1-Stanton, PA 3.33
2-Frank Barnes 2.11
3-Will's Story 1.56
4-Ned 2.08
5-Dewey 2.25
6-Not A Coaster 2.18
7-"Are You In Or Are You Out? 6.13
8-Realign The Switch 3.10
9-Galvin's Strategy 2.25
10-Playing Chicken With Trains 1.35
11-Will Guides 1206 4.06
12-The Stanton Curve 6.02
13-"Who Do I Kiss First?" 4.20

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1160

Album produit par:
Harry Gregson-Williams
Violoncelle électrique:
Martin Tillman
Programmation musicale:
Ryeland Allison
Musique additionnelle de:
Justin Caine Burnett

Artwork and pictures (c) 2010 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: **1/2
UNSTOPPABLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Dernier long-métrage très attendu de Tony Scott, « Unstoppable » s’inspire d’un fait-divers survenu aux Etats-Unis en 2001, alors qu’un train de l’Ohio avait été laissé par mégarde en marche sans conducteur et n’avait pu être stoppé qu’une centaine de kilomètres plus loin. Tony Scott reprend donc les grandes lignes de ce fait divers, et développe un suspense haletant pendant près d’1h30 de tension pure et de course contre la montre. Un jeune ingénieur des chemins de fer, Will Colson (Chris Pine), et un vieux chauffeur dur-à-cuire Frank Barnes (Denzel Washington) se retrouvent ainsi embarqués dans une véritable course contre la montre pour stopper à tout prix un train lancé à pleine vitesse sur les rails sans aucun chauffeur à bord, transportant à son bord des tonnes de produits toxiques. Si jamais le train venait à dérailler, ce serait une catastrophe totale pour les habitants et les alentours. Tony Scott reste donc fidèle à lui-même avec « Unstoppable » et nous rappelle encore une fois qu’il est un maître du film d’action mené tambour battant, à un rythme d’enfer. Du rythme et de la vitesse, voilà justement ce dont il est question sur « Unstoppable », une sorte de remake semi-avoué du « Runaway Train » d’Andrei Konchalovsky, version 2010. Entre film d’action et film catastrophe, le long-métrage nous maintient en haleine jusqu’au bout et scotchera au fond du siège n’importe quel spectateur en manque de sensation forte. Le duo formé à l’écran par Denzel Washington et Chris Pine s’avère être efficace et parfois même émouvant. Quand à la mise en scène, elle reste typique du réalisateur américain, avec ses effets de montage « clipesques » et ses plans qui ne durent jamais plus de 5 secondes quasiment. Cerise sur le gâteau, « Unstoppable » nous propose par la même occasion de découvrir un métier peu abordé au cinéma, celui des cheminots, avec son jargon explicatif savamment documenté mais un brin hermétique pour les néophytes. « Unstoppable » reste donc au final un très bon divertissement, un film d’action survolté au suspense haletant, pour les amateurs de sensations fortes !

Tony Scott retrouve à nouveau le compositeur Harry Gregson-Williams pour la septième fois sur « Unstoppable », après « Enemy of the State » (1998), « Spy Game » (2001), « Man on Fire » (2004), « Domino » (2005), « Déjà Vu » (2006) et « The Taking of Pelham 1-2-3 » (2009). Gregson-Williams signe un score d’action prévisible et sans surprise pour « Unstoppable », renouant avec son lot habituel de rythmiques électro/techno modernes et de samples synthétiques en tout genre. Rien de bien nouveau, certes, mais une énergie assez stimulante à l’écran. La musique accompagne parfaitement l’idée de la course contre la montre avec un ensemble de sonorités synthétiques/métalliques évoquant clairement le train fou que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter. Fidèle à son style synthético-orchestral hérité de l’écurie Remote Control/Media-Ventures de chez Hans Zimmer, HGW établit une atmosphère musicale appropriée dans le film, mélangeant suspense et action avec le savoir-faire habituel du compositeur. C’est donc sans surprise que l’on retrouve dans « Unstoppable » une série de sonorités et d’atmosphères musicales héritées de partitions telles que « Déjà Vu », « Man on Fire » ou bien encore le récent « The Taking of Pelham 1-2-3 ». Dans « Stanton, PA », HGW évoque le début de l’aventure avec une série de loops électro/techno ordinaires accompagnant quelques cordes annonçant déjà, de par leurs harmonies en suspend, le drame à venir. Dans « Frank Barnes », HGW dévoile son thème principal de cordes associé dans le film au personnage de Denzel Washington, un thème plus intime et mélancolique, dans la lignée du thème final de « The Taking of Pelham 1-2-3 ». Gregson-Williams utilise ici le piano et les cordes sur fond de rythmiques synthétiques entêtantes, évoquant le caractère fort de Frank Barnes. On regrettera le côté souvent envahissant des sonorités électroniques, omniprésentes et qui ont parfois la fâcheuse tendance à écraser les parties orchestrales - qui se limitent bien trop souvent au strict minimum, cordes, piano et parfois cuivres.

Dans « Will’s Story », HGW poursuit son exploration intimistes des personnages principaux de l’histoire en passant cette fois-ci du côté de Will Colson. Mais l’illustration des principaux protagonistes du récit n’empêche nullement le compositeur de maintenir ses rythmiques électroniques entêtantes, comme pour rappeler constamment l’idée de la course contre la montre. Résolument atmosphérique au début du film, la musique s’emballe alors sensiblement à partir de « Ned ». Les sonorités électro/techno deviennent plus agressives et speedées, synonyme de vitesse, de tension et de danger. Premier morceau d’action enlevé, « Ned » accompagne avec brio la séquence de l’incident du train avec son lot de guitares électriques saturées et de rythmes électro/techno tonitruants. La sensation de vitesse qui se dégage du morceau évoque clairement le train fou, un élément majeur dans le score de « Unstoppable ». On retrouve ces rythmes speed dans l’atmosphérique « Dewey » et « Not A Coaster », qui ravira à coup sûr tous les amateurs de musiques électro. La tension qui se dégage de « Not A Coaster » renforce clairement le suspense du film, idée qui aboutit au frénétique « Are You In Or Are You Out ? », dans lequel le thème principal associé à Frank Barnes est repris aux cordes sur fond d’un déluge de loops électro hard. HGW n’en oublie pas pour autant la partie plus intimiste de l’histoire en développant comme très beaux passages pour cordes et piano, évoquant l’amitié naissante entre Frank et Will. L’action se prolonge dans l’excitant et massif « Realign The Switch », où le tempo accélère un peu plus, avec toujours ces sons électroniques modernes et ces textures métalliques évoquant le train enragé et impossible à arrêter. Curiosité à relever dans le film : une séquence vers le milieu de l'histoire utilise bizarrement plusieurs morceaux du score de « Aliens vs. Predator Requiem » de Brian Tyler - qui rompt vuglairement avec le style du score d'Harry Gregson-Williams. Voilà encore une fois les dégâts habituels des temp-tracks, un fait regrettable qui rappelle à quel point cette manie, décidément plus que tenace dans la famille Scott (Ridley est aussi un expert de ce genre de chose : cf. « Alien », « Legend » ou bien encore « Kingdom of Heaven » !), n'a pas fini d'encombrer les bandes son des grosses productions hollywoodiennes !

Cette idée du train fou est reprise dans le sombre et tendu « Galvin’s Strategy », illustrant une autre tentative désespérée de stopper le train, qui se soldera d’ailleurs par un nouvel échec. HGW renvoie ses parties orchestrales au second plan en mettant toujours plus l’accent sur les rythmes électro envahissants, le tout agrémenté de quelques guitares électriques tendance rock trash. Cette idée est reprise dans le déchaîné « Playing Chicken With Trains » où l’on frôle l’électro expérimental le plus abstrait possible. HGW rappelle à quel point il maîtrise à la perfection toute sa panoplie de samples synthétiques et de banques de sons héritées de sa longue expérience au sein du studio Media-Ventures/Remote Control. Dans « Will Guides 1206 », un sentiment d’espoir tente de surgir timidement, alors que Will Colson va tout faire pour sauver la situation. Enfin, « The Stanton Curve » accompagne la séquence finale pendant près de 6 minutes d’action d’une grande intensité, avec son lot de sonorités électro expérimentales, d’effets de filtre et de samples déformés. Enfin, « Who Do I Kiss First ? » ramène le calme avec un ultime morceau intimiste et apaisé reprenant le thème principal une dernière fois, entre cordes, piano et rythmiques électroniques. Le rythme semble avoir été le maître mot d’Harry Gregson-Williams sur « Unstoppable ». Si le résultat de la musique à l’écran est indiscutable, on ne pourra malheureusement pas en dire autant du résultat musical en lui-même. Fonctionnelle et prévisible, la musique de « Unstoppable » déçoit par son recours facile aux rythmes synthétiques modernes et à son manque cruel d’imagination. Difficile de trouver quoique ce soit d’intéressant dans ce score, en dehors du thème principal et de quelques passages d’action. Le problème vient surtout ici de cette fâcheuse impression d’entendre de plus en plus un HGW en mode autopilote, alignant les scores d’action fonctionnels sans grande imagination, alors qu’il fut pourtant une époque où le compositeur avait su se montrer plus inspiré sur des films tels que « Enemy of the State » ou « Spy Game ». Son travail sur « Unstoppable » reste fonctionnel et tout à fait quelconque, fade et sans surprise. Du coup, on ne retiendra pas grand chose de ce score à réserver en priorité aux aficionados d’Harry Gregson-Williams !



---Quentin Billard