1-Bloody Boy/Neon Reprise 5.50
2-Old Newspapers 1.44
3-Lament for Leah 3.50
4-It's Something Personal 2.06
5-The Party 4.45
6-He Repeats, He Repeats 1.57
7-Discover Troops 2.40
8-Into the Cage 2.04
9-The Yearbook 1.43
10-Copper Creek 3.31
11-Values 2.29
12-Cheryl 1.08
13-The Truth is Out There 3.10
14-The Study 2.04
15-What Message 2.26
16-Last Day 7:56
17-Stoplight Flight 1.25
18-Escape 4.50
19-The Bomb 2.02
20-Aftermath 5.30
21-Leah's Theme 3.50

Musique  composée par:

Angelo Badalamenti

Editeur:

Milan 74321 65152-2

Musique additionnelle de:
Tomandandy et
Phil Marshall
Producteur:
Angelo Badalamenti
Montage musique:
Mark Jan Wlodarkiewicz

Artwork and pictures (c) 1999 Polygram. All rights reserved.

Note: ***
ARLINGTON ROAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Angelo Badalamenti
Second long-métrage de Mark Pellington (réalisateur de nombreux clips vidéos pour la chaîne MTV, révélé en 1997 pour le film « Going All The Way » avec Ben Affleck), « Arlington Road » aurait pu rester un thriller comme les autres s’il ne s’était pas payé le luxe d’offrir aux spectateurs une fin totalement surprenante et une esthétique visuelle assez étonnante pour un film de ce genre. Basé sur un script d’Ehren Kruger, « Arlington Road » nous plonge dans le quotidien serein d’une petite banlieue de Washington, dans laquelle vit un couple ordinaire, les Faraday. Michael (Jeff Bridges) est un professeur d’histoire, qui tente difficilement d’oublier la mort de sa femme qui travaillait au FBI, décédée il y a maintenant deux ans à la suite d’une bavure. Michael vit avec son jeune fils, Grant, traumatisé à son tour par la mort de sa mère. Un jour, de nouveaux voisins arrivent dans la rue d’Arlington Road et s’installent à côté des Faraday, dans le pavillon d’en face. Ces derniers font alors la connaissance d’Oliver Lang (Tim Robbins) et de sa femme Cheryl (Joan Cusack), avec qui ils sympathisent très vite. Mais Michael commence à devenir de plus en plus intrigué par le comportement étrange d’Oliver, à tel point qu’il finit par plonger dans la paranoïa pure, persuadé que son nouveau voisin à l’apparence très charmante est en réalité un terroriste qui prépare un attentat. « Arlington Road » se propose ainsi de nous plonger dans le quotidien ordinaire d’une banlieue aisée de Washinton, avec une histoire de voisinage plutôt banale qui dégénère très vite en suspicion paranoïaque et en suspense haletant. Jouant sur les apparences, le très astucieux film de Mark Pellington est aussi une bien belle surprise. Avec son rythme très soutenu, son esthétique visuelle héritée des clips MTV et son duo d’acteur excellent (Jeff Bridges et Tim Robbins), « Arlington Road » a tout pour être LE thriller de l’année, un très bon moment en perspective, avec à la clé, une fin totalement inattendue !

La musique d'Angelo Badalamenti, à laquelle vient s’ajouter la musique additionnelle du compositeur électro Tomandandy, résume parfaitement l'ambiance du film de Mark Pellington : de l’atmosphérique lourd et inquiétant. Le générique de début, « Bloody Boy/Neon Reprise », accompagne ainsi l’introduction du film lorsque l’on aperçoit un petit garçon ensanglanté marchant péniblement au milieu d'une rue, au moment où Michael (Jeff Bridges) le découvre pour l’emmener d’urgence à l'hôpital le plus proche. La scène est entièrement construite sur des effets « clipesques », à base de flashs et d’effets de montage speed très modernes, une sorte de cauchemar semi-éveillé suggérant clairement une sensation de malaise achevée par la vue dérangeante d’un petit garçon blessé. Le morceau de Badalamenti est entièrement construit autour des synthétiseurs aux sonorités sombres et pesantes, instaurant à l’écran un malaise très perceptible, une atmosphère oppressante et angoissante appuyée par l’utilisation de sonorités électroniques parfois très étranges. Dès les premières minutes, Angelo Badalamenti parvient ainsi à nous plonger immédiatement dans le vif du sujet sans concession aucune !

Pesant est effectivement le terme qui nous vient immédiatement à l'esprit pour décrire cette musique. Premier point à noter, le film contient beaucoup de musique et peu de temps pour respirer. A ce sujet, l’album de la BO a été construit d’une façon similaire, long et parfois indigeste (le film dure quasiment deux heures !). Et pourtant, le résultat à l’écran est tout à fait réussi, accentuant constamment l’atmosphère paranoïaque du film. « Leah's Theme » est le thème du personnage de Jeff Bridges, un thème triste, mélancolique et désespéré confié à des cordes et un piano, illustrant la descente aux enfers d'un homme qui va petit à petit s'enfoncer dans la paranoïa, alors qu’il cherche de plus en plus à en savoir davantage sur son mystérieux voisin. A noter que le thème du héros s’appelle « Leah’s Theme », Leah étant en réalité le nom de sa femme décédée il y a deux ans. Mais par extension, Badalamenti l’associe dans le film au personnage de Jeff Bridges, suggérant plus habilement les souvenirs de sa femme qui continuent de la hanter, d’où le caractère mélancolique du dit thème. On retrouve ensuite ce thème dans « Lament for Leah », le titre du morceau suggérant clairement l’idée d'une lamentation pour la femme de Michael, qui va perdre ce qu’il a de plus cher au cours de sa descente aux enfers, un homme à qui il ne reste plus grand chose, déterminé à aller jusqu’au bout.

La musique de « Arlington Road » demeure constamment atmosphérique et pesante, parfois même assez dérangeante, utilisant les synthétiseurs mélangés à l'orchestre symphonique traditionnel. Le thème de Leah constitue l’unique repère thématique de la partition d’Angelo Badalamenti, le reste du score étant clairement orienté vers un style atmosphérique sombre et latent. Le compositeur maintient une ambiance de tension omniprésente du début jusqu'à la fin, comme pour rappeler l’immersion constante de Michael dans la paranoïa et l’angoisse. Badalamenti - épaulé par certains passages électro cafardeux de Tomandandy - nous offre quelques passages d’action/suspense plus intenses comme « The Bomb » ou « Escape », illustrant ici aussi la tension toujours grandissante à l’écran - et un sentiment de danger qui va crescendo au fur et à mesure que Michael se rapproche de la vérité. Ces deux derniers morceaux concernent le final exemplaire du film, des musiques d’action construites comme une course contre la montre pour tenter de retrouver désespérément la bombe dans le garage vers la fin du film. La musique rappelle par moment ici le style de scores thriller comme ceux de James Newton Howard ou de Don Davis par exemple. Les synthétiseurs restent toujours très présents, et plus particulièrement dans les morceaux de Tomandandy, qui recherche à son tour les sonorités les plus noires pour illustrer l'ambiance glauque et tendue du film.

Au final, la BO de « Arlington Road » remplit parfaitement le cahier des charges dans le film mais ne révolutionne pas pour autant le genre ! La musique d’Angelo Badalamenti et de Tomandandy reste suffisamment intéressante pour pouvoir maintenir l’intérêt tout le long du film. Dommage cependant que le score paraisse aussi indigeste sur CD, la musique possédant un côté hyper fonctionnel et répétitif parfois très laborieux sur l’album. Autre point négatif : l’abondance écrasante de musique dans le film et le manque de respiration musicale, un effet totalement voulu et assumé par les deux compositeurs et qui renforce l’atmosphère oppressante du film, mais qui, du coup, rend la musique plus difficile d’accès et pas toujours très intéressante à écouter en dehors des images. Reste un thème principal plutôt magnifique et émouvant, typique des mélodies plus lyriques d’Angelo Badalamenti. En conclusion, un score thriller plutôt fonctionnel et intense, à réserver aux aficionados d’atmosphères sombres et oppressantes !


---Quentin Billard