Magnifique film italien couvert de récompenses, 'La Vita è bella' (La vie est belle), du très passionné Robert Benigni, est un double hymne à l'amour et à la vie. L'histoire raconte comment un jeune italien, Guido, tombe amoureux d'une institutrice d'école avec qui il aura un enfant. La seconde partie du film, tragique, se déroulant dans un camp de concentration nazi en 1943, illustre en fait la vie de Guido et de son jeune fils dans le camp, Guido faisant tout pour faire croire que tout ceci n'est en fait qu'un gigantesque jeu, lui cachant en fait l'horreur de leur réalité afin de conserver son innocence. La grande réussite du film de Benigni aura donc été d'avoir su évoquer un sujet grave (les camps de concentration nazis durant la guerre de 39/45) sur le ton de la légèreté et de l'humour, mais sans jamais tomber dans l'humour noir malsain ou dans la moquerie morbide, bien loin de là. Evidemment, le film a suscité quelques polémiques sur la façon de Guido de montrer la vie dans les camps de concentration à un jeune enfant innocent, une vision évidemment édulcorée bien que le film nous fasse clairement prendre conscience de l'horreur de la situation. Quoique l'on puisse penser de Robert Benigni et de son nouveau chef-d'oeuvre, on ne peut qu'acclamer et apprécier ce formidable hymne à la vie de la part de l'un des plus brillants cinéastes italiens d'aujourd'hui, lui-même fou amoureux de la vie!

Pour le merveilleux film de Benigni, Nicola Piovani, compositeur italien peu connu jusqu'à présent (qui a publié notamment 'Concerto Rota 1997', dans lequel il a écrit un concerto pour piano et différentes interprétations des oeuvres italiennes du grand Nino Rota, compositeur entre autre de 'La Strada' ou 'Le Parrain'), a composé une musique tout à l'image du film: un double hymne à l'amour et à la vie, tout deux suggérés dans les deux thèmes de la partition de Piovani. 'Buon giorno principessa' annonce d'entrée le magnifique thème d'amour, véritable hymne de tendresse et de beauté à l'amour, très chantant, avec mandoline/piano/cordes et divers instruments comme la flûte à bec et même la présence discrète de l'accordéon. Ce thème représente à la fois l'histoire d'amour que vit Guido mais aussi l'idée de l'hymne à l'amour du film, avec un thème d'une grande sensibilité.

Le deuxième thème du film est 'La vita è bella', thème en forme de petit tango, très italien dans l'âme, pour divers instruments, très enjoué, représentant la douce joie de vivre de Guido et l'hymne à la vie du film, tout comme l'indique à la fois le titre du film et le titre du morceau. Ces deux thèmes suffisent à assurer à eux seuls tout l'intérêt de la musique de Piovani, qui va répéter tout au long du film ces deux mélodies qui trouveront de multiples apparitions tout au long du déroulement de l'histoire. Piovani a aussi composé de la 'source music' avec les pièces de danse que l'on entend notamment dans la scène de l'hôtel avec le mariage de 'la princesse' de Guido avec un fasciste italien. 'Grand Valse Hotel', 'Grand Hotel Fox' ou bien encore 'Danza Etiope' sont des parfaits exemples de 'source music' originale composé par Nicola Piovani.

Le reste de la BO est beaucoup plus sombre, comme la deuxième partie du film, c'est la vie et l'horreur dans le camp de concentration nazi. La musique de Piovani se veut plus sombre, plus froide, menaçante, marquant la triste réalité et l'horreur de leur situation. 'La Notte di Fuga' représente la scène où Guido tente de fuir hors du camp. Toute la musique de la seconde partie est en contraste, à l'instar du film, avec la première partie. C'est la cruauté et la souffrance qui sont ici représenté, la connerie humaine, l'intolérance, la haine, le racisme qui sont évoqués à la fois dans le film et dans la musique. C'est pour cette raison que l'atout majeur de la musique de Piovani est d'avoir sut si bien évoquer ces différentes idées avec une pudeur touchante, une émotion retenue toute en finesse.

Avec deux thèmes principaux, Piovani nous livre une composition de qualité pour 'La vita à bella', une oeuvre d'une grande sensibilité, possédant une âme très italienne, une musique sensible, peut être moins puissante émotionnellement qu'une bonne musique d'Ennio Morricone ou de Nino Rota, mais une oeuvre qui mérite en tout cas sa récompense de 'meilleure musique de film' en 1997. Après avoir écouté une partition aussi charmante et aussi émouvante, on ne peut que se dire que la vie est décidément très belle!


---Quentin Billard