1-Main Title 3.26
2-Dempsey Arrives in Scotland 1.38
3-Introducing the Locals 0.26
4-Dempsey Windsurfs 2.57
5-The Expedition Prepares 2.06
6-The Keeper of the Loch 3.42
7-Isobel's Nessie Impressions 2.29
8-Isobel Throws a Stick 0.47
9-Local Antagonism 2.21
10-Dempsey Displays the Myth 3.31
11-Invitation to Dinner 1.16
12-She's Lonely, Too 0.29
13-Adrian on the Pier 1.03
14-Nice Eyes 1.39
15-You'll Be Leaving in the A.M. 1.16
16-We're Going Out Again 4.37
17-One of the Family 0.25
18-He Left Here Yesterday 1.27
19-The Fight 1.00
20-A Present for Mr. Dempsey 2.17
21-In Search of the Kelpie 1.30
22-Nessie 3.33
23-Searching for Issy 0.49
24-Laura and Dempsey Argue 2.46
25-London 1.44
26-Where's Waldo? 2.09
27-Return to the Highlands 6.31

Musique  composée par:

Trevor Jones

Editeur:

Perseverance Records PRD 007

Album produit par:
Robin Esterhammer
Musique produite par:
Trevor Jones

Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1996/2005 Metro-Goldwyn-Mayer Inc. All rights reserved.

Note: ****1/2
LOCH NESS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Jones
Le mythe de la créature du Loch Ness a inspiré le cinéma bon nombre de fois. On ne compte plus les films relatant cette légende d’une façon ou d’une autre. Citons par exemple « The Secret of the Loch » (1934), « The Private Life of Sherlock Holmes » (1970), « The Loch Ness Horror » (1981) ou bien encore « Beyond Loch Ness » (2008. Pour découvrir les origines de cette légende, il faut remonter en 565 avec les témoignages du moine irlandais Saint Colomban, qui fut le premier à parler de la mystérieuse créature du Loch, surnommée « Nessie ». Le film « Loch Ness », sorti en 1996 et réalisé par John Henderson, relate encore une fois cette fameuse légende dans un long-métrage d’aventure plutôt gentillet et sans grande prétention. Parce que sa carrière bat sérieusement de l’aile, le professeur américain John Dempsey (Ted Danson) se voit confier une mission de la dernière chance par son supérieur hiérarchique : aller sur les rives du Loch Ness en Ecosse afin de prouver qu’il n’y a aucune créature dans le lac. L’université dans laquelle il travaille lui accorde alors beaucoup de moyens pour mener à bien sa mission. Mais arrivé sur place, Dempsey se heurte rapidement à l’hostilité des habitants, qui ne voient pas sa présence d’un très bon oeil et le considèrent davantage comme un américain arrogant et trop sûr de lui. Dempsey est hébergé dans l’auberge de la jolie Laura McFetridge (Joely Richardson) et se lie d’amitié avec sa petite fille Isabel (Kirsty Graham). La mission de Dempsey n’aboutit à rien de concret et le scientifique s’apprête donc à repartir bredouille aux Etats-Unis, mais la petite Isabel en sait bien plus qu’elle ne veut le dire, et pour Dempsey, se sera l’occasion de bouleverser ses convictions et de vivre une aventure extraordinaire. « Loch Ness » est un petit film d’aventure plutôt ordinaire et sans grand éclat. Le film, prévu à l’origine pour une sortie au cinéma, devint finalement un téléfilm extrêmement couteux (près de 12 millions de dollars de budget), plus particulièrement à cause des effets spéciaux du Jim Henson’s Creature Shop. Hélas, les effets ont bien vieilli et le film, pourtant captivant durant toute sa première partie, tombe finalement dans les bons sentiments. Dommage donc, car ce qui commençait comme une intrigue captivante et prenante échoue finalement en romance bon enfant et en divertissement familial tendance Walt Disney. Reste la beauté des décors écossais et un sympathique duo formé par Ted Danson/Joely Richardson.

La partition symphonique de Trevor Jones reste à n’en point douter l’élément le plus mémorable du film de John Henderson. Le compositeur s’est particulièrement surpassé sur ce film, écrivant carrément l’une des meilleures partitions pour le cinéma. Le score de Trevor Jones utilise toutes les ressources habituelles du prestigieux London Symphony Orchestra, agrémenté d’un groupe d’instruments solistes réunissant l’EWI (Electronic Wind Instrument), instrument fétiche du compositeur présent dans bon nombre de ses oeuvres, sans oublier plusieurs instruments celtiques dont le violon fiddle, la penny whistle, le fifre, la guitare, l’accordéon et le bodhran, un tambour sur cadre traditionnel joué avec un bâtonnet, très présent dans la musique irlandaise. Le score de « Loch Ness » s’articule autour d’une pléiade de thèmes inspirés que nous livre un Trevor Jones visiblement très enthousiaste sur ce film. Le thème principal, qui est au coeur même de la partition, est digne des plus grandes mélodies du compositeur, une mélodie ample, majestueuse, prenante, grandiose et émouvante, un thème magnifique emprunt d’un sentiment de noblesse, d’aventure et d’émerveillement, dans la lignée des grands thèmes d’aventure de « The Last of the Mohicans », « Cliffhanger », « Merlin » ou bien encore « Dinotopia ». Exposé dès l’ouverture du film (« Main Title »), le thème évoque à la fois la beauté incomparable du Loch écossais et l’idée de l’aventure et de la découverte. On retrouve ici un tic d’orchestration typique de Trevor Jones, une trompette qui joue la mélodie tout en étant doublée par les cordes. La seconde partie du « Main Title » dévoile déjà un thème secondaire plus mystérieux qui sera assez présent tout au long du film, exposé ici de façon plus nuancée avec l’EWI sur fond de harpe et de cordes. Le thème principal reste présent au début du film lors de l’arrivée de Dempsey en Ecosse (« Dempsey Arrives in Scotland », « Dempsey Windsurfs »), tandis que Trevor Jones en profite déjà pour introduire lentement les autres thèmes du score. Ainsi, les décors écossais ont droit à leur propre motif dans « Introducing the Locals » pour lequel Jones nous livre une gigue traditionnelle qui rappelle beaucoup les danses irlandaises folkloriques, avec l’ensemble des instruments celtiques. A noter que le compositeur a su éviter le cliché facile des sempiternelles cornemuses, qu’il utilise néanmoins à deux ou trois reprises de façon lointaine et extrêmement subtile. Le deuxième thème du score apparaît dans « Dempsey Windsurfs », un thème plus lyrique et intime dont la mélodie, gracieuse et élégante, rappelle vaguement certaines mélodies celtiques populaires. Ce thème plus sobre et lyrique sera associé à la jeune Isabel et son amitié avec Dempsey tout au long de l’histoire. On notera d’ailleurs l’aisance habituelle avec laquelle Jones développe ses différents thèmes afin de les adapter à chaque sentiment ou émotion des scènes concernées, qu’il s’agisse d’un passage intime ou d’une envolée aventureuse plus grandiose.

« The Expedition Prepares » est l’un des premiers temps forts de la partition de « Loch Ness ». Le morceau grandit en intensité tout au long de la première scène d’expédition sur le Loch, à la recherche des traces éventuelles de la créature. Comme toujours avec Trevor Jones, les orchestrations sont extrêmement riches et soignées, l’accent étant constamment mis sur les bois, la harpe, les cordes et quelques cuivres. « The Expedition Prepares » dévoile à nouveau quelques éléments celtiques traditionnels sur fond de reprise ample et majestueuse du thème secondaire, qui devient ici un thème majeur d’aventure et de découverte après avoir été un thème plus intime lors de l’arrivée de Dempsey dans le pub de Laura et sa fille Isabel au début du film. « The Expedition Prepares » possède ce sentiment de départ à l’aventure et de détermination tout bonnement prenant et exaltant, mélangeant les touches celtiques avec la grandeur des cuivres du London Symphony Orchestra. Le thème lyrique d’Isabel revient dans sa version plus intimiste dans « Isobel’s Nessie Impressions » avec une très belle pièce pour vibraphone, harpe, bois et EWI. Trevor Jones glisse même quelques rythmes d’action plus enragés dans « Local Antagonism », pour évoquer les passages où Dempsey s’attire des ennuis en rencontrant l’hostilité de la population locale. On retrouve vaguement dans « Local Antagonism » quelques rythmes de cuivres/percussions martelés qui ne sont pas sans rappeler certains passages de « Cliffhanger ». Autre moment fort dans la partition de « Loch Ness », l’incontournable « Dempsey Dispels The Myth », un grand moment musical de plus de 3 minutes pour la séquence où l’on retrouve un Dempsey plus déterminé que jamais, prêt à tout pour faire la lumière une bonne fois pour toute sur le mythe de Nessie. Jones reprend encore le thème d’Isabel qui devient ici un thème d’aventure et de détermination, juxtaposé à un troisième thème entendu depuis la fin du « Main Title » et associé aux mystères du Loch Ness. Jones en profite aussi pour développer un motif en rythmes ternaires à l’EWI que l’on pouvait déjà entendre au début de « The Expedition Prepares », une sorte de motif d’expédition qui trouve ici sa place tout au long du morceau. La bonne idée du morceau vient de l’utilisation inattendue d’un groupe d’instruments plus « américain » d’esprit, avec batterie, guitare basse et saxophone. Le morceau augmente en intensité tout au long de la scène, illustrant la détermination de Dempsey avec son côté « américain tête-brulée » que le réalisateur tente alors de faire ressortir lors de cette séquence-clé du film.

La seconde partie du film alterne alors entre intimité, passages sombres, aventure et émotion. Ainsi, « Invitation to Dinner » calme temporairement le jeu avec ses cordes plus apaisées, tandis que « Adrian on the Pier » nous permet d’entendre des cornemuses lointaines qui semblent surgir des profondeurs du Loch. Plus romantique d’esprit, « Nice Eyes » nous propose une très belle reprise du thème lyrique pour piano, bois et cordes, un morceau particulièrement touchant évoquant la romance naissante entre Dempsey et Laura dans le film. Idem pour « You’ll Be Leaving in the A.M. » avec sa guitare soliste d’une infime douceur, qui rappelle parfois le thème du score de « Dominick & Eugene » (1988) de Trevor Jones. Le thème plus mystérieux du Loch Ness revient dans « We’re Going Out Again » à l’EWI, alors que Dempsey semble ne pas avoir dit son dernier mot, et repart une troisième fois sur le Loch en compagnie d’Adrian. Ici aussi, l’action pointe à nouveau le bout de son nez, avec un morceau d’action cuivré particulièrement puissant et agressif, lorsque le bateau des deux scientifiques coule après avoir heurté une créature sous-marine (cf. un autre morceau d’action bref mais très prenant, « Searching for Issy »). Le motif celtique de l’Ecosse revient dans « The Fight » tandis que « In Search of the Kelpie » et « Nessie » accentuent le sentiment de mystère et de découverte, avec une reprise ample et puissante du thème principal mémorable pour la découverte de la créature du Loch. L’histoire se conclut après le solennel et très britannique « London » et ses traits orchestraux imitant la musique classique anglaise, tandis que le thème principal revient une dernière fois dans « Where’s Waldo » avant la très belle conclusion romantique de « Return to the Highlands » et la chanson du générique de fin.

Bilan plus que positif donc pour « Loch Ness », pour lequel Trevor Jones signe l’une de ses meilleures partitions pour le cinéma, un score majeur qui remportera certainement l’adhésion du public béophile grâce à la force et la qualité de ses thèmes, l’émotion et l’enthousiasme de la musique dans le film, un film certes anecdotique, mais qui semble avoir inspiré malgré tout le compositeur, retranscrivant avec passion les décors écossais grandioses du long-métrage de John Henderson et l’aventure de ce scientifique en quête de vérité autour du célèbre mythe du monstre du Loch Ness. Voilà en tout cas un score incontournable dans la filmographie de Trevor Jones, à découvrir sans plus attendre !



---Quentin Billard