1-Prologue 2.08
2-His Name Is Conan 3.35
3-Egg Race 2.52
4-Fire and Ice 3.15
5-Cimmerian Battle 3.19
6-The Mill 1.55
7-The Mask & 12 Years Later 3.06
8-Freeing Slaves 2.38
9-Prison Interrogation 3.35
10-Monastery Approach 1.44
11-Off With Their Heads 1.09
12-Horse Chase 3.11
13-Death Of A Priest 2.48
14-One Way Ride 2.35
15-Outpost 7.57
16-Fever 4.47
17-Victory 0.36
18-A Kiss 2.41
19-The Temple 1.55
20-Oceans Of Blood 2.41
21-The Dweller 2.36
22-Skull Mountain 1.21
23-Wheel Of Torture 2.07
24-Zym's Demise 2.30
25-Conan Returns Home 3.42

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

Warner Bros/WEA Records 528435

Album produit par:
Tyler Bates
Musique interprétée par:
The Czech National Symphony Orchestra
Montage musique:
Shannonn Erbe
Musique additionnelle de:
Tim Williams, Dieter Hamann

Artwork and pictures (c) 2011 Lionsgate/Nu Image Films. All rights reserved.

Note: *
CONAN THE BARBARIAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
Reboot très attendu du « Conan the Barbarian » de John Milius (1982), ce nouveau « Conan » version 2011 met en scène Jason Momoa (acteur d’origine hawaïenne, aperçu dans les séries TV « Stargate Atlantis » et « Games of Throne ») dans le rôle du célèbre barbare cimmérien en quête de vengeance. Réalisé par l’allemand Marcus Nispel, à qui l’on doit le guerrier « Pathfinder » et les remakes de « Texas Chainsaw Massacre » et « Friday the 13th », « Conan the Barbarian » nous replonge dans l’univers d’heroic-fantasy guerrier de l’oeuvre originale de Robert E. Howard crée en 1932, et largement popularisé par le film de 1982 avec Arnold Schwarzenegger, et les comics illustrés par Frank Frazetta. Le récit se déroule à nouveau en plein coeur de l’âge hyborien, 15000 ans avant Jésus-Christ. Le jeune Conan, né sur un champ de bataille, a grandit auprès de son père, le redoutable combattant cimmérien Corin (Ron Perlman), qui lui a appris à se battre comme un véritable guerrier. Mais un jour, son village est attaqué par les troupes du maléfique Khalar Zym (Stephen Lang). Ce dernier recherche le morceau manquant du masque maléfique d’Acheron capable de redonner la vie aux morts. Son but atteint, Zym quitte le village après avoir assassiné Corin. Devenu adulte, Conan se met en tête de retrouver le tyran et de lui faire payer ses crimes afin de venger la mort de son père. Khalar est épaulé par sa fille Marique (Rose McGowan), une sorcière adepte de la magie noire, qui l’aide à trouver une vierge pure, la prêtresse Tamara (Rachel Nichols), afin d’accomplir un puissant rituel maléfique de résurrection. Bien plus qu’une simple quête de vengeance, le combat de Conan va très vite se transformer en lutte pour la survie du monde. « Conan the Barbarian » s’inspire donc assez fidèlement des ouvrages originaux de Robert E. Howard - bien plus que le film de 1982 - et retranscrit un univers d’heroic-fantasy guerrier et barbare, dans la lignée du « Pathfinder » de Marcus Nispel. Hélas, si le film était très attendu depuis plus d’une décennie (le projet aura mis plus de sept ans pour aboutir : on parlait même du fameux troisième volet intitulé « King Conan : Crown of Iron », mais qui n’a jamais été tourné), le résultat est un véritable désastre sur plus d’un point : montage hasardeux, 3D totalement inutile, interprétation lourdingue, scènes d’action illisibles, musique affreuse et assourdissante, scénario bidon et dialogues indigents, rien ne semble avoir été fait comme il aurait dû sur ce « Conan » version 2011. Le choix de Marcus Nispel à la réalisation tient plus d’une décision purement commerciale (ses remakes horrifiques ont été de grands succès au cinéma) que réellement artistique, et c’est bien là que se creuse le fossé entre ce nouveau « Conan » et celui de John Milius en 1982 : alors que le film d’origine insistait sur sa description grandiose d’un univers mythologique et guerrier à la fois épique, brutal et pourtant non dénué d’une certaine beauté, celui de 2011 aligne les clichés et les poncifs agaçants des grosses productions d’action hollywoodiennes d’aujourd’hui : si l’on appréciera quelques décors naturels réussis (le film a été partiellement tourné en Bulgarie) et l’interprétation plutôt efficace de Jason Momoa, le film aligne scènes d’action gores et effets sanguinolents sans grande ambition. L’action est omniprésente mais illisible la plupart du temps - bonjour les maux de tête ! - La 3D n’apporte rien et semble inaboutie, et le résultat, purement abrutissant, nous laisse sur une mauvaise impression d’un projet foiré, incapable de retrouver la richesse de l’univers d’origine de Conan.

La musique de Tyler Bates reste hélas l’un des principaux points noirs du film de Marcus Nispel. Souvent considéré comme l’un des plus mauvais compositeurs officiant à l’heure actuelle à Hollywood, Tyler Bates nous livre une partition synthético-orchestrale à base de percussions ethniques et de choeurs épiques pour « Conan the Barbarian », sans reprendre le moindre élément de la célèbre partition de Basil Poledouris. Exit donc ici l’approche épique et lyrique de Poledouris, place aux déferlantes de percussions et aux gros effets orchestraux assourdissants et lourdingues. Eh oui, à l’image du film lui-même, la musique de « Conan the Barbarian » version 2011 est une déception monumentale, un pur échec sur les images, à tel point que certaines critiques - pourtant habituellement avares en commentaire sur la musique des films - ont reproché au long-métrage de Marcus Nispel d’être particulièrement plombé par une musique assourdissante et envahissante sur les images. Bates reprend ici un style qu’il a déjà crée sur le « 300 » de Zack Snyder et le prolonge intensément sur « Conan the Barbarian » - signalons que l'enregistrement du score s'est effectué à l'origine avec une formation instrumentale d'à peine quarante musiciens, le Czech National Symphony Orchestra, orchestre modeste que Tyler Bates a ensuite doublé au mixage et renforcé par des synthétiseurs pour reproduire artificiellement un son plus ample et hollywoodien (le concept est curieux et fort discutable !) -Exit la subtilité et la retenue, place au vacarme assourdissant et au magma sonore cacophonique avec la musique tonitruante et bruyante de Tyler Bates, et ce dès le « Prologue » du film : dès les premières notes de la partition, on comprend immédiatement que cette nouvelle musique n’aura aucun lien apparent avec le chef-d’oeuvre inégalable de Basil Poledouris (étant donné la piètre qualité du film, tant mieux diront certains). Dès les premiers instants, Bates met ainsi l’accent sur des cuivres sombres imposants, des percussions guerrières, une voix féminine orientalisante, des choeurs d’hommes ténébreux et une pléiade de sonorités électroniques habituelles et sans surprise. La musique surfe sur le caractère sombre et guerrier du film, en délaissant tout aspect épique et solennel que l’on trouvait à l’origine dans le score légendaire de Poledouris : ainsi, Markus Nispel a souhaité que le compositeur aborde musicalement « Conan the Barbarian » comme un film d’horreur, mettant ainsi l’accent sur les dissonances, les couleurs orchestrales menaçantes et les percussions agressives. Même le thème principal associé à Conan (« His Name Is Conan ») ne parvient pas à renouer avec le style épique de l’heroic-fantasy d’antan, et préfère opter pour une approche plus dramatique, à base de cordes, percussions, flûte ethnique (évoquant le village d’enfance du héros), synthétiseurs et voix féminine très 'world music'. Dans « Egg Race », Bates illustre la scène de la course aux oeufs avec une pléiade de percussions et flûtes ethniques stéréotypées, associées au village, tandis que les cuivres dissonants, stridents et cacophoniques font ici leur apparition pour l’attaque des barbares au début du film.

C’est cette approche dissonante et agressive que privilégiera Tyler Bates tout au long du film, comme le confirme clairement le violent « Cimmerian Battle » pour la séquence de l’attaque des troupes de Zym au début du film. Ici aussi, le compositeur déchaîne ses cuivres dissonants et puissants, ses percussions ethniques belliqueuses et ses choeurs d’hommes guerriers, délaissant au maximum tout élément mélodique et/ou même harmonique. Dès lors, le ton est donné, et la musique évoluera ainsi tout au long du film, entre passages atmosphériques sombres et déchaînements orchestraux dissonants et cacophoniques. Ainsi, « The Mask-12 Years Later » évoque les méfaits du tyrannique Zym à base de percussions, synthétiseurs atmosphériques, cuivres et choeurs d’hommes lointains - on se croirait clairement revenu dans le style de la partition de « 300 » - le thème de Conan est repris de façon puissante à la fin de « The Mask-12 Years Later », même si l’on regrettera le côté complètement quelconque et sans passion du thème de Conan, qui ne laissera aucun souvenir particulier, et semble même bien mal écrit et difficilement mémorisable à la première écoute. C’est d’ailleurs le côté souvent maladroit et bâclé de la musique de Bates (cf. les bizarreries harmoniques du début de « Freeing Slaves », qui frôlent l’amateurisme !) qui ressort particulièrement dans des morceaux comme la libération des esclaves (« Freeing Slaves ») ou la scène de la poursuite en chevaux (« Horse Chase »), déchaînements d’action dans lesquels le compositeur se contente bien trop souvent d’empiler les cuivres dissonants et les percussions assourdissantes les unes sur les autres, sans aucune réflexion particulière sur l’orchestration, l’harmonie ou même le contrepoint. L’écriture orchestrale de Tyler Bates est tout bonnement calamiteuse et d’une pauvreté absolue : cordes et cuivres se battent en duel sur un lot de percussions ultra bruyantes, de rythmes confus et de dissonances cacophoniques. Même ces passages d’action, pourtant censés être excitants et épiques dans le film, ne parviennent pas à véhiculer la moindre intensité à l’écran et alourdissent les images plus qu’autre chose. Que dire de « Death of a Priest » et ses percussions complètement passe-partout et impersonnelles (la musique semble avoir été écrite précipitamment, sans aucune réflexion particulière), ou l’intense bataille de « Outpost » et son caractère totalement cacophonique qui finit par déranger à la vision du film (chose rare, même dans une production hollywoodienne de ce genre, où la musique est en général un minimum correcte sur les images !).

Les quelques rares passages dramatiques comme « Fever » ne parviennent pas à rehausser le niveau désastreux d’une partition catastrophique et répétitive, mal écrite, mal pensée sur les images et finalement plus gênante qu’autre chose dans le film. On aurait par exemple aimé apprécier un morceau comme le mélancolique « A Kiss » ou « Victory » et son envolée triomphante et solennelle, mais ces rares moments un brin plus prenant sont interrompus trop rapidement par un amoncèlement grossier de maladresses, de sonorités cacophoniques assourdissantes et de choix musicaux incompréhensibles et d’une nullité incroyable. Les grands morceaux d’action de la fin du film (« The Dweller », « Skull Mountain », « Zem’s Demise » ou « Wheel of Torture » et ses changements rythmiques incessants sur fond de choeurs guerriers massifs) échouent eux aussi à susciter le moindre enthousiasme, à l’écran comme sur l’album, et font davantage office de rouleau-compresseur musical que de véritables déchaînements orchestraux épiques, comme on était pourtant en droit d’en attendre sur un film d’une telle envergure, preuve en est que Tyler Bates n’a définitivement pas sa place dans le paysage hollywoodien actuel, qu’il semble maltraiter de plus en plus par un manque effroyable de talent et de goût. Ce constant amer et sévère reflète malheureusement une bien triste réalité, celle d’un véritable marasme artistique alarmant dans la musique de film hollywoodienne d’aujourd’hui, que l’on doit autant aux artisans du studio Remote Control - qui ont dicté un certain style musical envahissant à Hollywood et dans les médias télévisés en général - qu’à des musiciens médiocres comme Tyler Bates, ou même des producteurs sourds, dénués de la moindre culture musicale. Au final, « Conan the Barbarian » est une catastrophe totale de bout en bout, un échec absolu que l’on doit autant au manque de talent de Tyler Bates qu’à des choix de production calamiteux et honteux, preuve en est que la musique de film hollywoodienne d’aujourd’hui souffre plus que jamais d’une véritable absence de réflexion musicale et artistique, enfermée dans un style assez répétitif, froid et bruyant, un problème cristallisé et condensé en une partition, celle de Tyler Bates pour « Conan the Barbarian » : rarement aura-t-on pu assister sur un film de ce genre à une telle erreur monumentale de casting au niveau de la musique, tant le compositeur de « Watchmen » et « 300 » n’était définitivement pas fait pour écrire une musique d’une telle envergure !



---Quentin Billard