1-Lily's Theme 2.28
2-The Tunnel 1.09
3-Underworld 5.24
4-Gringotts 2.24
5-Dragon Flight 1.43
6-Neville 1.40
7-A New Headmaster 3.25
8-Panic Inside Hogwarts 1.53
9-Statues 2.22
10-The Grey Lady 5.51
11-In The Chamber of Secrets 1.37
12-Battlefield 2.13
13-The Diadem 3.08
14-Broomsticks and Fire 1.24
15-Courtyard Apocalypse 2.00
16-Snape's Demise 2.51
17-Severus and Lily 6.08
18-Harry's Sacrifice 1.57
19-The Resurrection Stone 4.32
20-Harry Surrenders 1.30
21-Procession 2.07
22-Neville The Hero 2.17
23-Showdown 3.37
24-Voldemort's End 2.44
25-A New Beginning 1.39

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

WaterTower Music 39255

Produit par:
Alexandre Desplat

Artwork and pictures (c) 2011 Warner Bros Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
HARRY POTTER AND
THE DEATHLY HALLOWS - PART 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
Ultime volet d’une impressionnante saga qui aura duré 10 ans au cinéma, « Harry Potter & The Deathly Hallows Part 2 » conclut donc l’aventure du célèbre sorcier de l’école de Poudlard pour une dernière partie toujours inspirée du roman de J.K. Rowling et mise en scène par David Yates. Harry, Ron et Hermione livrent donc leur ultime bataille contre les troupes de Voldemort. Harry continue de rechercher les derniers Horcruxes contenant une partie de l’âme de Voldemort, tandis que ce dernier s’apprête à lancer l’assaut sur Poudlard avec son armée de Mangemorts. Pour Harry, c’est l’heure des révélations et des sacrifices, dans cette dernière bataille opposant les forces du bien et du mal, avec comme principal enjeu le sort de notre monde. Pour beaucoup, ce « Deathly Hallows part 2 » est, en plus d’être l’événement cinématographique de l’été 2011, le film de la maturité dans cette impressionnante saga. Après une première partie plus intimiste et lente, David Yates décide de mettre les bouchées doubles avec cette partie 2, plus sombre, plus torturée et aussi plus guerrière et tragique. Le caractère enfantin des débuts d’Harry Potter semble bien loin dorénavant, car les enjeux de cette aventure n’ont jamais été aussi importants pour nos héros : c’est ainsi que le film atteint une certaine intensité dramatique rarement égalée dans la saga, nous offrant ainsi quelques moments clé tout bonnement saisissants, qu’il s’agisse des impressionnantes séquences d’action - l’envol sur le dos du dragon, la scène dans Gringotts, la bataille finale dans Poudlard - ou des moments plus tragiques et émouvants, car l’émotion est réellement au rendez-vous. A ce sujet, impossible d’omettre la performance hallucinante d’Alan Rickman qui nous offre ici la plus belle séquence de la saga, lors du flash-back poignant autour du passé de Severus Rogue, se révélant être ainsi le véritable personnage clé de l’aventure, celui qui a toujours été là mais dont le rôle a toujours été teinté d’une ambigüité étonnante. Personnage shakespearien torturé entre le bien et le mal, Rogue nous offre les plus belles scènes de toute l’aventure et apporte une profondeur inédite au récit - c’est aussi et enfin LE film qui rend hommage au personnage le plus passionnant de toute la saga, alors que David Yates lui-même avait échoué à développer le personnage de façon satisfaisante dans « Harry Potter & The Half-Blood Prince », qui aurait pourtant dû être LE film de Rogue si l’on s’en tient au livre originel de J.K. Rowling.

Le film nous tient ainsi en haleine tout au long des 2h10 avec un rythme soutenu et effréné (à l’inverse de la 1ère partie, le récit de cette seconde mouture paraît bien plus rapide et frénétique), aussi spectaculaire que dramatique. On regrettera néanmoins une utilisation toujours aussi inutile et décevante de la 3D, qui n’apporte rien aux images. Mais le véritable problème de cet ultime opus est certainement le plus inattendu : le traitement des personnages de Ron et Hermione dans le récit. Alors que chaque film de la saga a toujours réussi à développer l’amitié solide qui unit Harry et ses deux inséparables amis, « The Deathly Hallows part 2 » déçoit en mettant cruellement de côté Ron et Hermione, qui paraissent étrangement distants et mis en retrait dans l’aventure. Même leur relation avec Harry semble plus distante, alors que la partie 1 renforçait à contrario les liens entre les trois inséparables amis. Du coup, les scènes plus émouvantes entre Harry, Ron et Hermione paraissent factices, artificielles, dénuées de la moindre passion. A trop vouloir miser sur la sobriété du jeu des acteurs - voulue par David Yates - le réalisateur échoue à insuffler le moindre souffle à ce trio, pourtant indispensable dans la saga. Certes, Harry est omniprésent sur la fin du récit, qu’il s’agisse du livre ou du film, mais Yates rate néanmoins le coche et néglige honteusement les personnages d’Emma Watson et Rupert Grint - l’affiche du film est elle-même révélatrice de ce besoin étonnant qu’a cru ressentir le réalisateur de mettre Hermione et Ron de côté, loin derrière Harry, comme si cette ultime bataille ne les concernait pas (alors que, encore une fois, ils étaient pourtant si proches et si soudés dans la partie 1). Même à la fin du film, ils paraissent encore distants, ne sachant plus quoi dire ou faire. Bien sûr, on pourra aussi regretter les omissions et les modifications par rapport au livre (notamment lors du combat final contre Voldemort ou lors de la bataille à Poudlard) et déplorer un final assez décevant, mais qu’importe, le film de David Yates tient néanmoins ses promesses et boucle la saga dans une véritable apothéose guerrière et dramatique saisissante, faisant de ce film - pourtant non exempt de défauts - l’opus de la maturité pour les aventures de Harry Potter.

Alexandre Desplat reprend les rennes de la partition de « The Deathly Hallows » et nous propose pour cette ultime partie une grande partition symphonique plus massive, épique et sombre, et surtout bien plus convaincante et aboutie que celle de la partie 1, qui paraissait fade, distante et sans saveur - signalons que le nom de John Williams fut néanmoins cité à plusieurs reprises pour cette dernière partie, avant que la production décide finalement de reprendre Alexandre Desplat pour clore la saga de façon plus cohérente. Le compositeur français montre enfin un peu de passion et d’enthousiasme pour cette ultime aventure en reprenant certains éléments mélodiques de la partie 1 tout en nous proposant un nouveau thème, mélancolique et touchant, « Lily’s Theme », associé dans le film aux souvenirs de la mère d’Harry, Lily. L’incontournable et célébrissime « Hedwig’s Theme » de John Williams est à nouveau présent bien que toujours mis en retrait (il reste néanmoins plus présent que dans la partie 1), la fin du film et le générique de fin reprenant d’ailleurs un morceau entier du « Harry Potter & The Sorcerer’s Stone » de Williams pour boucler avec émotion la saga. A noter que la séquence-clé du flashback de Rogue est quasiment entièrement accompagnée par une reprise du « Dumbledore’s Farewell » de Nicholas Hooper extrait de « Harry Potter & The Half-Blood Prince » (sans aucun doute la partie la plus émouvante de la musique de « The Deathly Hallows part 2 », qui, ironiquement, n’est pas de Desplat !). L’ensemble de la partition de « Harry Potter & The Deathly Hallows part 2 » rehausse enfin le niveau d’une production musicale somme toute fort décevante depuis le cinquième opus de Nicholas Hooper. Alexandre Desplat se réveille enfin et illustre tous les enjeux dramatiques et épiques de cette ultime bataille entre le bien et le mal, épaulé par la performance toujours remarquable des musiciens du London Symphony Orchestra. Le film débute au son du « Lily’s Theme », confié à des vocalises féminines envoûtantes et lointaines pour rappeler le souvenir de la mère d’Harry, thème qui sera assez présent vers la fin du film. C’est à partir de « The Tunnel » que le score bascule immédiatement dans le massif à grand renfort de cuivres, de percussions, de cordes virevoltantes et de bois rapides pour la scène dans les tunnels de Gringotts. Même chose pour « Underworld » et son atmosphère plus sombre et guerrière, soutenu par des orchestrations solides et riches typiques du compositeur.

On appréciera l’envol orchestral et tonitruant de « Dragon Flight » pour la séquence de la fuite sur le dos du dragon, superbe morceau d’action qui nous montre un Alexandre Desplat enfin à l’aise dans le registre de l’action - un genre dans lequel il ne brille guère en général. « Dragon Flight » permet au compositeur de citer brièvement le célèbre thème de John Williams et se conclut sur une envolée orchestrale grandiose et majestueuse assez savoureuse et typique d’Alexandre Desplat - on retrouve ici un style symphonique épique hérité de « The Golden Compass ». La musique apporte une certaine intensité dramatique saisissante dans le film, la musique étant d’ailleurs très présente et toujours bien mise en valeur dans le film. Desplat reprend un thème de la partie 1 dans « Neville », pour le personnage de Neville Londubat. Le thème de Neville s’avère être à la fois héroïque et solennel, apportant un certain espoir dans cette aventure sombre et agitée. « A New Headmaster » nous permet de retrouver le « Hedwig’s Theme » pour marquer le retour d’Harry, Ron et Hermione à Poudlard, mais un retour tout en retenue et en demi-teinte, ambigu et inquiétant. Désormais, plus rien n’est sûr, car Rogue (qui a tué Dumbledore à la fin du sixième tome) est à la tête de l’école et les Mangemorts sont aux portes du château. « Panic Inside Hogwarts » développe alors un sentiment de panique et d’urgence alors que Poudlard est attaqué par les troupes de Voldemort. A noter ici l’utilisation discrète mais néanmoins efficace des chœurs en fond sonore, pour amplifier l’intensité de la scène. La partition de Desplat nous offre l’un de ses meilleurs morceaux avec l’indispensable « Statues », pour la scène où le professeur McGonagall renforce la sécurité du château en plaçant des gardes de pierre à l’entrée. Le morceau utilise quelques percussions très Zimmeriennes (un peu comme dans le récent « Thor » de Patrick Doyle) sur fond de motif de 4 notes solennel et plein d’espoir, un thème qui apporte un sentiment de grandeur, d’espoir et de noblesse assez intense à l’écran. A noter que ce motif de 4 notes de cordes sur fond de progression harmonique solennelle reviendra à quelques reprises dans le film pour évoquer la résistance des résidents de Poudlard contre les troupes de Voldemort. On retrouve ensuite un instrument emblématique de la saga Harry Potter dans « The Grey Lady », le célesta, symbole de magie et de mystère, tandis que « In The Chamber of Secrets » développe une écriture de cuivres plus massive et impressionnante pour la destruction d’un autre Horcruxe, rappelant au passage le travail de Williams sur « Harry Potter & The Chamber of Secrets ».

« Battlefield » apporte un souffle épique à la bataille de Poudlard, à grand renfort d’orchestre et de choeurs, à la manière du « Lord of the Rings » d’Howard Shore. La musique renforce le sentiment de grandeur dramatique et de climax guerrier avec ses cuivres impressionnants et ses percussions omniprésentes. La tension continue de monter dans « The Diadem », « Broomstick and Fire » ou la bataille dans la cour de l’école dans « Courtyard Apocalypse » qui reprend le superbe thème solennel de 4 notes, tandis que « Severus and Lily » explore la partie plus intimiste du récit, rappelant le travail de Desplat sur la partie 1 du « The Deathly Hallows ». A noter ici une brillante utilisation d’instruments solistes comme la flûte ou le violoncelle, pour un morceau plus typique de la facette lyrique et dramatique d’Alexandre Desplat. Cette sensation dramatique se prolonge avec « Harry’s Sacrifice » ou l’intimiste « The Resurrection Stone » et sa très belle reprise du « Lily’s Theme » et ses vocalises féminines éthérées. « Procession » nous offre un autre moment intéressant dans la partition d’Alexandre Desplat, une sorte de procession funèbre et lente lorsque Voldemort ramène le corps d’Harry à Poudlard et oblige les résistants à déposer les armes. Le morceau évoque de par ses orchestrations et sa mélodie quasi médiévale une sorte de procession ancienne issue de l’antiquité. Le « Hedwig’s Theme » est brièvement cité par un cor, sous une forme amère et résignée, alors qu’à contrario, « Neville The Hero » ramène l’espoir et l’émotion. « Showdown » et « Voldemort’s End » illustrent brillamment l’affrontement final (merci aux concepteurs de l’album pour les énormes spoilers dans les titres des pistes !) avant de se conclure sur le magnifique « A New Beginning », morceau bref d’une rare beauté, soulignant un sentiment d’apaisement et d’accomplissement par le biais d’orchestrations minimalistes et d’harmonies raffinées. Au final, « Harry Potter & The Deathly Hallows Part 2 » reste à n’en point douter l’un des meilleurs travaux d’Alexandre Desplat dans le registre hollywoodien, un genre dans lequel il n’est pas toujours à l’aise mais qui semble lui sied ici à merveille. Le compositeur français est enfin sorti de la torpeur ambiante de la partie 1 et nous offre une conclusion épique et dramatique particulièrement intense pour cet ultime volet de la saga Harry Potter. Même si l’on regrette parfois l’absence de John Williams (il aurait été particulièrement intéressant d’entendre le compositeur développer une dernière fois ses thèmes pour Harry, Poudlard et Voldemort !), le travail d’Alexandre Desplat sur « The Deathly Hallows Part 2 » comble nos attentes et conclut l’aventure avec brio, sans être particulièrement exceptionnel en soi. Ce n’est donc certes pas l’une des meilleures partitions musicales de la saga Harry Potter, mais cela n’en demeure pas moins un excellent effort de la part d’un compositeur plus que jamais présent à Hollywood.



---Quentin Billard