1-"Love Lives On" 3.51*
2-Main Title 5.41
3-Taking Harry Home 4.33
4-Harry In The House 6.22
5-Night Prowler 1.01
6-Some Dumb Thing 3.16
7-Irene! 1.26
8-Eye To Eye 0.54
9-Our Little Pet 1.36
10-Tracking Harry 1.37
11-Harry Takes Off 3.19
12-Big Freeway 1.39
13-Sasquatch 1.01
14-The Great Outdoors 1.55
15-Bigfoot Museum 0.59
16-Planning The Hunt 2.03
17-Drawing Harry 1.48
18-Night Pursuit 9.52
19-First Things First 1.41
20-Wrightwood Meets Harry 1.29
21-Bed Pals 0.43
22-Traffic Jam! 7.14
23-Footprints 4.19
24-Goodbyes 4.06
25-Harry and the Hendersons 3.27

*Interprété par Joe Cocker
Musique de Barry Mann et
Bruce Broughton
Paroles de Cynthia Weil et
Will Jennings
Coordination pour Mann/Weil:
Steve Tyrell
Produit par Don Hartman et
Charlie Midnight.

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 52

Album produit par:
Bruce Broughton, Douglass Fake
Producteur exécutif:
Roger Feigelson

Artwork and pictures (c) 1987 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
HARRY AND THE HENDERSONS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
Comédie d’aventure familiale réalisée par William Dear et produit par Steven Spielberg, « Harry & The Hendersons » (Bigfoot et les Henderson) évoque l’amitié improbable entre une famille américaine et une créature géante et légendaire, le Bigfoot. Alors qu’ils se baladent un jour en forêt, les Hendersons font une découverte incroyable : ils viennent de heurter avec leur voiture un Bigfoot. Croyant qu’il est mort, George Henderson (John Lithgow) et sa famille décident de ramener la créature chez eux. Mais le Bigfoot (ou Sasquatch) est toujours vivant et se réveille brusquement, totalement désorienté, semant la pagaille partout dans la maison. Ne sachant pas quoi faire, les Henderson décident alors de cacher Bigfoot chez eux, qu’ils rebaptisent Harry, mais la créature réussit à s’enfuir dans la rue, semant la zizanie partout où elle passe. C’est alors que surgit un chasseur nommé Jacques LaFleur (David Suchet), qui s’est mis en tête d’attraper et d’abattre Harry, qu’il croit être un monstre maléfique et dangereux. Seuls les Henderson savent qu’Harry est parfaitement inoffensif et qu’il faut le protéger à tout prix, car il est l’unique représentant de son espèce en voie de disparition. George et sa famille vont donc tout mettre en oeuvre pour tenter de retrouver Harry et de le ramener dans la forêt, où il pourra enfin vivre en paix avec les siens. « Harry and the Hendersons » reste donc un bon divertissement familial, offrant à John Litghow un rôle plus léger et comique en père de famille dépassé, qui finira par s’attacher à l’espiègle Harry. Le look de la créature est l’oeuvre de Rick Baker, célèbre maquilleur américain à qui l’on doit entre autre les maquillages de « Star Wars », « The Fury » ou bien encore « The Howling » ou le récent « The Wolfman ». Harry est campé dans le film par le regretté Kevin Peter Hall, plus connu pour avoir interprété le chasseur extra-terrestre dans « Predator » (1987) et « Predator 2 » (1990). Mélange entre comédie et aventure, « Harry and the Hendersons » reste un grand succès du cinéma américain de 1987, qui donna lieu à une série TV diffusée entre 1991 et 1993. Le film de William Dear remporta quand à lui l’Oscar du meilleur maquillage pour Rick Baker en 1987 et obtint un Genesis Award de la meilleure comédie, sans oublier plusieurs nominations aux Saturn Awards et aux Young Artist Awards. Le film a certes un peu vieilli, mais cette amitié improbable entre un Sasquatch et une famille américaine modeste n’est pas sans rappeler le « E.T. » de Spielberg - on sent d’ailleurs clairement l’influence du réalisateur sur l’ensemble du film - et le résultat, bien que typiquement ‘eighties’, possède un charme certain et s’avère être assez attachant. Cela reste donc un petit classique du genre !

La partition musicale de Bruce Broughton apporte à son tour un charme et une énergie indispensable au film de William Dear. Pour Broughton, ce n’est pas la première fois qu’il croisa la route de Steven Spielberg, puisqu’il écrivit ainsi la musique de certains épisodes de la série TV « Amazing Stories », puis composa le monumental « Young Sherlock Holmes » en 1985, qui reste encore aujourd’hui l’un des plus grands classiques de Bruce Broughton. C’est d’ailleurs Steven Spielberg lui-même qui recommanda le compositeur au réalisateur William Dear, et c’est ainsi que le musicien se retrouva à la tête de la partition de « Harry and the Hendersons ». Le cinéaste expliqua qu’il souhaitait pour son film une musique évoquant l’aspect humain et chaleureux d’Harry le bigfoot, et qu’il fallait donc une musique soulignant le côté comédie fantastique familiale de son long-métrage, avec un soupçon de suspense et de danger. A la fois tour à tour légère, lyrique, sombre et tendue, la musique de « Harry and the Hendersons » est une très jolie réussite, un hit dans la filmographie 80’s de Bruce Broughton. Le compositeur explique dans le livret de l’album que la conception de la musique fut assez complexe, car même si « Harry and the Hendersons » raconte une histoire simple et touchante (l’amitié entre une créature mystérieuse de la forêt et une famille américaine ordinaire), la musique devait trouver le juste équilibre entre simplicité et sophistication, sans jamais tomber dans un excès ou un autre : étant donné qu’Harry ne communique que par des gestes mais sans parole dans le film, la musique de Broughton se devait ainsi de parler à sa place et de véhiculer ses propres émotions et sentiments, d’où la place importante accordée à la partition musicale de Broughton dans le film. Le score repose essentiellement sur un très joli thème principal, mélodique, poétique et léger, présenté dès le générique de début, dans le « Main Title ». Ce thème, associé à Harry et la famille Henderson, évoque l’idée de l’amitié et de la tolérance avec une humanité et une poésie indissociable du film de William Dear. Très présent tout au long du film, ce thème malléable et facilement mémorisable est à coup sûr l’attraction majeure de la musique de « Harry and the Hendersons ». Mais, soucieux de ne pas se cantonner qu’à un simple enchaînement de développements thématiques simplistes, Bruce Broughton va plus loin et alterne les ambiances entre comédie, moments légers et aussi passages plus sombres, dramatiques et tendus, à l’image du film lui-même.

Première idée intéressante : le « Main Title » est un pastiche d’une ouverture de Mozart qui était utilisée à l’origine dans le film, celle de l’opéra en deux actes « Ascanio in Alba ». La pièce de Mozart fonctionnait à merveille dans l’ouverture du film mais il fallait maintenant trouver un moyen de ne pas l’isoler et de développer cette idée dans le reste du film : Bruce Broughton proposa ainsi que les Hendersons écoutent régulièrement des musiques de Mozart chez eux, mais à part une ou deux scènes, l’idée fut vite mise de côté : du coup, le « Main Title » composé par Broughton, et qui imite le style de Mozart, est très réussi mais un peu à part par rapport au reste de sa partition. Qu’à cela ne tienne, le résultat est malgré tout au rendez-vous : on se laisse porter par le charme insouciant et l’enthousiasme rafraîchissant du « Main Title » et ses orchestrations directement inspirées de Mozart et de la musique classique du 18ème siècle, tandis que le compositeur en profite déjà pour introduire son thème principal. Comme toujours avec Bruce Broughton, les orchestrations sont extrêmement riches et soignées, l’écriture de l’orchestre recelant de mille détails toujours plus passionnants les uns que les autres. La seconde partie du « Main Title » est alors brusquement interrompue par un sursaut orchestral brutal et agressif, alors que la voiture des Hendersons percute subitement le bigfoot. Broughton en profite alors pour introduire son instrumentation plus exotique/ethnique associée à Harry dans le film, avec ses percussions exotiques rappelant la jungle et les origines de la créature. A noter aussi l’utilisation discrète d’un synthétiseur pour renforcer le mystère entourant le bigfoot. La musique devient alors plus sombre et plus typique de la facette plus mystérieuse et tendue de la musique de « Harry and the Hendersons ». A ce sujet, un morceau comme l’intense et agité « Taking Harry Home » est assez représentatif de ce mélange entre passages légers et moments plus sombres et tourmentés : la musique évoque ici l’arrivée d’Harry dans la maison des Hendersons, et les dégâts qu’il cause tout autour de lui. Broughton privilégie ici les sursauts instrumentaux, les couleurs orchestrales plus étoffées, sans oublier les sonorités « jungle » associées à Harry.

Le sympathique thème principal est rappelé brièvement à la flûte en toute simplicité au début du morceau, et c’est ainsi que « Harry and the House » vient prolonger cette approche orchestrale tout en mouvement, avec une extrême fluidité dans l’écriture des différents pupitres de l’orchestre, qui se relaient rapidement pour créer à l’écran la sensation de chaos et de dégât causé par Harry. La musique devient même plus agressive dans son écriture rythmique des cordes (martèlement de col legno, rythme entêtant, etc.) et des ponctuations de cuivres, une atmosphère qui trouve écho dans « Night Prowler », alors que « Some Dumb Thing » rappelle la partie plus légère et lyrique de l’oeuvre, et quelques éléments musicaux qui frôlent à plusieurs reprises le mickey-mousing traditionnel. Les orchestrations restent ici aussi extrêmement riches et soignées, rappelant le grand talent de symphoniste de Bruce Broughton, très inspiré ici du répertoire classique. Un morceau comme « Eye To Eye » est quand à lui plus touchant dans la façon dont il véhicule une émotion simple et délicate, avec une reprise du très joli thème principal aux bois, aux cordes et au synthétiseur, un thème chaleureux et réconfortant. On notera ensuite l’utilisation des percussions « jungle » dans l’agité « Tracking Harry », qui dévoile les sonorités plus sombres et menaçantes associées dans le film à Jacques LaFleur, le chasseur qui traque Harry sans répit tout au long de l’histoire. La musique devient alors plus sournoise et menaçante, jouant clairement sur les registres plus graves de l’orchestre (cor anglais, cors, trombones en sourdine, piano dans le grave, effets de col legno des cordes, flûte alto, percussions diverses et inventives, etc.), tandis que « Harry Takes Off » crée un sentiment d’urgence et de danger lorsqu’Harry quitte subitement la maison et disparaît dans le voisinage. Dès lors, la musique de Broughton prend une tournure plus sombre et agitée, bien que parsemée d’allusions légères et touchantes au thème principal de la famille et d’Harry. « Sasquatch » met ainsi en avant des sonorités plus inquiétantes avec une écriture orchestrale plus dense et torturée, tandis que l’émotion reste an rendez-vous dans le très beau « The Great Outdoors », où règne un sentiment réconfortant de magie et d’émerveillement (tout comme dans l’émouvant et intimiste « Drawing Harry »). Les sonorités sournoises du chasseur reviennent dans « Planning The Hunt » avec ses quelques percussions exotiques, ou le sombre et agressif « Night Pursuit », long morceau d’action/suspense de près de 10 minutes évoquant la poursuite de nuit dans les rues de la ville.

L’action culmine dans la poursuite en voiture finale du long et intense « Traffic Jam ! », dans lequel on retrouve le grand Bruce Broughton des musiques d’action et des déchaînements orchestraux, avant d’atteindre son apogée dans le sombre et brutal « Footprints », avec ses cuivres martelés et ses percussions agressives sur fond de rythmes complexes et syncopés. Enfin, c’est le temps des adieux et des séparations dans le poignant « Goodbyes », où l’émotion culmine à la fin du film, à grand renfort d’envolées orchestrales sentimentales et de grandes reprises du superbe thème principal, plus émouvant que jamais à la fin de cette grande aventure. « Harry and the Hendersons » contient donc tous les ingrédients pour en faire une partition-clé dans la filmo 80’s de Bruce Broughton, et même si l’ensemble n’a rien de follement original et reste un poil en dessous des chef-d’oeuvres du compositeur que sont « Young Sherlock Holmes » ou « Silverado », « Harry and the Hendersons » est une partition très attachante, à la fois sombre, intense et émouvante, mélangeant une poésie musicale chère au compositeur avec de redoutables morceaux d’action déchaînés et des parties à suspense plus sombres, de quoi ravir les plus exigeants d’entre nous, qui attendent une variété d’ambiance et d’émotion de la part d’une grande musique de film de cette époque. La musique apporte donc son lot d’émotion, d’humanité et de tension au film de William Dear, évoquant tous les aspects d’une grande aventure humaine (et animale) avec une mélodie extrêmement accrocheuse qui vous restera immédiatement en tête après une première vision du film, et de très beaux passages orchestraux : avec Bruce Broughton, on est encore une fois ici au sommet de la musique symphonique hollywoodienne, mature, rafraîchissante et maîtrisée de bout en bout, bien qu’aussi très prévisible, classique et sans grande surprise. A découvrir en tout cas, grâce à l’excellente édition CD limitée d’Intrada !




---Quentin Billard