1-Freddy's Coming For You 4.28
2-Main Title 2.35
3-Missing Pictures 2.22
4-Rufus? 1.34
5-Quiet Drive 1.48
6-Jesse And Kris 1.08
7-Jesse And The Police 2.50
8-You Smell Different 2.14
9-A Man Named Fred Krueger 5.03
10-Research 2.22
11-It's Hot In Here 3.12
12-The School 0.52
13-Where The Monster Lives 4.51
14-Wake Me Up 4.55
15-Boo 1.06
16-Like It Used To Be 5.32
17-One More Nap 2.44
18-Jump Rope 0.20

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Sony 88697718382

Score produit par:
Steve Jablonsky
Musique additionnelle de:
Clay Duncan, Jay Flood

Artwork and pictures (c) 2010 New Line Cinema. All rights reserved.

Note: ***
A NIGHTMARE ON ELM STREET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
Remake modernisé d’un grand classique du cinéma d’épouvante des années 80, « A Nightmare on Elm Street » (Les griffes de la nuit) permet au réalisateur Samuel Bayer de nous replonger dans l’univers angoissant et claustrophobique du film d’origine de Wes Craven sorti en 1984. La saga des « Freddy » a donné lieu à de nombreux opus de qualité parfois douteuse, sans oublier un crossover sorti en 2003, « Freddy vs. Jason ». Produit par Michael Bay - après « Texas Chainsaw Massacre », « Amityville », « Hitcher » et « Friday the 13th » - « A Nightmare on Elm Street » offre l’opportunité au génial Jackie Earle Haley de succéder à Robert Englund dans le rôle du célébrissime Freddy Kruegger, serial-killer qui hante les cauchemars de pauvres adolescents américains sans défense. L’histoire reste quand à elle similaire à celle du film de Wes Craven : un groupe d’ados, Nancy, Kris, Quentin et Dean habitent dans la rue d’Elm Street dans une banlieue résidentielle américaine moyenne. Cela fait maintenant depuis quelques temps que ces cinq personnes sont quotidiennement hantés chaque nuit par un même cauchemar, dans lequel Freddy Krueger, un individu défiguré vêtu d’un pull rouge et vert lacéré, les attaque à l’aide de sa main droite gantée munie de quatre longues griffes d’acier tranchantes. Ce « Nightmare on Elm Street » version 2010 n’apporte donc rien de nouveau à la saga Freddy, si ce n’est la présence de Jackie Earle Haley dans le rôle du sinistre croquemitaine (révélé dans l’intense « Watchmen » de Zack Snyder en 2009). Le film de Samuel Bayer insiste davantage sur les origines du monstrueux croquemitaine, là où le film de 1984 jouait davantage sur la suggestion et le mystère entourant la création du monstre. Plus sombre et plus torturé que la version de Wes Craven, « A Nightmare on Elm Street » tombe hélas très vite dans une routine horrifique ennuyeuse dans laquelle chaque péripétie sanguinolente ou terrifiante est immédiatement annihilée par un caractère prévisible et téléphoné assez insupportable. Malgré quelques nouvelles idées intéressantes et de bons effets spéciaux, « A Nightmare on Elm Street » échoue dans la catégorie navet horrifique et ne réussit jamais à atteindre l’intensité du film original de 1984, la faute à un manque d’idée de la part du réalisateur et à un casting fort décevant, malgré l’excellente interprétation du terrifiant Jackie Earle Haley. Téléphoné, lisse, prévisible et trop sage, ce Freddy 2010 ne laissera donc aucun souvenir particulier. Dommage !

La musique de « A Nightmare on Elm Street » a été confiée à Steve Jablonsky, transfuge de l’écurie Media-Ventures/Remote Control de chez Hans Zimmer, connu surtout pour ses travaux pour « Steamboy » et « Transformers ». Jablonsky renoue ainsi sa collaboration à une production horrifique signée Michael Bay après avoir écrit les musiques de « Texas Chainsaw Massacre » (premier et deuxième opus), « Amityville », « Hitcher » et « Friday the 13th ». Hélas, si Jablonsky a pu témoigner d’un certain savoir-faire dans le domaine mélodique pour « Transformers », ses musiques pour les films d’horreur produits par Michael Bay ont toujours été extrêmement décevantes et sans aucune imagination particulière. Malheureusement, le score de « A Nightmare on Elm Street » ne viendra pas contredire ce bien triste constat. Le score de Jablonsky utilise l’orchestre traditionnel agrémenté d’une pléiade de synthétiseurs, loops et autres samples électroniques sans grande imagination : toutes les banques de son habituelles du compositeur sont donc passées ici en revue de façon prévisible. Jablonsky réutilise brièvement pour le début du film le célèbre thème de Charles Bernstein pour le film d’origine, thème qui, malheureusement, ne sera pas repris par la suite. « Freddy’s Coming For You » introduit alors les principales couleurs orchestrales du score : des voix enfantines lointaines évoquent l’idée du croquemitaine qui hante les cauchemars des jeunes ados, tandis que des sonorités graves et obscures des synthétiseurs installent une sensation de malaise et de tension dès le début du film (à noter l’utilisation de sons enregistrés rapidement à l’envers pour créer un climat troublant). Jablonsky introduit alors son thème principal, une mélodie mystérieuse qui se rapproche quelque peu de celle de Charles Bernstein, avec son ensemble de nappes synthétiques, cordes sombres et voix d’enfant dont l’innocence et la légèreté apparente est très rapidement tempérée par un environnement sonore glauque et oppressant. Le générique de début permet alors au compositeur de développer ce thème (« Main Title ») qui sera associé tout au long du film aux méfaits sanguinaires du sinistre Freddy Krueger, dans un climat à la fois mystérieux, sombre et envoûtant - à noter l’utilisation réussie d’un violoncelle soliste accompagnant les cordes, les voix d’enfants et les synthétiseurs atmosphériques.

Le thème continue de hanter la partition de « A Nightmare on Elm Street » au début de « Missing Pictures », comme pour rappeler l’omniprésence du monstrueux Freddy, créature des cauchemars qui se nourrit des rêves des adolescents. Jablonsky évoque le monde onirique en ayant recours à un travail de sound design soutenu mais lisse, prévisible et sans surprise. Comme toujours, son utilisation de l’orchestre reste fade et bien décevante, même si l’on est finalement loin de la mélasse sonore irritante et laborieuse de « Texas Chainsaw Massacre ». « Rufus » fait alors monter la tension en évoquant un autre méfait du croquemitaine par le biais de contrebasses dissonantes, cordes stridentes et nappes synthétiques macabres. Jablonsky instaure rapidement à l’écran un sentiment de malaise et de tension par un mélange adroit entre cordes dissonantes et synthétiseurs atmosphériques et obscurs. On retrouve ces passages sinistres et oppressants vers la fin de « Quiet Drive » ou « Jesse and Kris » et ses rythmiques électro plus soutenues, agressives et tendues. Jablonsky conserve par ailleurs cette approche à la fois atmosphérique et rythmique dans les morceaux de terreur comme « Jesse and the Police » ou le sombre « You Smell Different », dans lequel le motif de Freddy revient hanter la musique du film de Samuel Bayer. Ici aussi, Steve Jablonsky n’hésite pas à basculer dans l’atonal pure et dure en élaborant une partition dissonante, sinistre et oppressante adéquate dans le film, mais aussi très fonctionnelle et décevante sur l’album. Les morceaux se suivent de façon répétitive dans le film et se ressemblent tous. Certains effets restent extrêmement convenus comme les enchaînements harmoniques liés aux mystères entourant les origines de Freddy dans « A Man Named Freddy Krueger ». Jablonsky utilise une série de deux accords rappelant curieusement certains passages du score de « The Sixth Sense » de James Newton Howard, avec le retour des arpèges de violoncelle envoûtants du début, sur fond de choeurs d’enfants. Malgré ses influences évidentes, « A Man Named Fred Krueger » reste malgré tout l’un des meilleurs morceaux du score - ironiquement, l’un des rares morceaux qui ne cherche pas à susciter la terreur ou le suspense par le biais d’une mélasse sonore synthétique !

Les choeurs d’enfants reviennent dans « Research », associés au passé troublant de Freddy Krueger et les origines du mal qui fera de lui un monstre. La terreur prend alors le pas de façon plus simplette et décevante dans le bruyant « It’s Hot In Here » pour une scène où les jeunes ados sont poursuivis en rêve par Freddy. Les atmosphères à suspense de « Where The Monster Lives » permettent au compositeur de retrouver par touche l’ambiance mystérieuse et envoûtante des arpèges de cordes quasi Herrmanniennes de « A Man Named Freddy Krueger », tandis que « Boo » repart dans l’action et les percussions électroniques habituelles, débouchant sur le long et intense « Like It Used To Be » pour la confrontation finale, sans oublier un remix rock/électro trash du thème principal dans « One More Nap » pour le générique de fin du film. Steve Jablonsky nous offre donc un score horrifique sinistre et moderne pour le long-métrage de Samuel Bayer, un score sans surprise et fonctionnel mais non dénué d’intérêt pour autant. Le problème vient surtout ici de l’absence totale d’originalité et d’idée neuve. Jablonsky tourne en rond dans ses atmosphères électroniques qu’il réutilise constamment d’un score horrifique à un autre (sans oublier des orchestrations très pauvres et d’une platitude irritante), nous livrant ainsi des musiques parfaitement adéquates dans les films mais interchangeables à l’extrême. Hélas, « A Nightmare on Elm Street » ne déroge guère à la règle, même si les fans du compositeur et les amateurs d’atmosphères oppressantes, mystérieuses et macabres apprécieront le travail de Steve Jablonsky sur ce remake 2010 des aventures sanguinaire du sinistre Freddy Krueger.



---Quentin Billard