1-Opening Chase 1.12
2-Main Titles 0.57
3-Happy Couple 0.58
4-Sartet in ICU 0.49
5-Ventilator 1.13
6-Sleeping 0.43
7-Ransom Demand 1.59
8-Nadia Held 2.54
9-Breaking Out Part 2 3.07
10-Werner Takes Over 1.52
11-Sartet Showers 2.47
12-Fabre Killed 2.01
13-Flashback 1.29
14-Subway Foot Chase 6.24
15-Abandoned Warehouse 2.30
16-Panic in the Streets 2.57
17-Searching for Nadia 5.20
18-Sartet Captures Werner 0.56
19-Nadia and Samuel Escaping 2.11
20-Janitor Room 1.38
21-New Baby 1.46
22-Werner's Humiliation 1.20

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

LabelZero no number

Produit par:
Klaus Badelt

(c) 2010 Gaumont/LGM Productions/TF1 Films Production. All rights reserved.

Note: **
A BOUT PORTANT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
Après le remarquable « Pour Elle » sorti en 2008 (qui a eu droit à un remake hollywoodien avec « The Next Three Days » de Paul Haggis), le réalisateur français Fred Cavayé revient à l’action avec « A bout portant », thriller haletant interprété par Gilles Lelouche, Roschdy Zem et Gérard Lanvin. Samuel (Lelouche) et Nadia (Elena Anaya) forment un couple harmonieux. Lui est en passe de devenir infirmier, elle est enceinte de plusieurs mois. Un soir, Samuel aperçoit alors un mystérieux inconnu sur le point de tuer l’un des patients de l’hôpital dans lequel il travaille. Parce qu’il a été témoin de cette tentative de meurtre, Samuel est brusquement agressé un jour chez lui : les criminels kidnappent alors sa femme sous l’oeil impuissant de Samuel. A son réveil, la sonnerie d’un portable retentit : un inconnu lui explique alors qu’il a trois heures pour faire sortir de l’hôpital l’homme qu’il a sauvé de justesse, mais qui est placé sous surveillance policière : Hugo Sartet (Roschdy Zem). Prenant son courage à deux mains, Samuel n’a pas le choix et doit faire sortir Sartet de l’hôpital : ce dernier est un bandit recherché activement par tous les services de police. Il a trois heures pour accomplir sa tâche, s’il espère revoir sa femme en vie. « A bout portant » reste un polar frenchy plutôt réussi - chose rare de nos jours dans le cinéma français - servi par le même sens du rythme et de l’action déjà présent dans « Pour Elle ». Hélas, le scénario passe-partout et prévisible reste l’un des principaux points faibles du film, et la réalisation, aussi soignée et sobre soit-elle, ne parvient pas à rehausser le niveau d’un script alignant les clichés et les invraisemblances, le tout procurant un fort sentiment de déjà-vu. Dans un registre quasi similaire, « Pour Elle » avait au moins l’intelligence de se démarquer du cinéma d’action hollywoodien pour proposer une intrigue plus humaine où le seul but n’était pas juste d’aligner scènes de poursuite, bagarres et séquences à suspense. « A bout portant », lui, ne propose rien d’autre qu’une simple intrigue hitchcockienne de kidnapping et de course contre la montre, à l’instar de bon nombre de productions musclées outre-Atlantique. Dommage aussi que le personnage de Gilles Lelouche finisse par se faire radicalement éclipser dans la seconde partie du film par celui de Roschdy Zem, une inversion de rôles pas vraiment bienvenue et fort mal exploitée. On s’attendait donc à mieux de la part de Fred Cavayé !

A la musique, on retrouve Klaus Badelt, décidément fort réclamé par le cinéma français depuis ses partitions pour les films « Pour Elle », « Le Petit Nicolas », « L’Arnacoeur » ou bien encore « L’immortel ». C’est d’ailleurs la seconde fois que Fred Cavayé fait appel aux services du compositeur autrichien après une musique à la fois sombre et émouvante pour son premier long-métrage « Pour Elle » en 2008. A l’instar de ce précédent travail, Badelt signe pour « A bout portant » une musique assez similaire d’esprit, mêlant action et suspense sans grande originalité. Le style reste aussi similaire de bout en bout, mélangeant orchestre et percussions synthétiques traditionnelles et sans surprise. Dès le début du film, Badelt annonce la couleur sans la moindre équivoque : « Opening Chase » illustre la course poursuite introductive à grand renfort de cordes agitées et de percussions synthétiques/loops électro frénétiques. Le problème, c’est que Badelt semble avoir écrit ce genre de musique d’action générique un nombre incalculable de fois, et que sa composition ressemble parfois à une musique de série-TV policière fonctionnelle et sans grande saveur. Très vite, la musique évolue vers un style atmosphérique plutôt fonctionnel dans le « Main Titles » alors que Badelt tente d’introduire timidement un semblant de thème intimiste dans un « Happy Couple » plus apaisé, évoquant les jours heureux pour le couple Samuel/Nadia, le calme avant la tempête. Quelques accords nostalgiques de cordes suffisent à évoquer la tranquillité du couple, tranquillité bientôt menacée par la tension de « Sartet in ICU » et son utilisation plus marquée de samples et de rythmiques électroniques modernes. L’action démarre alors dans « Ventilator » avec ses loops électro omniprésents - dans la lignée de « L’immortel » et « Pour Elle » - et ses cordes staccatos prévisibles. Point faible du score : le thème intimiste, timidement amorcée dans « Happy Couple » et repris au piano dans « Sleeping », a bien du mal à trouver sa place tout au long du récit, si bien qu’il finit par devenir quasi inexistant, là où le thème poignant de « Pour Elle » avait été davantage valorisé sur les images comme sur l’album.

Le score de « A bout portant » se limite donc bien trop souvent à du suspense atmosphérique dans la lignée de « Ransom Demand » et un amoncèlement répétitif de loops électro insipides, qui évoquent un sentiment d’urgence et de danger dans le film, de façon ultra prévisible. Dommage aussi que le compositeur ait parfois recours à des samples orchestraux plutôt ‘cheap’ pour les cordes, comme c’est le cas dans « Breaking Out Part 2 » (scène de l’évasion de l’hôpital), qui renforce le côté musique de téléfilm d’action à bas budget. L’action se prolonge dans « Werner Takes Over » et ses percussions électroniques omniprésentes ou l’agressif « Sartet Showers », qui rappelle à quel point la musique de Klaus Badelt doit beaucoup à l’écurie Media-Ventures/Remote Control de chez Hans Zimmer. Les morceaux se suivent et se ressemblent, avec une uniformité assez lassante sur l’album, comme dans le film. A l’écran, la musique apporte néanmoins son lot de tension et d’action sans faire des miracles pour autant. Les amateurs de musique d’action fonctionnelle made in Badelt apprécieront sans aucun doute la déferlante de percussions synthétiques du frénétique « Subway Foot Chase » pour la poursuite dans le métro parisien, ou celles de l’intense et agressif « Searching for Nadia » pour la longue séquence de traque dans le commissariat de police vers la fin du film. Vous l’aurez donc compris, c’est un Klaus Badelt en mode autopilote qui nous propose une nouvelle déferlante d’action musicale pour « A bout portant », un score prévisible, ordinaire et parfois un brin cheap, qui ressemble étrangement aux musiques de séries TV policières américaines (ou même françaises) dont la télévision nous abrutit systématiquement de nos jours. Triste constat pour un Badelt que l’on a pourtant connu bien plus inspiré, obligé de verser dans du fonctionnel pur sur des productions action frenchy finalement aussi peu inspirées que les musiques elles-mêmes.



---Quentin Billard