1-Jasper's Egg 1.27
2-More Icebergs...2.30
3-Stolen Eggs 2.53
4-South Pole Adventures 1.33
5-This Is Not A Game 1.59
6-He's Green! 1.08
7-Secret Agent Kakapo 1.37
8-My Little Lucifer 1.09
9-Junior's Lullaby 0.57
10-Find the Right Button 0.48
11-Lucifer's Rodeo 1.04
12-To The Rescue 0.43
13-You're the Best
Friend I Ever Had 0.47
14-I'm Sorry 0.45
15-The Egg-o-Masher 1.25
16-Are You Scared? 1.13
17-Mission Impossible 1.22
18-Finding Junior 1.42
19-The Temple of Chemistry 2.26
20-The Meltdown 4.43
21-Penguin Ambassador 4.11
22-We'll Have Another Secret Adventure 1.09
23-Preparing the Mission 2.01

Musique  composée par:

Florian Tessloff

Editeur:

Movie Score Media MMS-09019

Album produit par:
Mikael Carlsson
Musique produite par:
Florian Tessloff

Artwork and pictures (c) 2009 Toons 'N' Tales Filmproduktion GmbH. All rights reserved.

Note: ***
JASPER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Florian Tessloff
« Jasper » est un petit film d’animation allemand assez modeste, réalisé par Eckart Fingberg et Kay Delventhal et sorti en 2008. Le film est principalement destiné à un jeune public et raconte les aventures de Jasper, un jeune pingouin qui s’ennuie terriblement sur sa banquise. Selon ses semblables, le monde se résume à une étendue d’icebergs et rien d’autre : au-delà, c’est le vide total. Piqué par la curiosité et désireux d’explorer lui-même la banquise, Jasper décide de partir pour une grande aventure en compagnie de son jeune frère Junior. Il découvre alors un immense paquebot situé au-delà des icebergs et embarque à bord pour un voyage mouvementé. Jasper y fait alors la connaissance d’Emma, la petite fille intrépide du capitaine du bateau, et Kakapo, un perroquet froussard et bavard qui se trouve être un agent secret dont la mission consiste à récupérer des oeufs qui ont été dérobés par l’odieux Docteur Block. Ce dernier compte ainsi utiliser les oeufs afin de créer une nouvelle boisson diabolique censée prendre le contrôle des individus qui la boiront. Avec l’aide d’Emma, Kakapo et Junior, Jasper va devoir affronter mille dangers et vivre de nombreuses péripéties afin de déjouer les plans du sinistre Docteur Block. Le jeune pingouin espère par la même occasion qu’il pourra enfin prouver à ses semblables qu’il y a bel et bien tout un monde au-delà des icebergs. « Jasper » est donc un film animé sympathique et sans grande prétention, réalisé en 3D avec des décors en collages peints, des couleurs vives et variées, et une animation plutôt réussie. On pourra toujours reprocher au réalisateur l’utilisation d’un graphisme un peu simpliste, avec des formes rondouillardes et pas toujours très belles, mais qu’importe, « Jasper » distille avec succès un doux parfum d’aventure et d’espièglerie, une ode à l’amitié assez gentillette et sans prétention, qui ravira avant tout les enfants grâce à ses personnages attachants et ses situations rocambolesques plutôt bien trouvées - la scène où les héros tentent de récupérer les oeufs devant le chat endormi, la scène dans le lave-linge, etc.

La partition orchestrale du compositeur allemand Florian Tessloff est sans aucun doute l’atout majeur du film d’Eckart Fingberg et Kay Delventhal. Le compositeur offre à ce film animé une partition vive, légère, énergique et colorée, en jouant à fond sur les recettes musicales du genre, inspirées des musiques de films animés de John Powell ou d’Harry Gregson-Williams. Dès les premières notes de l’ouverture du film (« Jasper’s Egg »), Tessloff introduit le thème principal sautillant et espiègle associé dans le film à Jasper et son besoin de partir à l’aventure et de découvrir de nouveaux horizons. « Jasper’s Egg » s’avère être énergique, rafraîchissant et plein de vie, avec ses cordes trépidantes, ses bois sautillants et ses cuivres énergiques. Le thème principal possède ce côté à la fois espiègle et humoristique qui correspond parfaitement à l’univers coloré du film. Les orchestrations sont ici très soignées - incluant des marimbas, un instrument décidément très utilisé de nos jours dans les musiques de film animés (d’où la référence évidente aux travaux de John Powell). « Morce Icebergs » permet au compositeur allemand de développer quelques touches mickey-mousing prévisibles et sans surprise, apportant une énergie constante aux images sans apporter quoique ce soit de neuf au genre. Le marimba reste très présent dans « Stolen Eggs », avec son ambiance d’espionnage plus appréciable et ses rythmes jazzy savoureux. Florian Tessloff s’en donne ici à coeur joie et développe quelques accents de mickey-mousing en soignant tout particulièrement son orchestration (trompettes en sourdine wah-wah, petites percussions, marimba, batterie, flûtes sautillantes, bassons espiègles, etc.). Les rythmes plus énergiques de la dernière partie de « Stolen Eggs » renforcent le rapport à l’image avec brio, en mettant en avant quelques éléments percussifs ponctuels. L’aventure est au rendez-vous dans « South Pole Adventures », où la musique exprime clairement l’excitation du départ à l’aventure pour Jasper et Junior.

On appréciera l’énergie qui se dégage de morceaux tels que « This Is Not A Game » (avec ses rythmes d’action plus frénétiques et son ensemble de percussions soutenu - bongos, vibraphone, célesta, castagnettes) ou « He’s Green ! » et ses accents mickey-mousing plus enfantins et enjoués. Le compositeur semble s’en donner ici aussi à coeur joie, avec un enthousiasme constant, bien que l’ensemble paraisse extrêmement impersonnel, prévisible et dénué de la moindre originalité. « Secret Agent Kakapo » introduit quand à lui quelques touches de musique d’espionnage tendance « James Bond », pour le personnage de Kakapo. Florian Tessloff utilise plus particulièrement ici une batterie vaguement jazzy avec son lot de trompettes wah-wah un brin rétro et de touches orchestrales furtives. « My Little Lucifer » évoque le méchant de l’histoire en accentuant la sensation de danger et de tension, sans jamais tomber pour autant dans l’agressivité pure. Petite surprise, « My Little Lucifer » introduit quelques sonorités orientales inattendues et assez savoureuses, une petite fantaisiste qui contrebalance un peu le côté banal et prévisible d’une composition colorée mais qui manque un peu de folie. L’ensemble de percussions est à nouveau présent dans « Find the Right Button » ou le frénétique « Lucifer’s Rodeo » (avec son utilisation de woodblocks). L’action domine dans « To The Rescue », avec une utilisation toujours très présente des petites percussions qui, après une petite pause plus intimiste dans « You’re the Best Friend I Ever Had », culmine à nouveau dans le superbe « The Egg-o-Masher », sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux de toute la partition de « Jasper ». Le thème principal est repris ici dans une version orchestrale bondissante et dansante, incluant une série de sonorités instrumentales plus inventives - guitares en tout genre, batterie, sonorités électroniques étranges, marimba. Dommage cependant que ces quelques passages plus inventifs et fantaisistes soient finalement peu présents au sein d’une partition qui aurait certainement gagné en intérêt avec un peu plus d’idées neuves et de folie. Autre morceau absolument incontournable ici, qui fait preuve quand à lui d’une certaine imagination, « Preparing the Mission », pour les préparatifs de la mission de sauvetage de l’oeuf. Tessloff accompagne toute la scène avec un rythme dansant et quasi festif, incluant cuivres, banjo, harmonica, guitares, guimbarde, accordéon, congas, clarinettes, etc. Un vrai régal, en somme !

« Mission Impossible » prolonge cette atmosphère d’infiltration et de danger avec des orchestrations toujours aussi riches et soignées, et une utilisation constante des petites percussions qui apportent un réel plus aux images du film. Cette atmosphère d’espionnage se prolonge dans « Finding Junior », pour aboutir aux sombres et agités « The Temple of Chemistry » et « The Meltdown », avant d’aboutir au triomphant et cuivré « Penguin Amabassador » pour le retour victorieux de Jasper et ses amis sur la banquise. Au final, la partition de « Jasper » est une solide partition orchestrale vive, énergique et colorée, non dénuée d’humour, de charme et d’une certaine fantaisie, même si l’on regrettera le côté souvent trop sage et prévisible d’une partition en manque de folie, une certaine folie que l’on découvre timidement dans les excellents et survoltés « Preparing the Mission » et « The Egg-o-Masher ». Quoiqu’il en soit, le jeune Florian Tessloff (à peine âgé de 30 ans lorsqu’il compose cette musique) fait preuve d’un savoir-faire évident et démontre avec brio une maîtrise assez étonnante de l’orchestre symphonique, tout en jouant habilement sur les recettes et les codes musicaux des musiques de dessins animés, et ce pour les besoins du film d’Eckart Fingberg et Kay Delventhal. Voilà en tout cas une bien belle découverte, à recommander à tous les amateurs de musique de film animé rafraîchissante et amusante !




---Quentin Billard