1-Veni, Veni Emmanuel 3.10
2-Words of the Prophet 1.55
3-Nazareth 4.31
4-You Shall Be His Wife 1.45
5-The Annunciation 4.01
6-To Elizabeth 2.45
7-The Magi 2.02
8-Why Is It Me? 1.32
9-Corde Natus Ex Parentis 1.57
10-Return of Mary 2.24
11-I've Broken No Vow 4.52
12-Census 1.37
13-The Journey 2.42
14-Give Me A Sign 2.38
15-The Shepherd 1.43
16-And Thou Bethlehem 5.54
17-Is There A Place For Us? 2.08
18-A Star Shall Come Forth 3.11
19-I Bring You Good Tidings 1.31
20-The Strength I Prayed For 1.30
21-The Shepherd's Gift 5.12
22-In Rosa Vernat Lilium 4.47
23-Silens Nox 2.42
24-Rosa Aeterna Floret 1.29

Musique  composée par:

Mychael Danna

Editeur:

New Line Records NLR39074

Musique produite par:
Mychael Danna
Montage musique:
Richard Ford
Arrangements additionnels:
Rob Simonsen
Consultant musical:
Christopher Moroney
Textes latin et traductions:
Elizabeth Danna
Direction musicale pour
New Line Cinema:
Paul Broucek
Direction du soundtrack:
Jason Cienkus
Direction pour
New Line Records:
Jason Linn
Coordinateur soundtrack:
Sandeep Sriram
Music Business Affairs:
John F.X. Walsh

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2006 New Line Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE NATIVITY STORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mychael Danna
A une époque où le genre du film biblique semble être complètement tombé en désuétude, « The Nativity Story » (La nativité) vient rappeler avec fraîcheur que l’histoire du Christ continue même encore aujourd’hui d’inspirer les cinéastes en général. S’il existe différentes versions racontant la vie de Jésus Christ (« Jesus of Nazareth », « The Passion of the Christ », « The Last Temptation of Christ », « King of Kings », « The Greatest Story Ever Told », etc.), celle de la réalisatrice Catherine Hardwicke pour « The Nativity Story » s’intéresse plus particulièrement à la naissance de Jésus, un épisode biblique célèbre et pourtant curieusement assez peu abordé au cinéma. Le film raconte ainsi l’histoire de Marie et Jospeh. Marie (Keisha Castle-Hughes) est une jeune adolescente issue d’un milieu modeste, habitant le petit village de Nazareth. Pour échapper aux conditions de vie difficiles de sa famille et à l’impôt brutal imposé par les soldats romains du roi Hérode (Ciaran Hinds), Marie se voit contrainte d’épouser le charpentier Joseph (Oscar Isaac). Un jour, le destin du couple bascule lorsque l’archange Gabriel descend sur terre pour annoncer à Marie qu’elle portera en elle l’enfant sauveur de l’humanité. « The Nativity Story » nous propose ainsi de redécouvrir l’histoire archi connue de la nativité, racontée de façon très académique avec des acteurs relativement peu connus (à noter néanmoins des guest-stars de surprise dont l’humoriste français Tomer Sisley et l’acteur français Eriq Ebouaney dans le rôle de Balthasar). Le film reste assez pédagogique dans son approche et n’apporte rien de nouveau à ce récit mythique. Le long-métrage de Catherine Hardwicke s’adresse donc à la fois aux croyants comme aux athées qui, s’ils risquent fort de sourire devant certaines scènes religieuses un peu niaises (les apparitions kitsch de l’ange Gabriel), apprécieront la beauté des décors et du film en général. Malgré quelques défauts un peu agaçants - et notamment un côté un peu niais par moment, des rois mages à la limite du ridicule, et un méchant de bande dessinée ultra caricatural - « The Nativity Story » reste un bon divertissement que l’on recommandera essentiellement pour les fêtes de Noël et pour les passionnés de l’un des plus célèbres épisodes de la Bible.

La partition instrumentale/chorale du compositeur canadien Mychael Danna reste à n’en point douter l’un des meilleurs éléments du film de Catherine Hardwicke. Danna explique dans le livret de l’album qu’il souhaitait raconter cette histoire immortelle en utilisant différents instruments de musique appartenant à la fois à la culture européenne et à celle du Moyen-Orient. L’histoire de la nativité a ainsi influencé plus de 2000 ans de l’histoire des arts à travers le monde entier : c’est pourquoi Mychael Danna décida de relever avec ambition le défi de faire référence à des textes sacrés du passé et plus précisément aux chants religieux du moyen-âge et de la Renaissance, dont les célèbres « Cantigas de Santa Maria » d’Alfonse X de Castille qui furent chantés en Espagne entre le 12ème et le 15ème siècle, sans oublier le célèbre hymne religieux latin du 8ème siècle chanté à l’époque en France, « Veni, Veni, Emmanuel », qui ouvre le film avec une certaine grâce et une grande beauté - rappelons à l’occasion que cette mélodie originaire du répertoire médiéval grégorien a souvent été citée par divers compositeurs et plus particulièrement au 20ème siècle, dans des oeuvres de musiciens divers tels qu’Ottorino Respighi, James MacMillan ou bien encore Arvo Part. Mychael Danna a donc procédé à un véritable travail de musicologue et même d’ethnomusicologue pour parvenir à ses fins, nous livrant ainsi une partition mêlant orchestre symphonique traditionnel, chants religieux et instrumentation ethnique évoquant à la fois l’antiquité et la culture musicale du Moyen-Orient, le tout soutenu par les orchestrations de Nicholas Dodd (fidèle orchestrateur de David Arnold). En plus des nombreux talents de l’incontournable Hollywood Studio Symphony, Mychael Danna fait appel à une série d’instruments réunissant ainsi une viole de gambe, un oud, une flûte à bec, une harpe, un vielle, des percussions, une guitare, une flûte ney (dont une d’origine turque et une autre d’origine perse), et un ensemble d’instruments de l’antiquité romaine, avec la participation des talentueux musiciens du groupe de musique ancienne « Synaulia ». Quand aux parties chorales, elles sont en partie assurées par le groupe de chanteuses a cappella américaines Anonymous 4, les vocalises orientales de la chanteuse iranienne Azam Ali et la chorale du LA Zimriyah.

Dès les premières notes de l’introduction, on ressent tout le poids de cette spiritualité associée à une tradition musicale/religieuse ancestrale avec « Veni, Veni Emmanuel », introduit par la viole de gambe et un choeur d’hommes rappelant à la fois le répertoire grégorien et les premières polyphonies vocales du moyen-âge. Le chant latin est accompagné ici par la viole et un orchestre dominé par des cordes amples. Dès les premières notes de la musique, il règne cet espèce de mysticisme à la fois émouvant et prenant, tandis que la seconde partie fait appel aux flûtes ney et à leur souffle incomparable pour évoquer l’arrivée des romains du roi Hérode. A ce sujet, les passages consacrés à Hérode dans le film sont plus prévisibles mais néanmoins toute aussi impressionnants, avec un accent particulier mis sur un ensemble de percussions guerrières/martiales du plus bel effet, et des instruments évoquant à la fois l’antiquité romaine et la musique du Moyen-Orient. Ces quelques passages martiaux ponctuent la partition et permettent d’apporter un peu de relief au sein d’un score essentiellement placé sous le signe de la spiritualité et du mysticisme religieux. On reste dans le domaine de la musique religieuse médiévale dans « Words of the Prophet » avec les vocalises de la chorale juive du Los Angeles Zimriyah, tandis que « Nazareth » évoque la ville natale de Marie et Jospeh avec un chant extrait du répertoire des célèbres « Cantigas de Santa Maria » (adaptées ici en latin) brillamment interprétée par Azam Ali avec une viole de gambe, une harpe, une flûte à bec, une guitare et quelques cordes - on notera ici le soin apporté aux orchestrations, alternant ainsi cordes et jeux de soliste avec brio. Dans « You Shall Be His Wife », Mychael Danna développe un très beau thème mélancolique et intime associée à l’isolement de Marie et à sa relation naissante avec son nouveau mari Joseph dans le film, une mélodie qui alterne ici entre l’orchestre et les solistes (viole de gambe, flûte à bec, etc.). Ce thème sera d’ailleurs assez présent tout au long du film.

« The Annunciation » développe quand à lui le caractère plus religieux et spirituel de la partition avec un choeur féminin mystérieux et angélique pour l’annonce de Gabriel à Marie. Les parties romaines martiales sont reprises dans « To Elizabeth » pour évoquer encore une fois les méfaits des troupes d’Hérode, mais le morceau contrebalance l’agressivité guerrière des romains avec un jeu de soliste de qualité, entre la harpe, la flûte à bec et l’orchestre autour de mélodies évoquant ici aussi les musiques instrumentales traditionnelles du moyen-âge et de la Renaissance - on n’est guère loin par moment du style de certains passages de la partition du « Harry Potter & The Prisoner of Azkaban » de John Williams. La musique apporte au film ce sentiment de spiritualité, mais aussi d’authenticité malgré une utilisation parfois un peu trop conventionnelle de l’orchestre (on aurait aimé entendre parfois le compositeur pousser plus loin ses recherches autour du son de l’antiquité). C’est avec un certain respect que Mychael Danna évoque les rois mages dans « The Magi » où il reprend la mélodie de « Nazareth », autre thème qui sera très présent tout au long du film, et qui évoque le parcours des rois mages à travers une série de développements instrumentaux d’un chant extrait des « Cantigas de Santa Maria » traditionnelles. Le très beau thème de Marie revient aux cordes dans « Why Is It Me ? », tandis que « Corde Natus Ex Parentis » nous replonge dans le passé avec un très ancien texte latin religieux écrit par le poète lyrique espagnol Aurelius Clemens Prudentius entre le 4ème et le 5ème siècle, harmonisé ici par les cordes de l’orchestre. Le thème de « Nazareth » associé à Marie et Joseph revient dans « Return of Mary » tandis que « I’ve Broken No Vow » rappelle les doutes et les craintes de Marie lorsqu’elle annonce à son mari et ses parents qu’elle attend un enfant. Dommage qu’un morceau plus guerrier comme « Census » n’apporte pas grand chose à la partition et s’avère être plus fade, avec ses percussions sorties tout droit d’une banque de son archi utilisée jusqu’à plus soif à Hollywood, « Stormdrum » de chez East-West. On appréciera néanmoins l’apport des instruments ethniques orientaux dans « The Journey » pour accompagner avec force et détermination le périple de Marie et Jospeh vers Bethléem, tandis que « Give Me A Sign » utilise de façon plus grandiose des choeurs pour évoquer la foi naissante de Jospeh. Les voix deviennent plus présentes dans le magnifique et épique « A Star Shall Come Forth » où l’espoir devient plus présent avec ce sentiment grandiose de majestuosité et d’émerveillement lors de la naissance du Christ, un sentiment que l’on retrouve dans le non moins grandiose et épique « I Bring You Good Things », aux proportions quasi bibliques.

La partition atteint son climax sur le magnifique « In Rosa Vernat Lilium » où les choeurs et l’orchestre développent un morceau empreint d’une grandeur et d’un sentiment profond de paix et d’espérance, avec le poème latin « In Rosa Vernat Lilium » pour ce qui reste à n’en point douter un morceau extrêmement spectaculaire et émotionnellement très prenant, pour accompagner avec une force incroyable l’arrivée des rois mages autour de Marie, Joseph et Jésus (on n’est guère loin par moment du style de certains passages épiques et chorales de « Lord of the Rings » d’Howard Shore). La musique prend donc vers la fin du film une tournure réellement épique et purement grandiose, tout en délaissant l’instrumentation ethnique/médiévale du début pour utiliser quasi exclusivement les choeurs, les vocalises féminines et l’orchestre symphonique afin de renforcer la puissance symbolique et religieuse des dernières images du film (et plus particulièrement lors de la naissance du Christ, un très bel exemple de relation image/musique !). Danna utilise pour finir le très célèbre chant de Noël « douce nuit, sainte nuit » dans le magnifique « Silens Nox » pour suggérer la naissance de Jésus dans notre monde et illustrer ainsi la première nuit du Christ sur terre. N’oublions pas non plus le très beau chant latin « Rosa Aeterna Floret » pour la fin du film, ultime touche d’émotion et de grâce qui conclut en beauté une partition riche, prenante et émouvante. Mychael Danna signe donc l’une de ses plus belles partitions pour le cinéma avec « The Nativity Story », une partition assez dense et pleine d’idées, témoignant à la fois de tout le savoir-faire du compositeur dans le domaine de la musique ethnique (son principal point fort) tout en multipliant les citations à des chants religieux médiévaux en tout genre. Musique à la fois tournée vers le passé (les citations des chants latin, l’instrumentation, etc.) et le présent (les percussions guerrières issues de banques de son surutilisées à Hollywood), « The Nativity Story » est à n’en point douter une oeuvre de choix dans la filmographie de Mychael Danna, une partition magnifique d’une grande beauté qui accompagne avec une grâce incomparable l’histoire archi célèbre de la nativité, une musique inspirée qui puise donc ses racines au coeur même de l’un des plus célèbres récits de la Bible, fêté régulièrement en Europe à l’occasion des soirs de Noël. A découvrir rapidement, si ce n’est pas déjà fait !



---Quentin Billard