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1-Creation 2.27
2-The Ghost Pavane 2.31 3-Unity In Form 2.26 4-Cunning Gunning 2.15 5-Pleasure Perfect 4.44 6-To Emma 4.51 7-Partly Part 5.56 8-The Treatment At Malvern 2.21 9-A Struggle For Survival 3.27 10-The Giant Sloth Of Punta Alta 1.46 11-Fuegian Children 2.05 12-You've Killed God, Sir 2.47 13-Knowing Everything I Now Know 5.15 14-Humility And Love 6.22 Musique composée par: Christopher Young Editeur: Lakeshore Records LKS 34121 Album produit par: Christopher Young, Flavio Motalla Monteur musique: Thomas Milano (c) 2009 Recorded Picture Company/BBC Films. All rights reserved. Note: **** |
CREATION
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Christopher Young
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Nouveau long-métrage du très prolifique Jon Amiel, « Creation » s’inspire de la biographie du célèbre Charles Darwin écrite par Randal Keynes et retrace le parcours du célèbre naturaliste anglais dans son écriture difficile de « L’origine des espèces », tout en évoquant un épisode plus intime de sa vie et plus particulièrement sa relation avec sa fille Annie (Martha West). « Creation » permet à l’acteur britannique Paul Bettany de nous offrir un véritable rôle de composition à travers ce portrait dramatique et réaliste de Darwin, nous livrant un personnage complexe, torturé et fragile, hanté par le souvenir fantomatique de sa fille Annie et sa volonté de rédiger l’ouvrage qui allait révolutionner à jamais toutes les théories biologiques, à savoir la fameuse « théorie de l’évolution » et la pensée selon laquelle chaque espèce vivante a évolué au cours du temps à partir d’un seul ou plusieurs ancêtres communs grâce au processus de la sélection naturelle. Le film se regarde avec un certain intérêt malgré quelques longueurs, abordant plusieurs thèmes comme l’opposition habituelle entre la science et la religion, la souffrance liée à la perte d’un être cher, etc. « Creation » reste un biopic plutôt réussi bien que très académique, privilégiant curieusement l’histoire intime de Darwin plutôt que l’histoire avec un grand « H ». Du coup, le film bascule à de nombreuses reprises dans le mélodrame et met curieusement de côté l’histoire trouble du processus de création de « l’origine des espèces ». A trop vouloir naviguer entre petite et grande histoire, Jon Amiel accouche finalement d’un film captivant mais bancal, qui doit surtout à l’interprétation émouvante et forte de Paul Bettany et de Jennifer Connelly qui forment un couple rongé par la souffrance d’un être perdu. Mais on était quand même en droit d’attendre quelque chose de bien plus engagé et polémique !
Jon Amiel retrouve à nouveau son grand complice de toujours, Christopher Young, qui signe là sa cinquième partition musicale pour un film du réalisateur britannique. Avec « Creation », Chris Young revient cette fois-ci à un registre plus lyrique et dramatique, à des années lumières du massif et spectaculaire « The Core » (2003). Le score de « Creation » utilise l’orchestre symphonique habituel accompagné d’un violon soliste et d’un piano annonçant le thème principal associé aux recherches de Darwin (« Creation »). Ce magnifique thème de violon rappelle le lyrisme mélancolique de « The Hurricane », « The Shipping News » ou « Murder in the First », l’occasion pour le compositeur de nous rappeler qu’il possède aussi une facette lyrique particulièrement brillante, mais qu’il n’a pas souvent l’occasion de mettre en oeuvre dans ses musiques, lui qui reste bien trop souvent cantonné aux thrillers et aux films d’horreur. Les orchestrations restent très soignées, comme le rappelle l’introduction de « Creation » et son mélange cordes/piano/bois à la fois classique et élégant. Le piano s’empare ensuite de la musique dans la valse mélancolique et intime de « The Ghost Pavane » dévoilant le deuxième thème de l’oeuvre, pour la relation entre Darwin et sa fille défunte Anna. Le piano interprète avec délicatesse ici une valse aux notes fragiles et justes, d’une infime tendresse quasi nostalgique, un très beau moment de poésie de la part de Chris Young. Dans « Unity in Form », Young développe le thème d’Anna avec une clarinette solitaire et un piano doublé par quelques notes de glockenspiel cristallin. L’approche classique voulue par Chris Young sur « Creation » reste bien évidemment prévisible mais aussi parfaitement cohérente vis-à-vis du personnage incarné par Paul Bettany à l’écran, évoquant à la fois l’homme intellectuel qui vit avec son temps et le père meurtri par la disparition prématurée de sa jeune fille Anna. A noter que, curieusement, Young utilise à plusieurs reprises un motif de 4 notes circulaires rapides qui ne sont pas sans rappeler un motif similaire que James Horner utilise constamment tout au long de ses oeuvres : difficile de savoir s’il s’agit ici d’une coïncidence ou d’une volonté du compositeur de faire référence à James Horner (dont il apprécie régulièrement les musiques). Ce motif est largement développé dans le mouvementé « Cunning Gunning » évoquant les réflexions et les idées de Darwin. La musique fonctionne sur une retenue touchante et évite toute forme d’envolées orchestrales mélodramatiques comme nous le rappelle subtilement « Pleasure Perfect » et son écriture de cordes/violoncelle assez classique d’esprit. Les cordes deviennent même plus passionnées par moment pour évoquer le processus difficile de création de l’auteur. Dans « To Emma », Young nous propose une nouvelle valse plus rapide au piano et aux cordes, avec des traits assez virtuoses du piano emprunt d’une certaine passion et d’un lyrisme élégant et classique pour le personnage incarné par la belle Jennifer Connelly dans le film. Partly Part » utilise des cordes plus torturées et répétitives, dont les harmonies ne sont pas sans rappeler celles de la musique d’Arvo Pärt et plus particulièrement de ses « Fratres » (comme d’habitude, Young s’amuse à citer le nom de compositeurs qu’il admire dans les titres de chacune de ses musiques !). « Partly Part » dévoile ainsi une écriture tourmentée et tragique des cordes, pour évoquer la descente de Darwin dans la maladie et la souffrance, morceau marqué ici par le retour du violon soliste. On notera la présence du hautbois qui traverse l’ensemble de « The Treatment At Malvern » sur fond de cordes et piano plus mouvant. On retrouve un Young plus familier dans « A Struggle For Survival » pour la scène où l’on observe des insectes dans la nature en train de mener une lutte pour la survie du plus fort. Young utilise ici un style plus atonal avec son lot de clusters de piano, de cordes dissonantes et de violoncelle sombre, un morceau immersif, sombre et assez impressionnant dans le film. « Fuegian Children » utilise à nouveau un rythme de valse plus orchestral cette fois-ci, toujours associé à l’idée du souvenir d’Anna dans le film, tandis que la musique évolue rapidement vers un classicisme d’écriture élégant avec une écriture violonistique plus baroque d’esprit. « Knowing Everything I Now Know » et « Humility And Love » concluent le récit en reprenant les principaux thèmes du score, avec une écriture orchestrale élégante, lyrique et poignante, et plus particulièrement une envolée orchestrale puissante et passionnée dans « Humility And Love » avec le violon, un style lyrique et ample qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le travail de James Newton Howard sur le film « The Village ». « Humility And Love » contient à lui tout seul quelques uns des plus beaux passages musicaux que Christopher Young ait écrit pour un film, une magnifique conclusion passionnée et lyrique tout simplement poignante, d’une richesse et d’une poésie rare. Le compositeur signe donc pour « Creation » une oeuvre de choix, portée par un lyrisme élégant, classique et soutenu, assez typique de l’auteur des musiques de « Murder in the First » et « The Shipping News », car, que l’on ne s’y trompe pas, la partition de « Creation » reste à n’en point douter l’un des nouveaux sommets de Christopher Young, une musique d’une grande beauté à découvrir rapidement, en même temps que le film très sous-estimé de Jon Amiel ! ---Quentin Billard |