1-The Magna Carta 4.17
2-King John Arrives 2.07
3-God Protect Us 1.56
4-Mobilizing 1.17
5-We Claim This Castle 1.28
6-The Art of Naivety 1.53
7-The Battle Begins 6.31
8-Marshall and Isabel 1.42
9-Dilectio 1.34
10-Insidiae 3.22
11-Hunger Sets In 2.32
12-Desparatus 2.54
13-Ciminatio 9.24
14-No Salvation 1.43
15-Concursus 3.34
16-The Final Battle 6.54
17-Final Resolution 1.45
18-Corvus Cantus 2.38

Musique  composée par:

Lorne Balfe

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 069 2

Musique produite par:
Lorne Balfe
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteur exécutif:
James Gibb
Monteur musique:
James Bellamy
Production service musical:
Steven Kofsky
Préparation musique:
Leland Cox, Andrew Kawczynski
Superviseur du score:
Alan Meyerson
Supervision de la musique:
Alison Wright
Manager du studio pour
Remote Control Productions:
Czarina Russell, Shalini Singh

Artwork and pictures (c) 2010 Film & Entertainment VIP Medienfonds 4 GmbH & Co.KG. All rights reserved.

Note: ****
IRONCLAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Lorne Balfe
Les films d’aventure médiévale semblent être revenus à la mode ces dernières années à Hollywood ou dans le cinéma anglo-saxon en général. Parmi les productions médiévales récentes : « Black Death », « Robin Hood » ou bien encore « Season of the Witch ». « Ironclad » (Le sang des templiers) s’inscrit ainsi dans la continuité de ces productions guerrières dépeignant un univers médiéval souvent violent et barbare. Réalisé par Jonathan English, « Ironclad » se déroule dans l’Angleterre de 1215. Le roi Jean sans Terre (Paul Giamatti), monarque tyrannique et sanguinaire, décide de reprendre le pays sous sa coupe et de reconquérir le pouvoir après avoir signé la Magna Carta Libertatum, traité que le roi anglais fut forcé à rédiger à la suite d’une guerre civile avec les principaux barons d’Angleterre, et qui l’obligea alors à limiter ses pouvoirs royaux en garantissant le droit à la liberté individuelle. Remettant ainsi violemment en cause la signature du Magna Carta, le roi Jean, allié avec une armée de mercenaires danois, prépare son offensive sur une partie du pays. C’est alors qu’intervient Thomas Marshall (James Purefoy), chevalier de l’ordre des templiers qui assiste un jour impuissant à la torture sauvage du père Marcus par les mercenaires du roi Jean. Malgré l’interdiction de l’Eglise de prendre les armes, Marshall prend finalement part au conflit et décide d’aider le baron Darnay à protéger le château de Rochester, un important point stratégique qui, s’il échouait aux mains du roi Jean, permettrait au monarque de contrôler tout le sud de l’Angleterre. A l’intérieur du château, la résistance s’organise alors. « Ironclad » est au final un film guerrier et barbare qui vaut surtout par le réalisme impressionnant de ses scènes de bataille et par l’extrême violence des combats, offrant au spectateur son lot d’effusion de sang et de scènes gores. Si l’on regrettera la minceur d’un scénario un brin bâclé et sans grande imagination, le film mise quasiment tout sur son atmosphère d’ultra-violence médiévale (on se croirait revenu à l’époque du « Flesh + Blood » de Paul Verhoeven) et ses impressionnantes scènes de bataille. Niveau reconstitution historique, « Ironclad » n’est pas exempt de défaut, le film nous offrant par exemple une peinture quelque peu caricaturale et excessive de Jean sans Terre (un fait très contesté par les historiens), campé par un Paul Giamatti cabotin et hystérique. Le casting, plutôt réussi, réunit James Purefoy, Brian Cox, Charles Dance, Derek Jacobi, Jason Flemyng et la jolie Kate Mara (qui remplace au pied-levé Megan Fox), apportant un brin de romance dans ce monde de brute - et ce même si son personnage est parfaitement inutile dans le récit. Quoiqu’il en soit, avec « Ironclad », les amateurs de batailles médiévales sanguinaires en auront ici pour leur argent.

Lorne Balfe signe la musique originale de « Ironclad » avec brio. Le compositeur est surtout connu pour ses collaborations avec Hans Zimmer et ses collègues du studio Remote-Control (ex-Media Ventures). « Ironclad » offre ainsi l’occasion au musicien de s’exprimer pour la première fois en solo sur la musique du film de Jonathan English. La partition de Lorne Balfe apporte une atmosphère médiévale et guerrière indispensable à « Ironclad » : elle est l’un des éléments fondateurs de l’intrigue de bataille et de violence qui est au coeur même du film de Jonathan English. Dès les premières minutes de la partition, « The Magna Carta » nous plonge immédiatement dans l’Angleterre du 13ème siècle à l’aide de choeurs d’hommes en latin évoquant les chants religieux médiévaux, de tout un ensemble d’instruments traditionnels (une tendance de plus en plus tenace dans les productions Remote Control depuis quelques années, et surtout depuis le « Sherlock Holmes » de Hans Zimmer) et des indispensables voix orientales et parties orchestrales/solistes. C’est d’ailleurs le travail autour des voix qui attirera ici notre attention, et ce tout au long du film. Avec la voix masculine orientale du ténor Jonathan Cooke et la chorale en latin de « The Magna Carta », la musique grandit et gagne en puissance, avec ses instruments traditionnels et son violon soliste. Lorne Balfe explique d’ailleurs dans le livret de l’album qu’il souhaitait mélanger les influences et les styles pour rappeler l’idée que la plupart des combattants et chevaliers venaient tout juste de revenir des croisades au 13ème siècle, qui les amenèrent à traverser de nombreux pays et à découvrir d’autres cultures et d’autres modes (notamment musicales). C’est pourquoi les sonorités du moyen orient cohabitent ici avec des instruments celtiques, des sons purement médiévaux purement occidentaux et des parties chorales/vocales à la fois religieuses et ethniques. En tout cas, « The Magna Carta » plante vigoureusement le décor et impressionne par la qualité de l’écriture instrumentale/chorale et de l’ensemble des instruments ethniques traditionnels. On découvre aussi le thème principal, thème ample et dramatique, qui sera très présent tout au long du film. A noter que les instruments traditionnels sont interprétés en partie ici par le prestigieux groupe allemand de musique rock néo-médiévale Corvus Corax.

Dans « King John Arrives », Lorne Balfe illustre l’arrivée du roi Jean en utilisant les vocalises masculines orientales sur fond de choeurs, violon soliste virtuose (aux consonances celtiques), cordes, percussions et instruments traditionnels divers. On reste ici épaté par la cohabitation et le mélange de tous ces styles et sonorités disparates qui forment un tout homogène parfaitement cohérent sur les images du film. Les sonorités médiévales ne sont pas en reste avec notamment la technique habituelle du bourdon, très en vogue dans la musique instrumentale du 13ème siècle, tandis que les choeurs rappellent parfois dans le style les traditionnels chants grégoriens de l’église catholique médiévale. On retrouve un style similaire dans le prenant et vigoureux « God Protect Us », dans lequel le violon développe un nouveau thème associé au chevalier templier et à ses compagnons d’arme. La musique met l’accent ici sur les rythmes et évoque la détermination des combattants. Le thème solennel de « God Protect Us » revient dans « Mobilizing » et évoque la fraternité qui réunit ces guerriers d’origine diverses, unis pour une même cause : empêcher le roi Jean de prendre le dernier château du sud de l’Angleterre. Le thème principal de « The Magna Carta » revient quand à lui dans « We Claim This Castle », toujours interprété par ces choeurs envoûtants aux consonances religieuses sur fond de bourdon instrumental et de mélopées élégiaques de violon. Soucieux d’explorer la voix dans tout ses états, Lorne Balfe prolonge son travail autour de la chorale dans « The Art of Naivety », où nous livre une composition quasiment a cappella durant la première minute, partagé entre les parties féminines et masculines, avant d’être rejoint par les vocalises masculines et un violoncelle entêtant et inquiétant. A noter l’utilisation du carnyx dans plusieurs pistes de la partition de « Ironclad » : il s’agit d’un instrument médiéval issu de la culture celte de l’âge de fer (8ème siècle avant J.C.), et qui a l’apparence d’une longue trompe de bronze verticale de près de 2 mètres de haut. Le carnyx est d’ailleurs interprété ici par John Kenny, spécialiste de cet instrument depuis les années 90.

Impossible de passer sous silence l’apport du grandiose et épique « The Battle Begins », probablement l’un des morceaux les plus intenses et les plus réussis de la partition de « Ironclad » : en l’espace de 6 minutes, Lorne Balfe décrit le début de la bataille du château de Rochester à grand renfort de percussions guerrières, de solistes déchaînés et de choeurs en latin épiques (et pour une fois écrit avec une vraie fougue et un vrai souci d’authenticité, à des années lumières des expériences fracassantes de E.S. Posthumus ou des sempiternelles et abrutissantes musiques faussement épiques pour les bande-annonces de cinéma !). Le morceau se conclut même avec une partie chorale/orchestrale solennelle et vibrante de toute beauté, pour ce qui reste l’un des sommets de la partition de « Ironclad ». Le romantisme n’est pas en reste avec le très beau « Marshall and Isabel » évoquant le début de la romance entre le templier et la belle Isabel, accompagné par le violon celtique sur fond de cordes tout en retenue et de choeurs a cappella – qui rappellent, par la « pureté » de leurs sonorités, la foi de Marshall et son voeu de chasteté auprès de l’ordre des templiers. A noter que le thème des combattants est toujours présent, tout comme le thème principal de « The Magna Carta », rappelant la présence des troupes du roi Jean. Le thème des combattants est d’ailleurs repris dans une magnifique version chorale a cappella au début de « Hunger Sets In » (dommage cependant que le compositeur n’ait pas opté pour une approche 100% a cappella, qui aurait paru encore plus forte, intense et authentique à l’écran !). Soucieux de ne pas tomber dans le schéma classique hollywoodien trop occidental – et surtout trop anachronique – Lorne Balfe conserve donc une approche musicale fort intéressante sur le film de Jonathan English, et la concrétise tout au long du film, avec un savoir-faire évident et de solides idées. Rarement aura-t-on entendu une partition aussi brillante et aussi originale dans sa façon de mélanger les cultures musicales et les sonorités instrumentales, et ce même si l’ensemble reste quand même typique de certaines préoccupations habituelles du studio Remote Control (notamment dans l’utilisation des solistes). A noter quand même que l’électronique est pour une fois quasiment absente de la partition de « Ironclad », et que les derniers morceaux de « Ironclad » comme le puissant « Ciminatio », « No Salvation » ou le tragique « The Final Battle » font encore une fois la part belle aux solistes et aux choeurs religieux/guerriers, avant la conclusion grandiose et épique de « Final Resolution » reprenant une dernière fois le thème principal dans toute sa splendeur. Lorne Balfe signe donc une puissante partition épique et médiévale pour « Ironclad », un score grandiose qui ne vous laissera pas insensible et qui confirme le talent de Lorne Balfe, qui reste à n’en point douter l’une des valeurs sûres du studio Remote Control. Encore plus épique et réussie que « Kingdom of Heaven » d’Harry Gregson-Williams, la musique de « Ironclad » a tout pour être un hit incontournable dans la filmographie de Lorne Balfe et une nouvelle référence dans l’univers musical de Remote Control. A découvrir sans plus tarder donc, pour ce qui reste à coup sûr l’une des meilleures musiques de film du moment !



---Quentin Billard