1-You're Not Real 5.43
2-Dewey in the Morning 0.29
3-Cheating on my Diet/
Woodsboro 2010 2.50
4-When You Let Someone Go 1.35
5-It's My Rental 1.35
6-You Were Busy 1.08
7-Which Closet? 4.32
8-Working Together 1.22
9-You Are The Message 3.13
10-Everything's Under Control 1.16
11-I Know How You Feel 2.29
12-Cameras Obscured 1.32
13-Gail and Ghostface 1.04
14-Don't Spoil It 4.26
15-The After Party 2.46
16-I Got It Right 3.56
17-Your Ingenue Days Are Over 5.44
18-The After-After Party 3.15
19-Touch and Go 2.50
20-Don't Spoil It Part 2 3.57
21-Sid's Advice 1.52

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 083 2

Produit par:
Marco Beltrami
Producteur exécutif:
Robert Townson
Producteur de l'album:
Richard Glasser
Co-producteur du score:
Buck Sanders
Musique additionnelle de:
Marcus Trumpp, Brandon Roberts,
Dennis Smith, John Paesano

Monteur musique:
Ben Schor

Artwork and pictures (c) 2011 Dimension Films. All rights reserved.

Note: **
SCREAM 4
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Alors que l’on croyait la saga définitivement bouclée avec un « Scream 3 » bien décevant, sorti en 2000, l’infatigable Wes Craven (en petite forme depuis ces cinq dernières années) rempile pour un quatrième épisode que l’on n’espérait même plus. Ainsi, « Scream 4 » vient ajouter une pierre à un édifice déjà bien bancal depuis le troisième épisode, qui avait surtout été gâché par un script médiocre d’Ehren Krueger. C’est pourquoi le réalisateur a tenu à ce que Kevin Williamson, scénariste des deux premiers opus de la saga, revienne sur « Scream 4 ». Alors que l’on croyait le slasher-movie moribond et définitivement enterré, Wes Craven ressuscite le genre avec un panache intact pour une dernière aventure sanguinolente (apparemment, la der des ders si l’on en croit les faibles résultats du film au box-office U.S.). 10 ans après les événements du dernier épisode, Sidney Prescott (Neve Campbell) est de retour dans sa ville natale de Woodsboro pour la promotion de son nouveau livre. Mais son passé la rattrape alors qu’un nouveau tueur portant le costume de Ghostface entre en scène et multiplie les victimes de façon alarmante. Avec l’aide de sa jeune cousine Jill (Emma Roberts), et de ses inséparables amis, le couple Gale (Courteney Cox) et Dewey (David Arquette), nouveau shérif local, Sidney va devoir à nouveau affronter un tueur fou aux ambitions plus modernes : cette fois-ci, les règles vont changer. « Scream 4 » reprend donc toutes les formules habituelles de la saga, abordant encore une fois le thème du film dans le film, avec une série de mises en abîme intéressantes bien qu’un peu trop exagérées par moment. On sent clairement que Wes Craven a voulu trop en faire dès l’introduction du film, où l’on ne sait plus si l’on regarde « Stab » ou « Scream » : trop de mise en abîme tue la mise en abîme. Passé cette introduction un brin lourdingue, le film s’avère être plutôt honnête et réussi dans son propos : certes, les scènes de meurtre ne sont pas très neuves (avec quelques plans gores sympas), les séquences à suspense non plus, tout comme la galerie habituelle des ados américains « new generation », mais le film tient ses promesses jusqu’au dénouement final inattendu et tout à fait cohérent vis-à-vis des thèmes abordés dans l’histoire : course à la célébrité, cinéma qui s’inspire de la réalité qui s’inspire du cinéma, utilisation des médias modernes pour faire parler de soi (twitter, facebook, blog), etc. Le casting, quasi exclusivement composé de jeunes stars de séries TV (Emma Roberts, Hayden Panettiere, Alison Brie, Adam Brody, etc.), s’avère être plutôt bien pensé, face aux trois vétérans de la saga campés par Neve Campbell, David Arquette et Courteney Cox, un trio que l’on retrouve toujours avec un certain plaisir, bien qu’ayant pris un petit coup de vieux avec 10 ans de plus.

Marco Beltrami rempile pour la quatrième fois à la musique de ce nouvel opus, 11 ans après le troisième épisode. Une première écoute de la musique dans le film nous permet clairement de retrouver un style similaire aux trois précédents scores, bien qu’une petite nouveauté fasse curieusement ici son apparition : l’utilisation de samples orchestraux. Apparemment, Beltrami a disposé d’un budget bien moins conséquent sur ce film, l’obligeant ainsi à avoir recours en grande partie à des samples synthétiques cheap imitant des sons d’orchestre. Cette technique peut se concevoir aisément sur une production télévisée à budget modeste, mais sur un gros film comme « Scream 4 », cela laisse douloureusement songeur ! Le compositeur, qui n’avait pas abordé le registre de la musique horrifique depuis plusieurs années (genre qui l’a pourtant lancé à ses débuts), renoue avec l’univers musical de « Scream » dès les premières secondes de l’introduction, « You’re not Real » : 5 minutes de suspense et de terreur pure alternant entre cordes glaciales et sinistres, percussions meurtrières, cuivres dissonants et effets sonores glauques. On retrouve aussi un motif harmonique de cordes hérité des précédents scores, qui nous renvoie clairement dans le Woodsboro des premiers épisodes. Hélas, le morceau est quelque peu gâché par des samples de cordes cheap qui se trahissent d’eux-mêmes lors des passages staccatos stridents. L’écriture orchestrale reste quand à elle similaire aux précédents scores, avec des orchestrations très soignées et pleines de petits détails - comme toujours chez Beltrami - mais malheureusement gâché par le côté cheap des samples orchestraux. Le morceau se conclut de façon plus tragique avec l’utilisation de choeurs dramatiques rappelant la fin de l’introduction de « Scream » et « Scream 2 ». A noter que Beltrami s’est entouré cette fois-ci d’une armée de compositeurs additionnels sur « Scream 4 », réunissant ainsi Marcus Trumpp, Brandon Roberts, Dennis Smith et John Paesano - fait habituel chez Beltrami, qui a de plus en plus tendance à déléguer une partie de son travail à des « ghostwriters » (on est loin de la passion des premiers opus, sur lesquels Beltrami avait encore tout à prouver !). Et pour ceux qui en douteraient encore, il faut signaler que les crédits de l’album ne mentionnent aucun orchestre ni aucun orchestrateur, ce qui prouve aisément que l’ensemble de la musique a été en partie interprétée sur des synthétiseurs, d’où le côté cheap et décevant de la musique.

La thématique du score est elle aussi particulièrement décevante : outre le fait que Beltrami n’a incorporé aucun nouveau thème à sa partition, les anciens thèmes sont très peu utilisés voire quasiment absents. Restent les habituels riffs de guitare basse associés à Dewey dans le film et toujours calqués sur le « Broken Arrow » de Hans Zimmer (que Wes Craven avait utilisé depuis « Scream 2 »), mais là aussi, la paresse évidente du compositeur est d’autant plus rageante que le compositeur semble ne jamais vouloir trouver des solutions nouvelles et préfère imiter le style et les sonorités du thème de Zimmer plutôt que d’apporter de nouvelles solutions. C’est le cas lors de l’apparition du personnage de David Arquette dans le film dans « Dewey in the Morning ». Le thème mélancolique et poignant de Sidney est à nouveau présent, mais hélas extrêmement peu développé et assez mitigé dans le score. Pour le reste de la musique, on alterne entre les rythmiques électroniques habituelles reprises des précédents scores (« Woodsboro 2010 »), le suspense glauque et dissonant (« It’s My Rental », « You Are The Message ») et les déchaînements orchestraux de terreur pure (« Which Closet ? », « Everything’s Under Control », « Don’t Spoil It, Part 2 »). Rien de bien neuf donc, la musique apportant néanmoins une agressivité spectaculaire et intense lors des scènes d’attaque de Ghostface, intensité malheureusement gâché par la qualité quelconque des samples orchestraux. Certains passages comme « Cameras Obscured » ou « Gail and Ghostface » (et ses traits de cordes atrocement cheap !) traduisent clairement à l’écran l’idée du jeu et de la souris entre Ghostface et ses malheureuses victimes, mais l’ensemble déçoit bien souvent par son manque d’idée, d’originalité et de prise de risque. Pire encore, certains passages trahissent un manque évident de singularité, une singularité musicale qui paraissait pourtant si moderne et si personnelle dans les premières partitions de Marco Beltrami pour la saga. Même certains passages plus intimes et mélancoliques comme « You Were Busy » n’apportent rien de bien intéressant au film comme à l’album. Marco Beltrami semble avoir définitivement dit tout ce qu’il avait à dire sur le registre des musiques horrifiques, et son travail sur « Scream 4 » traduit un manque évident d’ambition et de passion, la singularité chère aux premiers scores horrifiques du compositeur cédant sa place à la paresse, à la facilité - et aux samples orchestraux cheap qui semblent surgir tout droit d’un répertoire de démos MIDI ! Dans le film, la musique apporte terreur et suspense avec une efficacité et un professionnalisme indiscutable, mais demeure figé dans un caractère fonctionnel inadmissible de la part d’un compositeur qui a pourtant prouvé plus d’une fois qu’il savait faire bien mieux que cela ! « Scream 4 » reste donc un énorme gâchis et une source immense de frustration pour ses fans, une opportunité ratée pour un compositeur qui semble avoir définitivement tourné le dos à ce style de musique qui, visiblement, ne l’inspire plus du tout !



---Quentin Billard