1-The Beginning 2.48
2-Bright Eyes Escapes 3.38
3-Lofty Swing 1.36
4-Stealing The 112 1.52
5-Muir Woods 1.20
6-Off You Go 2.17
7-Who Am I? 2.21
8-Caesar Protects Charles 3.58
9-The Primate Facility 2.45
10-Dodge Hoses Caesar 1.40
11-Rocket Attacks Caesar 1.24
12-Visiting Time 2.17
13-'Caesing' The Knife 2.04
14-Buck is Released 1.52
15-Charles Slips Away 1.16
16-Cookies 1.14
17-Inhaling the Virus 2.45
18-Caesar Says No 4.23
19-Gen-Sys Freedom 4.57
20-Zoo Breakout 2.41
21-Golden Gate Bridge 5.21
22-The Apes Attack 2.10
23-Caesar and Buck 1.58
24-Caesar's Home 2.40

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 106 2

Album produit par:
Patrick Doyle, Maggie Rodford
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique pour
20th Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour la
20th Century Fox par:
Patrick Houlihan

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2011 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
RISE OF THE PLANET OF THE APES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
La franchise « Planet of the Apes » se voit rajouter en cet été 2011 un nouvel opus très attendu, après le remake très mitigé de Tim Burton en 2001. « Rise of the Planet of the Apes » (La planète des Singes : les Origines) est un prequel à la saga, expliquant ainsi les origines de la planète des singes. Will Rodman (James Franco) est un jeune scientifique prometteur, sur le point de créer un traitement expérimental contre la maladie d’Alzheimer, le ALZ-112. Will et ses collègues testent alors le remède sur des singes, mais les essais ont des effets secondaires totalement inattendus : la substance injectée aux singes provoque une augmentation radicale de leur activité cérébrale. Mais lorsque les premiers cobayes agressent subitement le personnel du laboratoire, le directeur des recherches décide de faire abattre les singes. Will réussit alors à sauver César, le premier jeune chimpanzé à naître d’une des femelles cobayes qui a reçu le sérum expérimental, et qui fait preuve d’une intelligence extraordinaire. Will décide alors de le ramener chez lui, où il l’élèvera et prendra soin de lui. Devenu adulte, César se heurte à l’hostilité de certains humains à son égard, et provoque malgré lui la pagaille dans le quartier. Will n’a donc plus d’autre choix que de confier César à un centre d’hébergement pour primates, dirigé par John Landon (Brian Cox). Mais les singes y sont cruellement malmenés par le fils de Landon, Dodge (Tom Felton), qui s’occupe de garder les animaux. Trahi par les humains en qui il avait confiance, César prépare le soulèvement des siens contre l’homme : la révolte des singes est en marche. « Rise of the Planet of the Apes » est le premier long-métrage hollywoodien du cinéaste britannique Rupert Wyatt, remarqué en 2008 pour « The Escapist ». Le film nous propose ainsi une relecture complète de la mythologie de la franchise, rompant ainsi avec la continuité des anciens épisodes (et du roman originel de Pierre Boulle). L’explication donnée aux origines de la civilisation des singes rompt ainsi avec celles des anciens films, et plus particulièrement avec celui de Franklin J. Schaffner. Autre nouveauté : c’est la première fois que les singes sont ici crées en images de synthèse, utilisant la technologie moderne du capture-motion, déjà vue dans « Lord of the Rings », « Avatar » ou le récent « Tintin » de Spielberg. Car effectivement, la véritable vedette du film n’est pas James Franco, John Lithgow ou Freida Pinto, mais bien César, le singe à l’origine de la révolte des chimpanzés, brillamment interprété par Andy Serkis (inoubliable Gollum de « Lord of the Rings »). Le résultat, audacieux et osé, est tout bonnement épatant visuellement : les singes sont ainsi extrêmement réalistes, et le personnage de César devient de plus en plus charismatique et impressionnant dans le film, apportant une véritable humanité à un solide blockbuster estival qui, fort heureusement, ne se limite pas qu’à ses effets spéciaux, mais apporte un vrai souffle dramatique et émouvant au récit. « Rise of the Planet of the Apes » épate ainsi par l’intensité dramatique du récit, la qualité du scénario et l’évocation épatante de la contestation des singes et de la lutte des classes (le script est néanmoins calqué sur celui du « Conquest of the Planet of the Apes » de J. Lee Thompson). Rupert Wyatt évoque aussi les rapports parfois difficiles entre les hommes et les animaux, et certaines scènes dans lesquelles on voit les singes se faire maltraiter par le personnage de Tom Felton (échappé de la saga « Harry Potter ») remuent et incitent forcément à la réflexion. Le film nous offre aussi une longue et spectaculaire séquence d’action finale, extrêmement impressionnante et filmée avec brio, et ce même si la mise en scène reste encore assez impersonnelle et sans grand éclat. Grâce à son mélange d’émotion, de drame et de révolte animale, « Rise of the Planet of the Apes » est un opus particulier dans la saga, qui devrait ravir les fans comme les novices : voici probablement l’un des plus intelligents blockbusters de l’été 2011 !

La musique orchestrale de Patrick Doyle apporte à son tour une force et un souffle dramatique imposant au film de Rupert Wyatt. C’est d’ailleurs grâce à son récent travail sur « Thor » que le compositeur écossais s’est ainsi vu confier les rennes de la partition de « Rise of the Planet of the Apes ». Patrick Doyle reprend sur ce film son style orchestral ample et dramatique parsemé de percussions électroniques à la Remote Control héritées de « Thor ». Du coup, ceux qui ont été déçus par le travail de Doyle sur « Thor » retrouveront à regret les mêmes défauts sur « Rise of the Planet of the Apes », et ce dès le début du score, dans « The Beginning », et ses percussions synthétiques totalement impersonnelles et passe-partout, que les musiciens hollywoodiens semblent vouloir mettre aujourd’hui à toutes les sauces, prétextant un besoin d’écrire des musiques plus modernes, plus adaptées aux effets de mode de la musique de film hollywoodienne d’aujourd’hui, plus dans l’ère du temps. Pourtant, le style symphonique de Doyle transparaît toujours derrière cet amoncèlement de percussions synthétiques envahissantes, même si l’on regrettera le recours souvent facile aux formules musicales habituelles des productions Remote Control - un style pourtant à des années lumières de celui de Patrick Doyle. Ainsi, « Bright Eyes Escapes » évoque la scène de l’évasion de la femelle chimpanzé au début du film, à grand renfort d’ostinato de cordes et de percussions synthétiques agressives. Quelques sonorités ethniques/exotiques évoquent alors le monde des singes, comme la flûte ethnique au début de « The Beginning » ou les quelques percussions de « Lofty Swing ». Mais ces éléments ethniques restent finalement peu présents, à des années lumière des expérimentations exceptionnelles de Jerry Goldsmith sur « Planet of the Apes » (1968). D’un point de vue thématique, la partition de « Rise of the Planet of the Apes » repose sur une série de deux thèmes, constamment développés et mélangés les uns aux autres. Le premier thème est associé à César tout au long du film, et dévoilé par l’ocarina vers le début de « The Beginning », à partir de 1 :06. A noter que l’ocarina possède une sonorité particulièrement douce et chaleureuse, qui pourrait clairement se rapprocher ici du son d’une voix féminine : Doyle joue ainsi habilement sur la ressemblance de l’ocarina avec le timbre d’une voix féminine, et apporte un côté mélancolique et solitaire à son thème, qu’il développera de différentes façons suivant les situations tout au long du film. On retrouve ainsi le dit thème dans « Who Am I ? », où l’ocarina renforce encore une fois cette sensation d’entendre quasiment une voix chantée. Dommage cependant que le thème s’avère être peu inspiré, et difficilement mémorisable dans le film, à cause de son caractère anecdotique. « Dodge Hoses Caesar » amène progressivement de nouvelles variations du thème vers une formule musicale plus héroïque et solennelle, alors que César comprend la situation qu’il vit, et commence à prendre conscience de qui il est réellement. Le thème de César atteindra son aboutissement vers la fin du film, lors de la bataille finale sur le pont (« Golden Gate Bridge ») et pour la coda vibrante, triomphante et poignante de « Caesar’s Home ».

Le deuxième thème du score est entendu dans « Buck Is Released », un thème d’action confié à des cuivres sur fond de percussions guerrières, alors que César conduit ses semblables à la révolte et les mène vers la liberté. Le thème revient de façon puissante et intense dans « Caesar Says No » - scène clé du film - alors que César prononce pour la première fois un mot, « non ! ». C’est dans la seconde partie du film que ce deuxième thème sera très présent, et ce jusqu’à la séquence de la bataille finale du film. Dans « Gen-Sys Freedom », les singes conquièrent leur liberté tandis que « Zoo Breakout » illustre brillamment l’évasion du zoo avec le retour du thème de la rébellion aux cuivres, vers la fin du morceau. Doyle nous offre alors l’un des meilleurs morceaux d’action du score (après le percussif et intense « Gen-Sys Freedom ») dans l’impressionnant « Golden Gate Bridge », pour la séquence de l’attaque finale sur le pont du Golden Gate, 5 minutes d’action pure typique du compositeur écossais, d’une intensité remarquable à l’écran. Doyle développe ici aussi le thème de la rébellion de façon quelque peu subtile et camouflée, tandis que le thème héroïque et solennel de la fin de « « explose vers la fin de « Golden Gate Bridge » dans ce qui reste l’un des plus beaux passages de la partition de Patrick Doyle. Le morceau aboutit au climax d’action survolté de « The Apes Attack », à grand renfort de percussions tonitruantes, de cuivres massifs et de cordes agitées. Les auditeurs les plus attentifs remarqueront une allusion camouflée au thème de César aux cuivres vers 0 :55, comme pour rappeler l’idée que le chef de cette rébellion reste le charismatique César. Après 1 :27, Doyle développe à nouveau le thème aux violons et aux trompettes, et ce même si tous ces développements s’avèrent être peu évidents et trop subtils pour pouvoir être remarqués clairement dans le film - on aurait peut être apprécié plus de clarté dans l’évolution des thèmes tout au long de « Rise of the Planet of the Apes ». Le thème de César revient ensuite dans « Caesar and Buck » de façon plus mélancolique et dramatique, interprété ici par des violoncelles résignés et lyriques, typiques du compositeur. « Who Am I » évoque alors les interrogations existentielles de César dans le film, alors que le singe commence à prendre conscience qu’il est doué d’intelligence, et qu’il se pose des questions sur lui-même et son existence dans ce monde. La musique reflète alors les sentiments du singe à l’aide de cordes, bois, ocarina et éléments électroniques discrets, un passage intimiste un peu fonctionnel mais néanmoins réussi, et qui permet d’apporter un brin d’intimité et un soupçon d’émotion à un score somme toute assez froid et fonctionnel - bien que riche en développements thématiques. Les parties sombres et dissonantes deviennent aussi plus présentes, pour évoquer les problèmes de César dans le centre d’hébergement des primates (cf. « Caesing the Knife »). Les percussions guerrières règnent en maître dans l’agressif « Rocket Attacks Caesar », « Visiting Time » ou le tonitruant « Buck Is Released », où elles cohabitent avec des cuivres massifs et imposants.

Vous l’aurez donc compris, Patrick Doyle ne fait pas dans la dentelle avec « Rise of the Planet of the Apes » et nous propose, à l’instar de « Thor », un mélange personnel entre son style orchestral habituel et les percussions action héritées de Remote Control, une fusion des deux styles quelque peu hasardeuse et décevante de la part d’un compositeur, autrefois plus inspiré. Mais curieusement, la musique finit par gagner progressivement notre adhésion grâce à un élément majeur dans le score du film, une construction thématique subtile mais savamment élaborée et très présente, bien que quasiment imperceptible à la vision du film. Les deux thèmes majeurs du score sont très présents et brillamment développés, mais il faudra de nombreuses écoutes attentives et variées pour pouvoir réussir à les distinguer très nettement, entre deux déchaînements percussifs et orchestraux. Encore une fois, Patrick Doyle nous prouve qu’il sait écrire des thèmes au lyrisme sous-jacent, et ce même si les thèmes paraissent assez peu inspirés et difficilement perceptibles au premier abord. Comme dans « The Golden Compass » d’Alexandre Desplat, la musique de « Rise of the Planet of the Apes » est ce genre de partition qui, un peu décevante et frustrante au premier abord, grandit en nous au fil des écoutes pour finalement révéler ses richesses intérieures quasi insoupçonnées. Néanmoins, cela ne suffira pas à en faire un nouveau classique incontournable de la part de Patrick Doyle, mais toujours est-il que, grâce à sa construction thématique subtile et à son intensité dramatique et brutale à l’écran, la musique de « Rise of the Planet of the Apes » s’avère être une partition bien plus convaincante que ne l’était celle de « Thor », et ce même s’il y a fort à parier que de nombreux auditeurs frôleront l’indigestion avec les insupportables et omniprésentes percussions action « Remote Control » à l’écoute du travail de Patrick Doyle dans le film !




---Quentin Billard