1-Main Title 2.37*
2-Duncan's Curse 4.10
3-Lizard! 6.48*
4-Honey I'm Home 3.00
5-Always You 3.21**
6-A Whole New Wardrobe 3.55
7-Tracking The Gypsies 6.48
8-Time To Move On 1.58
9-Billy Doll 2.51
10-Committal in Absentia 3.18
11-Are You Awake Or Dead? 2.43*
12-End Credits 3.50*
13-Universal Love 5.54***

*Longer version than that
contained in the picture.
**Interprété par Nighthawk Jackson
& The Icemen
***Interprété par Clair Marlo.

Musique  composée par:

Daniel Licht

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5761

Produit par:
Daniel Licht
Producteur exécutif:
Robert Townson
Coordination du score:
Anna Bonn
Monteurs musique:
Mark Killian, David Bondelevitch

Artwork and pictures (c) 1996 Spelling Films Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THINNER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Daniel Licht
Adapté du roman éponyme de Stephen King, « Thinner » (la peau sur les os) raconte l’histoire inquiétante de Billy Halleck (Robert John Burke), un avocat newyorkais ambitieux et arrogant qui mène une vie de rêve dans le Connecticut, entre sa séduisante femme, sa fille et sa grande maison. Un jour, Billy tue accidentellement en voiture une vieille gitane dans la rue. Mais grâce à ses connaissances et sa notoriété dans le milieu juridique, Billy parvient à être acquitté, tandis que les gitans sont expulsés de la ville. Peu de temps après, Billy commence alors à maigrir rapidement à vue d’oeil, sans raison apparente, perdant ainsi un kilo par jour : même en absorbant une quantité phénoménale de nourriture, Billy ne parvient pas à enrayer cette perte de poids vertigineuse et dangereuse, l’amenant progressivement vers une mort certaine. Les deux personnes qui l’ont couvert lors du procès, le juge et le chef de la police, souffrent eux aussi de maux bien étranges et inquiétants. Angoissé, Billy comprend alors que le chef de la bande des gitans lui a jeté un sort pour venger la mort de la vieille femme. S’il veut s’en sortir, Billy n’a plus qu’une seule solution : demander de l’aide auprès de Richie Ginelli (Joe Mantegna), parrain de la mafia locale. « Thinner » est signé Tom Holland, spécialiste du film d’horreur, à qui l’on doit des classiques du genre tels que « Child’s Play », « Fright Night » ou bien encore la minisérie « The Langoliers », adaptée elle aussi d’un roman de Stephen King. Avec « Thinner », Holland nous livre une solide adaptation d’une oeuvre phare de Stephen King, alors écrite en 1984 sous le pseudonyme ‘Richard Bachman’. Le film doit tout autant à l’interprétation impressionnante de Robert John Burke, qui, obèse au début du film, finira extrêmement maigre et décrépi, à la limite de l’état morbide. On saluera ici la qualité du maquillage, des quelques effets spéciaux gores à l’ancienne (le film date de 1996) et d’un mélange détonnant entre suspense et humour noir macabre. C’est d’ailleurs ce mélange entre humour macabre et séquences d’épouvante sanguinaire (les victimes mutilées des gitans, etc.) qui font toute la qualité du long-métrage de Tom Holland, dont on regrettera cependant le côté « téléfilm » à budget modeste - on se serait attendu à un traitement visuel et scénaristique plus ambitieux, une terrible histoire de sortilège et de malédiction, qui, aux mains d’un maître comme Sam Raimi ou Tobe Hooper, aurait certainement pu aboutir à quelque chose de plus grandiose et de plus poussé. Néanmoins, « Thinner » reste un film d’épouvante tout à fait distrayant, jouant sur une atmosphère de tension macabre assez prenante, aboutissant à un final extrêmement cruel et choquant, d’une ironie incroyablement perverse et méchante à souhait (peut-être trop ?). Quoiqu’il en soit, les fans du roman originel de Stephen King (qui fait une brève apparition dans le film dans le rôle d’un pharmacien maladroit) devraient apprécier cette solide adaptation cinématographique plutôt réussie et bien réalisée, malgré son manque évident de moyens. Un bon film d’épouvante, en somme !

La musique de « Thinner » permet au compositeur Daniel Licht de nous offrir l’un de ses meilleurs travaux dans le registre de la musique d’épouvante, dans un style orchestral hollywoodien qui rappelle clairement Christopher Young, influence majeure sur la musique de « Thinner » (Young a d’ailleurs déjà écrit la musique d’un film adapté de Stephen King, « The Dark Half », en 1993). Pour information, Daniel Licht est un spécialiste des musiques d’épouvante, puisqu’il s’est fait connaître en 1991 pour sa musique du film « Children of the Night » et écrira la musique de plusieurs films d’épouvante tels que « Hellraiser IV : Bloodline », « Children of the Corn II » ou bien encore « Bad Moon », sans oublier sa musique pour le jeu vidéo « Silent Hill Downpour » (Daniel Licht succède à Akira Yamaoka pour la première fois sur la célèbre saga de Konami !). Licht est aujourd’hui surtout connu pour ses musiques inspirées sur la série TV « Dexter ». Le score de « Thinner » surfe sur la vague des musiques horrifiques/suspense orchestrales des années 80, influencées par Christopher Young : l’ombre du compositeur américaine plane d’un bout à l’autre de la partition de « Thinner ». Interprétée par le Northwest Sinfonia, accompagné du violoniste Simon James, la partition de Daniel Licht pour le film de Tom Holland utilise un thème principal mystérieux et envoûtant dévoilé dès le traditionnel « Main Title » en ouverture du film : orchestrations riches et élaborées, tambourin, violon soliste envoûtant et même cymbalum, Licht développe ici un thème mystérieux à trois temps associé aux gitans dans le film, une sorte de valse aux consonances tziganes évoquant clairement l’idée du sortilège au coeur même de l’intrigue de « Thinner », une très belle ouverture que n’aurait certainement pas renié Christopher Young. L’idée du maléfice revient dans « Duncan’s Curse », où les orchestrations restent très soignées - conçues par Daniel Licht lui-même, en compagnie de Jon Kull et Pete Anthony, spécialiste des orchestrations sur les musiques horrifiques hollywoodiennes - mais plutôt que de sombrer dans la dissonance ou le chaos, Licht préfère évoquer le maléfice en utilisant une musique faussement douce et envoûtante, à l’aide du motif descendant de flûtes/célesta introduisant le « Main Title », avec des harmonies sensuelles et mystérieuses qui rappellent vaguement le « Basic Instinct » de Jerry Goldsmith. La musique devient alors plus dissonante et sombre dans la seconde partie de « Duncan’s Curse », où les influences de Christopher Young paraissent alors plus claires et affirmées : cordes dissonantes, cymbalum entêtant, notes répétées de piano, tout semble être mis en oeuvre pour créer une atmosphère plus inquiétante, incertaine et menaçante, tout en suggérant subtilement l’idée de la magie noire, idée véhiculée par le thème principal, assez présent tout au long du film.

« Lizard ! » développe à son tour cette atmosphère mystérieuse et envoûtante du début avec des cordes sombres et froides (jouant en harmoniques), avec un piano et quelques bois rappelant le thème tzigane. Le cymbalum et les petites percussions sont de retour, pour renforcer le sentiment de menace sous-jacente. La musique devient alors plus énergique et rythmée pour la fin de « Lizard ! », avec un premier morceau d’action intense, sombre et massif, suggérant clairement un sentiment de terreur et d’urgence, sans oublier pour autant les sonorités tziganes du début. L’histoire avance, tout comme la musique, qui devient de plus en plus sombre, alors que Billy Halleck commence à perdre de plus en plus de poids (« Honey, I’m Home »). Ici aussi, les harmonies et les orchestrations, tout aussi réussies soient-elles, rappellent indubitablement le style Christopher Young ou celui de Jerry Goldsmith (on s’imagine sans mal les musiques choisies à l’origine pour les temp-tracks du film !). Certaines harmonies et sonorités de « Honey, I’m Home » font clairement penser à des scores tels que « Jennifer 8 », « The Dark Half » ou bien encore « Copycat ». Le violon tzigane revient dans « A Whole New Wardrobe », qui se teinte progressivement de dissonances de plus en plus menaçantes, notamment à travers l’utilisation des cordes et du piano « thriller » habituel. On bascule alors très clairement ici dans le suspense et l’angoisse, grâce à une musique plus menaçante et terrifiante, véhiculant clairement une certaine tension à l’écran. L’idée de la vengeance de Billy devient plus évidente dans « Tracking the Gypsies », révélant encore une fois quelques similitudes avec « Basic Instinct » de Jerry Goldsmith, alors que Billy fait appel au mafieux Richie Ginelli pour traquer les gitans et leur rendre leur monnaie de leur pièce. A noter ici un motif de deux notes répétées d’harmonica et de harpe, repris plusieurs fois dans le score, et qui n’est pas sans rappeler un motif similaire dans la musique du film « Magic » de Jerry Goldsmith. L’action et la terreur ne sont pas en reste ici, avec des orchestrations plus complexes et quelques effets orchestraux avant-gardistes massifs hérités de la musique contemporaine du 20ème siècle. A noter que Daniel Licht va même jusqu’à imiter les musiques de cirque diaboliques du « Hellraiser II » de Christopher Young dans « A Time To Move On », sous la forme d’une valse synthétique évoquant une sorte de carnaval maléfique. Encore une fois, la parenté stylistique de « Thinner » avec les travaux de Chris Young sur ses musiques d’horreur/suspense habituelles paraissent de plus en plus évidentes au fur et à mesure que la musique évolue dans le film, que ce soit les sursauts de terreur de l’agressif « Are You Awake or Dead », sans oublier la brillante conclusion du « End Credits », reprenant une dernière fois la valse tzigane de « Thinner ».

Daniel Licht signe donc une solide composition orchestrale pour le film d’épouvante de Tom Holland, une musique sombre, mystérieuse, envoûtante et agressive, qui distille un parfum de mystère et de terreur tout au long du film, créant une sensation de malaise et de suspense tout au long du récit. Même si le score de « Thinner » est parsemé d’envolées horrifiques traditionnelles, l’essentiel de la musique repose avant tout sur un climat diaboliquement sensuel et mystérieux, influencé du « Basic Instinct » de Jerry Goldsmith (sans oublier des allusions à « Magic »). Quand aux sonorités évoquant la musique tzigane, elles servent de ciment à la musique dans le film et rendent le tout parfaitement cohérent par rapport au récit qui se déroule à l’écran. Difficile en revanche de ne pas reconnaître les nombreuses influences et allusions au style de Christopher Young, tant la partition de « Thinner » possède bon nombre de points communs avec les travaux du grand maître de la musique d’épouvante. Si vous appréciez donc les musiques de Chris Young pour des films tels que « Jennifer 8 », « Copycat », « The Dark Half », « Judicial Consent » ou bien encore « Hellraiser », la partition de « Thinner » devrait donc vous satisfaire amplement, même si l’on regrettera le côté impersonnel de cette composition, réussie mais sans grande originalité particulière, idéale néanmoins pour se replonger intensément dans le roman originel de Stephen King !



---Quentin Billard