1-Main Title 2.18
2-Fight Ejection 3.45
3-History Lesson 2.40
4-Learn From Casey 1.30
5-Theatre Massacre 2.40
6-Painful Past 1.49
7-Masazuka Turns 2.51
8-Mother Theme 1.31
9-Sensei Killed 5.19
10-Casey's Solemn Duty 1.14
11-Dart To Da Neck 1.10
12-Police Station Melee 4.18
13-Namiko in Trouble 3.57
14-Whoopass Latte 1.43
15-Yoroi Bitsu History Lesson 0.51
16-Casey the Ninja 4.50
17-Ninja Honor 3.49
18-Namiko's Waltz 1.22
19-End Credits 3.39

Musique  composée par:

Stephen Edwards

Editeur:

Movie Score Media MMS-10019

Producteur exécutif album:
Mikael Carlsson
Supervision musique:
Selena Arizanovic
Montage album:
Mikael Carlsson, Stephen Edwards
Assistants compositeur:
Eric Jasper, Michael Pelavin

Arwtork and pictures (c) 2010 Millenium Films. All rights reserved.

Note: **1/2
NINJA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Stephen Edwards
Série-B d’action produite par Nu Image Films (le studio d’un ancien de la Cannon, Avi Lerner, spécialisé dans le cinéma d’action bon marché généralement produit pour le marché de la vidéo), « Ninja » rappelle le bon vieux temps des films de ninja produits à tout va au cours des années 70/80, et plus particulièrement aux USA et aux Philippines (cf. les nanars fauchés de Menahem Golan et ceux de Godfrey Ho, tant adulés par les amateurs du site Nanarland). Réalisé par Isaac Florentine en 2010, « Ninja » met en scène Scott Adkins dans le rôle de Casey, un occidental qui étudie les arts martiaux dans une prestigieuse école japonaise. Un jour, Masayuki, un ancien élève de l’école qui a été banni par le Sensei, fait à nouveau surface et massacre les étudiants. Masayuki, qui travaille désormais pour le compte d’une mystérieuse secte meurtrière connue sous le nom de « Temple », est à la recherche de l’armure sacrée de Yoroi Bitsu, une arme ancestrale aux pouvoirs illimités. Le Senseï demande alors à Casey, son meilleur élément, de mettre l’armure en sécurité à New-York en compagnie de sa fille, Namiko. Casey et la fille du Senseï vont devoir affronter un gang d’assassins aux ordres de Masayuki et des fanatiques de l’organisation du Temple. Le film d’Isaac Florentine reste au final assez divertissant malgré un scénario convenu et maigrichon, qui n’est qu’un prétexte à une série de combats musclés et violents. Ainsi donc, « Ninja » vaut surtout pour la qualité des chorégraphies de combat, plutôt réussies- on appréciera par exemple l’affrontement dans le métro ou la bagarre finale dans les rues de New-York- mélangeant arts martiaux traditionnels et fusillades explosives. Elément curieux dans l’histoire, le méchant ninja porte une combinaison technologique ultramoderne qui lui permet de voir dans le noir et d’utiliser des armes plus modernes. On regrettera simplement le manque d’énergie de certaines scènes et le manque de développement du personnage féminin de Namiko, qui passe son temps à se prendre des coups dans le film comme une vulgaire débutante (c’est pourtant la fille d’un grand Senseï d’une prestigieuse école d’arts martiaux japonais !). Néanmoins, « Ninja » devrait ravir les fans de film de ninja traditionnel pour la qualité de ses scènes d’action et son rythme soutenu.

La musique de Stephen Edwards apporte un certain punch au film d’Isaac Florentine. Edwards est un spécialiste des musiques de séries-B et autres direct-to-video fauchés (il a débuté sa carrière en collaborant sur des musiques de Richard Hartley et de John Scott pour le film « Lionheart ») tout en ayant un pied dans le monde de la musique classique (il a notamment composé un « Requiem », plusieurs pièces de musiques religieuses et des oeuvres symphoniques et vocales). La partition orchestrale du film « Ninja » permet au jeune Stephen Edwards de rappeler à quel point il semble être particulièrement à l’aise dans le registre de la musique d’action. Le score repose sur un thème principal introduit dès le début du film dans le traditionnel générique de début (« Main Title »). Tous les principaux éléments du score sont déjà mis en place : rythmique synthétique, guitare électrique, instruments aux consonances asiatiques (flûte en bambou, tambours taïkos, sample ethnique, etc.) et partie orchestrale habituelle. Il est cependant regrettable d’entendre ici les mêmes banques de son qu’on nous rabâche à longueur de journée dans les musiques au cinéma et à la télévision : un peu de renouveau ne ferait certainement pas de mal. Le thème principal est associé au héros incarné dans le film par Scott Adkins, Casey, et évoque l’idée des valeurs, de l’honneur et des traditions que représente le ninja dans l’histoire. La musique devient plus sombre et dramatique avec « Fight Ejection » pour le départ de Masayuki, où l’orchestre devient plus présent, toujours mélangé aux parties ethniques aux consonances japonaises. A noter ici l’utilisation d’un motif dérivé des notes du thème principal, motif que Stephen Edwards développera tout au long du film, notamment dans les passages d’action. Un morceau comme « History Lesson » est quand à lui plus représentatif de la partie ethnique/asiatique du score, avec une utilisation réussie des instruments japonais traditionnels, toujours métissés aux instruments de l’orchestre symphonique - cordes et cuivres principalement, ainsi que plusieurs percussions.

« Learn From Casey » introduit un intéressant travail autour des tambours taïkos traditionnels et des effets de souffle de la flûte shakuhachi pour renforcer à l’écran les décors asiatiques du film - le Japon, les arts martiaux traditionnels, l’art ancestral ninja, le Senseï et son temple. Et c’est avec « Theatre Massacre » que l’action prend enfin le pas, avec des effets orchestraux plus sombres et dissonants - le problème provenant hélas du caractère parfois un brin envahissant des samples qui semblent avoir été déjà entendu des milliers de fois auparavant dans ce type de musique (les samples de chant dysphonique qui rappellent le travail d’Alan Silvestri sur « Tomb Raider 2 », etc.). « Painful Past » apporte un peu d’émotion avec un ensemble partagé entre bois, cordes et piano, avant de céder à nouveau la place à l’action dans « Masazuka Turns » et ses sonorités asiatiques plus sombres. Stephen Edwards nous introduit un nouveau thème plus intime et mélancolique dans « Mother Theme », pour évoquer le passé douloureux de Casey, un thème qui permet de nuancer le caractère plus sombre de la composition du film « Ninja ». Avec « Sensei Killed », Edwards nous offre un solide morceau d’action de plus de 5 minutes pour la scène où Masayuki tue le Senseï au cours d’un duel particulièrement violent. Dommage qu’ici aussi, l’orchestre soit trop souvent noyé sous des tonnes d’effets synthétiques et de sonorités ethniques un peu répétitives. Edwards s’essaie même à la musique électro/rock moderne le temps d’un « Dart to Da Neck » plus fun, pour l’arrivée de Casey aux USA, avant de revenir à l’action dans « Police Station Melee » - et ses développements du motif principal, noyé sous un lot de percussions ethniques/synthétiques endiablées, parfois très connotées « musique de série-B d’action à budget modeste ». Même chose pour le sombre « Namiko in Trouble » ou l’agressif « Casey the Ninja » pour l’affrontement final, avant une conclusion plus imposante dans « Ninja Honor ».

Stephen Edwards signe donc un score d’action fonctionnel et prévisible pour « Ninja », un score qui, à défaut d’apporter quoique ce soit de nouveau au genre, renforce les images du film d’Isaac Florentine bien que l’ensemble manque cruellement d’idée, d’originalité, d’inspiration. Edwards se contente bien trop souvent de recycler les formules musicales habituelles du genre, en usant et abusant de tous les trucs connus - banques de son abondamment utilisées dans les musiques d’action, percussions ethniques sans surprise, orchestre limité trop souvent à un mélange cordes/cuivres/percussions à la limite du kitsch et clairement orienté « musique modeste de série-B ». Le manque d’ambition du compositeur laisse parfois ici à désirer, tant on aurait aimé entendre des choses plus incisives et originales à l’écran, mais le résultat est ce qu’il est, et la partition musicale de « Ninja » ravira toujours les fans des films de ninja, et ceux qui apprécient les musiques d’action modernes aux consonances asiatiques traditionnelles. Pour les autres, ce n’est certainement pas avec ce « Ninja » tout à fait dispensable et ultra fonctionnel que l’on pourra considérer Stephen Edwards comme faisant partie de la cours des grands.




---Quentin Billard