1-Prisoner Exchange 4.09
2-Escaping The CIA 5.20
3-Cornered 1.09
4-Orlov's Story 4.43
5-Chase Across DC 6.51
6-Hotel Room Preparations/
Parade 3.13
7-Attack on St. Bart's Cathedral 3.10
8-A Dark Goddamn Hole 1.47
9-Taser Puppet 1.34
10-You Are My Greatest Creation 4.13
11-Destiny 2.22
12-Barge Apocalypse 2.26
13-Day X 1.38
14-I'm Going Home 2.16
15-Eight Floors Down 2.51
16-Arming the Football 2.11
17-Not Safe With Me 2.27
18-You're About to
Become Famous 1.38
19-Mano a Mano 1.51
20-Garroted 3.32
21-Go Get Em 3.10

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Columbia/Madison Gate Records

Score produit par:
James Newton Howard

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2010 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***
SALT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Renouant avec ses rôles d’espionne et de femme d’action, Angelina Jolie effectue un grand retour en force avec « Salt », nouveau film d’action du réalisateur australien Phillip Noyce, spécialiste du genre. Le film raconte l’histoire d’Evelyn Salt (Angelina Jolie), une agent de la CIA exemplaire qui se retrouve, du jour au lendemain, accusée d’être une espionne au service de la Russie. Incapable de prouver son innocence, Salt prend la fuite, traquée par la CIA et ses propres collègues. Dès lors, Evelyn brouille les pistes : qui est-elle réellement ? Est-elle vraiment ce qu’elle prétend ? Dès lors, Salt change d’identité et doit passer incognito afin de percer le secret de ceux qui tentent de la piéger. Mais le jour où Evelyn abat le président russe lors de la cérémonie funèbre d’un ancien vice-président américain, les choses se compliquent radicalement : le doute n’est plus permis, Salt est bel et bien à la solde de la Russie. Pourtant, la vérité est loin d’être aussi simple et Salt va devoir user de toute son ingéniosité et son savoir-faire pour parvenir à ses fins. « Salt » est donc un film d’action comme on en voit régulièrement à Hollywood, servi par la mise en scène speed de Philipp Noyce et le talent d’Angelina Jolie, époustouflante dans le rôle de cet agent double qui tente de brouiller les pistes entre conspiration, manipulation et course contre la montre. L’héroïne de Lara Croft donne totalement de sa personne dans ce film, n’hésitant pas à faire elle-même ses propres cascades pour accentuer le réalisme de ses exploits à l’écran - sans aucun doute l’un des rôles les plus physiques de toute la filmographie d’Angelina Jolie. L’actrice, qui avait déjà tourné avec Philipp Noyce en 2000 dans le thriller « Bone Collector », multiplie donc les cascades et les combats à un rythme effréné. Quand au scénario, il reste suffisamment captivant pour nous maintenir en haleine jusqu’au bout, avec son lot de rebondissements et de scènes d’action frénétiques et déchaînées. Hélas, on a l’impression d’avoir déjà-vu des centaines de fois ce genre de film, avec une esthétique ultra speed filmée caméra à l’épaule, héritée de Paul Greengrass et de la saga « Jason Bourne ». Rien de bien neuf à l’horizon donc. On retiendra essentiellement quelques superbes scènes d’action comme la poursuite sur le toit du camion ou l’assassinat du président russe dans l’église vers le milieu du film, autant de morceaux de bravoure qui nous rappellent à quel point Angelina Jolie est plus que jamais la star féminine des films d’action hollywoodiens. Et si vous recherchez un peu de subtilité, passez donc votre chemin, vous n’en trouverez pas ici. A noter l’excellente performance de Liev Schreiber, parfait comme d’habitude avec son éternelle mine boudeuse et son regard de méchant.

La musique de James Newton Howard reste l’atout majeur du film de Philipp Noyce. Bien mise en valeur tout au long du film (rare dans un film d’action de ce genre !), la partition orchestrale de « Salt » apporte une force et un rythme indispensable à cette histoire d’espions russes infiltrés sur le sol américain, prêt à tout pour détruire l’Amérique de l’intérieur. JNH utilise ici l’orchestre symphonique habituel (le Hollywood Studio Symphony) auquel il ajoute toute une pléiade de rythmes électroniques modernes et de quelques touches de guitare électrique rock. L’esthétique musicale de « Salt » rappelle d’ailleurs clairement celle des productions calibrées du studio Media-Ventures/Remote Control de Hans Zimmer, un lien plus qu’évident lorsqu’on sait que James Newton Howard travaille de plus en plus depuis ces 5 dernières années avec Hans Zimmer et ses collègues de chez Remote Control - JNH a composé à deux reprises avec Zimmer sur « Batman Begins » et « The Dark Knight ». La partition de « Salt » semble donc être l’oeuvre d’un musicien de l’écurie au compositeur allemand, un fait plutôt regrettable qui donne clairement l’impression d’entendre ici un James Newton Howard en mode autopilote, impersonnel au possible (le style global de « Salt » semble tout droit sorti des partitions de la saga « Jason Bourne » de John Powell). Pourtant, il serait injuste de ne s’arrêter ici qu’à cette ressemblance évidente, tant la musique de James Newton Howard possède une énergie et une force aussi appréciable sur l’album que dans le film, où il dynamise chaque scène avec une intensité quasi constante. Si le score commence avec un ton à la fois sombre, dramatique voire même émouvant pour le sauvetage de Salt au début du film (« Prisoner Exchange »), « Escaping The CIA » nous fait clairement comprendre que l’action sera bel et bien au rendez-vous !

« Escaping The CIA » développe un climat d’action effréné sur plus de 5 minutes, un premier déchaînement orchestral dominé par des cuivres massifs, des cordes frénétiques et des percussions électroniques/acoustiques du plus bel effet. JNH en profite pour développer alors un motif d’action de cordes que l’on retrouvera à quelques reprises lors de certaines scènes d’action et de poursuite du film. Les orchestrations se limitent bien souvent ici au traditionnel mélange cordes/cuivres, même si les bois sont néanmoins présents bien que limités au strict minimum. Les rythmiques électroniques restent omniprésentes ici, comme pour maintenir un tempo d’action constant lors de la scène de poursuite avec les agents de la CIA au début du film. « Escaping The CIA » nous propose ainsi un long crescendo d’action et de tension assez prenant sur les images et extrêmement réussi, débouchant sur le frénétique « Cornered » et ses percussions action assez quelconques et sans surprise (on pense clairement ici aux scores d’action de Brian Tyler, avec des sonorités percussives extrêmement similaires !). L’action reprend de plus belle dans « Orlov’s Story », où JNH utilise un cymbalum et des vocalises féminines pour évoquer les sonorités russes associées à Orlov dans le film. Le morceau repart très vite dans l’action, lorsque Salt doit s’échapper du QG de la CIA. Et si vous avez apprécié l’intensité de « Escaping The CIA », attendez d’entendre « Chase Across DC », autre superbe morceau d’action de plus de 6 minutes pour la séquence où Salt s’enfuit sur la route en chevauchant le toit d’un camion. « Chase Across DC » nous propose ainsi une déferlante d’action pendant près de 6 minutes extrêmement intenses dans le film (servie par un mixage généreux sur les images). On retrouve ici le style action habituel de James Newton Howard, avec des orchestrations solides et quelques touches rock/électro-techno à l’aide de loops et autre guitare électrique à la Remote Control. On notera ici la reprise du motif d’action des cordes déjà entendu dans « Escaping The CIA », et brillamment utilisé ici pour illustrer la fuite de Salt.


Un morceau comme « Hotel Room Preparations » maintient un climat de suspense plus intense pour la scène où Salt prépare son armement et s’apprête à abattre le président russe - le compositeur nous offre même un peu de source music avec « Parade » pour la scène du défilé funèbre. Et l’action repart de plus belle dans « Attack On St. Bart’s Cathedral » et « Taser Puppet », illustrant un autre grand moment de bravoure de Salt dans le film. « Taser Puppet » se rapproche quand à lui davantage des scores de la saga « Jason Bourne » de John Powell avec son utilisation de percussions synthétiques endiablées et de guitare électrique rock fun mais plutôt dispensables. Heureusement, quelques morceaux comme « You Are My Greatest Creation » permettent au compositeur d’apporter un peu de relief à sa partition, avec un passage aux sonorités russes pour la séquence où Salt retrouve Orlov sur son bateau vers le milieu du film, le morceau faisant appel à l’ensemble de l’orchestre avec un choeur russe plutôt appréciable (mais sous-mixé dans l’album - hélas, JNH nous refait le même coup que sur « The Last Airbender » où les choeurs étant quasiment absents du mixage de l’album !). On retrouve ces choeurs russes dans le dramatique « Destiny » qui évoquent les choix de Salt et sa détermination à servir aveuglément une mauvaise cause qui aura des répercussions tragiques sur son existence. La musique bascule même dans la dissonance et le chaos avec l’agressif « Barge Apocalypse » pour lequel JNH utilise des choeurs féminins évoquant la détermination de Salt, un élément que l’on retrouvera d’ailleurs à plusieurs reprises dans le film. Dommage que des morceaux plus intimistes comme « Not Safe With Me » ne soient pas plus présents dans le score de « Salt », ce qui aurait ainsi permis d’avoir une écoute plus fluide et moins répétitive.

JNH nous offre encore quelques superbes déchaînements orchestraux dans l’intense « I’m Going Home », « Eight Floors Down », « Arming The Football », « You’re About To Become Famous » et l’excitant « Mano a Mano » pour la scène de l’affrontement final entre Salt et l’espion russe, morceau largement dominé par toute une pléiade de percussions électroniques/acoustiques agressives et frénétiques à souhait. Le film touche à sa fin dans « Go Get Em » où JNH réutilise les choeurs féminins associés à Salt avant une coda aux rythmes plus électro/rock, même si, hélas, les vrais choeurs entendus dans le film n’ont pas été utilisés pour l’album, remplacés ici par des samples synthétiques décevants (comme c’était déjà le cas pour « The Last Airbender »). Encore une fois, les producteurs des albums semblent prendre le public pour des idiots, car si ce procédé venait à se généraliser, qu’adviendrait-il de futurs enregistrements sur album de musiques orchestrales/chorales de ce genre par la suite ? Voilà en tout cas un fait bien étrange et assez inquiétant, qui a malheureusement touché James Newton Howard successivement à deux reprises - la raison invoquée par les labels étant que les choeurs du syndicat AFM (American Federation of Musicians) coûtent souvent trop chers en droit de réutilisation pour les enregistrements sur CD, chose assez curieuse étant donné que « Salt » est sorti directement en téléchargement légal. Bref, voilà en tout cas un élément bien décevant de cet album un brin répétitif, dans lequel James Newton Howard applique toutes les recettes du genre sans jamais proposer la moindre idée neuve. Vous l’aurez donc compris, « Salt » est un score d’action solide à l’esthétique synthético-orchestrale héritée du studio Media-Ventures/Remote Control, un score efficace et énergique dans le film mais sans grande originalité particulière et un brin routinier. Les fans de James Newton Howard et de scores d’action à la John Powell devraient néanmoins apprécier les rythmes trépidants et l’énergie brute de la musique de « Salt » !



---Quentin Billard