Score

1-Still Waters 3.24
2-Departures 4.34
3-The Journey Begins 4.38
4-Power Of The Wind 2.43
5-On The Water/Dolphins 3.58
6-A Wonderful Sail 3.19
7-Ringing Out 2.52
8-The Cubans/New World 4.10
9-Galapagos 2.40
10-The Test 1.05
11-White Squall (Lifeboats) 4.21
12-The Return Home 3.24

Songs
13-I Want To Walk
You Home 2.24*
14-The Skye Boat Song 2.24**
15-Yellow Basket 3.15***
16-Be My Guest 1.59+
17-The Twist 2.39++
18-Somethin' Else 2.03+++
19-Teenage Ska 2.38#

*Interprété par Fats Domino
Ecrit par Antoine Domino
**Traditionnel
Arrangé par Howie McDonald
***Interprété par Tommy McCook
et The Supersonics
Ecrit par Duke Reid
et Tommy McCook
+Interprété par Fats Domino
Ecrit par Antoine Domino,
John Marascalco &
Tommy Boyce
++Interprété par Chubby Checker
Ecrit par Hank Ballard
+++Interprété par
Eddie Cochrane
Ecrit par Sharon Sheeley
et Bob Cochrane
#Interprété par Baba Brooks
and The Baba Brooks Band
Ecrit par Duke Reid.

Musique  composée par:

Jeff Rona

Editeur:

Hollywood Records
HR-62040-2

Producteur exécutif soundtrack:
Mitchell Leib
Chargé de la musique pour
Hollywood Pictures:
Bill Green
Produit par:
Jeff Rona, Hans Zimmer
Préparation de la musique:
Tony Stanton
Monteurs de la musique:
Graham Sutton,
Matthew Komaiko

Services de production musicale:
Maggie Rodford,
Becky Bentham

-Air Edel Associates
Music Clearances:
Jill Meyers

Artwork and pictures (c) 1996 Hollywood Records. All rights reserved.

Note: ****
WHITE SQUALL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jeff Rona
Après l'énorme bide commercial injuste de '1492', Ridley Scott revenait au devant de la scène avec 'White Squall' (Lame de fond), drame inspiré d'une histoire vraie. En 1960, treize jeunes étudiants partent pour un voyage en mer à bord de l'Albatros pour huit mois. L'Albatros est dirigé par le capitaine Christopher Sheldon (Jeff Bridges), un marin expérimenté qui va leur apprendre tout au long de ces huit mois le respect et la discipline. Sheldon est accompagné de son épouse Alice (Caroline Goodall) qui s'occupe des matières scientifiques, tandis que se trouve à leur bord McCrea (John Savage), leur professeur d'anglais. Lorsque la croisière commence enfin, les adolescents commencent à se distinguer. Certains ont des phobies, d'autres ont des problèmes familiaux, d'autres sont plus épanouis, etc. En plus de supporter difficilement au début les conditions en mer, les adolescents doivent apprendre à faire partie d'une communauté et à respecter la discipline. Ce voyage initiatique sera pour eux l'occasion d'enter dans le monde adulte. Ridley Scott nous livre avec 'White Squall' un drame captivant, dans lequel un voyage initiatique tourne au cauchemar lorsque le bateau doit soudainement affronter un 'grain blanc' (White Squall en anglais), une terrible tempête qui fera plusieurs mois et détruira entièrement le bateau. Après avoir été recueilli en mer, Sheldon et les adolescents qui ont survécus à la catastrophe retournent sur terre, tandis que Sheldon doit passer devant une commission judiciaire qui statuera de son sort et évaluera sa responsabilité dans ce drame tragique, afin de savoir si oui ou non une faute a été commise, ce qui nous vaut dix minutes finales particulièrement émouvantes, où les ados se reconnaissent enfin à travers la figure paternelle du personnage de Jeff Bridges, qui fut plus qu'un commandant pour eux tout au long de leur aventure, une fin clairement inspiré d'une fin similaire dans 'Dead Poets Society' (Le cercle des poètes disparus) de Peter Weir (1989). A vrai dire, beaucoup ont ironisés en considérant 'White Squall' comme une sorte de 'Dead Poets Society' sur la mer. Ridley Scott nous montre aussi la puissance de la nature et des océans, contre lesquels l'homme ne peut pas lutter. Avec un casting de qualité (une marque de fabrique de la part du réalisateur anglais) et une histoire poignante sur fond d'amitié, de souffrances et de quête initiatique, 'White Squall' aurait certainement mérité de trouver son public à sa sortie en 1996, le film ayant malheureusement fait un nouveau bide après l'échec de '1492'!

En 1989, Ridley Scott collaborait pour la première fois avec Hans Zimmer sur 'Black Rain'. En 1991, le réalisateur retrouvait le compositeur allemand sur 'Thelma & Louise', mais alors que Ridley Scott envisageait de faire de nouveau appel à Hans Zimmer sur 'White Squall', ce fut finalement Jeff Rona qui fut engagé sur le nouveau film de Ridley Scott, Rona étant l'un des membres de Media Ventures (la bande à Hans Zimmer). Zimmer se contenta d'écrire quelques minutes de musique additionnelle tout en produisant le score de son collègue qui, jusqu'à présent, avait essentiellement composé de la musique additionnelle pour divers films tels que 'Kafka' (1991), 'Toys' (1992), 'Sensation' (1995) ou 'The Net' (1995). La partition de Jeff Rona pour 'White Squall' témoigne d'un talent et d'une sensibilité évidente que le compositeur n'avait jamais encore eu l'occasion d'exprimer de cette façon, une partition méditative, lyrique et émouvante évoquant ce voyage initiatique sur les mers. 'Still Waters' accompagne de manière surprenante le générique de début, sur un ton à la fois méditatif et atmosphérique, utilisant des nappes de synthé, des cordes, quelques percussions discrètes, un mystérieux choeur d'hommes samplé et un hautbois solitaire. On ressent ici une douce mélancolie teintée d'un certain mystère qui pourrait évoquer le côté à la fois dangereux et apaisant de la mer, source de bonheur et de malheur pour l'homme. Voilà en tout cas une très belle ouverture qui n'annonce déjà que du bon pour la suite de cette aventure. Le départ pour l'Albatros est évoqué avec une nostalgie poignante dans 'Departures' où Jeff Rona annonce le magnifique thème principal de sa partition, exposé ici par un piano/harpe et repris par une clarinette. Le thème principal de 'White Squall' évoque à merveille le pouvoir du vent, de la mer et plus généralement de la nature, allié à une dimension à la fois méditative et contemplative évoquant l'idée du voyage initiatique, sur un ton à la fois intimiste et émotionnel. A noter l'utilisation d'un whistle et d'une cornemuse aux sonorités celtiques accentuant l'idée du voyage et de la découverte de nouveaux horizons. A noter ici l'utilisation de conques, grande coquille que l'on trouve dans certains océans exotiques très utilisé dans la musique traditionnelle hawaïenne et que l'on retrouve tout au long de la partition de Jeff Rona. Plus que l'évocation d'un simple départ, 'Departures' pourrait aussi évoquer métaphoriquement les adieux des ados à leur enfance, qu'ils quittent pour entrer dans le monde adulte afin d'entamer leur voyage initiatique, la musique apportant alors une certaine cohérence émotionnelle au récit du film.

Si 'Departures' nous propose une première version émouvante du thème principal, accentué par les différents instruments (clarinette, whistle, trompette, etc.) et quelques synthés, 'The Journey Begins' évoque le commencement du voyage à bord de l'Albatros, Rona accentuant ici l'utilisation d'instruments celtiques/irlandais avec un duo cornemuse/penny whistle toujours soutenu par quelques nappes de synthé (à noter que Jeff Rona, grand collectionneur de flûte, interprète lui-même le penny whistle dans sa musique). Le morceau devient finalement plus sombre par la suite alors que le compositeur fait intervenir les traditionnelles rythmiques électroniques chers aux compositeurs de Media Ventures pour la scène où l'un des ados manque de s'étouffer dans des cordages. Plus sombre et atmosphérique, cette seconde partie évoque les difficultés que rencontrent les étudiants au cours de leur voyage. En revanche, le magnifique 'Power of The Wind' vient apporter un véritable repos en reprenant le superbe thème principal dans sa plus belle version lors d'une scène où le skipper fait hisser les voiles et laisse le vent diriger l'Albatros. Morceau incontournable de la partition de 'White Squall', 'Power of The Wind' constitue l'un des plus beaux exemples du talent d'un compositeur qui se fait trop discret mais à qui l'on devrait confier plus souvent la musique de films de ce genre. Le thème, confié d'abord à une clarinette, des cordes et une harpe, prend une proportion plus majestueuse et aérienne lorsque le compositeur fait intervenir une trompette avec un choeur discret en arrière-fond, un morceau d'une fraîcheur particulièrement émouvante à l'écran, incitant à l'évasion, à la contemplation de la nature.

'On The Walter/Dolphins' accentue les sonorités celtiques/exotiques de la partition avec les conques, la cornemuse, le penny whistle et même quelques steel bands tropicaux pour la scène où les dauphins accompagnent l'Albatros (on retrouve même brièvement le style plus action à la M-V à la fin du morceau, lorsque Frank tue un dauphin dans un acte d'une gratuité répugnante, sans aucun doute l'un des moments les plus durs du film). En revanche, 'A Wonderful Sail' contient une fraîcheur qui incite une fois de plus à la rêverie, à l'évasion à travers la beauté des paysages et des océans, soutenu par une rythmique de guitares entraînantes avec percussions, cornemuse, claviers et cordes. On retrouve le thème principal dans le très beau 'Ringing Out' où l'on devine toujours une certaine nostalgie poignante, tandis que 'Galapagos' accompagne plus énergiquement la scène où les ados s'arrêtent sur une île et partent l'explorer, le morceau nous faisant ressentir à l'écran toute l'émotion de la découverte et de l'exploration de nouveaux horizons à travers une reprise plus majestueuse et rythmée du thème principal. Finalement, 'White Squall (Lifeboats)' apporte une touche plus dramatique à la fin de cette grande aventure après la scène où le bateau coule et où Sheldon doit passer devant une commission judiciaire, morceau dominé par des cordes dramatiques et tourmentées évoquant la souffrance de chacun après une telle tragédie, ce qui permet à Jeff Rona de nous proposer une très belle partie de violoncelle solitaire avec un choeur d'hommes avant de conclure sur 'Return Home' reprenant le thème envoûtant et mystérieux de 'Still Waters' pour conclure le film sur une touche plus mélancolique et nuancée.

'White Squall' est décidément une bien belle surprise de la part d'un Jeff Rona que l'on n'attendait pas sur le film de Ridley Scott. Le compositeur fait preuve ici d'une certaine sensibilité en livrant un score qui respire la fraîcheur, l'évasion, la rêverie, l'exaltation, mais aussi l'inquiétude, le mystère, la souffrance, et ce tout à l'image du très beau film de Ridley Scott. Pour une de ses premières partitions majeures quasiment écrites en solo (après 'Lipstick Camera' en 1994), Jeff Rona nous livre une très belle composition inspirée, qui apporte une magie et une poésie indéniable à 'White Squall'. Il est même dommage que l'on ait tendance à oublier cette partition majeure du compositeur qui semble se faire encore plus discret aujourd'hui, l'album de la musique étant devenu très difficile à se procurer, probablement à cause de la rareté de l'album suite à l'échec du film de Ridley Scott. Reste que 'White Squall' est un magnifique hymne à la beauté de la mer et de la nature, une partition émouvante à découvrir, assurément!


---Quentin Billard