1-A Sacred Place 2.04
2-Espiritu Esa Ala 2.20
3-The Doline 4.10
4-The Dive 1.40
5-Saint Judes Cathedral 6.31
6-Listen! The River Is Returning 4.43
7-Flow Stone Falls 6.21
8-Luko My Friend 2.27
9-Through The Restriction 7.01
10-We're Not Gonna Die 3.54
11-The Sacred River 3.41
12-I Can See You 1.50
13-Push On? You Decide 3.47
14-What About Carl? 3.12
15-Help Me Into The Water 3.45
16-Down To A Sunless Sea 1.22
17-Are We Home Yet? 2.14
18-Sanctum Suite 6.03

Musique  composée par:

David Hirschfelder

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 063 2

Musique conduite et produite par:
David Hirschfelder
Producteur exécutif:
Robert Townson
Direction de la musique pour
Universal Pictures:
Mike Knobloch
Music Business Affairs
Universal Pictures:
Philip M.Cohen
Coordination du score:
Peter Hoyland
Montage musique:
Jason Fernandez

Artwork and pictures (c) 2011 Universal Studios and Sanctum International LLC. All rights reserved.

Note: ****
SANCTUM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Hirschfelder
Thriller aquatique entièrement tourné en 3D, « Sanctum » a été produit par James Cameron et réalisé par le metteur en scène australien Alister Grierson, remarqué en 2006 pour son premier long-métrage « Kokoda : 39th Battalion ». Pour son premier film hollywoodien, Grierson signe avec « Sanctum » un excellent survival dans la lignée de « The Descent » ou « The Cave », mais sans les monstres et autres créatures gluantes ! Le film s’inspire de l’histoire vraie du spéléologue Andrew Wright et raconte le combat d’un groupe de survivants piégés au fond d’un réseau de cavernes souterraines inondées. Frank McGuire (Richard Roxburgh) est un plongeur expert qui s’est mis en tête d’explorer les grottes immergées d’Esa’ala, dans le Pacifique sud. Il est accompagné de son jeune fils de 17 ans Josh (Rhys Wakefield) et du milliardaire Carl Hurley (Ioan Gruffudd) qui finance son expédition. Frank et ses compagnons s’enfoncent alors dans un réseau de grottes souterraines plus vastes et mystérieuses, qui n’ont jamais été visitées par l’homme. Mais le périple prend une tournure cauchemardesque lorsqu’une tempête tropicale s’abat sur le secteur et oblige l’équipe à s’enfoncer davantage dans le labyrinthe sous-marin afin de lui échapper. Désormais, les survivants, piégés dans les grottes, doivent absolument trouver une issue avant qu’il ne soit trop tard. « Sanctum » fait donc la part belle aux scènes à suspense et aux décors souterrains grandioses - magnifiés par une 3D spectaculaire - et élabore une atmosphère de tension purement claustrophobique assez prenante et immersive. Pour James Cameron, c’est une nouvelle descente dans les profondeurs abyssales, une obsession du cinéaste de « Titanic », qui a exploré les profondeurs sous-marines à maintes reprises dans « The Abyss » et les documentaires « Aliens of the Deep » et « Ghosts of the Abyss ». « Sanctum » n’apporte donc rien de neuf au genre, si ce n’est une bonne utilisation de la 3D accentuant le suspense claustrophobique du film, mais difficile de ne pas regretter la pauvreté extrême d’un scénario ultra linéaire qui tient sur une ligne (des survivants, piégés dans une grotte sous-marine, doivent s’échapper). Seule bonne idée dans le script : la relation père/fils entre Frank et Josh, une relation tumultueuse qui évoluera au fil des épreuves, jusqu’à un final tragique et émouvant. On retrouve aussi le thème habituel de la cruauté impitoyable de la nature, plus forte que l’homme, thème inhérent et incontournable au genre très prisé du survival. Ajoutons à cela quelques scènes de mise à mort assez éprouvantes (notamment celle de la jeune femme piégée par son câble et suspendue dans le vide) et l’on obtient un bon thriller sous profondeur assez spectaculaire et plutôt réussi dans son genre !

La partition symphonique du compositeur australien David Hirschfelder apporte une certaine singularité aux images du long-métrage d’Alister Grierson, entre envolées thématiques puissantes, morceaux dramatiques et longs passages à suspense claustrophobiques. Un mot au sujet du compositeur d’origine australienne : ce dernier s’est fait connaître ces dernières années en livrant des partitions symphoniques amples et vigoureuses pour « Elizabeth » (1998), « Aquamarine » (2006), « Australia » (2008) ou bien encore « Legend of the Guardians : The Owls of Ga’Hoole » (2010). Sa nouvelle partition pour « Sanctum » s’inscrit dans la continuité de ses précédents travaux orchestraux : ample, grandiose, prenante, servie par des orchestrations riches et soignées, et de bonnes idées thématiques et mélodiques. Dès les premières minutes du film, « A Sacred Place » permet de planter le décor en évoquant les paysages de la Papouasie en Nouvelle Guinée, autour du système de grottes inondées nommées Esa’ala – le morceau dévoile aussi le tout premier thème de la partition, associé dans le film à la rivière sacrée. En plus de l’orchestre symphonique traditionnel, Hirschfelder utilise ici une voix ethnique évoquant des chants traditionnels aborigènes, pour renforcer la magnificence des décors sauvages. Il règne d’ailleurs dans « A Sacred Place » un sentiment de recueillement quasi élégiaque, annonçant clairement le drame à venir, émotion largement véhiculée par la voix masculine planante, qui rappelleraient presque des incantations traditionnelles aborigènes – une évocation musicale réussie et quasi mystique d’Esa’ala - le tout sur fond d’harmonies chaleureuses de cordes. Le thème principal fait son apparition dans « Espiritu Esa Ala », développé par des cuivres amples sur fond de percussions, cordes et parties synthétiques (très) discrètes. La voix ethnique est à nouveau présente, tandis que le thème suggère clairement un sentiment de découverte et de départ à l’aventure alors que les hélicoptères de l’équipe survolent la zone des grottes inondés au début du film – on appréciera ici le soin apporté aux harmonies, très soignées et plutôt élégantes, preuve du savoir-faire musical indéniable de David Hirschfelder. Le thème revient dans « The Doline », avec toujours ce même enthousiasme grandiose de la quête d’aventure, tandis que l’accent est mis ici sur un ensemble de percussions ethniques, dont certaines sonorités rappellent à la fois les gamelans traditionnels javanais et les gongs thaïlandais. On retrouve d’ailleurs ces sonorités métalliques au tout début de « The Dive » pour la scène du plongeon dans les grottes, aboutissant au grandiose « Saint Judes Cathedral ». Ici aussi, les sonorités métalliques ethniques sont reprises sur fond de cordes amples évoquant la découverte des grottes souterraines.

Mais l’excitation et l’émotion de la découverte vont céder petit à petit la place à la terreur et au suspense, alors que les premiers ennuis commencent : l’orchestre devient alors plus agité, plus sombre, plus agressif. Les cuivres deviennent massifs, parsemés de ponctuations de percussions ethniques (gong), synthétiques et orchestrales, sur fond d’une utilisation très réussie d’une guitare électrique en notes répétées brèves et menaçantes, et de voix ethnique. Soucieux de ne pas tomber dans le schéma habituel de la musique d’action synthético-orchestrale à la Remote Control, David Hirschfelder conserve sa propre personnalité et nous offre un premier passage d’action sombre et brutal servi par un mélange judicieux de sonorités ethniques/synthétiques et symphoniques. Le thème principal est repris une dernière fois aux vents à la fin du morceau, mais de façon plus funeste et élégiaque, soulignant la première perte humaine dans le film. Dès lors, le ton est donné : si les sonorités ethniques de « Listen ! The River Is Returning » tendent de rassurer temporairement l’auditeur, très vite, l’orchestre s’emballe à nouveau dans le film pour nous faire comprendre que rien n’est gagné. Le suspense est à son comble, avec des cordes plus sombres et dissonantes, des cuivres plus massifs et quelques ponctuations de caisse claire : on appréciera ici la singularité d’écriture du compositeur, très personnelle, dans les morceaux d’action, sans aucun doute l’un des principaux points forts de la partition de « Sanctum » (enfin une musique d’action qui évite le caractère générique et routinier des musiques d’action U.S. d’aujourd’hui !). Les percussions métalliques ethniques reviennent au début de « Flow Stone Falls » et renforcent la tension, tandis que l’orchestre devient plus agressif, avec ses harmonies dissonantes de cuivres/bois et cordes, alors que les eaux commencent à envahir la grotte. A noter l’utilisation de grands arpèges de cordes/bois qui évoquent la détermination des plongeurs à sortir indemne de la grotte, un élément que l’on trouvait déjà dans « Listen ! The River Is Returning » et qui reviendra à plusieurs reprises dans la partition d’Hirschfelder. « Flow Stone Falls » est un autre grand morceau d’action/suspense du score de « Sanctum », une superbe réussite dépassant les 6 minutes, d’une intensité rare.

Même chose pour le long et dense « Through The Restriction », parsemé de percussions ethniques métalliques obsédantes, de sonorités synthétiques sombres et d’orchestrations menaçantes symbolisant le suspense et la claustrophobie. Le mélange des sonorités souligne aussi admirablement l’univers aquatique du film, tout en gardant constamment à l’esprit le caractère dangereux de cette quête de la survie. L’émotion reste aussi présente dans le poignant et élégiaque « We’re Not Gonna Die », qui reprend les harmonies dramatiques déjà annoncées au début du film dans « A Sacred Place », et qui se concrétisent ici. La seconde partie de « We’re Not Gonna Die » fait la part belle aux percussions meurtrières et aux dissonances pour une autre scène de mort violente du film. Le suspense et la terreur restent alors les maîtres mots de la dernière partie de « Sanctum », car si les arpèges instrumentaux associés à la survie des plongeurs reviennent dans « The Sacred River » en reprenant le thème élégiaque de la rivière sacrée de « A Sacred Place », la musique cède encore une fois la place à l’action et aux montées progressives de tension. On notera l’apport des percussions ethniques entêtantes dans l’évocation d’une autre plongée sous-marine dans « Push On ? You Decide », morceau véritablement aquatique et planant du plus bel effet (et empreint d’un fort sentiment de claustrophobie), tandis que « What About Carl ? » montre rapidement ses muscles avec ses cuivres massifs et ses percussions martelées, plus hollywoodiens d’esprit. A noter ici l’utilisation réussie des violons qui jouent sur les cordes à vide des instruments entre 0:19 et 0:24, un petit détail en apparence anecdotique, certes, mais qui rappelle à quel point le compositeur est bourré d’idées et s’avère être parfois très inventif dans son écriture orchestrale. Enfin, « Down To A Sunless Sea » et « Are We Home Yet ? » ramènent le calme au sein de la partition, pour un retour à la lumière et la victoire des derniers survivants de la grotte d’Esa’ala (à noter la très belle reprise du thème de la rivière sacrée à la fin de « Are We Home Yet ? », la boucle étant bouclée). Enfin, David Hirschfelder nous offre pour le générique de fin la superbe « Sanctum Suite », dans laquelle il résume sur 6 minutes l’essentiel de sa brillante partition. Vous l’aurez donc compris, « Sanctum » est une partition de choix dans la filmographie du compositeur australien, une partition d’action/suspense singulière, sombre et immersive, à l’image du film d’Alister Grierson : le score est rempli d’idées instrumentales intéressantes, de mélanges de sonorités ethniques/orchestrales/synthétiques et de développements thématiques riches et soignées. Tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de « Sanctum » une partition incontournable dans la filmo de David Hirschfelder, à découvrir donc sans plus attendre, pour cette nouvelle preuve éclatante du talent d’un compositeur plus que prometteur, donc on espère beaucoup pour les années à venir !



---Quentin Billard