The Album

1-Main Title 3.30
2-Kill My Wife Next 6.37
3-Boat Chase 5.13
4-The Road Block 1.33
5-Bishop's Falls 1.01
6-Happy Campers 1.55
7-Blazing Saddle 1.46
8-I Hate The Woods 0.46
9-Behold The Gorge 0.42
10-It's A Long Way Down No.1 0.38
11-It's A Long Way Down No.2
(Parts I & II) 2.34
12-Climbing Trek 2.50
13-Not A Bear 0.29
14-And The Killer Is 3.22
15-Who's Jonathan 0.43
16-The Bodies 3.23
17-Say Your Name 2.22
18-The Chimney 1.13
19-The Storm (Part I) 2.04
20-The Storm (Part II) 2.09
21-Mr. Bear 1.03
22-Sarah's Best Shot 2.05
23-Bingo 0.21
24-Torching A Fence 2.06
25-Let Her Go Or Die 10.51
26-End Titles 3.50

Bonus Tracks:

27-Kill My Wife Next
(Original Version) 1.52
28-Bishop's Falls
(Original Version) 1.03
29-It's A Long Way Down No.2
(Part II - Revised Version) 0.57
30-Climbing Trek
(Original Version) 3.02
31-Roller Rink Source No.1 2.33
32-Roller Rink Source No.2 1.59

Musique  composée par:

John Scott

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.173

Album produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif de l'album:
Roger Feigelson
Assistant de production:
Regina Fake
Montage CD:
Douglass Fake

American Federation of Musicians

Edition limitée à 2000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1988/2011 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ****
SHOOT TO KILL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Scott
Thriller de 1988 réalisé par Roger Spottiswoode, « Shoot To Kill » (Randonnée pour un tueur) offrit l’occasion au vétéran Sidney Poitier de revenir sur le grand écran dans un rôle musclé après s’être quasiment retiré du cinéma pendant près d’une décennie (avant « Shoot To Kill », son précédent film, « A Piece of the Action », datait de 1977 !). Le film évoque la traque effrénée entre un agent du FBI déterminé et un redoutable tueur qui réussit à s’enfuir en pleine montagne. L’histoire commence en pleine prise d’otage chez un bijoutier : le mystérieux criminel détient sa femme en otage et exige qu’on lui remette les diamants dans le coffre-fort de la boutique en échange de la vie de son épouse. L’agent du FBI Warren Stantin (Sidney Poitier) tente de négocier avec le tueur, mais ce dernier parvient à s’enfuir après avoir tué la domestique du bijoutier. Dépité par son échec, Stantin continue de traquer le fugitif jusque dans les forêts de l’Etat de Washington, en pleine montagne sauvage. Le tueur s’est joint à un groupe de randonneurs qui décident de traverser les étendues sauvages pour une partie de pêche. Mais le sinistre individu n’est pas là pour faire de la randonnée : il décide alors de révéler son vrai visage en assassinant les marcheurs pour forcer leur guide, Sarah (Kirstie Alley), à le conduire à travers la montagne jusqu’à la frontière canadienne. Stantin se lance alors à sa poursuite, avec l’aide du petit ami de Sarah, Jonathan Knox (Tom Berenger), un montagnard chevronné qui connaît la région comme sa poche. « Shoot To Kill » est une série-B d’action/suspense plutôt réussie, et typique de la fin des années 80. La réalisation passe-partout et impersonnelle du canadien Roger Spottiswoode est un peu décevante, mais le film vaut surtout par la solidité de son casting, et un Sidney Poitier tout bonnement impeccable, qui varie entre détermination obsessionnelle et humour (en bon citadin, Stantin n’arrive pas à monter sur un cheval ou réussit bien malgré lui à faire fuir un ours en hurlant comme un dément !). A ses côtés, Tom Berenger est parfait dans le rôle du montagnard expérimenté, tandis que le groupe de randonneurs, dirigé par la jolie Kirstie Alley, réunit quelques têtes connues, dont certains sont des habitués des rôles de méchant : on retrouve entre autre Andrew Robinson (inoubliable Scorpio de « Dirty Harry »), l’inquiétant Clancy Brown (il campa le maléfique Kurgan de « Highlander »), Frederick Coffin ou bien encore Richard Masur (remarqué en 1982 dans « The Thing » de John Carpenter). Le film ménage habilement action, suspense et scènes de montagne, avec des décors naturels assez grandioses. Dommage cependant que l’identité du tueur soit révélée dès le milieu du film, le final tombant finalement un peu à plat et s’avérant extrêmement prévisible et sans surprise. Les scènes en montagne sont très soignées, tout comme les quinze premières minutes du film au suspense habilement ménagé. On regrettera cependant le côté téléfilm un brin anecdotique de la réalisation de Roger Spottiswoode, qui manque parfois de conviction, de passion et de folie. Malgré tout, « Shoot To Kill » reste un classique du film à suspense de la fin des années 80.

La partition musicale de « Shoot To Kill » a été confiée au compositeur britannique John Scott, qui nous livre ici l’un de ses meilleurs travaux dans le registre de l’action et du suspense. Le score de « Shoot To Kill » repose essentiellement sur un thème principal extrêmement mémorable, que certains considèrent souvent comme l’un des thèmes majeurs de la musique de film hollywoodienne des années 80. Dévoilé dès le générique de début du film (« Main Title »), le thème principal de « Shoot To Kill » est confié à un saxophone soliste accompagné de l’orchestre. Le saxophone, instrument de prédilection de John Scott (le compositeur en joua dans sa jeunesse sur le score mythique de « Goldfinger » de John Barry en 1964 !), sera très présent tout au long du film, associé au personnage de Warren Stantin brillamment incarné à l’écran par Sidney Poitier. Le thème principal, savamment élaboré, se constitue de deux grandes phrases mélodiques, la première et la deuxième étant constituées d’une cellule ascendante de 7 notes, suivie d’une seconde partie en notes descendantes. Véritable attraction principale du score de « Shoot To Kill », l’inoubliable thème de saxophone du « Main Title » sera au coeur même de la partition de John Scott, un thème symbolisant le suspense, l’action et aussi la détermination de Stantin à mettre la main sur le tueur tout au long du film. Le thème prendra d’ailleurs différentes identités et fonctions tout au long du film, tour-à-tour associé à Stantin, mais aussi à Knox, aux paysages grandioses de la montagne, à la romance entre Knox et Sarah ou tout simplement à la traque entre Stantin et l’assassin. Autre élément thématique majeur dans la partition de « Shoot To Kill » : un motif de notes descendantes, menaçant et mystérieux, associé tout au long du film à l’assassin. Ce motif, souvent confié à un synthétiseur, sera régulièrement juxtaposé ou confronté au thème principal, comme pour rappeler l’idée de la traque du tueur dans la montagne sauvage, tout en suggérant l’idée d’une menace omniprésente et du mystère entourant l’identité du tueur (qui sera finalement dévoilée vers le milieu du film !). Le « Main Title » développe alors le thème principal dans son intégralité avec le saxophone sur fond de cordes sombres, de quelques accords de cuivres et de notes graves et menaçantes du piano, symbole de suspense et de danger. Autre élément notable ici : l’utilisation de toms synthétiques typiquement années 80, un élément alors à la mode dans les musiques d’action hollywoodiennes de cette époque, et que John Scott utilise tout au long de sa partition pour symboliser l’action et la tension.

La séquence de la négociation au début du film (« Kill My Wife Next ») permet à Scott de développer brièvement les premières notes du thème au saxophone sous la forme d’effets d’échoplex, un effet cher à Jerry Goldsmith - qui semble avoir quelque peu influencé John Scott sur la partition de « Shoot To Kill ». Les effets d’échoplex du saxophone seront eux aussi très présents tout au long du film, représentant le suspense et le mystère tandis que l’écho pourrait aussi renvoyer à l’immensité des paysages montagneux du film. Scott développe alors le thème principal de façon protéiforme, tout en introduisant le motif entêtant et mystérieux du tueur, motif confié à un synthétiseur. Le suspense et la tension sont ici les maîtres mots du compositeur, qui soigne particulièrement ses orchestrations et choisit avec habileté ses différentes sonorités instrumentales et/ou synthétiques pour illustrer la tension de cette première séquence particulièrement sombre. La seconde partie de « Kill My Wife Next » développe alors un thème de cuivres sur fond d’ostinato rythmique de caisse claire alors que le tueur a pris en otage la femme du bijoutier et menace de l’exécuter si la police ne le laisse pas partir avec son précieux butin. Avec le « Main Title » et « Kill My Wife Next », John Scott nous offre déjà deux morceaux majeurs au début de sa partition, deux pièces-clé qui annoncent une partition solide et riche, d’une certaine complexité. La traque à l’assassin se poursuit dans « Boat Chase » pour la scène sur le port. A noter ici l’utilisation d’une série de notes répétées de façon inquiétante au piano pour suggérer habilement la tension, sur fond de tenue sinistre de cordes et de cuivres en sourdine rappelant régulièrement les premières notes du thème principal. Le motif du tueur reste aussi très présent, avant d’aboutir à un premier passage d’action martial et cuivré. L’action continue alors dans « The Road Block » avant d’enchaîner sur « Bishop’s Falls » et le sinistre « Happy Campers ». Les séquences dans la montagne permettent alors à John Scott de concrétiser certaines de ses idées annoncées au début du film, comme les effets d’échoplex du saxophone (imitant de façon artificielle les effets d’écho en montagne) ou les percussions synthétiques typiquement 80’s dans « Blazing Saddle ». Le thème, toujours très présent, est repris dans « I Hate The Woods », tandis que l’action explose dans « It’s A Long Way Down No.2 » pour la scène où Knox chute dans le canyon et se retrouve suspendu au dessus du vide avant d’être sauvé in extremis par Stantin dans l’excellent et déterminé « Climbing Trek ».

On retrouve ici le grand John Scott des musiques d’action orchestrales de l’époque, riches, complexes et écrites avec une élégance et une puissance digne du maestro britannique. Le tueur révèle enfin son vrai visage dans le sombre et intense « And The Killer Is » : Scott met alors l’accent sur les cuivres et les dissonances, avec une reprise orchestrale du motif du tueur, confié cette fois-ci aux bois et au piano, de façon plus imposante. Le compositeur nous offre un excellent morceau d’action dans « The Chimney », sur fond d’ostinato mélodique de synthétiseur, agrémenté de percussions synthétiques et d’échoplex de trompettes en sourdine, pour la scène où Knox escalade une longue paroi rocheuse verticale. L’ostinato mélodique de « The Chimney » rappelle là aussi le style de Jerry Goldsmith, auquel John Scott semble faire allusion à plusieurs reprises, avec un profond respect et une certaine intelligence. La scène de la tempête (« The Storm ») nous offre aussi quelques beaux passages plus vifs et agités, alors que l’action se prolonge intensément dans « Sarah’s Best Shot », avant d’aboutir à la confrontation finale sur le ferry dans le long et intense « Let Her Go or Die », long morceau d’action/suspense de plus de 10 minutes, dont la batterie introductive, discrète et un brin funky, ferait quasiment penser à du Lalo Schifrin ou du Jerry Fielding des années 70 - sans oublier une belle reprise du thème dans son intégralité pour la poursuite en voiture sur fond de batterie pop savoureuse et de guitare électrique. Le thème principal, omniprésent, est constamment développé et entrecoupé d’allusions diverses au motif de l’assassin tout au long des 10 minutes du climax d’action final, un pur régal pour tout fan de John Scott qui se respecte ! Enfin, le compositeur se fait plaisir et reprend une dernière fois dans sa version complète l’inoubliable thème principal pour le générique de fin (« End Titles »). On reprochera néanmoins le caractère omniprésent et répétitif du thème principal, constamment repris tout au long du film et un peu trop présent, et ce malgré de nombreux développements thématiques riches et variés. John Scott aurait certainement gagné à utiliser de façon plus modérée et judicieuse le thème principal, alors que ce dernier apparaît quasiment dans tous les morceaux du score, de façon un peu trop répétitive sur la longueur. Qu’à cela ne tienne, ce maigre défaut pèse bien peu face à la qualité d’une musique d’action/suspense indispensable, sans aucun doute l’un des meilleurs travaux de John Scott dans le registre du polar/thriller de sa période années 80, que l’on peut enfin redécouvrir dans son intégralité grâce à l’excellente édition officielle du score par Intrada - une première, depuis la sortie du film en 1988 ! Ne manquez donc pas cette oeuvre majeure de John Scott, qui, en plus d’apporter une tension et un sentiment d’action et d’aventure indispensable au film de Roger Spottiswoode, vous permettra de découvrir l’un des thèmes les plus mémorables de toute la carrière du compositeur : un must, en somme !



---Quentin Billard