste du score oscille entre suspense et action pure et dure comme nous le rappelle fièrement les déchaînements orchestraux de « The Gulf of Aden » ou l’enragé « Massive » dans lequel Tyler développe un motif d’action de cuivres qui n’est pas sans rappeler Jerry Goldsmith ou même un thème du « Deep Blue Sea » de Trevor Rabin. Ce motif d’action sera très présent au cours de la plupart des scènes d’action du film.

« Massive » est l’archétype même de la musique d’action façon Brian Tyler : ostinatos rythmiques de percussions/cordes, cuivres martelés, rebondissements rythmiques, loops électroniques, choeurs épiques et toujours ce même sentiment de fureur et d’excitation à l’écran, traduisant non seulement la violence des affrontements mais aussi les exploits des mercenaires de Ross et son équipe. « Lifeline », « Royal Rumble » et « Warriors » sont autant de déchaînements orchestraux rappelant le talent du compositeur pour l’action. A noter un nouveau thème d’action développé aux cordes et aux cuivres dans « Warriors », thème que l’on retrouvera là aussi à deux ou trois reprises dans le film et qui rappelle, curieusement, le thème de la saga « Saw » de Charlie Clouser. L’action se prolonge dans le frénétique « Waterboard », « Take Your Money », « Time To Leave » et l’excitante confrontation finale dans « Mayhem and Finale », ultime déchaînement orchestral en règle avec ses cuivres agressifs et ses percussions meurtrières - à noter que l’emploi des percussions électroniques et l’esthétique générale de ces passages d’action rappelle beaucoup bon nombre de partitions action du studio Media-Ventures/Remote Control. Il est vrai que cela fait depuis un certain temps que Brian Tyler semble vouloir se rapprocher de plus en plus du style musical établit par le studio de Hans Zimmer, un fait qui s’explique peut être sur « The Expendables » par la présence de compositeurs additionnels/arrangeurs issus du studio Remote Control, Matthew Margeson (qui a apparemment écrit beaucoup de musique sur « The Expendables »), Stuart Thomas et Todd Haberman, qui travaillent d’ailleurs avec Brian Tyler depuis 2008 sur des scores tels que « Rambo », « Bangkok Dangerous », « Dragonball Evolution », « Eagle Eye » ou bien encore « Final Destination ». En conclusion, rien de bien neuf à l’horizon donc. Brian Tyler signe un nouveau score d’action efficace et enragé qui s’écoute relativement bien sur CD et supporte la longueur (pour une fois !) malgré la durée conséquente de l’album et le caractère répétitif du score. C’est surtout l’impact de la musique sur les images qui est assez appréciable ici, un travail de qualité mais qui déçoit néanmoins par son côté très quelconque, ultra prévisible et son manque total d’originalité et d’idées neuves (sans oublier des orchestrations toujours très pâteuses, et le manque d'utilisation des bois, défaut récurrent chez Brian Tyler!). Mais les amateurs de Brian Tyler et les fans de la musique de « Rambo » apprécieront sans aucun doute !



---Quentin Billard