1-Eghnev 2.49
2-Letzgo 3.27
3-Body Go 3.50*
4-Kornovol 0.56
5-Kwinsky 3.45
6-Orora 2.00
7-Serokin 3.03
8-Koshmor 1.43
9-It's A Show Time 4.16**
10-Blootim 2.25
11-I Am Hated 2.37***
12-Shreflov 6.50
13-Reitnov 6.50
14-Oportu 3.14
15-Baroof 6.06
16-Enoff 4.06
17-Panchoff 2.00
18-Ride 3.08+

*Interprété par Hardknox
Ecrit par Lindy Laiton,
Steven Proctor et
Pete Glenister
**Interprété par Rappagariya
Ecrit par Q, Yamada-Man
Musique de Zenzo Miyoshi
***Interprété par Slipknot
Musique et paroles de Slipknot
Produit par Ross Robinson
+Interprété par Beautiful Creatures
Ecrit par DJ Ashba, Joe LeSte
Produit par Sean Beavan.

Pistes 1-4-5-6-7-10-
13-15-17 composées par Eric Serra
Pistes 2-8-12-14-16
composées par Eric Serra et Nicolas Fiszman.

Musique  composée par:

Eric Serra

Editeur:

Virgin Records 812161-2

Musique produite par:
Eric Serra
Assistant personnel:
Cyrille De Smet
Coordination technique:
Frederic Schaffholtz,
Laurent Lozahic

Producteur exécutif:
Claude Serra
Coordination Paris:
Pierre Henriot
Coordination Los Angeles:
Peter Nichols
Direction musicale pour MGM:
Anita Camarata
Coordination musicale pour MGM:
Cathy Duncan, Kaylin Frank

Artwork and pictures (c) 2002 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All rights reserved.

Note: **
ROLLERBALL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Eric Serra
« Rollerball » est le remake du célèbre film homonyme de Norman Jewison en 1975. Pour cette version 2001 réalisée par John McTiernan, spécialiste de l’action made-in 80’, le cinéaste souhaitait concevoir un long-métrage ultra violent, ambitieux et subversif, reprenant les grandes lignes du film d’origine de Jewison. Le scénario reste à peu près similaire à celui du film de Norman Jewison : en 2005, le public se passionne désormais pour un sport extrêmement violent : le rollerball. Jonathan Cross (Chris Klein) est la star de l’une des meilleures équipes américaines de ce jeu qui ne cesse d’enflammer les foules, plus particulièrement au Kazakhstan et dans les pays de l’est. Avec son ami Marcus Ridley (LL Cool J) et la belle Aurora (Rebecca Romijn-Stamos), Cross est devenu le héros incontournable du rollerball. Chacune de ses victoires accentue sa célébrité et la richesse d’Alexi Petrovich (Jean Reno), concepteur du rollerball et homme d’affaire peu scrupuleux. Plus qu’un jeu, le rollerball est un véritable business qui permet à Petrovich de contrôler la foule et d’accumuler un flot inestimable d’argent. Mais au cours d’une partie qui tourne mal, Jonathan Cross découvre que derrière le spectacle se cache une réalité bien sombre : Petrovich contrôle malhonnêtement chaque partie et n’hésite pas à enfreindre les règles au détriment des joueurs. Cross décide alors de se révolter contre le système et de faire éclater la vérité au grand jour. Hélas, « Rollerball » s’avère finalement être une série-B d’action totalement aseptisée, bien éloignée des désidératas originaux de McTiernan : la plupart des idées ambitieuses du cinéaste sont passées à la trappe à la suite de projections test catastrophiques, qu’il s’agisse du montage, du développement des personnages ou des expérimentations formelles prévues initialement pour le film. Charcuté lors du montage final, « Rollerball » a été amputé de plus de 30 minutes, annihilant ainsi la plupart des idées du réalisateur : ne restent que les scènes de rollerball, spectaculaires mais sans aucune intensité, et toutes les séquences hors de la piste de sport, dans les coulisses du jeu. La violence a surtout été considérablement amenuisée, voire totalement édulcorée - tout comme la scène de sexe vers le milieu du film. McTiernan évoque la lutte pour le pouvoir et l’argent par le biais des médias et des divertissements de masse, évoquant les thèmes de la manipulation de l’image. A ce sujet, il est étonnant de constater qu’à aucun moment les points des matchs de rollerball ne sont affichés dans le film, mais prennent à la place l’apparence d’un décompte informatisé des sommes d’argent astronomiques rapportés par la diffusion télévisée du rollerball dans les chaînes télévisées du monde entier. A cela s’ajoute une intrigue politique secondaire (la mafia russe qui règne d’une main de fer sur un groupe de mineurs exploités par le sinistre Petrovich), malheureusement mal exploitée à cause des nombreuses coupes au montage final, qui débouche sur un climax dramatique lors d’un dernier quart d’heure agité abordant les thèmes de la révolte sociale (la volonté de Cross de défier Petrovich, la vague d’émeutes des mineurs dans la rue, etc.) et du besoin anarchique de détruire un système corrompu et perverti par l’argent et le pouvoir. Hélas, toutes ces idées stagnent et restent finalement à l’état embryonnaire dans le film, mal développé et totalement édulcoré pour pouvoir réellement concrétiser ces ambitions originelles. A noter une séquence assez étonnante, entièrement tournée en caméra infrarouge, unique vestige des expérimentations visuelles prévues à l’origine par McTiernan - en revanche, intérêt zéro pour les quelques effets de faux raccords qui ponctuent maladroitement certaines scènes du film. Une amère déception donc et un énorme flop commercial pour un film qui n’est pas ce qu’il aurait dû être : à quand un véritable « director’s cut » de « Rollerball » ?

Prévue à l’origine pour le musicien électro BT, la musique de « Rollerball » a finalement été confiée à Eric Serra. Subjugué par sa fameuse partition pour « Léon » de Luc Besson, John McTiernan souhaitait ainsi qu’Eric Serra - qui n’en était pas en 2001 à sa première partition pour un film hollywoodien (« GoldenEye » en 1994) - retrouve sur « Rollerball » un style et des sonorités similaires à celles de « Léon ». Hélas, si le score semble tenir ses promesses dès le début du film, le reste déçoit rapidement par son recours facile à des banques de son bien connues dans le domaine de la MAO (du Spectrasonics essentiellement) et par un empilement paresseux de sound design et de percussions sans grande saveur. Le compositeur français prévoyait pourtant à l’origine une musique assez audacieuse, mélangeant électronique et sonorités ethniques, mais, à l’instar du film lui-même, le score de « Rollerball » a connu bien des déboires, et non des moindres : Eric Serra souhaitait ainsi inclure dans sa musique des sonorités rappelant le monde arabe, mais au moment où il écrivait la musique, le 11 septembre 2001 venait de passer par là, et les producteurs étaient inquiets à l’idée de mettre en avant dans la musique des sonorités rappelant de près ou de loin tout ce qui touche à la culture arabe. C’est pour une raison aussi stupide qu’Eric Serra dû abandonner une bonne partie de sa musique et réécrire à la dernière minute une bonne partie de sa partition, dans des délais extrêmement courts et ridiculement absurdes. Le film débute ainsi au son des guitares électriques rock de « Eghnev » puis d’un mélange de percussions arabes, loops synthétiques et guitare dans « Letzgo ». L’approche orchestrale habituelle semble avoir été écartée ici au profit d’une série de loops et autres textures sonores modernes typiques du cinéma d’action U.S. contemporain. Eric Serra s’est plié aux volontés d’une production paresseuse, visiblement plus inquiète des pseudo conséquences de scénarii extérieurs au film (les attentats du 11 septembre auraient-ils réellement empêchés le public américain d’apprécier un film avec une bande son moderne aux accents orientaux/arabes ?) que de la qualité même de la musique de « Rollerball ». Raisonnement absurde qui plus est, tristement révélateur d’une production hollywoodienne plus que jamais artistiquement « malade » au début du 21ème siècle (hélas toujours d’actualité).

Du coup, Eric Serra tente de sauver les meubles comme il le peut et nous offrir malgré tout quelques morceaux d’action sympathiques, qu’il s’agisse des morceaux co-écrits avec Nicolas Fiszman ou des passages électro/rock tonitruants comme « Kornovol » où le compositeur nous offre quelques jolis solos de guitare électrique ‘hard’ sur fond de loops électro. La musique évoque par la même occasion la violence du rollerball - d’où l’utilisation de sonorités métalliques et froides - et les exploits de Jonathan Cross dans le film, sans apporter quoique ce soit de particulier aux images. Le score reste d’ailleurs assez fonctionnel sur les images, parfois même sous-mixé et noyé sous les bruitages et les effets sonores du film (preuve supplémentaire du manque de crédit apporté par les producteurs du film à la musique d’Eric Serra !). Un morceau comme « Kwinsky » plaira quand à lui aux amateurs de musique électro, avec ses boîtes à rythme modernes à la limite de la dance music. Dommage cependant que la musique se limite bien trop souvent à du sound design simpliste comme c’est le cas dans le froid et mystérieux « Orora » avec ses harmonies planantes, ses percussions métalliques typiques du compositeur français (et qui rappellent à l’occasion certaines mesures de « Léon ») ou l’agité « Blootim » dans lequel règne un vent d’anarchie typique du film. La seconde partie du film permet au compositeur de nous offrir une série de morceaux d’action atmosphériques et sans grand relief, bien que l’on appréciera le thème arabe de « Serokin » et son mélange adroit de synthétiseurs, loops, basse et voix orientale (les sonorités arabes renvoient au mélange d’ethnies du film, qui se déroule au Kazakhstan). Le reste du score fait ainsi la part belle aux rythmes et aux synthétiseurs, comme le rappelle « Koshmor », l’agressif et dissonant « Blootim » (malheureusement gâché par une utilisation parfois « cheap » et brouillonne des synthétiseurs) ou le sombre « Shreflov » et ses clochettes qui rappellent là aussi « Léon » (une marque de fabrique du compositeur). On pense aussi parfois à « Nikita » et, d’une manière générale, aux premières partitions synthétiques d’Eric Serra pour Luc Besson à la fin des années 80. « Oportu » nous offre un solide travail autour de la voix et de guitares à consonance arabes, un morceau intéressant qui, là aussi, semble avoir eu bien du mal à passer le cap de l’image. On regrettera le côté souvent brouillon des morceaux d’action de la fin du film, évoquant la révolte, qu’il s’agisse du brouillon « Baroof » et son mélange anarchique de loops sur fond de clochettes omniprésentes, ou « Enoff » et son retour du thème arabe pour la scène où Cross se révolte contre Petrovich et parvient à l’éliminer.

Si le résultat n’est malheureusement pas à la hauteur de nos attentes, il faut prendre la musique de « Rollerball » pour ce qu’elle est avant tout : une malheureuse tentative de meubler l’image par une accumulation de sons - provenant pour la plupart de banques de sons commerciales de chez Spectrasonics - sans aucune réelle cohérence thématique, en dehors d’un thème arabe envoûtant mais peu valorisé dans le film pour la raison invoquée plus haut. On ne peut évidemment pas en vouloir au compositeur, l’échec de la musique étant en partie imputable aux producteurs frileux de « Rollerball » et à un réalisateur totalement dépassé par les événements. L’album de la musique reste quand à lui similaire à ce triste constat, un album « malade », brouillon, qui semble hors de propos, et qui, pourtant, rappelle le talent d’Eric Serra pour les musiques électroniques modernes et les mélanges inventifs de sonorités disparates (électro, rock, ethnique, etc.). Mais ce n’est évidemment pas la grande musique ambitieuse et inventive que l’on était en droit d’attendre du compositeur pour un film de cette envergure. Un ratage donc, pour une partition fonctionnelle et sous-mixée dans le film, et aussi décevante en écoute isolée.



---Quentin Billard