1-Meteor 0.19
2-Infection 2.57
3-Just A Bee Sting 1.46
4-Munchies 1.45
5-I Can't Trust You! 2.20
6-The Basement 1.45
7-Alien Rape 1.32
8-What's That Smell? 2.07
9-Hollywood 0.42
10-Russkies 0.33
11-Do The Split 1.07
12-Ho Lee Shit! 3.15
13-Brenda Bursts 1.49
14-Bedbugs 1.43
15-Blood Vomit 2.31
16-Wally-Grant 2.07
17-Family Fun Day 2.32
18-Bitch Is Hardcore 2.14
19-Crashtermath 3.20
20-Love Theme From Slither 3.11
21-Snaking the Mayor 3.36
22-Starla's Got Her Gunn 2.09
23-Slither Finale 2.17

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

Bulletproof Records BPF 1004

Album produit par:
Tyler Bates
Programmation et
musique additionnelle:
Wolfgang Matthes
Producteur exécutif:
Ralph Sall

Artwork and pictures (c) 2006 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***
SLITHER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
« Slither » (Horribilis) est une série-B horrifique gore réalisée dans le style du cinéma d’épouvante plus artisanal des années 80. L’histoire se déroule entièrement dans la petite bourgade américaine paisible de Wheelsy. L’homme d’affaire Grant Grant (Michael Rooker) est l’un des citoyens les plus fortunés de la ville, mais sa jeune et belle épouse Starla (Elizabeth Banks) s’éloigne de plus en plus de Grant, qui ne parvient plus à compenser l’indifférence grandissante de sa jeune épouse. Grant décide alors de se consoler auprès de son amie Brenda et de partir se balader avec elle en forêt la nuit. C’est alors que l’homme d’affaire et sa consolatrice d’un soir découvrent par hasard une étrange substance gélatineuse d’origine extra-terrestre tout près d’un cratère fraîchement creusé par la chute d’un météore. C’est alors qu’un tentacule surgit brusquement de l’organisme alien pour enserrer Grant et lui inoculer un germe maléfique. Grant revient alors chez lui, mais sa femme Starla constate bientôt que son mari a un comportement de plus en plus bizarre et qu’il semble être devenu quelqu’un d’autre. Réalisé par James Gunn, « Slither » est un hymne déjanté au cinéma d’horreur gore des années 80, un film référentiel et rétro qui semble échappé des ‘eighties’. Le réalisateur, ancien membre de l’écurie Troma (studio à qui l’on doit la série trash des « Toxic Avengers »), en profite ici pour mettre en valeur tout son savoir-faire, utilisant les effets prosthétiques d’antan et les effets spéciaux artisanaux de l’ère des « Evil Dead », « The Thing » et autre « Brain Dead ». Exit donc ici les images numériques habituelles, car depuis « Hostel » ou « Texas Chainsaw Massacre », le cinéma d’épouvante américain semble vouloir revenir de plus en plus vers le style ‘eighties’ : « Slither » n’échappe donc pas à la règle, et nous offre quelques scènes gores particulièrement répugnantes (la métamorphose spectaculaire et affreuse de Michael Rooker - on pense parfois au « The Fly » de David Cronenberg - ou la mort atroce de la femme-cocon remplit de milliers d’asticots aliens). Kitsch, fun, gore et déjanté, « Slither » devrait donc ravir les amateurs de film d’horreur à l’ancienne, entre mauvais goût trash et humour noir loufoque.

Tyler Bates signe une partition horrifique plutôt efficace pour « Slither », mélangeant orchestre et synthétiseurs dans un style qui rappelle clairement son travail sur « Dawn of the Dead » de Zack Snyder (2004). Le ton est donné dès les premières notes de la partition dans « Meteor », pour la chute du météore alien sur la terre au début du film. Tyler Bates met ici l’accent sur des orchestrations assez denses et élaborées, entre cordes, cuivres et bois virevoltants, dans un style qui n’est pas sans rappeler Danny Elfman. La musique bascule ensuite dans l’horrifique pur avec « Infection », pour la scène où Grant se fait infecter par la substance extra-terrestre. L’orchestre bascule alors dans les sursauts de terreur pure, à base de clusters orchestraux chaotiques composés de cuivres dissonants, de piccolo strident ou de cordes sombres. Et pour être sûr d’arriver à ses fins le plus efficacement possible, Tyler Bates a fait appel à un très grand orchestre de 105 musiciens. L’interprétation du Slovak Symphony Orchestra reste d’ailleurs très solide et n’a rien à envier aux prestations américaines habituelles du Hollywood Studio Symphony. Bates pimente sa partition de quelques touches électroniques plus atmosphériques pour renforcer la tension et l’angoisse qui se dégage de certains morceaux, même si la partition reste essentiellement orchestrale de bout en bout, à la manière des grandes musiques horrifiques des films d’épouvantes 80’s - le réalisateur James Gunn avoua avoir eu en tête Bernard Herrmann à l’origine - Tyler Bates, qui n’est pas étranger au registre de la musique horrifique (« Dawn of the Dead », « Halloween », « The Devils Rejects »), nous propose ici l’une de ses musiques les plus massives et les plus orchestrales pour « Slither », une partition horrifique référentielle, qui se paie carrément le luxe de citer avec un humour noir épatant le célèbre thème d’Alan Silvestri pour « Predator » dans « Russkies », avec son motif caractéristique de piano/percussions et son thème de cuivres très reconnaissable, pour la séquence où les policiers et les habitants récupèrent les armes pour affronter les créatures. Un morceau comme « The Split » rappelle quand à lui les grandes musiques horrifiques d’antan, avec ses cuivres massifs, ses cordes agitées et ses ponctuations agressives de percussions.

Les orchestrations restent très soignées - chose assez rare chez Tyler Bates - avec un certain classicisme d’écriture assez typique d’une période musicale révolue à Hollywood. Les sursauts de terreur se succèdent à grande vitesse tout au long du film, qu’il s’agisse du chaotique « Munchies » ou du déchaîné « I Can’t Trust You ! », évoquant la transformation monstrueuse et inquiétante de Grant dans le film. Les amateurs d’angoisse musicale apprécieront sans aucun doute les sursauts tendus de « The Basement » ou le suspense glauque de « Alien Rape », sans oublier la violence de « What’s That Smell ? », qui évoque le début de l’invasion des créatures aliens dans la petite ville de Wheelsy. D’horreur, il est justement question dans le glauque et dissonant « Brenda Bursts », pour la séquence ultra-gore où Brenda explose et libère des milliers de vers aliens. La musique bascule alors dans le cacophonique, à base de cordes dissonantes, de clusters de cuivres et de percussions agitées, accompagné de quelques touches synthétiques atmosphériques menaçantes. L’horreur monte crescendo dans le terrifiant « Bedbugs » et sa sauvagerie orchestrale sans compromis, ou le chaotique « Blood Vomit » pour une autre séquence gore du film. A l’humour noir gore du film de James Gunn, Tyler Bates répond ainsi par un fracas orchestral typique des musiques horrifiques hollywoodiennes habituelles, un genre avec lequel le compositeur semble s’être bien amusé ici, jouant sur les codes du genre tout en apportant quelques petites touches d’humour noir assez appréciables (l’allusion à Alan Silvestri dans « Russkies »). Bates utilise la plupart des effets orchestraux avant-gardistes chers à la musique contemporaine du 20ème siècle pour accomplir ici sa tâche, même si l’ensemble manque cruellement d’un repère thématique précis (les thèmes n’ont jamais été le fort du compositeur !) et d’un brin d’originalité. Bates nous offre malgré tout un Love Theme dramatique et poignant dans « Love Theme From Slither », confié à des cordes sur fond de notes timides de piano et de cors, pour évoquer le lien entre Starla et Grant. Mais même le romantisme torturé et mélancolique de « Love Theme From Slither » finit par être rapidement rattrapé dans le film par les sursauts orchestraux chaotiques, pour la séquence où Starla se retrouve face au Grant alien à la fin du film. Tyler Bates reprend une dernière fois son Love Theme dans « Slither Finale », en guise de coda mélodique plus apaisée et mélancolique.

Tyler Bates signe au final une assez bonne partition orchestrale horrifique et chaotique pour « Slither », une musique un brin prévisible et sans surprise, qui manque d’un thème fort - en dehors d’un Love Theme finalement peu développé dans le film - et bascule un peu trop souvent dans un style cacophonique un peu brouillon et assourdissant (un défaut habituel dans les musiques horrifiques de Tyler Bates !). La musique va donc pile là où on l’attendait, mais qu’importe, le résultat à l’écran est impeccable sans briller d’une originalité particulière. Le score de « Slither » apporte donc terreur, angoisse et frissons au film de James Gunn, à la manière des grandes musiques horrifiques d’antan, mais il est cependant regrettable que le compositeur n’ait pas poussé davantage plus loin son exploration de certaines pistes intéressantes (l’allusion humoristique à « Predator », le thème romantique tragique, l’introduction à la Danny Elfman, etc.) : Bates nous balance ainsi de temps à autre quelques bonnes idées, malheureusement trop rapidement délaissées et sous-exploitées au final. Le score reste assez répétitif et fonctionnel, même si l’on appréciera dans le film l’intensité des passages d’action/terreur dissonants et chaotiques (on pense par exemple au violent « Bitch Is Hardcore »), qui apportent une véritable noirceur musicale au film de James Gunn. Dommage aussi que les quelques touches d’humour noir de la musique ne soient finalement pas plus présentes que cela dans le travail de Tyler Bates. Au final, les amateurs de musique horrifique devraient jeter une oreille attentive sur le score de « Slither », un score fonctionnel mais plutôt réussi, dans la continuité du « Dawn of the Dead » de Tyler Bates !



---Quentin Billard