1-Welcome To Berlin 5.17
2-The Accident 2.36
3-Following Mrs. Harris 4.51
4-Fond Memories/Epiphany 3.55
5-Securing The File 2.41
6-Man Alone 2.48
7-Evil Car 2.34
8-Book of Clues 1.45
9-The Hospital 3.02
10-Gina's Story 5.18
11-We Are Killers/The Bomb 2.36
12-Old Friend/Truth Be Told 3.08
13-They're Watching/
Meeting Jeurgen 2.42
14-Debating Martin 3.42
15-Martin Vs. Martin 4.29
16-Nice To Meet You 1.43

Musique  composée par:

John Ottman/Alexander Rudd

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 064 2

Album produit par:
John Ottman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Arrangements additionnels:
Edwin Wendler, Lior Rosner
Préparation de la musique:
Colin Rae
Monteur musique:
Michael Connell
Programmation synthétiseur:
John Ottman, Edwin Wendler

Artwork and pictures (c) 2010 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***
UNKNOWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman/Alexander Rudd
« Unknown » (Sans identité) est le nouveau long-métrage de l’espagnol Jaume Collet-Serra, spécialiste du suspense et de l’épouvante (on lui doit entre autre « Orphan » et « House of Wax »). Le film raconte l’histoire du Dr. Martin Harris (Liam Neeson), un prestigieux médecin qui se rend à Berlin avec sa femme Liz (January Jones) afin d’assister à un important congrès médical. Mais sur le chemin, Martin est victime d’un accident de taxi et sombre dans le coma. Quelques jours plus tard, Harris se réveille amnésique dans une chambre d’hôpital et s’étonne de ne pas voir sa femme à son chevet. Alors que les souvenirs lui reviennent progressivement, Harris retrouve sa femme à Berlin en compagnie d’un autre homme (Aidan Quinn) : mais son épouse ne le reconnaît pas, et le mystérieux individu avec lequel elle se trouve prétend être le vrai Dr. Martin Harris. Alors que la police ne le croit pas et que personne ne semble le reconnaître, Martin réussit à trouver de l’aide auprès de Gina (Diane Kruger), la chauffeuse du taxi accidenté qui se trouve être une immigrante illégale. Avec la complicité de Gina, Harris va tout faire pour tenter de reprendre son identité et de comprendre qui il est réellement et pourquoi tout ceci est arrivé. Avec un scénario quasi hitchcockien - adapté du roman « Out of my Head » de l’écrivain français Didier Van Cauwelaert - et un suspense à couper au couteau, « Unknown » profite des décors urbains berlinois pour nous offrir une intrigue de quête d’identité et de course contre la montre, entre révélation, manipulation et rebondissements. Liam Neeson nous offre une performance remarquable, dans la lignée de « Taken », entouré de quelques grands noms tels que Diane Kruger ou le trop rare Frank Langella, sans oublier le remarquable Bruno Ganz, inoubliable interprète d’Adolf Hitler dans « Der Untergang » (2004). Ménageant habilement suspense et action, Jaume Collet-Serra signe donc un excellent thriller sous tension, violent et agité, qui doit autant à la réalisation efficace de Collet-Serra qu’aux performances remarquables de Liam Neeson ou Frank Langella, avec un scénario classique mais très soigné - quoique trop clairement calqué sur celui de « The Bourne Identity » - et une atmosphère sombre et nerveuse assez réussie.

John Ottman retrouve à nouveau Jaume Collet-Serra pour la troisième fois après « House of Wax » (2005) et « Orphan » (2009). Pour « Unknown », Ottman co-signe la bande originale du film avec le compositeur anglais Alexander Rudd. La partition de « Unknown » privilégie le suspense et la tension tout au long de l’histoire, faisant la part belle aux cordes dissonantes et aux sonorités électroniques nerveuses et tendues. La musique ouvre le film au son d’un « Welcome To Berlin » encore relativement chaleureux, avec son mélange de cordes, bois, piano et nappes synthétiques. « Welcome To Berlin » est une introduction efficace portée par une écriture harmonique et mélodique assez dense, typique de John Ottman, sur fond de guitare électrique entêtante et de quelques notes de piano plus mystérieuses, pour le personnage de Liam Neeson et son arrivée à Berlin au début du film. Les choses se corsent avec le sombre « The Accident », illustrant la séquence de l’accident au début du film avec intensité : Ottman et Rudd mettent ici l’accent sur les sonorités synthétiques sombres et des harmonies de cordes plus inquiétantes. Les sonorités instrumentales introduites dans « Welcome To Berlin » reviennent donc ici, sous un angle plus sombre et menaçant, symbolisant le drame de l’accident qui sera à l’origine des ennuis de Martin Harris. Le piano, les synthétiseurs et les cordes restent très présents dans « Following Mrs. Harris », qui développe une atmosphère de tension et de mystère, largement véhiculée par l’utilisation de notes répétées entre le piano, les staccatos de cordes et de basse synthétique. John Ottman met alors habilement l’accent sur les dissonances qui deviennent de plus en plus présentes dans le morceau : dommage cependant que les morceaux se suivent et se ressemblent un peu de façon monotone, sans apporter quoique ce soit de nouveau : on regrettera par ailleurs le côté souvent fonctionnel et sans originalité de la musique sur les images du film de Collet-Serra (un reproche que l’on pouvait déjà adresser au score d’Ottman pour « Orphan »). Les rythmiques électroniques deviennent ici plus présentes pour évoquer la tension et le danger pour Martin, qui se retrouve en plein coeur d’une conspiration ayant comme toile de fond la perte de son identité.

« Fond Memories/Epiphany » développe alors cette utilisation de notes répétées et mystérieuses sur fond de percussions électroniques/acoustiques plus pressantes, traduisant un sentiment d’urgence et de tension. La sensation de danger et de suspense devient ici plus prenante et intéressante, John Ottman et Alexander Rudd mélangeant habilement orchestre et synthétiseur pour arriver à leurs fins - dommage que les mélanges s’avèrent être souvent un peu trop dense et brouillon, bien qu’indéniablement très efficace sur les images du film. « Man Alone » fait alors monter la tension d’un cran, avec des cordes dissonantes et des synthétiseurs sombres et atmosphériques, et toujours ce même motif entêtant à base de notes répétées. La musique explose alors dans le chaotique et agressif « Evil Car » lors de la poursuite en voiture vers le milieu du film : on retrouve clairement ici le John Ottman des musiques de thriller/épouvante dans la lignée de « Gothika », « Hide and Seek » ou « House of Wax », le tout sur fond de percussions électroniques/acoustiques déchaînées, de synthétiseurs agressifs et de cordes intenses et de ponctuations violentes et de cuivres. Ottman traduit clairement toute l’intensité de la poursuite en mettant les bouchées doubles, même si le côté agressif, chaotique et un brin brouillon de son approche musicale reste assez critiquable. Quand à l’utilisation de l’électronique, elle reste typique du compositeur (on pense par exemple à son travail sur « Invasion »), bien que cette approche moderne et conventionnelle rappelle bon nombre de partitions d’action/suspense de chez Remote Control, sans grande surprise particulière. Néanmoins, Ottman possède un goût sûr pour les expérimentations électroniques et son envie de créer des sonorités synthétiques modernes et intenses apportent à la musique du film de Jaume Collet-Serra une atmosphère assez particulière et très immersive, bien que sans réelle surprise. Ottman apporte donc tout le suspense nécessaire à la seconde partie du film, dans le sinistre « The Hospital » (porté par ces sonorités électroniques horrifiques dignes de « Hide and Seek » ou « Gothika ») et ses glissandi terrifiants de cordes empruntés ici brièvement à la banque de son EWQLSO de chez East-West (un son trop reconnaissable et surutilisé à Hollywood et dans les médias télévisées en général).

On appréciera l’apport plus apaisé des mélancoliques « We Are Killers/The Bomb » ou « Old Friend/Truth Be Told », lorsque Martin se souvient petit à petit de qui il était autrefois, tandis que la tension va crescendo dans « They’re Watching/Meeting Jeurgen », sans oublier le chaos et la terreur véhiculée dans l’agressif « Debating Martin » et le climax d’action final de « Martin Vs. Martin » pour la confrontation finale, sur fond de cordes dissonantes et de percussions synthétiques tonitruantes, avant le happy-end plus mélodique de la fin de « Martin Vs. Martin » et « Nice To Meet You ». Vous l’aurez donc compris, John Ottman et Alexander Rudd ne font guère dans la dentelle avec « Unknown » et nous livrent une composition sombre, dissonante et agressive, une musique de thriller/action typique de John Ottman, portée par des rythmiques synthétiques modernes urbaines et un travail assez élaboré autour des atmosphères électroniques. Hélas, comme souvent avec le compositeur, le résultat s’avère être bien plus convaincant dans le film que sur l’album, qui trahit clairement le manque d’aération de la partition et le caractère brouillon et fouillis de l’écriture du compositeur. A trop vouloir élaborer une palette sonore de plus en plus complexe, John Ottman empile un trop grand nombre de couches sonores différentes, frôlant la cacophonie à plus d’une reprise : le résultat est donc relativement indigeste en écoute isolée. C’est d’ailleurs un défaut constant dans les musiques horreur/thriller du compositeur, qu’il s’agisse de « Gothika », « Invasion », « Orphan », « House of Wax » ou bien encore « Hide and Seek ». La musique de « Unknown » n’apporte donc rien de nouveau au genre et s’avère être fonctionnelle et très intense à l’écran - maintenant une tension et un rythme constant - mais fort décevante en écoute isolée : reste quelques bons passages d’action et de suspense assez prenants, mais rien de follement original en soi. Les fans de John Ottman apprécieront certainement, mais les autres risquent d’en rester sur leur faim.



---Quentin Billard