1-Part 1 3.44
2-Part 2 3.23
3-Part 3 4.46
4-Part 4 4.35
5-Part 5 10.59
6-Part 6 6.42
7-Part 7 10.57
8-Part 8 4.47

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Sony Classical SK 89806

Album produit par:
James Horner, Simon Rhodes

Artwork and pictures (c) 2001 Miramax Films. All rights reserved.

Note: ***
IRIS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
« Iris » est un film biographique retraçant la vie de la romancière irlandaise Iris Murdoch et sa relation avec l’écrivain et critique littéraire anglais John Bayley. Réalisé par Richard Eyre, le film débute sur la rencontre entre la jeune Iris Murdoch (Kate Winslet), née à Dublin en 1919, et le jeune John Bayley (Hugh Bonneville), tous deux étudiants à la prestigieuse université d’Oxford. Charmé par l’esprit libertin et la personnalité tortueuse et artistique d’Iris, le naïf John tombera très rapidement amoureux de la romancière et décidera de faire sa vie avec elle. Quelques décennies plus tard, le couple doit faire face à un terrible problème : Iris (Judi Dench) souffre désormais de la maladie d’Alzheimer. John (Jim Broadbent) va tenter d’aider son épouse à lutter désespérément contre la maladie. La romancière décèdera en 1999 suite à sa maladie. « Iris » est un drame intimiste qui repose essentiellement sur deux duos d’acteurs, Kate Winslet et Hugh Bonneville pour le passé, et Judi Dench et Jim Broadbent pour le présent. Construit ainsi sur deux axes temporels, le récit du film de Richard Eyre évolue lentement et privilégie davantage le jeu des acteurs que le rythme ou les rebondissements. Ainsi, difficile de ne pas ressentir quelques longueurs dans un film intimiste et émouvant mais qui manque cruellement de souffle. La réalisation de Richard Eyre reste totalement impersonnelle et l’utilisation des flash-backs n’est pas toujours maîtrisée et reste assez confuse par moment. Néanmoins, rares sont les films à avoir abordé de cette façon la maladie d’Alzheimer, un sujet délicat et finalement assez peu représenté au cinéma. De là à savoir si cela permet de faire de « Iris » un film intéressant, c’est une toute autre histoire !

La musique du film de Richard Eyre a été confiée à James Horner, qui signe une partition intimiste et mélancolique absolument typique du style habituel du compositeur, dans la lignée de « The Spitfire Grill » et « To Gillian on Her 37th Birthday ». Horner utilise pour les besoins du film l’orchestre symphonique habituel, agrémenté du lyrisme classique et élégant du violoniste Joshua Bell. Comme toujours avec le compositeur, la musique de « Iris » est basée sur un thème principal de qualité, exposé dès le début du film, associé au personnage de Kate Winslet/Judi Dench dans le film. Après une brève introduction orchestrale, le violon soliste s’empare de la mélodie principale et développe le thème avec une grâce typique de Joshua Bell (« Part 1 »). Le thème évoque à la fois le talent, la passion et le drame de la vie d’Iris Murdoch. Les harmonies sont essentiellement majeures, pleines d’espoir et d’une certaine émotion retenue. On retrouve dans « Part 1 » quelques idées mélodiques typiques du compositeur, et plus particulièrement dans l’utilisation d’un motif de 4 notes brèves au violon. « Part 2 » impose un ton plus intimiste et poignant, évoquant la relation naissante entre Iris et John au début du film. La musique se veut ici plus délicate, moins enthousiaste et lumineuse que « Part 1 ». Comme toujours avec James Horner, il y a une forme de respect, de poésie et d’intimité personnelle dans la musique, que ce soit dans le rapport aux images ou dans la musique elle-même. Horner utilise ici les bois avec quelques tenues de cordes chaleureuses. La musique évoque l’esprit et la passion d’Iris avec un sens de l’introspection et de l’émotion intime chère au compositeur. « Part 3 » s’avère être plus émouvant dans son émotion très retenue, qui souligne le drame qui commence à ronger Iris. A noter ici l’utilisation de quelques synthétiseurs, et plus particulièrement de voix synthétiques, sonorités qui ne sont pas sans rappeler certains passages de « Titanic ». Les synthétiseurs soulignent ici le caractère intemporel de cette histoire, tandis qu’Horner en profite pour développer son motif de 4 notes à travers les cordes et les bois.

« Part 5 » nous permet de réentendre le thème principal de violon à travers un long morceau de plus de 11 minutes, dans lequel Horner développe une atmosphère contemplative et dramatique toute en retenue, en adéquation parfaite avec le ton intimiste du film de Richard Eyre. Dommage cependant que la musique ne parvienne jamais vraiment à décoller (un peu comme le film lui-même). Horner développe sa partition comme une sorte de concerto pour violon et orchestre en 8 mouvements, une approche très classique d’esprit assez appréciable, mais qui déçoit par son manque d’originalité, d’idée neuve et d’ambition. Les amateurs de Horner reconnaîtront donc ici les références à « The Spitfire Grill », « A Beautiful Mind » et « To Gillian on Her 37th Birthday ». Néanmoins, difficile de ne pas se laisser séduire par le caractère contemplatif et émouvant du poignant « Part 5 », sans aucun doute le morceau-clé de la partition de « Iris ». La sensation de drame devient plus prenante dans « Part 6 » où les percussions font leur entrée, avec quelques éléments synthétiques discrets. L’orchestre rompt le caractère contemplatif des précédents morceaux et impose une certaine gravité alors que John comprend qu’Iris est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le caractère tragique de « Part 6 » aboutit alors au poignant « Part 7 », autre morceau conséquent de la partition de « Iris » dans lequel James Horner développe sur plus de 10 minutes une ambiance à la fois poétique et résignée à travers le jeu du violon et des instruments solistes qui l’accompagnent (harpe, piano, clarinette, cor, etc.), pour illustrer avec retenue et pudeur les derniers instants d’Iris à la fin de sa vie. Le compositeur nous propose alors pour « Part 8 » une brève apparition du chant populaire « A Lark In The Clean Air » suivi d’une ultime pièce pour violon et orchestre, avec un jeu plus bondissant et léger du violon de Joshua Bell.

Vous l’aurez donc compris, « Iris » est une partition poétique et pleine de pudeur, à réserver essentiellement à ceux qui ne jurent que par James Horner. La musique apporte un lyrisme tout en retenue aux images du film de Richard Eyre, s’inscrivant dans la continuité des partitions intimistes d’Horner. « Iris » reste donc en ce sens une partition assez prévisible et dénuée de surprise ou même d’originalité. Horner écrit ce qu’il sait faire de mieux, mais ne cherche jamais à se renouveler ou à proposer quoique ce soit de nouveau par rapport à son schéma compositionnel habituel. Des partitions comme « Dad » ou « The Spitfire Grill » ont su émouvoir profondément les auditeurs en leur temps en imposant une vision rafraîchissante, honnête et personnelle de la musique dramatique intimiste sur les images. Aujourd’hui, « Iris » est typiquement le genre de musique qui dévoile un James Horner à bout de souffle et à court d’idée, obligé de recycler ses formules musicales habituelles, non pas que le résultat soit forcément mauvais en soi, bien qu’il laisse néanmoins songeur quand à la qualité de l’inspiration du compositeur vis-à-vis de son propre travail pour le cinéma. Horner semble tourner en rond depuis ces 10 dernières années, et il devient de plus en plus difficile de se passionner réellement pour un score du compositeur depuis la fin des années 90 (plus précisément, depuis « Titanic », « Mask of Zorro » et « Deep Impact »). Reste que les fans absolus de James Horner apprécieront à n’en point douter le charme et la beauté poétique du score de « Iris », bien que les autres en resteront probablement sur leur faim !



---Quentin Billard