1-Leaving Detroit 2.55
2-Looking For Mr. Han 1.29
3-Kung Fu Heaven 1.19
4-I Want To Go Home/
The Forbidden City 4.29
5-The Lunchroom 2.29
6-Backstreet Beating 3.34
7-Han's Kung Fu 1.39
8-Ancient Chinese Medicine 1.26
9-Beijing Valentine 1.34
10-Mei Ying's Kiss 3.23
11-Jacket On, Jacket Off 2.32
12-Journey to the
Spiritual Mountain 8.49
13-Hard Training 1.21
14-All Work and No Play 1.41
15-From Master to Student
To Master 10.33
16-Dre's Gift and Apology 3.07
17-Tournament Time 5.09
18-Final Contest 6.48

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Madison Gate Records

Album produit par:
James Horner, Simon Rhodes
Montage musique:
Michael K. Bauer, John Finklea

Artwork and pictures (c) 2010 Sony Pictures Entertainment. All rights reserved.

Note: ****
THE KARATE KID
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Remake du film culte de John G. Avildsen réalisé en 1984, « The Karate Kid » permet au réalisateur Harald Zwart de dépoussiéra l’histoire d’origine en la remettant au goût du jour. Cette fois-ci, le film ne se déroule plus au Japon mais en Chine. Lorsque sa mère l’entraîne à Pékin en Chine pour son travail, le jeune Dre Parker (Jaden Smith), tout juste âgé de 12 ans, voit sa vie et ses habitudes entièrement bouleversées. En l’espace de quelques jours, Dre se retrouve mêlé à une violente altercation avec une bande de garçons de son école, et plus particulièrement l’agressif Cheng (Zhenwei Wang), un élève d’une prestigieuse école de kung-fu qui le rosse de coups devant tout le monde. Dre perd alors le respect de ses camarades de classe et vit sous l’emprise constante de la peur, harcelé et malmené par Cheng et sa bande. C’est alors que Mr. Han (Jackie Chan), qui travaille à l’entretien de l’appartement dans lequel vivent Dre et sa mère, est témoin d’un nouvel affrontement entre le jeune américain et le violent Cheng et arrive juste à temps pour les séparer et maîtriser les agresseurs. Pour le jeune Dre, cette agression était de trop, et c’est pourquoi il décide alors de demander à Mr. Han de l’initier au kung-fu afin d’apprendre à se défendre et à gagner son respect. Pour cela, il devra affronter ses adversaires lors d’un grand tournoi de kung-fu, pour lequel il va s’entraîner dur et apprendre les valeurs du respect, de l’honneur et du courage. « The Karate Kid » reprend donc les grandes lignes du scénario d’origine et permet de retrouver ici un excellent Jackie Chan aux traits vieillissants, mais emprunt d’une grande sagesse - il reprend ainsi le rôle tenu initialement par Pat Morita dans le film de John G. Avildsen. Face à ce vieux maître du kung-fu hanté par des souvenirs douloureux, le jeune Jaden Smith - fils de Will Smith - véritable révélation du film, qui a dû suivre un entraînement intensif pour exécuter la plupart des combats d’arts martiaux du film. L’alchimie entre le maître (Jackie Chan) et le jeune élève (Jaden Smith) est ici impeccable, et les scènes de kung-fu sont très réussies (curieusement, le film s’intitule « Karate Kid » alors que le héros fait du kung-fu, pas du karaté !). Seule ombre au tableau, le film s’avère être un peu trop long (2h19) et bourré de longueurs : l’exposition est beaucoup trop longue et on s’ennuie quelque peu pendant une bonne heure, et ce jusqu’à ce que l’histoire décolle enfin lorsque Dre commence à s’entraîner avec Mr. Han. « The Karate Kid » véhicule, comme son homologue de 1984, les valeurs du respect, du courage et de la détermination, avec une phrase symbolique dans le film : « la vie nous met à genoux, mais on peut choisir de se relever ou pas ! ». Toute la philosophie du film d’Harald Zwart tient donc dans cette phrase emblématique, évoquant la pensée du kung-fu en tant qu’art de vivre et de défense, et non d’attaque. Malgré ses longueurs et le jeu parfois agaçant et extrêmement inégal du jeune et immature Jaden Smith, qui se la joue un peu trop par moment (Will Smith et Jada Pinkett Smith étant producteurs du film, ceci expliquant cela !), « The Karate Kid » reste un bon divertissement estival, qui sait même surprendre lorsqu’il aborde un registre plus dramatique et tragique avec la scène poignante où Jackie Chan se confesse auprès du jeune Smith dans sa voiture cassée. Hélas, malgré ses bons points, le film d’Harald Zwart ne parvient jamais à égaler le film culte de John G. Avildsen. Peut-être aurait-il fallut choisir un jeune acteur plus mur et moins prétentieux pour le film ? Malgré tout, les fans de kung-fu et de Jackie Chan apprécieront certainement ce remake version 2010 !

Prévue à l’origine pour Atli Örvarsson, la musique de « The Karate Kid » a finalement été confiée à James Horner, que le réalisateur souhaitait avoir sur son film afin de retrouver un son orchestral plus proche du travail de Bill Conti sur la saga d’origine des années 80. « The Karate Kid » permet donc à James Horner de nous offrir une nouvelle grande partition symphonique assez riche et touchante, reflétant la détermination, l’honneur, le courage et le respect avec le lyrisme habituel du compositeur et son goût pour des mélodies riches et une écriture orchestrale très classique d’esprit. Le score s’élabore lentement autour d’un thème principal qui grandira tout au long du film, à l’image de l’aventure initiatique du jeune Dre et de son apprentissage du kung-fu et de ses valeurs. Dans « Leaving Detroit », on retrouve le style intimiste cher au compositeur avec quelques bois, un piano et des cordes nostalgiques et élégantes, alors que le jeune garçon quitte son Détroit natal avec sa mère en direction de la Chine. Horner en profite alors pour développer ici le thème intimiste associé au jeune Dre dans le film - thème malheureusement calqué note pour note sur la mélodie du final de « L’Oiseau de Feu » de Stravinsky (Horner retombe dans ses mauvais travers habituels !). On n’est guère loin par moment ici des harmonies de certains passages de « Deep Impact » ou « For Gillian On Her 37th Birthday », un morceau lyrique et poétique assez touchant, exprimant les adieux du jeune héros à la ville de son enfance. James Horner nous rappelle encore une fois qu’il est plus que jamais le compositeur de l’émotion. Passé un « Looking For Mr. Han » plus léger, « Kung Fu Heaven » nous interpelle par son climat de révélation émerveillée lorsque Dre découvre pour la première l’école de kung-fu et comprend enfin la voie qu’il va suivre. Le morceau nous propose une superbe envolée orchestrale assez grandiose soutenue par des choeurs synthétiques avec des harmonies qui, curieusement, ne sont pas sans rappeler un passage du « Passion of the Christ » de John Debney. La musique reste plus intimiste et quelque peu mélancolique dans « I Want To Go Home », évoquant la tristesse et les tourments du jeune Dre, qui se sent malheureux en Chine. Horner met ici l’accent sur les cordes, les bois et le piano avec une délicatesse typique du compositeur. Puis, progressivement, Horner introduit habilement quelques sonorités asiatiques dans sa partition qui deviendront de plus en plus importantes au fur et à mesure que l’histoire avancera. C’est le cas notamment dans la scène de la cité interdite dans « The Forbidden City », dont les harmonies et le contrepoint luxuriant des cordes ne sont pas sans rappeler l’esthétique de certaines musiques pour des productions de wu xia chinois.

La musique devient plus poétique et intime dans « The Lunchroom », évoquant la romance entre Dre et Mei Ying (Wen Wen Han) avec l’utilisation d’une flûte à bec, d’un koto et d’une harpe. Les sonorités asiatiques deviennent alors plus présentes, utilisées habilement au sein de l’orchestre. Le morceau se conclut d’ailleurs de façon plus dramatique et touchante avec le piano. Horner nous offre alors un premier solide morceau d’action dans « Backstreet Beating », dans lequel le compositeur renoue avec son style synthético-orchestral hérité de « Avatar » et atrocement impersonnel (où est la personnalité habituelle du compositeur dans ce genre de morceau ?). Ainsi donc, Horner accompagne la séquence où Dre affronte Cheng et sa bande dans une ruelle avec un ensemble de percussions/loops électroniques modernes qui apportent un rythme constant à la scène, avec un orchestre essentiellement dominé par les cordes et les cuivres. Hélas, si le morceau remplit son rôle par rapport à la scène, il déçoit davantage par rapport aux réelles possibilités du compositeur, qui tombe alors dans ses mauvais travers de « Avatar » en ayant recours à des rythmiques électroniques faciles qui semblent surgir de l’écurie Media-Ventures/Remote Control de Hans Zimmer (rappelons d’ailleurs que le compositeur prévu à l’origine sur ce film était justement un abonné des productions Remote Control !). Ces rythmiques électroniques seront alors très présentes dans la plupart des morceaux d’action du film, mais utilisée parfois de façon bien plus judicieuses qu’à d’autres moments. Par exemple, les loops électro sont plus modérés dans « Han’s Kung Fu » pour la scène où Mr. Han défait Cheng et sa bande après avoir sauvé Dre. A noter ici l’utilisation de flûtes chinoises et d’une shakuhachi pour évoquer le personnage de Jackie Chan dans le film. C’est aussi l’occasion pour le compositeur de dévoiler progressivement le thème principal associé à Mr. Han dans le film et au kung-fu. A noter qu’Horner utilise les synthétiseurs et les sonorités asiatiques d’une façon plus inventive dans « Ancient Chinese Medicine ».

Visiblement, James Horner a des idées et beaucoup de choses à dire sur ce film, et la fraîcheur de sa musique fait plaisir à entendre, même si l’on retrouve un peu quelques uns des défauts habituels du compositeur (un thème repiqué du répertoire classique, une utilisation impersonnelle des loops électro rappelant les points négatifs de « Avatar », etc.). Ce sont les passages plus intimistes et romantiques qui nous permettent surtout de retrouver le James Horner de l’émotion que l’on apprécie régulièrement, comme le rappelle le très joli « Beijing Valentine » ou le non moins agréable « Mei Ying’s Kiss » pour la scène du baiser entre Dre et Mei Ying. Horner développe ici le thème principal au piano et aux cordes avec une grande délicatesse, apportant une poésie certaine aux images comme le compositeur sait si bien le faire d’ordinaire sur ce type de film. On appréciera ici le classicisme d’écriture du piano et de l’orchestre, auxquels viennent s’ajouter les sonorités asiatiques pour le personnage de Mei Ying. Horner nous propose ainsi une superbe fusion entre l’orchestre occidental et les instruments asiatiques traditionnels, une rencontre réussie entre deux cultures musicales pour ce qui reste à n’en point douter l’un des plus beaux morceaux du score de « The Karate Kid ». Dans « Jacket On, Jacket Off », l’entraînement de Dre commence enfin, alors que Mr. Han lui apprend à enlever et à remettre sa veste afin d’apprendre la discipline, le respect et la détermination. A noter ici l’utilisation du piano, des cordes, d’instruments asiatiques et de choeurs synthétiques qui apportent une couleur particulière au morceau dans le film, le tout avec une certaine inventivité rafraîchissante. Les loops électro de « Avatar » sont ici repris de façon moins intéressante pour illustrer la détermination du jeune héros - des loops empruntés à des banques de son commerciales aisément accessibles à n’importe quel compositeur, dont le côté ultra impersonnel de ces sonorités et une facilité décevante de la part de James Horner, obligé lui aussi de se plier aux exigences commerciales de producteurs de plus en plus frileux et en panne d’idée.

La musique traduit alors un certain enthousiasme rafraîchissant dans « Journey To The Spiritual Mountain », alors que l’on retrouve ici des sonorités chinoises plus prononcées lorsque Han et Dre se rendent dans les montagnes sacrées. Horner nous propose ici aussi un très beau mélange entre les instruments asiatiques et l’orchestre, pour un autre passage solide et plein d’entrain dans la partition de « The Karate Kid ». A noter que l’on retrouve ici le shakuhachi cher au compositeur (une marque de fabrique du compositeur !). La musique évoque alors clairement la philosophie zen et le respect qu’impose ce lieu sacré, temple du kung-fu en Chine. Autre élément notable : l’utilisation très réussie d’une voix féminine éthérée pour la séquence où une femme est en train de faire du tai-chi face à un cobra qui reproduit tous ses mouvements, l’occasion pour Dre d’apprendre une nouvelle leçon. L’entraînement s’intensifie alors dans « Hard Training » où le thème principal revient, développé ici par les cordes sur fond d’ostinato rythmique des percussions synthétiques, mais c’est avec le magnifique « From Master To Student To Master » que la partition d’Horner atteint enfin son climax, 10 minutes d’émotion pure avec une première partie plus dramatique, sombre et lyrique évoquant les révélations tragiques d’Han à Dre, puis, l’entraînement intensif du jeune garçon qui va progressivement devenir un pro du kung-fu. Les cinq dernières minutes de « From Master To Student To Master » sont tout bonnement magnifiques, un très grand moment dans la partition de « The Karate Kid », où la musique décolle enfin et apporte à cette séquence un souffle épique et une émotion extraordinaire, entre détermination, courage et dépassement de soi. Le thème principal est alors développé ici dans son intégralité par un tutti orchestral énergique et entraînant, un très grand moment inspiré et incroyablement prenant dans la partition de James Horner, qui devrait réconcilier temporairement la musique du compositeur avec ses détracteurs !

Enfin, la partition touche à sa fin avec les deux grands derniers morceaux pour le tournoi final, avec « Tournament Time » et surtout « Final Contest », servi par son lot de percussions martiales/synthétiques, de cordes agitées et de cuivres massifs. Le morceau souligne clairement l’intensité du combat final, entre détermination, appréhension et solennité - traversé de quelques magnifiques envolées thématiques assez prenantes, avant une coda plus triomphante et émouvante. Bilan final plus que positif donc pour « The Karate Kid », nouvelle démonstration du savoir-faire d’un James Horner qui, bien qu’alignant les partitions correctes mais sans grande saveur depuis près de dix ans, parvient enfin à retrouver son souffle dans « The Karate Kid », pour lequel il renoue avec son sens aigu du lyrisme, son utilisation très personnelle des instruments ethniques solistes et son goût pour des thèmes amples et émouvants. Le James Horner de l’aventure et de l’émotion est donc de retour ici, bien plus inspiré que sur un « Avatar » en demi-teinte, qui s’avérait beaucoup trop inégal dans son contenu pour pouvoir convaincre pleinement. Ici, Horner nous livre ce qui reste l’un de ses meilleurs scores de ces dix dernières années, une partition illustrant dans le film l’idée de la détermination, de la quête initiatique pour la paix et le respect, de l’amitié, de l’amour et du dépassement de soi (avec les incroyables 5 dernières minutes de « From Master To Student To Master », nouveau tour de force magistral du compositeur !). Sans être pour autant le nouveau chef-d’oeuvre du compositeur, « The Karate Kid » n’en reste pas moins une belle réussite, là où l’on n’attendait pourtant même plus James Horner. Les fans du compositeur de « Titanic » et de « Braveheart » seront donc aux anges avec « The Karate Kid », un score qui n’a pas à rougir de la comparaison avec les travaux de Bill Conti sur la saga des années 80, à découvrir sans plus attendre !



---Quentin Billard