1-Forest Presence 1.26
2-Cabin Meeting 4.00
3-Raising Timothy 2.49
4-Huguenot 2.37
5-Varek Arrives 1.50
6-Gunfight 3.45
7-Legend 4.10
8-Feeding 2.41
9-Lake 3.04
10-Hospital Battle 5.49
11-Red Moon 4.11
12-Can't Go Back 1.55
13-Cat Returns 1.35
14-Jonas's Trap 2.34
15-Midnight 5.28
16-Transformation 2.09
17-Epilogue 1.45
18-Braintoy : Destitutorial 3.32*

*Ecrit par Devin Gasteiger,
Brett FitzGerald, Riley O'Connor,
Christian Anderson
Interprété par BRAINTOY
Produit par Rob Sanzo.

Musique  composée par:

Andrew Lockington

Editeur:

Movie Score Media MMS-07008

Score produit par:
Andrew Lockington
Orchestré et conduit par:
Nicholas Dodd
Producteur exécutif album:
Mikael Carlsson
Monteur musique:
Kevin Banks
Assistant du compositeur:
Lucia Favarin

Artwork and pictures (c) 2006 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***
SKINWALKERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Andrew Lockington
Annoncé au départ comme un film de loup-garou, « Skinwalkers » échoue malheureusement dans la catégorie du nanar raté, une série-B modeste totalement aseptisée, la faute à une production frileuse qui, pour obtenir un classement PG-13, a dû couper la plupart des scènes de violence et d’effusions de sang. Au final, le réalisateur James Isaac nous livre un film de loup-garou totalement plat, lisse, insipide et sans la moindre goutte de sang - non pas que cela soit une qualité intrinsèque, mais c’est au moins ce que l’on est en droit d’attendre d’un film de loup-garou (un genre généralement très sanguinolent pourtant !). L’histoire reste quand à elle extrêmement sommaire : deux gangs de loups-garous se mènent une guerre sans merci pour mettre fin à une ancienne prophétie qui va bientôt se réaliser. Un jeune garçon nommé Timothy (Matthew Knight) est sur le point de fêter son treizième anniversaire en compagnie de sa mère Rachel (Rhona Mitra), son oncle Jonas (Elias Koteas), sa cousine Katherine (Sarah Carter) et son petit-ami Adam (Shawn Roberts). Mais ce que Rachel et Timothy ignorent encore, c’est que le jeune garçon est au coeur de la prophétie : il détient la clé qui pourrait mettre fin à la malédiction des loups-garous à tout jamais. Jonas et les autres membres de la famille sont eux-mêmes des loups-garous et protègent le secret depuis la naissance de l’enfant, jusqu’au jour où le gang du redoutable Varek (Jason Behr) retrouve leur trace et va tout faire pour tenter d’assassiner Timothy et de mettre fin à la prophétie. Avec un scénario maintes fois rabâché au cinéma, des acteurs sans charisme (Rhona Mitra, habituée aux nanars d’action, Jason Behr qui cachetonne, Elias Koteas qui s’ennuie, Kim Coates qui ferait bien de changer un peu de registre, etc.) et une totale aseptisation de la violence rendant le film quasi tout public (un comble pour un film de loup-garou), « Skinwalkers » ennuie plus qu’il ne divertit, et ce ne sont pas ses quelques modestes scènes de fusillades et de combat qui viendront relever le niveau.

La musique de « Skinwalkers » a été confiée au jeune compositeur canadien de 33 ans Andrew Lockington, qui n’en était alors quasiment qu’à ses débuts lorsqu’il signa en 2006 la musique du film de James Isaac. Pourtant, Lockington n’en était pas à son premier coup d’essai avec « Skinwalkers » puisqu’il travaille depuis 1997 pour le cinéma canadien et américain principalement (citons par exemple les musiques de « Cake », « Xchange » ou bien encore « Saint Ralph »). « Skinwalkers » est sa première partition qui a reçu l’honneur d’une édition CD chez le label MovieScore Media, et qui permit ainsi au jeune compositeur d’être remarqué et d’obtenir des projets plus ambitieux comme les récents « Journey to the Center of the Earth » ou « City of Ember ». Lockington a acquis une partie de son expérience en travaillant en tant qu’assistant du compositeur Mychael Danna sur des partitions telles que « 8mm », « Heart in Atlantis » ou « Girl Interrupted », des projets sur lesquels Lockington s’est familiarisé avec l’orchestration, la direction d’orchestre et la musique ethnique non occidentale. C’est ainsi que le jeune compositeur nous offre finalement pour « Skinwalkers » un score résumant toutes les différentes facettes du compositeur, fruit de son expérience passée aux côtés de Mychael Danna. Lockington opte ainsi pour une approche orchestrale traditionnelle et plutôt ordinaire, à laquelle viennent se greffer quelques éléments synthétiques et des sonorités ethniques diverses. Dès le début du film, « Forest Presence » assoit clairement les ambitions du compositeur en développant une série de nappes synthétiques sombres sur fond de cuivres, de rythmiques électroniques modernes et de sonorités japonaises (shakuhachi, tambours taikos, etc.). Ce sont d’ailleurs les tambours taikos traditionnels qui créent ici le rythme et reviendront tout au long du film lors des morceaux d’action.

« Cabin Meeting » développe un ton plus intimiste et émotionnel avec un ensemble de cordes et quelques bois (hautbois, etc.) tout en évoquant une menace de plus en plus proche par le biais d’un sample de son grave et manipulé que l’on a depuis réentendu dans certaines partitions pour le cinéma (notamment dans un morceau de « Drag Me To Hell » de Christopher Young). Les cordes instaurent alors un rythme plus pressant, Lockington soignant plus particulièrement ses orchestrations en créant un dialogue rapide et vif entre les bois et les cordes, tandis que les cuivres instaurent une tension discrète mais présente. Les loups-garous de Varek se rapprochent et la musique le suggère parfaitement à l’écran. Andrew Lockington opte par moment pour une écriture plus classique d’esprit comme « Raising Timothy » et sa très belle écriture pour cordes et hautbois, évoquant le lien entre Timothy et sa mère Rachel dans le film. Le compositeur nous propose même un très joli duo pour hautbois évoquant le rapport mère/fils avec une sobriété touchante et bienvenue, sans être d’une grande originalité pour autant - on regrettera le côté souvent impersonnel et sage du score, qui manque radicalement d’un petit grain de folie. Lockington développe ici le thème principal, doux et intimiste pour la partie plus humaine de l’histoire, tandis que les sonorités sombres associées aux troupes de Varek reviennent dans « Huguenot » avec le sample grave repris de « Cabin Meeting ». Pour le compositeur, la distinction entre les deux clans loup-garou est clairement établie dans la musique : sonorités orchestrales classiques et plus épurées pour Jonas et la famille de Timothy (comme au début de « Huguenot ») et sonorités électroniques/ethniques plus sombres pour les troupes de Varek (comme dans « Varek Arrives »). C’est simple, peu original, mais à l’écran, cela fonctionne parfaitement.

Lockington nous prouve par la même occasion qu’il maîtrise aussi la musique d’action avec « Varek Arrives » et ses cuivres dissonants sur fond de rythmique synthétique modernes, ou le solide « Gunfight » pour la scène de la fusillade dans les rues de la ville. Le thème principal est à nouveau repris bien que difficilement perceptible à la première écoute dans le film car peu mis en valeur, malgré de nombreux développements orchestraux. On appréciera surtout ici la force du pupitre des cuivres, un élément typique des morceaux d’action de « Skinwalkers » (et qui deviendra une marque de fabrique du compositeur dans ses partitions suivantes, et plus particulièrement dans « Journey to the Center of the Earth » et « City of Ember »). Lockington nous propose aussi quelques sonorités électroniques intéressantes basées sur des manipulations d’instruments anciens. Dès lors, la musique évoluera ainsi entre action, tension et suspense selon les différentes situations du film. On appréciera par exemple l’alternance d’ambiances dans « Legend » ou la brutalité de « Feeding » et ses sonorités synthétiques inquiétantes associées à la soif de sang des loups-garous, sans oublier d’autres morceaux d’action incontournables comme la scène de la fusillade dans l’hôpital (« Hospital Battle ») ou celle de l’affrontement final (« Transformation »). Andrew Lockington signe donc un solide score d’action/suspense pour « Skinwalkers », retranscrivant avec un savoir-faire évident l’affrontement des deux clans de loup-garou à travers une musique guère originale et encore très impersonnelle, mais qui possède néanmoins de bonnes idées tout en annonçant un jeune talent en passe de devenir un compositeur assez prometteur.



---Quentin Billard