1-Centurion 3.06
2-Fort Attack 1.08
3-The Ninth Ride Out 3.00
4-Quintus Escapes 1.37
5-Arianne 1.10
6-The Ninth March On 1.34
7-The General Falls 2.09
8-On The Run 2.31
9-The Village 2.50
10-Funeral 1.18
11-She Wolf (Etain) 2.34
12-We Are The Prey 2.26
13-A Sacred Rite 3.24
14-Waterfall 3.41
15-Necromancer 2.58
16-Wolves 2.51
17-Battle At The Fort 3.57
18-Quintus Returns 1.01
19-The Fate Of The Ninth 2.03

Musique  composée par:

Ilan Eshkeri

Editeur:

Movie Score Media MMS-10009

Album produit par:
Steve McLaughlin, Ilan Eshkeri
Musique produite par:
Teese Gohl, Steve McLaughlin
Producteurs exécutifs de l'album:
Mikael Carlsson, Neil Marshall
Musique additionnelle de:
Felix Erskine
Coordinateur production musicale:
Elisa Kustow
Assistant production musicale:
Millie Baring
Monteur musique:
Christoph Bauschinger

Artwork and pictures (c) 2010 Pathé Productions Limited. All rights reserved.

Note: ***
CENTURION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ilan Eshkeri
Deux ans après « Doomsday », le réalisateur britannique Neil Marshall s’essaie avec « Centurion » au genre très codifié du péplum, revenu en force à Hollywood depuis le succès de « Gladiator » en 2000. Réalisateur touche-à-tout constant et inspiré, Marshall nous livre pour « Centurion » un survival intense sur fond d’empire romain et de batailles sanguinaires. Après avoir abordé l’horreur à deux reprises (« Dog Soldiers », « The Descent ») et le film d’action post-apocalyptique (« Doomsday »), Neil Marshall nous plonge cette fois-ci en l’an 117 avant J.C. L’empire romain s’étend désormais de l’Egypte à l’Espagne jusqu’à la Mer Morte à l’Est. Mais Rome rencontre un obstacle de taille : une tribu de guerriers barbares nommés les Pictes, vivant dans le nord de l’Angleterre, et qui n’ont alors eu de cesse de défier les romains à de multiples occasions. Le centurion Quintus Dias (Michael Fassbender), unique survivant d’une attaque des Pictes, décide de rejoindre la célèbre 9ème légion dirigée par le charismatique général Titus Virilus (Dominic West). La légion se prépare alors à contre-attaquer et à détruire les Pictes une bonne fois pour toute. Mais la guerre s’éternise et le conflit s’enlise et devient interminable. C’est alors que la légion est quasi entièrement décimée par une embuscade tendue par les Pictes. Le général Virilus est alors fait prisonnier tandis que Quintus et une dizaine d’autres survivants ont réussis à s’en sortir et partent délivrer le général afin de le sauver et de le ramener jusqu’aux frontières romaines. Traqués nuit et jour par la redoutable Etain (Olga Kurylenko), Quintus et ses compagnons vont devoir fuir et lutter de toutes leurs forces pour tenter de survivre. « Centurion » nous propose ainsi un pitch intéressant mêlant adroitement péplum et survival dans la lignée de « Dog Soldiers » ou « The Descent », sauf qu’ici les loups-garous et les crawlers ont été remplacés par une tribu de guerriers barbares prêts à tout pour tuer les fugitifs romains. Ici, hors de question d’imiter « Gladiator », on est plus proche d’une sorte de « The Last Legion » boosté à la testostérone et aux effets sanguinolents/gores chers à Neil Marshall. Ainsi donc, « Centurion » se rapproche par moment du cinéma radical et extrême cher au cinéaste britannique, dont la violence est omniprésente, et les effusions de sang quasi constantes. Le film vaut surtout pour ses scènes de batailles barbares, sanguinaires et incroyablement brutales, et le charme sauvage de la belle Olga Kurylenko, révélation féminine de « Hitman » et « Quantum of Solace », qui se voit enfin offrir ici un rôle à sa juste valeur, bien éloignée de ses personnages traditionnels de faire-valoir potiche pour héros masculin burné. A noter pour finir que le film porte un discours antimilitariste assez évident, et que l'utilisation d'une voix off pour le personnage de Quintus Dias apporte un côté littéraire et humain assez savoureux au film. Pari réussi donc pour Neil Marshall qui dépoussière le genre du péplum épique en le croisant au genre du survival hérité de « Dog Soldiers » et « The Descent » !

Après Mark Thomas, David Julyan et Tyler Bates, le réalisateur s’offre cette fois-ci les services d’Ilan Eshkeri sur « Centurion », pour lequel le compositeur britannique nous livre une partition orchestrale sombre et atmosphérique. L’auteur de « Stardust », « The Young Victoria » ou le récent « Kick Ass » nous offre pour « Centurion » un score d’action plutôt sombre et tendu, maintenant une certaine tension tout au long du film avec l’interprétation réussie du London Metropolitan Orchestra et d’un ensemble d’instruments évoquant la musique celtique, et plus particulièrement la harpe celtique, le bodhrán (tambour sur cadre joué avec un bâtonnet, très utilisé dans la musique irlandaise) et le carnyx (trompe verticale d’environ 2 mètres de haut en tôle de bronze, et dont le pavillon était très souvent construit sous la forme d’une hure de sanglier durant l’âge de fer celte). Le compositeur nous offre aussi tout au long de sa partition quelques vocalises envoûtantes de la soliste Celia Graham, dont la voix ethnique éthérée est associée dans le film à la redoutable Etain. Dès le générique de début, Ilan Eshkeri introduit très vite ces couleurs sonores avec les vocalises féminines ethniques sur fond de sonorités planantes et de quelques percussions, avant d’enchaîner sur le thème principal, annoncé fièrement ici par des cuivres amples sur fond de cordes et de percussions. Le thème principal est ici synonyme d’aventure et évoque clairement les péripéties de Quintus Dias et de ses confrères tout au long du film, un thème guerrier majestueux soutenu par des cuivres amples et quelques ponctuations martiales. C’est à partir de « Fort Attack » qu’Ilan Eshkeri développe son premier grand morceau d’action pour la scène de l’attaque au début du film. Les sonorités étranges du carnyx de John Kenny annoncent clairement l’attaque des troupes Pictes au début du film, l’instrument apportant une couleur primitive/guerrière incontournable dans la partition - à noter que, pour parvenir à ses fins, le compositeur a dû faire quelques recherches sur la musique celtique avant d’écrire la musique de « Centurion », le résultat est d’ailleurs assez intéressant, croisant ainsi influences musicales celtes, sonorités électroniques et orchestre symphonique traditionnel - Eshkeri basant ainsi sa thématique autour d’air de vieux folk songs traditionnels, un peu comme le fit à une certaine Miklos Rozsa sur des péplums des années 50.

Un morceau comme « The Ninth Ride Out » est assez représentatif du style de la partition de « Centurion », alternant ainsi entre sonorités celtiques, ambiances sombres et même ostinato martial inspiré de Holst pour évoquer l’avancée des légions romaines. L’action reprend le dessus dans « Quintus Escapes » et ses rythmes enragés dominés par des cuivres martiaux et des percussions tonitruantes. L’écriture orchestrale d’Eshkeri s’avère être assez soigné bien que sans grande originalité particulière - le pupitre des bois semble quelque peu mis en retrait ici. A la violence sanguinaire des scènes de bataille du film, Ilan Eshkeri répond par une musique agressive et frénétique, teintée d’orchestrations massives et de percussions acoustiques/électroniques tonitruantes. Néanmoins, le travail du compositeur sur « Centurion » ne se limite pas qu’à ses déchaînements orchestraux barbares, puisqu’il nous offre ainsi un très beau Love Theme inspiré du thème principal dans « Arianne », où la harpe celtique interprète une mélodie plus paisible et tendre sur fond de cordes, pour le personnage de la belle sorcière Arianne, et sa romance naissante avec Quintus (cf. « Necromancer »). L’action est à nouveau de mise dans « The Ninth March On » et ses rythmes martiaux/guerriers associés à la neuvième légion dans le film. La musique sait aussi se faire plus dramatique et élégiaque dans un morceau comme « The General Falls », pour la séquence de la mort du général Virilus et ses cordes tragiques. « On The Run » suggère alors la fuite de Quintus et ses compagnons, traqués par les Pictes.

Dans « The Village », Ilan Eshkeri utilise de façon plus prononcée les synthétiseurs afin de créer une atmosphère plus sombre et tendue, évoquant une sensation de danger permanent. La voix féminine de Celia Graham revient dans « Funeral » sur fond de cordes sombres et de nappes synthétiques atmosphériques. Ici aussi, la musique évoque les chants celtes traditionnels, une sorte de lamentation indissociable du personnage d’Etain dans le film. Même chose pour « A Sacred Rite », où la voix apporte un certain mysticisme aux images, sur fond de choeur synthétique mystérieux et de nappes synthétiques sombres. La voix féminine semble hanter un morceau comme « We Are The Prey », alors que la redoutable Picte se rapproche de plus en plus du groupe de Quintus et ses compagnons, l’avancée inexorable des barbares étant clairement suggérée ici par des ostinatos rythmiques des percussions et des cordes. De l’action, le compositeur nous en offre à loisir dans l’excitant « Waterfall » et ses cuivres massifs sur fond de percussions endiablées, tandis que « Wolves » met davantage en valeur le bodhrán traditionnel pour la scène de l’attaque des loups. Enfin, la partition atteint son climax pour la bataille finale dans « Battle At The Fort », superbe morceau d’action guerrier de près de 4 minutes, apportant une énergie et une fureur impressionnante à l’écran. Enfin, le thème réapparaît sous sa forme romantique à la harpe celtique dans le touchant et paisible « Quintus Returns », tandis que « Fate of the Ninth » conclut le film sur une touche plus mélancolique et ambiguë : la bataille est désormais terminée, mais la souffrance est encore là, et le destin de la neuvième légion plus que jamais incertain.

Ilan Eshkeri signe donc une partition d’action atmosphérique assez appréciable pour « Centurion ». Sans être d’une folle originalité, la musique d’Eshkeri parvient à capturer toute l’essence même du film en mélangeant donc les sonorités celtes traditionnelles avec l’orchestre et les synthétiseurs. Rien de bien surprenant donc, si ce n’est un solide travail mené par le compositeur autour de la musique celte et de ses différentes sonorités, même si l’on aurait aimé entendre Eshkeri pousser un peu plus loin son exploration de la musique celte dans le film (bien souvent, cela ne se limite donc son score qu’à de petites touches instrumentales assez brèves). Entre son thème principal ample, ses atmosphères sombres et ses déchaînements orchestraux guerriers, le score de « Centurion » devrait certainement ravir les fans d’Ilan Eshkeri, un score un peu impersonnel qui ne laissera pas un grand souvenir mais qui apporter une force considérable aux images du film de Neil Marshall et qui confirme néanmoins le fait que le jeune compositeur anglais nous réserve encore plein de bonnes choses pour l’avenir !



---Quentin Billard