1-Main Title 1.41
2-Bogota 1984 2.48
3-The Specialist in Miami 2.34
4-May Finds Ray At the Cemetery 1.52
5-May Dances With Tomas/
"Did You Call Me" 2.35
6-Ray Covers May/
"Did You Call Me" 2.37
7-After Tomas 2.57
8-The First Bomb/Ray's Place 2.57
9-Explosive Trent 1.57
10-The Parking Lot Bomb 2.32
11-Don't Touch Me Ned/
Bomb for Tomas 3.17
12-The Death of Tomas 2.07
13-May's Room/
"Did You Call Me" 1.27
14-Ray Meets May
At Her Funeral 2.34
15-Let's See That Beautiful Face/
"Did You Call Me" 2.43
16-Closing in on Ray 2.57
17-There Goes The Hotel Room/
The Fight 2.20
18-May Meets Joe/I'm Not
A Woman You Can Trust 2.59
19-You Go In and Get Him/
"Did You Call Me" 4.05
20-The Whole Place is Wired/
She's Hot Ray 3.26
21-Get The Hell Out of Here 2.15
22-You Bastard/How Do You Feel?/
Better!/Did You Call Me/Finale 2.09

Musique  composée par:

John Barry

Editeur:

Epic Records 477810-2

Album produit par:
John Barry

Artwork and pictures (c) 1994 Warner Bros. Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE SPECIALIST
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Barry
« The Specialist » (L’expert) est un énième film d’action pour un Sylvester Stallone toujours égal à lui-même dans ce long-métrage explosif et ordinaire signé Luis Llosa (« Anaconda »). L’histoire raconte le parcours mouvementée de Ray Quick (Stallone), ancien membre de la CIA et expert en explosif. Ray a quitté l’agence à la suite d’un attentat qu’il avait été chargé d’organiser en Colombie mais qui coûta la vie d’une fillette innocente, entraînant dans sa disgrâce son équipier Ned Trent (James Woods), responsable de l’attentat. Dix ans plus tard, Ray mène une existence solitaire et secrète tandis que Trent continue de le traquer pour se venger. Ce dernier travaille aujourd’hui pour le compte d’un sinistre mafioso cubain, Joe Leon (Rod Steiger). Un jour, Ray reçoit un mystérieux appel de May Munro (Sharon Stone) : cette dernière veut faire appel à ses talents de poseur de bombes pour venger la mort de ses parents, qui ont été tués sous ses yeux lorsqu’elle était enfant, par Tomas Leon (Eric Roberts), le fils du mafioso Joe Leon pour lequel travaille Ned Trent. « The Specialist » n’offre pas grand chose de neuf dans le registre du cinéma d’action. Stallone reste égal à lui-même, jouant du muscle et des explosifs avec brio. Mais le véritable atout du film, c’est bien évidemment la magnifique Sharon Stone, alors au sommet de sa beauté à cette époque. L’éternelle habituée des rôles de femme fatale et de croqueuse d’hommes se retrouve encore une fois en train d’incarner une femme splendide et vénéneuse, qui cherche à se venger par tous les moyens. Le film de Luis Llosa nous offre d’ailleurs l’une des séquences les plus sexy et les plus « hot » du cinéma d’action américain des années 90 pour la scène d’amour entre Stallone et Sharon Stone dans la douche vers le milieu du film - dans la lignée de certaines scènes sexy du « Basic Instinct » de Paul Verhoeven. Face à Sly, un excellent James Woods charismatique à souhait, parfait dans le rôle du bad guy de service, entouré de quelques grandes pointures du genre comme Rod Steiger ou Eric Roberts. Le film vaut aussi par ses quelques scènes explosives assez spectaculaires, bien que l’ensemble reste finalement très prévisible et sans grande surprise. Sans être l’un des meilleurs films de Stallone, « The Specialist » reste malgré tout un bon divertissement tout à fait correct bien que loin d’être indispensable.

Le regretté John Barry signe pour « The Specialist » une partition d’action assez mouvementée, alliant orchestre musclé et passages plus lyriques et sensuels. Le compositeur britannique, plus connu pour son sens du lyrisme si personnel, n’a jamais vraiment brillé dans le domaine des musiques d’action en dehors de la saga des « James Bond », mais son travail sur « The Specialist » reste pourtant de grande qualité, probablement sa meilleure partition action dans son genre. John Barry utilise ici l’orchestre habituel qu’il déploie dans un « Main Title » ample à base de percussions martiales, de cordes et de cuivres pour le générique de début du film, avec une mélodie introductive ample aux cuivres, tandis que les percussions martiales suggèrent clairement le caractère plus ‘action’ et ‘musclé’ du film de Luis Llosa. Le motif de cordes du « Main Title » revient pour la scène de l’attentat en Colombie au début du film dans « Bogota 1984 ». Les ponctuations de cuivres et de percussions restent très présentes pour accentuer la tension de la scène, avec une montée orchestrale plus dramatique jusqu’à l’issue tragique de l’attentat. Dans « The Specialist In Miami », Barry introduit le saxophone qui deviendra l’instrument-clé de sa partition, associé dans le film au personnage solitaire et isolé de Ray Quick, alias Sylvester Stallone. On retrouve ici le lyrisme cher à John Barry, avec un très beau morceau plus mélancolique d’esprit pour cordes et saxophone, développant le thème principal du personnage principal. Très présent tout au long du film, le thème sera développé plus particulièrement lors des séquences avec Sharon Stone, comme le confirme « May and Ray At The Cemetery », où le thème est repris cette fois-ci par une trompette lointaine sur fond de cordes. Barry nous offre même quelques beaux passages plus romantiques et langoureux comme le sexy « May Dances With Tomas » au lyrisme jazzy plus sensuel, évoquant la beauté fatale de May et son jeu de séduction pour arriver à ses fins. Barry développe ici un nouveau thème mélancolique pour May Munro qui sera aussi très présent tout au long du film, thème poignant et romantique à la mélancolie rêveuse que l’on retrouve avec tendresse dans le très beau « May’s Room » ou le langoureux « Let’s See That Beautiful Face » et son saxophone jazzy romantique pour la scène d’amour hot entre May et Ray vers le milieu du film.

John Barry reste donc ici en terrain connu et nous offre quelques grands moments de lyrisme jazzy pour le personnage de Sharon Stone et sa relation avec Stallone dans le film. Pourtant, l’action et la tension ne sont pas en reste avec quelques passages plus atmosphériques comme le sombre et « Ray Covers May », le tendu « After Tomas » (où le thème de May reste omniprésent) ou « The First Bomb/Ray’s Place » et son utilisation brève et intéressante de quelques percussions synthétiques accompagnant l’orchestre, où cohabitent les thèmes de May et de Ray. Le suspense devient plus probant dans « The Parking Lot Bomb » suggérant la menace des bombes que pose Ray, menace qui se concrétise dans « Don’t Touch Me Ned/Bomb for Tomas ». On remarquera d’ailleurs que Barry contourne souvent les quelques scènes d’action du film en privilégiant ici davantage le lyrisme mélancolique et le suspense aux déchaînements orchestraux. Autant dire que le musicien s’est davantage intéressé ici à la relation May/Ray qu’aux scènes d’action/suspense elles-mêmes. On le sait, John Barry n’a jamais été un expert des déchaînements d’action, mais certains passages de « The Specialist » nous promettent néanmoins quelques passages plus musclés mais timidement développés dans le film, comme « Closing In On Ray » et ses quelques ponctuations martiales reprises du « Main Title », ou le frénétique « There Goes The Hotel Room/The Fight » pour la confrontation explosive dans l’hôtel, premier grand morceau d’action du score de John Barry à base de cuivres massifs et de ponctuations percussives syncopées. Le thème ample du « Main Title » revient dans « You Go In And Get Him » lorsque Ray affronte Nick à la fin du film, affrontement qui aboutit au climax de tension de « The Whole Place Is Wired/She’s Hot Ray » et « Get To Hell Out Of Here », qui reprend une dernière fois le thème du « Main Title » avant une conclusion plus lyrique dans « Finale ». John Barry signe donc une partition ample, lyrique et sombre pour « The Specialist », une partition qui privilégie davantage le romantisme mélancolique cher au musicien britannique aux sempiternels déchaînements d’action, qui restent ici très ponctuels et finalement peu présents dans le film. Ceux qui s’attendent donc à une déferlante de musique d’action hollywoodienne risquent fort d’être déçus, tant le compositeur a pris le contrepied du schéma hollywoodien habituel pour valoriser ainsi le romantisme aux muscles. Sans être l’un des chefs-d’oeuvre de John Barry, « The Specialist » n’en reste pas moins l’un des meilleurs travaux du compositeur dans les années 90, et ce quelques années avant que le musicien ne se retire définitivement de la profession au début des années 2000.



---Quentin Billard